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Tendances à long terme de la création d’emplois et de l’offre de main-d’œuvre

2. Une première évaluation des compétences requises et des besoins

2.1. Tendances à long terme de la création d’emplois et de l’offre de main-d’œuvre

2.1.1. Un marché du travail en expansion de plus en plus dominé par le secteur des services L’analyse du Cedefop indique qu’une centaine de millions de postes à pourvoir pourraient être comptabilisés dans l’UE-259 entre 2006 et 2020. Outre la création de 19,6 millions d’emplois, 80,4 millions de postes seront à pourvoir en raison de départ en retraite ou de sortie du marché du travail des travailleurs.

La transition lente mais continue de la répartition sectorielle de l’emploi au sein de l’UE – de l’agriculture et des industries de transformation traditionnelles vers les services – se poursuivra vraisemblablement en dépit du récent ralentissement de l’économie. En 2020, près des trois quarts des emplois relèveront du secteur des services.

7 Sur les contraintes et les méthodes d’évaluation, voir le document de travail des services de la Commission.

8 Cedefop, Skill Needs in Europe. Focus on 2020. Luxembourg, 2008.

9 Cette première évaluation n’inclut pas la Bulgarie ni la Roumanie. Ces deux pays seront couverts par la première mise à jour des projections.

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Les prévisions du Cedefop: détails

Les prévisions du Cedefop se basent sur un modèle macroéconomique multisec-toriel appelé E3ME (Energy-environment-economy model of Europe). Ce modèle produit des projections cohérentes des niveaux d’emploi par secteur à partir des estimations des comptes nationaux d’Eurostat. Ces projections des niveaux d’em-ploi sont traduites en incidences sur la création d’emd’em-plois par profession et sur les exigences en termes de niveaux d’études demandés. La répartition des profes-sions et des qualifications dans chaque secteur est déterminée à partir des modè-les observés dans modè-les données de l’Enquête sur modè-les forces de travail. Ces prévisions proposent également une estimation de la «demande de remplacement», c’est-à-dire des postes à pourvoir suite à des départs en retraite, des mutations ou des migrations. Les prévisions du Cedefop délivrent ainsi une image exhaustive, cohé-rente et détaillée des futurs besoins en compétences et des opportunités d’emploi en Europe jusqu’en 2020.

graphique 1: Évolution du nombre d’emplois dans le secteur des services jusqu’en 2015 dans l’UE‑25

0 5 10 15 20 25 30 35

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Distribution

Autres services aux entreprises Santé et action sociale Admin. publiques et défense Éducation

Transports & télécommunications Services divers

Hôtellerie et restauration Banque et assurance

Millions d’emplois

Prévision

Source: Cedefop, 2008

La création d’emplois dans le secteur des services devrait être considérable jusqu’en 2020, en particulier dans les services aux entreprises. Le secteur primaire pourrait perdre 2,9 millions d’emplois tandis que celui de la construction devrait se stabiliser. L’industrie manufacturière devrait connaître une perte nette de 800 000 emplois malgré une hausse dans l’ingénierie.

Toutefois, compte tenu de l’incidence de la forte demande de remplacements, le nombre de postes à pourvoir devrait rester élevé dans l’industrie manufacturière, qui devrait donc rester un secteur primordial pour les économies de l’UE.

À plus court terme, il est possible de prédire de manière plus précise l’évolution dans le secteur des services. Ce sont les services aux entreprises (notamment l’informatique, les assurances ou la consultance), les soins de santé et l’action sociale, la distribution, les services aux personnes, l’hôtellerie et la restauration et, dans une moindre mesure, l’enseignement qui offrent les meilleures perspectives de création d’emplois jusqu’en 2015 (voir le graphique 1, page 15).

Il sera peut-être nécessaire d’ajuster les perspectives relatives aux services aux entreprises et aux autres secteurs à la lumière de la crise financière.

La transition vers une économie à faibles émissions de carbone aura également des retombées importantes sur l’emploi, en particulier dans les secteurs de l’énergie, du traitement des eaux usées et des déchets, de la construction, des transports, de l’industrie, de l’agriculture et de la sylviculture. D’après l’Organisation Internationale du Travail, le marché mondial des services et produits écologiques devrait doubler pour atteindre 2 740 milliards de dollars en 202010. 2.1.2. Un risque de pénuries de main-d’œuvre et la nécessité d’accroître les taux d’emploi

L’évolution démographique aura une incidence majeure sur l’offre de main-d’œuvre, même si, pendant plusieurs années, cette évolution sera en partie compensée par la hausse des taux d’activité11. Eurostat estime que la population en âge de travailler (la tranche d’âge des 15 à 64 ans) de l’UE culminera en 2012 avant de commencer à baisser au fur et à mesure du départ à la retraite des cohortes d’âge du baby-boom. Le taux d’emploi des femmes et des travailleurs âgés poursuivant sa progression, la main-d’œuvre effective continuera à augmenter lentement jusqu’en 2020, après quoi l’effet du vieillissement de la population dépassera l’augmentation des taux de participation à la vie active, ce qui entraînera une diminution légère mais continue de la main-d’œuvre totale de l’UE. Les États membres en seront affectés de diverses manières.

Les flux migratoires pourraient compenser une partie du recul des taux de natalité, mais ils ne résoudront pas le déficit démographique, notamment parce qu’à long terme, les populations immigrées ont tendance à adopter les modèles démographiques de leur pays de résidence.

Il est dès lors fort probable que les inadéquations qualitatives des marchés du travail de l’UE seront exacerbées par des pénuries quantitatives de main-d’œuvre: la mise en adéquation des compétences disponibles et des besoins du marché du travail sera essentielle pour une utilisation efficace du capital humain.

10 OIT, «Emplois verts - Faits et chiffres», 2008.

11 Voir le premier rapport sur la démographie de la Commission, SEC (2007) 638 du 11.5.2007.

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Estimations de la population active et de l’emploi total (UE-27)

200

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 60

millions d'emplois Emploi en hausse

et faible croissance de la population en âge de travailler

Emploi en hausse malgré le déclin de la population

en âge de travailler

Source: Commission européenne et Comité de politique économique, The 2009 Ageing Report: Underlying assumptions and projection methodologies for the EU-27 Member States (2007-2060), European Economy, n° 9, 2008.

Nouveaux emplois et compétences requises dans une économie plus verte

Les investissements réalisés pour atténuer et lutter contre les effets du changement cli-matique pourraient faire émerger de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités d’emplois, en particulier dans les secteurs liés aux services environnementaux, aux tech-nologies propres, aux énergies renouvelables, à la rénovation urbaine ou rurale et à la préservation de la nature.

Toutefois, tandis que ces nouveaux emplois verront le jour, d’autres pourraient devenir obsolètes ou être redéployés dans le processus de restructuration des industries directe-ment affectées par les mesures de lutte contre le changedirecte-ment climatique. Par exemple, la disparition des usines à énergie fossile au profit des énergies renouvelables créera des emplois mais pourra impliquer simultanément la disparition d’autres postes, dans le secteur de l’énergie «traditionnelle» et dans les autres secteurs corrélés. Par ailleurs, il est probable que les compétences requises par les emplois disparus diffèrent assez net-tement de celles exigées par les emplois nouvellement créés. De plus, bon nombre de professions traditionnelles (par exemple dans le secteur de la construction et de l’agri-culture) seront transformées et redéfinies, comme leur portefeuille de compétences pro-fessionnelles et leurs méthodes de travail quotidiennes devront s’adapter aux nouvelles exigences environnementales.

Une diffusion trop lente des nouvelles compétences parmi la main-d’œuvre et la mécon-naissance des dernières techniques et des nouveaux produits et matériaux pourraient freiner cette transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Des politi-ques de formations adéquates sont par conséquent nécessaires pour éviter la pénurie de compétences qui rendrait inefficace les investissements dans l’économie «verte».