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● Mon entrée : Octobre 2018

Le début de ce stage est difficile, car fort en émotion. Je me sens mal à l’aise, sans pouvoir mettre le doigt sur ce qui m’interroge. Les séances s’enchaînent et je suis le rythme. Je suis impressionnée par l’image du handicap que portent ces enfants. Les premières journées sont très fatigantes, je rentre chez moi dans un état second, ne pouvant rien faire. Pour autant, je suis heureuse d'avoir ce stage. Le cadre à domicile et le travail auprès des enfants polyhandicapés attirent ma curiosité. Je ressens un décalage entre mon envie et la réalité.

Le cadre à domicile m’inhibe sans que j’en prenne réellement conscience. Je rentre dans le foyer familial des enfants et j’ose à peine parler, comme une intruse. Parfois j’ai l’impression de donner le change lorsque je ne comprends pas ce que l’on me dit ou que je ne sais pas répondre aux interrogations de la psychomotricienne sur les cours théoriques de notre formation. Le sentiment d’impuissance fait son apparition sans que je puisse avoir la main dessus.

● Novembre-Décembre 2018

Je me sens fragile avec des doutes importants concernant ma future identité de psychomotricienne. Pourrais-je être une bonne professionnelle alors que je n’ose pas m’affirmer en stage ? Je réalise peu à peu mes émotions. Une discussion avec ma maître de stage a lieu, je verbalise mes difficultés, mes incompréhensions et tente de communiquer. Je me sens honteuse face à mon impuissance, mon manque d’initiative, mon inhibition, ma sidération dans les prises en charge de ces enfants. Pour autant, je ne me sens pas mal lorsque je suis avec eux. Je ne comprends pas ce qu’il y a de si différent avec les autres stages que j’ai pu effectuer. Grâce aux mots et l'écriture, je prends plus conscience de la situation : c’est à ce moment-là que j’ai pu prendre un nouveau souffle. Je commence à chercher de nouveaux outils et les appuis nécessaires pour continuer afin de ne pas abandonner le stage.

● Janvier-Février 2019

Plus d’initiatives apparaissent, je me concentre davantage sur les prises en charge. Je signifie plus ma présence grâce à ma voix et ma posture, je tente de créer un nouveau positionnement. Je prends le temps et tente de faire abstraction du cadre extérieur, notamment les regards qui peuvent me freiner. Je me concentre sur l’enfant uniquement et ce que je peux lui proposer, pour l’aider à mon niveau en me basant sur mes observations. Je mènerai certaines propositions, sans guider seule une séance entière. Je relâche mon corps et respire, ça y est je peux enfin « être mieux ». Le temps est long et le chemin n’est pas fini, mais la marche est relancée. Ces quelques adaptations me permettront de me sentir plus sereine en arrivant en stage. Malgré tout, cette période est aussi entrecoupé des vacances scolaires entre le retour de Noël, les vacances de février et les arrêts maladies. Les enfants sont souvent malades à cette période, car l’hiver les fragilisent d’autant plus. Cela influe sur la relation thérapeutique.

● Mars 2019

Suite aux vacances d’hiver, je me sens plus en confiance avec moi-même. L’avancée que j’ai pu ressentir avant cette pause m'a encouragée. J’imagine plus aisément ce que je pourrais proposer pour chaque enfant. Pour autant, je ressens toujours une certaine inhibition. Je n’arrive pas à aller réellement au bout de mes propositions. Je me sens sous tension à l’approche des examens, de la fin de la formation mais aussi face à ces difficultés toujours présentes. Il est toujours difficile de m’affirmer avec mon statut d’étudiante - stagiaire. Je me rends compte que les initiatives que j’avais pu prendre entrent dans le cadre de ce que fait ma maître de stage. Était-ce aussi ma façon de faire, ou est-ce que je n’osais pas montrer mon identité professionnelle ? Malgré mes idées, je n’ose pas en faire part et reste dans mon coin, à exécuter une façon de faire qui ne me correspond pas forcément, même si j’en comprends la logique et l’utilité. Je retrouve ce sentiment envahissant, je suis de nouveau en difficulté et mal à l’aise. Pour autant, cette fois-ci j’en prend conscience plus rapidement, je reprends mes notes, me questionne. Et finalement, je décide d’arrêter le stage. Cette décision est difficile à prendre car il s’agit quelque part d’accepter qu’on ne peut pas toujours tout réussir et qu’il faut parfois dire

non. Malgré tout, je ressens un sentiment de sérénité et une confiance envers ce choix. Nous discutons une nouvelle fois avec ma maître de stage, nous effectuons le bilan de cette année. Cet échange permet d’élargir encore une fois mon champs de réflexion, d’ouvrir sur un autre point de vue. A la fin, je me sens libérée d’avoir pu mieux comprendre et cerner les difficultés qui ont rythmé ce stage, mais aussi de les avoir communiquées. Il est temps de clôturer les dernières séances, remercier et dire au revoir aux enfants et familles qui m’ont accueillie. Ces ultimes prises en charge se passent dans une réelle collaboration, un échange ajusté entre les enfants, ma maître de stage et moi-même. Je découvre ma réelle place dans ce stage grâce à ce nouveau lâcher prise. Différentes émotions se mélangent mais règnent en moi surtout des émotions positives. Cette dernière journée est marquée par la gratitude vis à vis de ces mois riches en émotions et en apprentissages.

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