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PARTIE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

2. EXAMENS DE LABORATOIRE POUR LE DIAGNOSTIC DE LA

2.4. Tests pour la détection de la réaction immunitaire vis-à-vis de Map

2.4.2. Tests pour la détection de la réaction immunitaire à médiation cellulaire

2.4.2.1. Intradermoréaction

Elle est basée sur la réaction d’hypersensibilité retardée de type IV (réaction immunitaire à médiation cellulaire) au point d’injection de la tuberculine PPD (pour Purified Protein Derivative). La mesure de l’épaisseur du pli de peau après 72h est comparée à l’épaisseur du pli de peau au moment de l’injection. Si la différence d’épaisseur est supérieure à 4 mm, alors l’animal est considéré comme positif. Cependant la corrélation entre le résultat et le statut de l’animal est

57 mauvaise (Chiodini et al.1984, Collins, 1996). C’est une méthode peu utilisée à l’échelle individuelle ou du troupeau à cause de ses faibles valeurs intrinsèques et des difficultés de réalisation. Des réactions faussement positives peuvent apparaitre et il y a une réaction croisée avec Mycobacterium bovis, l’agent responsable de la tuberculose bovine.

2.4.2.2. Test à l’interféron gamma

Cette méthode mesure la production d’interféron gamma (IFN-γ) à partir d’une culture de sang total mise au contact d’un antigène spécifique de Map. L’IFN-γ est une cytokine produite par les lymphocytes T CD4 suite à un contact préalable avec l’antigène au cours de l’infection. La mersure de la concentration d’IFN-γ libérée par les LT permet donc de mettre en évidence les animaux qui ont été sensibilisés vis-à-vis des antigènes de Map.

Le prélèvement de sang est réalisé sur un tube contenant de l’héparinate de lithium. Il y a d’abord une étape de stimulation antigénique au cours de laquelle le sang est incubé avec un antigène spécifique de Map (PPD : Purified Proteine Derivate de M. avium paratuberculosis). Ensuite, les surnageants de la culture sont prélevés et placés dans une plaque ELISA pour la quantification de la concentration d’IFN-γ par ELISA.

Dans les études publiées (Tableau 11), la sensibilité de ce test n’est évaluée que pour des animaux excréteurs. Elle varie entre 13 et 85 % selon l’âge des animaux. Sa spécificité est de 94 %, mais sa sensibilité est moyenne à faible. Huda et al. (2003) ont établi des sensibilités en fonction de la classe d’âge des animaux.

Tableau 11. Sensibilité (Se) et Spécificité (Sp) des tests IFN- γ et de l’IDR

Tests Test de

référence Population testée Se Sp Commentaires Source

Test IFN-γ

Culture fécale

24 bovins provenant d’un troupeau avec un historique de cas

clinique

13% 88%

Choix de la population cible rend l’étude peu

fiable Paolicchi et al., 2003 Test IFN-γ (IDEXX) Culture fécale et ELISA sur lait individuel 205 bovins provenant de 10 troupeaux infectés et 110 bovins issus de 5 troupeaux non infectés. 50% 94% Age : 1 à 2 ans Huda et al., 2003 85% 94% Age : 2 à 3 ans 75% 94% Age : > 3ans

58 Le test IFN-γ existe depuis plus de 20 ans mais est très peu utilisé. Jungersen (2012) explique cette faible utilisation par :

- une méthode exigeante avec des équipements de laboratoire spécifiques et une technicité particulière (traitement des prélèvements dans la journée, stimulation antigénique préalable dans un milieu de culture cellulaire, etc…), et un coût élevé,

- Une faible spécificité chez les animaux âgés de moins de 12-15 mois due à une production non spécifique d’IFN-γ par les cellules NK (Natural killer) suite à l’exposition à l’antigène PPDj (Jungersen et al. 2002 ; Olsen et al. 2005),

- Une faible valeur prédictive du test pour l’identification des animaux qui vont effectivement être excréteurs et séropositifs ultérieurement (et donc détectables par PCR et/ou ELISA) (Huda et al. 2004 ; Mikkelsen, 2009),

- Une baisse significative du niveau de production de l’IFN-γ lors de la stimulation par PPDj pour les échantillons de sang conservé au-delà d’une journée (Rothel, 1992 ; Jungersen 2002).

D’après l’étude de Mikkelsen et al. (2009), l’ajout d’interleukine IL-12 bovine lors de la stimulation antigénique augmente la production d’IF-γ dans les échantillons prélevés la veille du test. Jungersen ajoute que cette potentialisation de la production d’IFN-γ par l’IL-12 est parfois même supérieure à celle permise par la stimulation de sang frais sans IL-12, et qu’elle induit très peu de production d’IFN-γ non spécifique.

Plusieurs études ont été menées afin d’identifier l’antigène idéal qui limiterait les réactions croisées et serait assez immunogène pour déclencher une activation cellulaire. Malgré plusieurs études réalisées à partir d’antigènes purifiés ou recombinants (Olsen et al. 2000b, 2005 ; Shin et al. 2005 ; Koets, 1999, Bannantine et Stabel, 2000), Mikkelsen estime dans une revue des données disponibles datant de 2011 qu’il n’y a pas à ce jour d’étude ayant identifié un antigène répondant à ces critères.

L’étude de De Silva (2013) indique qu’un taux de production faible d’IFN-γ est observé chez des animaux qui seront excréteurs et porteurs de lésions tissulaires multibacillaires sévères (veaux de 3-4 mois inoculés et abattus 12 mois après l’infection). Cette étude est appuyée par celle de Jungersen pour conclure que la détection d’une concentration élevée d’IFN-γ est associée à une réponse immunitaire cellulaire forte qui peu juguler, voire éliminer l’infection. Aussi, Jungersen estime que l’abattage des animaux ayant un résultat au test IFN-γ fortement positif, au sein d’un

59 troupeau avec une forte prévalence serait délétère car on prend le risque d’éliminer des animaux qui développent une réponse éventuellement protectrice vis-à-vis de l’infection.

De Silva, insiste sur le fait que l’IFN-γ est seulement un marqueur de l’exposition des animaux à Map. Ainsi, la détection de l’infection par ce test, à un stade précoce de l’infection peut être utile lors d’introduction d’animaux ou pour éliminer précocement les animaux exposés à Map dans le contexte de troupeaux à très faible prévalence.

D’après Jungersen (2012), le seul moyen de certifier à terme un troupeau indemne de paratuberculose est d’évaluer l’exposition des jeunes animaux à Map afin de mettre en place une conduite de troupeau pouvant diminuer la transmission intra-troupeau. Il estime que le test IFN-γ est actuellement le seul à pouvoir servir cet objectif.

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