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Le théorème de Stone-Weirestrass

Leçons concernées : 201 ; 202 ; 203 ; (209) ; (228) ; 241 ; (246)

Référence : Topologie et analyse 3e année, GeorgesSkandalis (pages 150-155)

Remarque :Ce développement, assez original, est une utilisation astucieuse de concepts élémentaires. De plus il possède de nombreuses applications.

Théorème 1 Soit X un espace compact etC(X,R) l’ensemble des fonctions continues sur X à valeurs réelles. SiA est une sous-algèbre de C(X,R), qui contient les fonctions constantes de C(X,R) et qui sépare les points de X, c’est à dire qui vérifie

∀(x, y)∈X2, x6=y =⇒ ∃g∈ A, g(x)6=g(y), alors A est dense dans C(X,R) muni de la norme infini.

Démonstration :

On démontre ce théorème en 5 étapes : les trois premières étapes consistent en la démonstration de lemmes qui seront utilisés pour démontrer le cœur du théorème qui réside en les deux dernières étapes. On aura pour objectif de montrer que pour toutε > 0 etf ∈ C(X,R), il existe g ∈ A vérifiant||f −g||ε. On remarque queA vérifie aussi les hypothèses du théorème.

Étape 1 :

Montrons qu’il existe une suite de polynômes (Pn)∈R[X]Nqui converge uniformément vers la racine carré sur l’intervalle [0,1].

PosonsP0 = 0 et pourn≥0,Pn+1 =Pn+12(X−Pn2).

On a tout d’abord que pour toutn∈N et pour toutt∈[0,1],Pn(t)∈î0,√ tó. En effet raisonnons par récurrence : pour n= 0 on a le résultat et si pour n∈Non a

∀t∈[0,1], Pn(t)∈î0,√

tóalors

Pn+1(t) =Pn(t) +1

2(t−Pn(t)2)≥0, Pn+1(t)−√

t= (Pn(t)−√ t)

Å 1−1

2(»(t) +Pn(t)) ã

≤0.

D’où Pn+1(t)∈î0,√

tó, ce qui conclut la récurrence.

Ainsi pour toutn∈Nett∈[0,1], on aPn+1(t)−Pn(t) = 12(t−Pn(t)2)≥0. La suite (Pn(t)) est

donc croissante est majorée ainsi elle converge vers l qui vérifiel=l+ 12(t−l2). Donc la suite (Pn) converge simplement vers la racine carré sur le compact [0,1]. De plus elle est croissante donc d’après le théorème de Dini1, (Pn) converge uniformément sur [0,1] vers la racine carré.

On remarque aussi que pour tout entiern on aPn(0) = 0.

Ceci sera utile pour la deuxième étape.

Étape 2 :

Montrons que si f etg sont dansA alors min(f, g)∈ A et max(f, g)∈ A. On remarque tout d’abord que

min(f, g) = f +g− |f−g|

2 et max(f, g) = f +g+|f−g|

2 .

Ainsi il suffit de démontrer que sih∈ A alors|h| ∈ A. Sih= 0 le résultat est évident.

Supposons maintenant queh6= 0 et posons ˜h= ||h||h

ce qui a un sens carX est compact.

Ainsi on a que ˜h2 est à valeur dans [0,1] donc la suite de fonctions (Pn◦˜h2) converge unifor-mément vers la fonction |˜h|. De plus comme pour tout entier n on a Pn(0) = 0, il vient alors quePn◦˜h2 est un élément deA car A est une algèbre.

Ainsi|h|=||h||˜h appartient àA en tant que limite uniforme d’éléments de A. Étape 3 :

Montrons que pour tout (x, y)∈X2 vérifiantx6=y et pour tout (α, β)∈R2, il existef ∈ Atel quef(x) =α etf(y) =β.

A sépare les points de X donc ∃g ∈ A tel que g(x) 6= g(y). De plus A contient les fonctions constantes. Ainsi il suffit de poser la fonctionf comme suit et de voir qu’elle vérifie la propriété :

f =α+ βα

g(y)g(x) (g−g(x)).

Étape 4 :

Nous allons maintenant rentrer dans le cœur de la démonstration du théorème.

Soit ε >0 et f ∈ C(X,R).

Montrons que pour tout xX, il existe gx ∈ A vérifiant gx(x) = f(x) et pour tout yX, gx(y)≤f(y) +ε.

Soit xX. Pour toutzX il existe hz ∈ A tel quehz(x) =f(x) ethz(z) =f(z). En effet si z=x alors il suffit pour hz de pendre la fonction constante égale à f(x) et si z6=x on utilise la troisième étape.

De plus, comme hzf est continue et s’annule enz, il existe Vz un voisinage ouvert dez tel que pour tout yVz,hz(y)≤f(y) +ε.

Ainsi on a X= S

z∈XVz.

Or X est compact donc il existe un ensemble finiI tel queX= S

i∈I

Vzi avec ziX.

1. théorème démontré à la fin de la section

Posonsgx = min(hzi, iI). D’après la deuxième étape,gx∈ A. De plus on a gx(x) =f(x) et pour yX il existeiI tel queyVzi, doncgx(y)≤hzi(y)≤f(y) +ε.

Étape 5 :

Montrons finalement qu’il existeg∈ A vérifiant||f−g||ε.

En reprenant les notation de l’étape 4 on a que la fonction gxf est continue et s’annule en x, donc il existe Wx un voisinage ouvert dex tel quel pour tout yWx,gx(y)≥f(y)−ε. De plus X est compact etX= S

x∈X

Wx donc il existe un ensemble finiJ vérifiantX= S

j∈J

Vxj avec xjX.

Posonsg= max(gxj, jJ) et soit xX. Toujours d’après l’étape 2 on a que g∈ A.

De plus il existe jJ tel que xWxj. Donc on a f(x)εgxj(x) ≤g(x). Mais on a aussi qu’il existe kJ tel queg(x) =gxk(x)≤f(x) +εd’après l’étape 4.

On vient donc d’établir que pour toutxX,|f(x)−g(x)| ≤ε, ce qui conclut la preuve.

Avant de démontrer le théorème de Dini voici quelques remarques :

— Tout d’abord une remarque d’ordre pratique. Dans un plan de leçon, dans laquelle on décide de prendre ce développement, on peut tout à fait faire une sous partie consacrée à ce théorème. On pourra commencer par énoncer le théorème de Dini puis mettre en exemple la suite de polynôme de l’étape 1. Comme ce développement est un peu long cela permettra d’admettre l’étape 1 en s’appuyant sur le plan. Ensuite on énonce le théorème de Stone-Weirestrass dans le cas réel (le développement) et en corollaire on peut énoncer le théorème de densité des polynômes dans l’ensemble des fonctions continues sur un compact. Pour finir on énonce le théorème de Stone-Weirestrass dans le cas complexe suivi en corollaire par le théorème de densité des polynômes trigonométriques dans l’ensemble des fonctions continues périodique (voire parler de Fourier). On pourra par exemple utiliser comme référence Topologie générale et espaces normés de Nawfal El Hage Hassan.

— On peut affaiblir un peu les hypothèses du théorème. A la place de « A contient les fonctions constantes » on peut supposer que « pour toutxX, il existef ∈ Atelle que f(x)6= 0 » mais cela complexifie un peu la démonstration.

— Dans le cas complexe (i.e si on remplaceC(X,R) parC(X,C)) il faut rajouter l’hypothèse

« pour tout f ∈ A,f ∈ A». Pour démontrer le cas complexe du théorème, il suffit de remarque que pour f ∈ A, on a Re(f) = f+f2 ∈ A ainsi que Im(f) = f2i−f ∈ A. Puis on applique le cas réel du théorème aux partie réelle et imaginaire de f pour conclure.

Sans cette hypothèse, le théorème est faux. En effet l’application z7→z n’est pas limite uniforme sur le disque unité d’une suite de polynôme.

Théorème 2 (de Dini)

Soit X un espace compact et (fn) une suite croissante de fonctions continues sur X (i.e pour tout xX et n∈N, fn+1(x)≥fn(x)). Si la suite (fn) converge simplement vers une fonction f continue alors(fn) converge uniformément versf.

Démonstration :

On posegn=ffn. Soit ε >0, posons pour tout entiern, Vn(ε) ={x∈X, gn(x)< ε}.

Commegn est continue on a que Vn(ε) est ouvert et comme (gn) converge simplement vers la fonction nulle on aX= S

n∈N

Vn(ε). CommeXest compact il existeN ∈Ntel queX= S

n≤N

Vn(ε) et comme (gn) est décroissante, la suite (Vn(ε)) est croissante donc pour tout m > N, X = Vm(ε). Ceci montre que (gn) converge uniformément vers la fonction nulle, d’où le résultat.

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