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La nécessité de parvenir à évaluer la pertinence des outils a très vite pris place dans le déroulement de la recherche (Cf. Figure 12 : Objectifs du test). Ainsi, les outils ont subi une étape test, dont les principaux objectifs étaient les suivants :

Figure 12 : Objectifs du test

Vérifier la fonctionnalité de la grille.

Vérifier la pertinence de l’échelle d’opinion.

Vérifier que le guide d’entretien permet l’accès à l’information souhaitée.

La mise en place d’une phase test, qui fera l’objet de ce chapitre, a permis d’atteindre les objectifs fixés mais aussi de rendre au chercheur sa motivation première, celle de comprendre le monde qui l’entoure en faisant de sa démarche théorique une démarche réelle dans la rencontre des professionnels. La grille ayant été conçue sur des repères événementiels, il semblait impératif d’en vérifier l’exactitude par rapport aux objectifs énoncés. Perfectibles par définition, les outils de recueil de données ont été testés auprès d’un intervenant ayant accepté de se livrer à leur première utilisation et à la première expérience du chercheur en tant que tel. Le test a été l’occasion de vérifier la pertinence des outils et de repérer leurs faiblesses et d’expérimenter le contexte d’un entretien.

Le test de la grille a permis de mettre en lumière deux difficultés majeures. D’une part, le fait que l’intervenant soit contraint de relier une tâche à un seul objectif. En effet, il semblerait qu’une même tâche puisse viser plusieurs objectifs. Cette sélection qui, à l’origine devait solliciter la réflexibilité des intervenants, semblait être perçue comme un manque de précision du lien entre la tâche et l’objectif.

D’autre part, l’absence d’objectif Réduction des risques a nécessité que l’intervenant en fasse la mention lui-même, comme un objectif. Cela coïncide avec quelques remarques préliminaires face auxquelles il a fallu prendre position, notamment une remarque selon laquelle la Réduction des risques devrait figurer au premier plan sur la grille.

Ces deux difficultés, s’expliquent en premier lieu par le fait qu’il existe une part d’ambiguïté intentionnelle dans la construction des outils. Ainsi, le fait pour l’intervenant de devoir se limiter à un seul objectif le contraint à effectuer un choix. Laisser exprimer la part de subjectivité dans la mise en lien de la tâche avec l’objectif et inversement, représentait une priorité. Puis, l’absence de la Réduction des risques parmi les objectifs devant être mis en lien avec une tâche, était volontaire, dans la mesure où cela devait non seulement interpeller les intervenants, mais aussi porter la réflexion à l’ensemble des objectifs comme étant tous inévitablement liés à la Réduction des risques (une vision holistique de la Réduction des risques). Il n’est donc pas question de tromper, mais bien de vérifier indirectement, la portée de la Réduction des risques du point de vue des intervenants.

L’entretien test a mis en évidence, pour l’interlocuteur, la difficulté à se positionner dans le cadre de l’échelle d’opinions. Ainsi, l’intervenant témoignait d’une forme d’ambivalence l’empêchant de prendre une position. Cela confirmait donc qu’il aurait été inadapté de considérer l’échelle d’opinion comme un outil de recueil quantitatif. L’échelle d’opinion a surtout révélé la difficulté pour l’intervenant durant l’entretien de se positionner clairement face à une affirmation qui interpellait certaines de ses valeurs.

Ainsi, le test a montré que les avis autour d’une même affirmation pouvaient être partagés entre les deux extrêmes de l’échelle (théoriquement, de un à cinq). Les nuances apportées représentent certes, un intérêt pour le chercheur en termes de matériel discursif, toutefois, l’absence d’un positionnement clair confirmait la limitation de l’attribution d’une valeur numérique à l’opinion par l’outil de mesure choisi. (Cf.

Figure 14 : Méthode : Tableau récapitulatif)

De plus, les réponses données par l’intervenant étaient peu subjectives et reposaient essentiellement sur le cadre institutionnel, avec ses pratiques et ses valeurs. Pour cette raison, il fut vérifié que l’expérience dans la pratique dans les lieux bas seuil, était un critère essentiel pour la recherche, soit concrètement, une pratique d’au moins deux ans.

Figure 14 : Méthode, Tableau récapitulatif

Terrain Echantillon Recueil de données

Six institutions de Suisse romande proposant une prise en charge bas seuil.

Sept travailleurs sociaux pratiquant dans un lieu bas seuil : trois femmes et quatre hommes.

Grille des tâches auto administrée Entretiens semi-directifs

Echelle d’opinions incluse dans le guide d’entretien

2. 7 La mise en œuvre de la recherche

Afin de fournir aux intervenants participants à la recherche un maximum de clarté dans la démarche, il fut décidé de procéder à la création d’un dossier de collaboration, lui aussi ajusté après l’étape test (Cf.

Figure 13 : Composition du dossier adressé aux intervenants). Ce dossier avait essentiellement pour but, de faciliter un maximum l’accès au dossier physique pour les intervenants et d’éviter la dispersion des différentes pièces125. Le dossier se présentait comme suit :

Figure 13 : Composition du dossier adressé aux intervenants

Une page de garde avec le titre et les coordonnées Un bref courrier décrivant le contenu du dossier Un exemplaire du formulaire de consentement éclairé

Un mode d’emploi pour la grille en quelques points avec les coordonnées Vingt grilles (recto verso)

Une page destinée à recueillir les observations et remarques générales des intervenants126

L’ensemble des documents ont été reliés afin d’en faciliter la gestion par l’intervenant, le transport par courrier et le traitement des données durant le processus de dépouillement et d’analyse. Les documents n’étant pas personnalisés, ceci impliquait qu’ils soient identiques pour tous les intervenants, et qu’ils ne comportent l’identité de ces derniers que lorsqu’ils étaient renvoyés à l’expéditeur.

Les consignes données aux intervenants autour de la grille, consistaient essentiellement à compléter les rubriques prévues. Ainsi, la grille contient des informations concernant l’intervenant et la situation dans laquelle il intervient (Cf. Figure 15 : Informations relatives à l’intervenant). L’entête de la grille propose une série des subdivisions dans lesquelles ces informations ont été insérées par l’intervenant. Pour des raisons pratiques, la numérotation et le classement des grilles a été fait a posteriori, dès la réception des documents et sur la base des informations contenues dans la grille127. Les informations relatives aux intervenants figurant dans les grilles, sont les suivantes :

Figure 15 : Informations relatives à l’intervenant

Nom et prénom de l’intervenant Sexe

Age

Nom de l’institution Diplôme obtenu

125 Voir annexes 1, 2, 3, 4 et 6

126 Ce document a été largement sous-utilisé par les intervenants

127 Les informations relatives à la situation dans laquelle a lieu l’intervention sont les suivantes : Age, sexe et problématique principale.

Les entretiens ont été intégralement retranscrits, puis un certain nombre de passages ont été sélectionnés et analysées à l’aide d’une grille d’analyse sous la forme d’un tableau en annexe128. La grille d’analyse offre un classement en quatre catégories principales : les valeurs, les objectifs, les tâches et la vision du professionnel et le bas seuil. L’analyse transversale a été faite selon les dimensions suivantes : biologique, psychologique, sociale et l’approche globale de la personne.

Premièrement, la dimension biologique se caractérise par toutes les tâches liées aux aspects physiques, notamment la médication, ainsi qu’à tout ce qui se rapporte directement à la consommation de produits psychotropes, telles que l’injection. Deuxièmement, la dimension psychologique comporte des tâches liées à la relation et orientées vers la personne. Ainsi, il s’agit pour cette dimension de mettre en œuvre des tâches liées au développement des ressources des usagers et de parvenir à développer chez le sujet une vision d’ensemble de la problématique toxicomaniaque. Enfin, la dimension sociale se caractérise par les tâches liées à la relation et au quotidien de la personne toxicodépendante, étroitement liées à l’évaluation de la situation et des besoins, et à l’orientation adéquate à fournir parmi les intervenants et institutions du réseau institutionnel (Cf. Figure 16 : Analyse qualitative).

Les dimensions à travers lesquelles l’analyse des entretiens allait être menées, étaient à priori au nombre de trois, à savoir, biologique, psychologique et social. Toutefois, lors de l’analyse préliminaire un certain nombre d’éléments relevaient d’une approche globale de la personne, ne faisant pas allusion distinctement à l’une ou l’autre des trois catégories (Cf. Figure 16 : Analyse qualitative). De facto, le découpage en trois catégories d’analyse était inadéquat.

Figure 16 : Analyse qualitative

4 perspectives d’analyse Les valeurs Les objectifs Les tâches

La vision du professionnel et le bas seuil 4 dimensions d’analyse

Biologique Psychologique Social

Approche globale129

Affranchi de ce découpage triparti, il a été possible de produire une analyse en accord avec les résultats de la recherche. Ainsi, une nouvelle catégorie est née suite aux observations préliminaires du matériel discursif. L’intégration de cette nouvelle catégorie d’analyse traduit une vision unifiée de l’usager manifestée à l’unanimité à un moment ou à un autre des entretiens par tous les intervenants rencontrés.

Quelques éléments du discours s’orientent vers les valeurs des intervenants, alors que d’autres concernent plus la vision du professionnel et sa manière de construire ou de déconstruire la problématique toxicomaniaque en lien à la fois avec lui-même en tant que professionnel mais aussi avec l’ensemble social. Il est relativement épineux de procéder au classement de certaines parties du corpus dans la mesure où les intervenants font des liens entre les catégories, exprimant à la fois une tâche en lien avec un objectif qui est également représentatif de leur opinion, donc de leur vision de la pratique.

Selon les intentions portées par les intervenants, il se peut que certaines citations aient été utilisées dans plus d’une catégorie, dépendamment de l’élément qui est mis en avant.

128 Voir annexe 7 : Grille d’analyse

129 La catégorie d’analyse Approche globale fut créée à partir des résultats des entretiens, et n’avait donc pas été prévue initialement. Cette catégorie regroupe les éléments liés à une vision d’ensemble de l’individu donc, au-delà du découpage biologique, psychologique et social.

Les données quantitatives recueillies au moyen des grilles des tâches ont fait l’objet d’une catégorisation et d’un dépouillement rigoureux. En effet, au moment du dépouillement, il a fallu prendre en compte leurs caractéristiques, notamment, le fait que quelques tâches parmi celles listées étaient conceptuellement très proches. Par ailleurs, il a également fallu les organiser en fonction du cadre théorique donné, soit l’approche biopsychosociale. Pour les tâches ne s’inscrivant pas dans l’une ou l’autre catégorie biologique, psychologique, ou social ; une catégorie générale a été créée : autres tâches transversales (Cf. Figure 17 : Analyse quantitative). Son existence s’explique par le fait qu’il s’agit de tâches transversales pouvant s’inscrire tantôt dans une optique biologique, tantôt psychologique ou encore sociale.

Figure 17 : Analyse quantitative

4 Dimensions : Biologique Psychologique Social

Autres tâches transversales 3 types de soutien

Affectif/Relationnel Informatif/Instrumental Corps/Santé

Deux tâches ont fait l’objet d’un classement particulier, à savoir Remettre de la nourriture et Remettre des habits. En effet, ces deux tâches ont été associées à la catégorie biologique car elles relèvent de la conservation de l’individu et la protection de son intégrité d’un point de vue physiologique, à savoir, le corps. Les tâches supplémentaires mentionnées par les intervenants, c’est-à-dire celles ne figurant pas préalablement sur la grille, font également l’objet d’un classement parmi les catégories construites autour des grilles. Ainsi L’entretien socio-thérapeutique et l’entretien de soutien (Cf. Chapitre 3 : Les objectifs et les tâches dans le bas seuil) intègrent les taches du domaine psychologique et Encadrer un repas vient s’inscrire parmi les tâches du domaine social.

La difficulté dans le classement de ces tâches traduit le caractère polyvalent du travail mené par les intervenants sur le terrain. Ce classement constitue un moyen pour faciliter le traitement des données numériques recueillies, et ne prétend aucunement traduire une sorte de typologie des tâches. Conforme à l’objet de recherche les tâches sont utilisées comme un support pour l’expression des repères au sens de l’identité professionnelle, et à ce titre, elles ne constituent pas une fin en soi.

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