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LA TECHNIQUE PHOTOGRAPHIQUE AU SERVICE DES CHERCHEURS

Dans le document Producteurs d'images (Page 53-63)

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Photographe artiste ? Photographe technicien ? Les exigences scientifiques

sont bien in fine le quotidien du travail du photographe au service des

chercheurs, pour une photographie « témoin » et « preuve » de ce qui est découvert. Les chercheurs de l’Inra et leurs équipes ont produit, dès la création de l’Inra, des collections de photographies « scientifiques ». Pour définir la photographie scientifique, Claire Lissalde, alors responsable de la photothèque numérisée de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) écrit en 2001 : « Sans prétendre apporter une vérité absolue, je dirais que sont a priori

scientifiques des photos prises ou dirigées (comme on dirige un film) par un scientifique. C’est d’abord l’œil du scientifique, son regard porté sur l’objet photographié, qui feront qualifier une photo de scientifique, que ce scientifique soit généticien, physicien, ethnologue ou géographe. Il faut aussi considérer ce qui accompagne la photographie. En effet, l’image scientifique n’est jamais diffusée sans un commentaire. Le texte est, dans ce domaine, presque aussi important que l’icône. Il vient compléter l’information délivrée visuellement, nommer ce qui est vu, l’identifier et parfois le rectifier.* » Les courts portraits de photographes présentés ici permettent de saisir la complexité de travaux dans lesquels le geste photographique est opératoire : trois acteurs et trois façons d’exercer un métier indispensable aux chercheurs et techniquement exigeant.

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Grain d’amidon de pomme de terre montrant leur croix de polarisation.

ARCHOR ALES 18 > PRODUCTEURS D ’IM AGES 54 ROGER SCANDOLO ET L’ART DE L’ARGENTIQUE

Roger Scandolo est né le 13 juin 1931 à Paris 1

dans le 14e arrondissement, d’un père italien ori-ginaire de la Vénétie et arrivé en France après la Première Guerre mondiale, et d’une mère fran-çaise. Installés à Jouy-en-Josas, ses parents tiennent un bar-restaurant-épicerie. Il obtient son certifi-cat d’études en 1946. En 1950, il devient titulaire d’un CAP en bijouterie joaillerie, il exerce dans ce domaine entre 1950 et 1952. Il est surtout pas-sionné d’aviation, et fait partie de l’aéroclub Louis Blériot de Jouy-en-Josas où il pratique l’aéromodé-lisme. De 1955 à 1961, il travaille comme photo-graphe à Sud Aviation à Istres. Revenu en région parisienne, il entre au Centre national de recherches zootechniques (CNRZ) de l’Inra à Jouy-en-Josas en décembre 1961, et y reste jusqu’à son décès en mars 1992. Il est affecté comme photographe à la station de physiologie animale où il fera toute sa carrière. Il s’y lie d’amitié avec les personnels et chercheurs de la station, notamment avec le prestigieux Charles Thibault. Il est certainement l’auteur de nombreuses photographies parues dans les ouvrages anniversaires de l’Inra (20e et 25e anniversaires 2) ainsi que dans le document « Recherches en productions animales » paru en 1973 3. Malheureusement, c’est une époque où les photos ne sont en général pas signées. Aussi n’avons-nous pas de certitudes sur celles qu’il a réalisées lui-même, un fonds spécifique n’ayant jamais été constitué.

Un de ses jeunes collègues et amis, Christian Slagmulder 4, témoigne des années passées auprès de Roger Scandolo. À sa lumière, on comprend mieux les différentes facettes du travail des photographes à l’époque de la photographie argentique. Loin d’être uniquement l’exercice de la photographie, développement, tirage et reproduction des photographies représentaient un volume de travail considérable et minutieux. « J’ai rencontré Roger Scandolo, lors de mon intégration à L’Inra de Jouy-en-Josas en janvier 1979. À par-tir de cette date une grande complicité dans le travail et une amitié père-fils va naître. Nous étions complé-mentaires dans ce service photo de la station de physiologie animale, qui regroupait un grand nombre de techniciens, de chercheurs, de DEA et de thésards. Toutes ces équipes étaient très demandeuses de déve-loppements et de tirages photos. Ils pratiquaient énormément d’observations, de différents tissus, sur des microscopes électroniques à balayage, à transmission et sur microscopes optiques. Les films de divers for-mats issus de ces observations devaient être développés, puis tirés sur agrandisseur et traités en machine automatique, l’usage de la cuvette ayant été abandonnée quelques années auparavant. Le volume de plans films et de films traité dans notre laboratoire était de plusieurs centaines par semaine.

Roger et moi avions chacun nos équipes avec qui nous avions l’habitude de travailler et nous savions exac-tement ce qu’ils attendaient de nous, en terme de qualité de tirages et de rendu final de leurs images, ces images leur permettant de confirmer et de justifier leurs résultats de recherche. Nous réalisions également de nombreuses reproductions de documents, ainsi que des planches photos pour les mémoires des DEA et des thésards. De temps en temps, on trouvait un petit moment pour aller faire des photos dans les étables, les labos ou les salles d’opération, ce qui nous changeait de notre routine de laboratoire.

Il régnait au sein de la physiologie une ambiance familiale, et pour moi qui sortait de l’usine de production, cela me semblait un rêve. Nous avons travaillé douze ans ensemble, avant que je migre dans le sud, et je n’ai jamais oublié ces années.

La petite poule, comme on appelait amicalement Roger Scandolo, était un photographe à l’ancienne comme on en fait plus, car actuellement on a tendance à occulter les valeurs humaines au profit des résultats et du rendement. Je sais que mon départ l’avait profondément chagriné, tant nous étions proches dans le travail et dans la vie en général. Nous passions plus de temps avec nos collègues de travail qu’avec notre propre famille. À mon départ pour l’Inra d’Antibes, c’est mon ami Francis Fort (maintenant à l’Inra de Toulouse) qui a pris ma place et les rapports avec Roger ont été différents. Ces années à Jouy avec Roger Scandolo et Gérard Paillard ont été mes meilleures années Inra, car tout évolue et pas forcément en bien et je suis heureux que son nom soit gravé dans le Panthéon des photographes Inra, espèce en voie de disparition. »

1 Cette courte biographie de Roger Scandolo a été écrite d’après les souvenirs de sa fille Hélène.

2 Inra, 1966. L’Institut National de la Recherche Agronomique. Édition du 20e anniversaire. 1946-1966, Regards sur la France, août-septembre, SPEI Éditeur, 563 p.

Inra, 1972. L’Institut national de la recherche agronomique. Édition du 25e anniversaire. 1946-1971. Regards sur la France, mars, SPEI Éditeur, 376 p.

3 Inra, 1973. Recherches en productions animales, Regards sur la France, SPEI Éditeur, 274 p.

4 Dont le témoignage Archorales figure dans le présent tome en page 152.

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ARCHOR ALES 18 > PRODUCTEURS D ’IM AGES 55 LA TECHNIQUE PHO TOGR APHIQUE A U SERVICE DES CHERCHEURS

Roland J.-C., Szöllösi A., Szöllösi D., 1979. Atlas de biologie cellulaire. Masson, 2e édition, 115 p.

En 1955, la France dévoile trois premières industrielles aux avancées techniques saisissantes : l’hélicoptère Allouette II, la Caravelle, et le Mirage, ouvrant une ère faste pour le secteur français de l’aéronautique. En 1957, les carnets de commande des industriels français se remplissent. Employé comme photographe par Sud Aviation, la plus importante des sociétés françaises d’aéronautique de l’époque, Roger Scandolo a pu observer derrière son matériel photographique les prouesses et les records des engins au centre d’essais en vol d’Istres, entre 1955 et 1961. Photographie confiée par Hélène Scandolo, fille de Roger Scandolo

Roger Scandolo et Christian Slagmulder ont participé à la réalisation de l’Atlas de biologie cellulaire, ouvrage pédagogique de référence, dans lequel la photographie permet de faire comprendre le fonctionnement intime des cellules : il présente des clichés couvrant l’ensemble des activités cellulaires, réalisés selon différentes techniques de microscopie électronique (ici : photographie en microscopie électronique à transmission) et accompagnés de schémas interprétatifs. Photographie confiée par Hélène Scandolo, fille de Roger Scandolo

ARCHOR ALES 18 > PRODUCTEURS D ’IM AGES 56 LA PHOTOGRAPHIE COMME OUTIL DE SCIENCE. L’EXEMPLE DE LA COLLECTION « ROUSSEAU-CESSELIN »

Micheline Rousseau et Bénédicte Cesselin, ingénieure de recherche et technicienne à l’Inra, ont exercé une activité de photographie scientifique intense dans le cadre des travaux de la station de recherches laitières de Jouy-en-Josas (aujourd’hui dénommée Micalis). Elles ont ainsi réalisé, de 1980 à 1997, en microscopie électronique, environ 10 000 clichés photographiques à vocation scientifique. Pour chaque observation réalisée au microscope, la date de l’observation et le projet sont répertoriés dans un cahier. Les négatifs sont numérotés, le grossissement de la photo, l’auteur et ce que l’on voit sur la prise de vue sont indiqués. Ils sont rassemblés actuellement à Jouy-en-Josas sous forme de négatifs. Tous ne sont pas exploitables. En effet la préparation de la vaisselle utilisée et du matériel, les différentes étapes de préparation d’un échantillon c’est-à-dire la qualité de la fixation de l’échantillon, des coupes et des colorations sur coupes sont très importantes pour un rendu maximal. On ne peut être satisfait de la qualité de l’échantillon qu’après son observation au microscope électronique, et celle des clichés qui en découlent. L’observation des échantillons et les photos réalisées dépendent par ailleurs du projet défini. Dans la prise de vue, il faut toujours mettre en avant la meilleure information possible. De tout ce travail en amont dépend la qualité opérationnelle des clichés. Ainsi, bien que les photographies soient toutes bien répertoriées, constituer un véritable « fonds » nécessitera d’opérer un tri complet, et d’organiser l’accessibilité des clichés. À ce jour, une centaine de photographies réalisées par Micheline Rousseau avant l’arrivée de Bénédicte Cesselin au laboratoire en 1991, est intégrée dans la photothèque nationale en ligne de l’Inra.

Les photographies sont parfois utilisées également par le service « communication » du centre de Jouy-en-Josas, et peuvent être demandées pour des illustrations dans des livres scientifiques ou pour des séminaires scientifiques. Par ailleurs, elles ont été tirées sous forme de poster pour l’inauguration de la nouvelle fromagerie expérimentale de l’unité des Bactéries lactiques et pathogènes opportunistes (UBLO) du centre de Jouy-en-Josas.

Évolution de la lyse du

penicillium sur camembert, 4e semaine d’affinage. Travail en microscopie à balayage.

© Inra - Micheline Rousseau

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PORTRAIT DE BÉNÉDICTE CESSELIN

Bénédicte Cesselin est née en octobre 1961 à Boulogne-Billancourt. Elle obtient en 1982 un diplôme universitaire de technologie option « Industries agro-alimentaires » à Caen, puis intègre cette même année le Lerpac 1 au Cneva 2 (actuellement Anses 3, structure dépendant du ministère de l’Agriculture) comme technicienne de recherche. En 1991, elle obtient d’être détachée à la station de recherches laitières du centre Inra de Jouy-en-Josas sur un poste de technicienne de recherche en microscopie électronique.

Quelle était votre mission à votre arrivée à la station de recherches laitières en septembre 1991 ? Je devais rapidement remplacer Micheline Rousseau, proche de la retraite. En fonction des différents projets développés dans l’unité et en fonction de la demande des chercheurs, j’ai appris différentes techniques de préparation des échantillons pour la microscopie électronique à transmission : coloration négative de bactériophages de bactéries lactiques, étalement d’ADN de bactériophages, inclusion d’échantillons de fromage, de bactéries ou de parois et membranes bactériennes dans des résines puis coupes et colorations des échantillons. Devenue autonome, j’ai réalisé l’observation des échantillons au microscope électronique à transmission (Met, le développement des négatifs et le tirage des photos).

Suite à une restructuration de l’unité, j’ai continué à mi-temps mon travail en Met, et sur mon autre mi-temps j’ai travaillé sur un projet de caractérisation de bactériophages de bactéries lactiques avec des techniques de biologie moléculaire. Ces connaissances de techniques de microscopie m’ont permis de les utiliser dans ce nouveau projet.

À quoi, à qui, les photographies que vous réalisiez étaient-elles destinées ? Micheline Rousseau a commencé dans les années 1980 à travailler sur des projets impliquant des techniques de microscopie électronique à balayage (Sem) et à transmission (Met). Elle a participé à des travaux dans des écosystèmes fromagers pour visualiser l’évolution de microorganismes (bactéries lactiques, champignons (Penicillium camenberti), levures

(Geotricum candidum), bactéries indésirables (Clostridium tyrobutyricum) ainsi que l’évolution de la structure

des caillés des fromages. Pour cela, elle a utilisé des techniques de microscopie électronique. C’était à cette époque un outil de visualisation, les techniques de séquençage haut débit actuelles permettant d’identifier tous les micro-organismes présents dans ces écosystèmes n’existant pas. Les projets étaient en collaboration avec d’autres chercheurs du centre de Jouy-en-Josas, collaboration existante grâce à la fromagerie expérimentale de la station de recherches laitières, aux partenaires industriels, à l’accessibilité aux microscopes électroniques du centre de Jouy-en-Josas. Les photographies étaient destinées aux chercheurs porteurs du projet pour la valorisation des clichés dans des articles scientifiques.

J’ai rejoint Micheline en 1991 et nous avons travaillé ensemble jusqu’en 1994, année de son départ à la retraite. Je n’ai participé qu’à des projets faisant intervenir la microscopie électronique à transmission (Met). La station de recherches laitières faisait partie du département de transformation des produits animaux (TPA) de l’Inra pour la filière « lait », Michel Desmazeaud était directeur scientifique et administratif de cette unité. Nous travaillions Micheline et moi avec plusieurs équipes de la station de recherches laitières. L’équipe de Biochimie, composée des chercheurs Jean-Claude Gripon, Marie-Pierre Chapot-Chartier et Véronique Monnet menaient des projets sur la flaveur développée dans divers fromages par action des enzymes bactériennes, projet en partenariat avec la fromagerie expérimentale de l’unité sous la direction de Louis Vassal et Agnès Delacroix-Buchet. Avec Jean Richard, j’ai travaillé sur des substances antibactériennes inhibant des bactéries indésirables. Sylvie Lortal du laboratoire de recherches de technologie laitière à l’Inra de Rennes m’avait impliquée dans des projets sur l’autolyse de la bactérie Probionibacterium, autre bactérie lactique.

Sur quels types de fromages travailliez-vous ? Quelles observations faisiez-vous plus précisément ?

Les travaux en microscopie à balayage par Micheline Rousseau ont été réalisés sur des fromages de type Gouda, Saint-Paulin, Camembert, Emmental, Beaufort, Chèvre. Elle a regardé l’évolution de la structure de la caséine après démoulage, égouttage, et au cours de l’affinage du camembert ainsi que la flore associée, comme Geotricum candidum (levure à haut pouvoir lipolytique et protéolytique participant à l’arôme et à la texture des fromages), Penicillium camenberti qui en association avec le geotricum est responsable de l’aspect duveteux des fromages à croûte fleurie. Ont été observées également les bactéries Streptococcus thermophilus

et Lactobacillus présentes dans le fromage Emmental au cours de l’affinage. D’autres projets ont porté sur

l’évolution de Clostridium tyrobutyricum, bactéries du lait, responsables d’accidents de fabrication des fromages à pâte cuite (Gruyères), ou sur l’observation de la flore de surface de fromage de chèvre.

Pour ma part, en microscopie à transmission, j’ai visualisé des bactéries ou leurs constituants (paroi bactérienne, membrane, protoplastes...) directement à partir de culture de bactéries (bactéries lactiques ou autres). Sur des coupes de fromages, j’ai regardé l’évolution de la lyse bactérienne au cours de l’affinage de fromage de type Saint-Paulin. J’ai travaillé également sur la bactérie Bifidobacterium. Cette bactérie probiotique associée

1 Laboratoire d’études et de recherches sur l’alimentation collective.

2 Centre national d’études vétérinaires et alimentaires.

3 Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. LA TECHNIQUE PHO TOGR APHIQUE A U SERVICE DES CHERCHEURS

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aux bactéries du yaourt (culture mixte) s’accompagne d’une production accrue de certains composés d’arômes. Peu connue dans les années 1990, il était intéressant de mieux la connaître et d’observer sa morphologie au cours de sa croissance. J’ai observé également le potentiel inhibiteur d’une substance antibactérienne produite

par Brevibacterium Linens isolée de la surface d’un fromage ou l’inhibition de Listeria innocua par les

bactériocines. Ces substances antibactériennes inhibent spécifiquement les bactéries à gram positif dont

Listeria et Staphylococcus aureus.

Que mettaient en évidence ces recherches ? En quoi les photos étaient utiles ou indispensables ? Par exemple le rôle des enzymes dans le goût des fromages. Certaines enzymes en effet interviennent dans l’hydrolyse des caséines (caillé) par la production de petites molécules précurseur d’arômes. Plus la lyse des bactéries (Lactocoques) est précoce, plus il y a une dégradation rapide des composés du caillé (dégradation des caséines du lait) avec libération rapide des précurseurs d’arômes (petits peptides et acides aminés libres). L’effet sur la composition chimique conduit à des effets bénéfiques sur le goût et l’arôme (plus d’arômes) ou à l’inverse sur une production de peptides amers provoquant de l’amertume dans le produit. Les chercheurs de l’unité ont donc regardé l’influence de l’aptitude à la lyse de différentes bactéries lactiques dans des fromages sur l’apparition des qualités organoleptiques du produit (analyse sensorielle), la modification de la texture de la caséine (tests physico-chimiques), l’implication de composés de la paroi bactérienne dans l’autolyse des bactéries ou de prophages (Met). La lyse des Lactocoques est un paramètre qui n’était pas encore pris en compte lors de la sélection de souches mais qui conditionnait l’intensité de la protéolyse.

Des études ont également été réalisées sur les bactériophages de bactéries lactiques (Lactococcus lactis,

Lactobacillus helveticus, Lactobacillus delbrueckï, Streptococcus thermophilus). Ces bactériophages sont retrouvés

dans les fabrications fromagères et sont responsables d’incidents de fabrication perturbant la chaîne de production ou altérant les qualités organoleptiques du produit fini. Lutter contre ces bactériophages nécessite une meilleure compréhension de leur biologie (morphologie, taille de l’ADN, caractérisation).

Les photographies de microscopie mettent en évidence, à un temps donné, ce qui se passe dans une bactérie dans un environnement donné (bactérie entière, bactérie en cours de lyse, bactérie lysée, modification de la paroi bactérienne...) ou dans un fromage aux différents jours d’affinage.

Les photographies étaient-elles publiées ? Les photographies sont publiées dans des articles scientifiques des chercheurs de l’unité. Elles ont aussi été valorisées dans des livres, notamment publiés aux éditions Quæ. Je n’ai pas été amenée à faire des clichés sur commande pour les chercheurs, le travail de microscopie électronique à transmission représentant beaucoup de travail pour un échantillon (trois semaines de délai).

Faisiez-vous de la photographie en dehors du labo ? Qu’est-ce qui a motivé votre démarche de conservation ?

Je ne suis pas une spécialiste de la photographie en dehors du laboratoire. On m’a enseigné comment utiliser le microscope électronique à transmission et comment prendre des photos. Ensuite j’ai appris à développer les films, à faire les tirages photos et surtout à mettre en valeur ce qui était important sur le cliché pris. La démarche de conservation est venue de façon naturelle. En effet, les photographies sont des résultats de travaux de recherches et comme tout résultat, nous sommes obligés d’en garder une trace. Chaque photo est spécifique et les techniques de balayage ou de transmission ne donneront pas les mêmes informations. La microscopie électronique à balayage, par exemple, dans des fromages, permettra de mettre en évidence la structure en relief du caillé et des différents micro-organismes qui s’y trouvent. La microscopie électronique à transmission permettra, elle, de visualiser par exemple l’intérieur d’une bactérie, son état à un temps donné. Toutes ces informations ne peuvent être détectées juste sur un simple microscope optique. C’est pourquoi ces clichés ont de l’importance, les photos sont belles et un cliché peut toujours égayer un article !

Aujourd’hui, quel grade avez-vous, dans quel laboratoire travaillez-vous et avec quelles missions ?

Je suis assistante ingénieure. Je fais partie de l’équipe de recherche Microbial Adaptation Determinants (MicrobAdapt) du pôle « Adaptation Bactérienne et Pathogénèse » de l’unité Micalis sur le centre Inra de Jouy-en-Josas. Cette équipe travaille sur l’adaptation des bactéries aux variations de l’environnement présentes dans la chaîne alimentaire (oxygène, hème, quinones, sucres, acides gras). Mon projet est en amont de la technologie industrielle et porte sur la physiologie des bactéries et la compréhension du métabolisme carboné

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