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CHAPITRE 1 ÉTAT DES CONNAISSANCES ET PROBLÉMATIQUE

1.5 ÉVALUATION DANS L’ARSACS

1.5.3 ÉVALUATION DES SYMPTÔMES DE SPASTICITÉ

1.5.3.1 TEST DU PENDULUM

L’évaluation du pendulum permet d’observer l’oscillation de la jambe sous l’effet de la gravité, offrant des mesures biomécaniques intéressantes. Elle provoque, chez le muscle spastique, le réflexe d’étirement durant une oscillation passive de la jambe (Fowler et al., 2000). Cet outil rend entre autres compte de la spasticité phasique. Selon la définition de celle-ci, analysée précédemment, un muscle spastique répond aux critères vitesse- dépendant et longueur-dépendant et un changement rapide de sa longueur provoque une co- contraction spastique. Cette évaluation est présentée par la littérature scientifique comme fiable, peu coûteuse et pratique pour analyser le degré de spasticité chez les gens atteints de l’ARSACS ou chez tous autres patients souffrant d’une lésion du motoneurone supérieur entraînant la spasticité (Bohannon, Harrison & Kinsella-Shaw, 2009; Bui, Gagnon, Audet, Mathieu & Leone, soumis).

Wartenberg (1951) est le concepteur du tout premier pendulum utilisé pour quantifier la spasticité du quadriceps fémoral. Ce pionnier a aussi fait des recherches sur l’électrogoniométrie, la vidéographie et les dispositifs de détection magnétique comme outils d’évaluation de la spasticité. L’évaluation originale pendulaire de Wartenberg a été modifiée et adaptée à de nombreuses reprises depuis (Bajd & Bowman, 1982; Boczko & Mumenthaler, 1958; Bohannon, 1987; Lin, Ju & Lin, 2003) . Sa validité a été mise en évidence lors de plusieurs études (Bajd & Bowman, 1982; Bajd & Vodovnik, 1984; Bohannon, 1987; Bohannon et al., 2009; He, Norling & Wang, 1997; P. Le Cavorzin, Hernot, X., Bartier, O., Allain, H., Carrault, G., Rochcongar, P., Chagneau, F., 2001; Stillman & McMeeken, 1995; Syczewska, Lebiedowska & Pandyan, 2009). Ce test

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biomécanique, tout comme les évaluations d’Ashworth/Ashworth modifiée et de Tardieu, fait partie des tests cliniques couramment employés (Alhusaini et al., 2010; Anwar & Barnes, 2009; Ashworth, 1964; Bohannon et al., 2009; Bohannon & Smith, 1987; Fowler et al., 2000; P. Le Cavorzin, Hernot, X., Bartier, O., Allain, H., Carrault, G., Rochcongar, P., Chagneau, F., 2001).

1.5.3.1.1 Protocole

Lors de l’évaluation, le patient doit être assis sur une chaise ou un fauteuil inclinable et ajusté à sa grandeur (Fowler et al., 2000). Tel qu’illustré à la Figure 8, la jambe doit être capable d’osciller au-delà de 90º degrés avec la cuisse, sans difficulté. Un oreiller peut être placé sous la tête du patient pour favoriser la détente de celui-ci (Fowler et al., 2000). De plus, il est très important de s’assurer de l’état de relaxation du patient, car cette variable pourrait modifier les données10. La jambe du participant doit être amenée de la position de

relaxation (entre 60º et 90º) à une extension passive complète du genou (environ 180º). Les angles peuvent varier d’une étude à l’autre, selon le protocole utilisé et le degré de spasticité du quadriceps fémoral chez les patients (Bohannon et al., 2009; Bui et al., soumis; Fowler et al., 2000; Syczewska et al., 2009; White, Uhl, Augsburger & Tylkowski, 2007). Par la suite, sans avertissement, la jambe doit être relâchée. Le clinicien doit s’assurer que le membre du patient soit complètement au repos avant cette étape (aucune tension). L’oscillation du membre est affectée par la spasticité du quadriceps. Plusieurs paramètres prélevés par l’appareil de mesure serviront à l’analyse (Graham, 2000). Le test se termine lorsque la jambe revient à la position normale de relaxation et qu’il n’y ait plus d’oscillation remarquée. Le processus doit être répété à plusieurs reprises pour obtenir des résultats cohérents (Fowler et al., 2000). Afin de permettre une récupération du chemin

10 L’électromyogramme peut être utilisé pour différencier une contraction volontaire d’une contraction

29 réflexe entre les différentes répétitions, un minimum de 30 secondes entre celles-ci doit être

respecté (Bajd & Bowman, 1982; Bajd & Vodovnik, 1984; Jamshidi & Smith, 1996; Robinson, Kett & Bolam, 1988). Selon Bohannon (1987), un temps de récupération inférieur à 15 secondes aurait pour effet de biaiser les résultats.

Figure 8: Évaluation pendulaire

Oscillations passives de la jambe, sous l’effet de la gravité, durant l’évaluation pendulaire. Tirée de (Fowler et al., 2000)

1.5.3.1.2 Mesures et calculs

L’évaluation pendulaire permet de prendre plusieurs mesures lors du même mouvement. Par exemple, la durée des oscillations (Bajd & Vodovnik, 1984; Couvee, van der Laarse & Oosterveld, 1968; Fowler et al., 2000; White et al., 2007) et le nombre d’oscillations (Bajd & Bowman, 1982; Bajd & Vodovnik, 1984; Boczko & Mumenthaler, 1958; Couvee et al., 1968; Fee & Miller, 2004; Fowler et al., 2000; Wartenberg, 1951; White et al., 2007) sont de bons indicateurs pour quantifier la spasticité. Des oscillations moins nombreuses et de moins longues durées seraient un signe de l’atteinte du motoneurone supérieur, alors que des oscillations plus nombreuses et de plus longues durées seraient un signe de l’atteinte du motoneurone inférieur (White et al., 2007). Plusieurs chercheurs, connus du domaine, avancent que le premier mouvement pendulaire

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serait le meilleur élément pour évaluer le degré de spasticité (Bajd & Bowman, 1982; Bajd & Vodovnik, 1984; Boczko & Mumenthaler, 1958; Bohannon et al., 2009; Bohannon & Larkin, 1985; Fowler et al., 2000; Graham, 2000). Comme la vitesse angulaire de la jambe est plus élevée au premier revirement, un mouvement spastique du quadriceps fémoral de type phasique (vitesse-dépendant) risque davantage d’être déclenché. Plus particulièrement, trois paramètres nommés A0, A1 et A2 ressortent pour analyser la spasticité (Bohannon et al., 2009; Syczewska et al., 2009; Wartenberg, 1951; White et al., 2007). L’angle parcouru entre le départ et le premier revirement est indiqué par A1 tandis que l’angle parcouru entre le premier et le deuxième revirement est indiqué par A2. La mesure de l’angle final moins l’angle initial est appelée A0. Il peut servir d’indice de la spasticité tonique des tissus musculotendineux du quadriceps fémoral (White et al., 2007). Les paramètres sont illustrés à la Figure 9.

Figure 9: Motion du genou sur un patient sain durant le test pendulaire et les formules des ratios calculés.

31 Plusieurs ratios peuvent être calculés à partir de ces trois mesures. Ceux-ci offrent

un indice de spasticité. Les variables de la vélocité angulaire de la flexion du genou telles que la vélocité angulaire maximum obtenue et le temps calculé entre l’initiation du mouvement et la vitesse angulaire sont parmi les plus significatives. Tirée de (White et al., 2007)

1.5.3.1.3 Limites du test du pendulum

La physiologie complexe de la spasticité ne facilite pas les mesures prises par l’évaluation pendulaire et, surtout, gêne à la comparaison de celles-ci entre les études (Syczewska et al., 2009). De plus, plusieurs études ont un protocole de recherche semblable mais non standardisé (Bajd & Vodovnik, 1984; Bohannon, 1987; Bohannon & Larkin, 1985; Fowler et al., 2000; Jamshidi & Smith, 1996; P. Le Cavorzin, Hernot, X., Bartier, O., Allain, H., Carrault, G., Rochcongar, P., Chagneau, F., 2001; Stillman & McMeeken, 1995). Par exemple, le concept « nombre d’oscillations » doit être mieux défini et universel. Pour Fowler et al. (2000), une oscillation du genou représente un mouvement de 3 degrés ou plus. Peu d’études démontrent cette précision, ce qui rend difficile la comparaison de ce paramètre. Certains auteurs ne sont pas en accord quant à l’évaluation de la capacité fonctionnelle par le pendulum (Bohannon et al., 2009; Faber, Nienhuis, Rijs, Geurts & Duysens, 2008; Graham, 2000; He et al., 1997). Pour eux, il serait impossible d’anticiper la motion du genou à la marche si l’évaluation est exécutée par la motion du genou lorsqu’une personne est assise. Aussi, il est à noter que les résultats du test peuvent être influencés par les changements du tissu musculaire qu’entraîne l’atteinte du neurone moteur supérieur (Biering-Sørensen, Nielsen & Klinge, 2006; Fleuren et al., 2010; White et al., 2007). Certains outils complémentaires, présentés à la prochaine section, pourront aider à déceler ces changements du tissu musculaire ou à différencier certains symptômes pyramidaux de la spasticité (Burridge et al., 2005).

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En bref, le test du pendulum est parmi les méthodes d’évaluation les plus connues pour évaluer le degré de spasticité. Son principe est simple, efficace, peu coûteux et facile à utiliser. Même si son protocole n’est pas universellement respecté, il reste tout de même un outil d’évaluation de choix. Il permet de prendre plusieurs mesures à la fois et en peu de temps.

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