Chapitre 3 Analyse des séries et accélération de convergence de la TMM 87
3.4 Accélération de convergence de la TMM
3.4.2 Taylor multipoint en 1D
La TMM dans sa formulation actuelle construit les fonctions de formes en faisant
une approximation en série entière. Les problèmes traités jusqu’à présent ont montré
une très bonne convergence, mais cependant un problème de domaine de convergence
se pose dans certains cas. Dans le chapitre précédent, des techniques ont été mises en
place pour surmonter cette difficulté. Toutefois dans le but de rendre plus flexible la
méthode TMM, nous pensons qu’il serait plus intéressant de construire les fonctions de
forme en faisant une approximation de Taylor multipoint.
Les travaux de J. L. Lopez et M.Temme [74,75] d’une part et de F. Costabile et A.
Napoli [76] d’autre part ont montré que les séries de Taylor multipoint sont plus précises
et ont un domaine de convergence plus large que les séries de Taylor développées en un
seul point.
Le but de cette section est de construire les fonctions de formes de la TMM en
utili-sant ces approximations de Taylor multipoint. Au cours de cette thèse nous n’avons pas
eu assez de temps pour approfondir les recherches sur ce sujet. Cependant nos travaux
ont été effectués en 1D et ceci pour un développement de Taylor en deux points.
La définition du développement en deux points en série de Taylor d’une fonction f
a été donné par Lopez et Temme dans [74] par :
ThéorèmeSoitf une fonctionN 1fois différentiables sur un ouvert⌦⇢C. Soit
pointsz1 etz2 de degré2n 1suivant :
f(z)⌘PN(z1, z2, z) =
NX1
k=0
[ak(z1, z2)(z z1) +ak(z2, z1)(z z2)](z z1)k(z z2)k
(3.14)
où les coefficientsak(z1, z2)sont donnés par :
a0(z1, z2) = z2
z2 z1
an(z1, z2) =
n
X
k=0
(n+k 1)!
k!(n k)!
( 1)n+1nfn k(z2) + ( 1)kkfn k(z1)
n!(z1 z2)n+k+1
(3.15)
Le domaine de convergence du polynôme défini par la relation (3.14) est un ovale
de Cassini(voir fig 3.11) :
Dz
1,z
2={z 2⌦/|(z z1)(z z2)|< r} (3.16)
où
3.4. Accélération de convergence de la TMM
FIG. 3.11 – Domaine de convergence d’une série de Taylor développée en deux points
z1 etz2 : (a) si4r <|z1 z2|2, (b) si4r =|z1 z2|2, (c) si4r >|z1 z2|2
3.4.2.1 Formulation de la méthode
Considérons l’équation différentielle du second ordre suivante :
8
>
<
>
:
d2u(x)
dx2 +f(x)u(x) =g(x)
u(±L) = 0, Lx+L
(3.18)
où f(x) et g(x) sont des fonctions données etu(x)est l’inconnue du problème.
Dans la TMM classique ce problème sera résolu en faisant une approximation de la
forme :
u(x) =
N
X
k=0
ak(x x0)k (3.19)
Nous cherchons donc la solution approchée sous la forme :
u(x) =
NX1
k=0
[ak(x x1) +bk(x x2)](x x1)k(x x2)k (3.20)
oùx1, x2 sont des points appartenant à[ L, L].
Pour simplifier les calculs nous supposons que x2 = x1 = c. Ainsi la solution
approchée se réécrit sous la forme :
u(x) =
N
X
k=0
(ak+bkx)(x2 c2)k (3.21)
La dérivée seconde deuest :
u”(x) =
NX2
k=0
2(k+1)[((2k+1)ak+1+2(k+2)ak+2)+((2k+3)bk+1+2(k+2)bk+2)x)](x2 c2)k
(3.22)
Les fonctions f et g étant connues, on sait calculer leurs coefficients de Taylor 2
points en utilisant les relations (3.14) et (3.15) :
3.4.2.2 Application numérique
On résoud le problème (3.18) (avecf =g = 1) par les trois techniques suivantes.
– On utilise la TMM classique en monozone, c’est à dire on approche la solution
par un développement de Taylor en un pointx0.
seg-3.4. Accélération de convergence de la TMM
ments[ L,0]et[0, L], une approximation en série de Taylor en xdetxd
respec-tivement est faite sur chaque segment, puis on assure la continuité de la fonction
et de sa dérivée enx= 0.
– Dans un dernier temps, on applique la technique présentée dans le paragraphe
précédent, c’est à dire qu’on fait un développement de Taylor en deux points
( xdetxd).
−10 −8 −6 −4 −2 0 2 4 6 8 10
−0.2
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
1.2
x
u Solution exacte
Taylor 1 point
Taylor 1 point 2 elements
Taylor 2 points
FIG. 3.12 – Solution du problème (3.18) pour un degrép = 5. Comparaison de
l’ap-proximation de Taylor développée en un point et de l’apl’ap-proximation de Taylor
déve-loppée en 2 points. Le développement en 2 points donne de meilleurs résultats et fait
disparaitre l’effet des couches limites (domaine de convergence plus large)
Les résultats obtenus sont présentés sur la figure 3.12 et dans le tableau 3.9. Sur la
figure, on remarque que la série de Taylor approche mieux la solution exacte et même
mieux que si l’on subdivise le domaine en deux éléments.
TAB. 3.9 –Comparaison des méthodes d’approximation de Taylor développés en 1 point
et en 2 points. p-convergence.L= 10,x0 = 0,x1 = x2 =L/2
log10(Erreur maximale)
Degré Taylor Taylor Taylor
p 1 point 1 point 2 points
2 éléments
5 -0.4922 -0.9736 -1.5691
10 -1.1769 -2.1645 -4.6858
15 -1.8738 -4.0941 -9.6957
20 -3.5330 -6.7985 -9.4308
3.5 Conclusion
Dans le but de rendre plus robuste la TMM, nous nous sommes proposés dans ce
chapitre de faire une analyse mathématique de cette méthode. La TMM dans sa
formu-lation actuelle construit la solution d’une EDP en faisant une approximation en série
entière. Les séries calculées admettent un domaine de convergence qui est un disque de
rayonR.
SiR =1, l’approximation faite par la TMM converge en tout point du domaine d’étude
et elle est très précise (quoique parfois elle nécessite de très hauts degrés pour
avoir une bonne approximation).
SiR = 0ouR <1, la présence de singularité influe sur la qualité de l’approximation
et la TMM diverge dans certains cas (exemple du problème de Poisson). Toutefois
les séries calculées par la TMM contiennent des informations utiles sur la solution
exacte du problème étudié. Cependant ces informations ne sont pas directement
accessibles. Dans ce chapitre, nous avons proposé une technique pour estimer la
position de la singularité à partir des coefficients calculés par la TMM. Le critère
proposé se base sur les diagrammes de Domb Sykes et le critère de Darboux.
3.5. Conclusion
Des techniques d’accélération de convergence ont été discutées dans une deuxième
partie. La méthode des approximants de Padé permettent d’améliorer l’approximation
de la TMM dans le cas des problèmes admettant une singularité finie. Une autre idée
a été de construire les fonctions de forme de la TMM en faisant une approximation
de Taylor multipoint. Ceci pourrait résoudre les problèmes de domaine de convergence
et ainsi évitera des résolutions multizones pour certains problèmes. Au cours de cette
thése nous n’avons pas pu approfondir les recherches sur ce sujet, cependant
l’appli-cation faite en 1D a donné des résultats très précis par rapport au développement de
Taylor classique utilisé actuellement dans la TMM. Il resterait à montrer comment cette
connaissance approfondie de la fonction cherchée pourrait être utilisée pour améliorer
les algorithmes et estimer les erreurs : un vaste chantier qui n’a pas été abordé ici.
Il se trouve que les méthodes d’accélération de convergence n’ont pas été prioritaires
dans cette thèse. Néamoins les quelques tests que nous avons effectués ont montré qu’il
y a des possibilités très importantes d’amélioration de l’efficacité de la TMM, en
par-ticulier les approximations de Taylor multipoints et les approximants de Padé, mais il
resterait à mettre au point des procédures robustes et efficaces.
Dans le document
Développement d'une méthode sans maillage basée sur les approximations de Taylor
(Page 133-141)