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GRAPHIQUE 3 FLUX DU CHOMAGE VERS L’EMPLOI/ FLUX DE L’EMPLOI (ET APPRENTISSAGE) VERS LE CHOMAGE

II. Des marchés du travail, des modes différenciés d’activité professionnelle et d’intégration

II.2. Des taux d’emploi nettement plus élevés au Danemark et au Royaume-Uni, qu’en Allemagne et en France

Les pays continentaux (France, Allemagne) se distinguent du Royaume-Uni et du Danemark par des taux d’emploi significativement moindres, notamment aux extrémités de l’âge actif (jeunes travailleurs, travailleurs âgés) et pour les femmes.

A l’heure actuelle, les taux d’emploi des personnes de 55 à 64 ans sont en effet plus faibles en Allemagne (39% en 2003) et en France (36,8%), qu’au Danemark (60,7%) et au Royaume-Uni (55,5%). Ceci peut s’expliquer non seulement par les différences dans l’âge légal de départ à la retraite (60 ans en France contre 67 au Danemark en 2002) mais aussi par l’usage qui a été fait, en particulier en France dans les années 1980, des dispositifs de préretraite, mais aussi par les réformes qui ont eu lieu dans les années 90 – réformes qui n’ont eu, dans un pays comme la France, que peu d’impact pour l’instant. Âge légal de retraite et âge effectif de sortie de la population active (en années), 1997-2002

Hommes Femmes

Effectif Légal Effectif Légal

Danemark 65,3 67 62,1 67

France 59,3 60 59,4 60

Allemagne 60,9 65 60,2 65

Royaume-Uni 63,1 65 61,2 60

UE 61,8 63,5 60,8 63,2

Note: L'âge moyen effectif de sortie de la population active est basé sur une comparaison, sur un période de cinq ans, des taux d'activité des groupes successifs (par groupe quinquennal) d'actifs âgés de 40 ans et plus.

Source: Estimations de l'OCDE calculée à partir des enquêtes nationales et européenne de la population active.

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Taux d’emploi par âge (en pourcentage de la population en âge de travailler)

Ensemble 15-24 ans 25-54 ans 55-64 ans

2000 2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 Danemark 76,4 75,9 76,4 75,1 67,1 61,7 64,0 59,4 84,3 84,5 84,7 83,5 54,6 56,5 57,3 60,7 France 61,1 62,0 62,2 62,7 23,2 24,3 24,1 29,8 78,3 79,3 79,4 79,3 34,3 36,5 39,3 36,8 Allemagne 65,6 65,8 65,3 64,6 47,2 47,0 44,8 42,4 79,3 79,3 78,8 78,2 37,6 37,9 38,6 39,0 Royaume-Uni 72,4 72,8 72,7 72,9 61,5 61,1 61,0 59,8 80,4 80,7 80,6 80,9 50,5 52,2 53,3 55,5 Source : OCDE (2004) Statistiques de la population active.

Les taux d’emploi des jeunes de 15 à 24 ans sont nettement inférieurs en France et en Allemagne (respectivement 29,8 et 42,4 % en 2003) à ce qu’ils sont au Danemark et au Royaume-Uni (59,4% et 59,8%).

Aux extrémités de l’âge actif, la faiblesse des taux d’emploi est particulièrement marquée en France. Le développement massif et ancien (particulièrement au milieu des années 1980) des mesures de préretraites comme instrument de lutte contre le chômage a contribué à la faiblesse du taux d’activité et d’emploi des personnes de 55 à 64 ans. Le taux de chômage des actifs âgés de 55 à 64 ans y est d’ailleurs très nettement inférieur (de près de 3 points) à celui de l’ensemble des actifs, ce qui n’est pas le cas en Allemagne.

De manière encore plus nette encore, la France se différencie par un taux d’emploi des jeunes de 15 à 24 ans particulièrement faible (29,8% en 2003) associé à un taux de chômage très élevé dans cette tranche d’âge (20,8%, soit près du double du taux allemand).

Taux de chômage par âge (en pourcentage de la population active)

Ensemble 15-24 ans 25-54 ans 55-64 ans

2000 2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 Danemark 4,5 4,2 4,3 5,4 6,7 8,3 7,1 9,8 4,1 3,5 3,7 5,0 4,0 4,0 4,7 3,9 France 10,0 8,8 8,9 9,7 20,7 18,7 20,2 20,8 9,2 8,1 8,1 8,6 7,9 6,1 5,8 6,8 Allemagne 7,7 7,8 8,6 9,3 8,4 8,3 9,8 10,6 7,0 7,3 8,1 9,1 12,3 11,7 10,8 9,7 Royaume-Uni 5,5 4,8 5,1 4,8 11,8 10,5 11,0 11,5 4,4 3,9 4,1 3,8 4,4 3,3 3,5 3,3 Source : OCDE (2004) Statistiques de la population active.

Toutefois, si l’on considère le taux des jeunes de 15 à 24 ans qui ne sont ni en emploi ni dans le système éducatif, les différences entre pays ne sont plus si importantes. En effet, le taux de jeunes qui ne sont ni en emploi ni scolarisés apparaît inférieur en France (3,4% pour les 15-19 ans et 14,4% pour les 20-24 ans) à ce qu’il est au Royaume-uni (respectivement 8,6% et 15,3%) et en Allemagne (4,7% et 15,9%). La faiblesse du taux d’emploi des jeunes en France semble ainsi refléter en grande partie l’allongement de la durée des études et la faiblesse de l’éducation en alternance, tandis que le taux de

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chômage élevé traduit les difficultés d’insertion des jeunes, en particulier les moins diplômés.

A l’inverse, le marché du travail danois se singularise par la combinaison d’un taux d’emploi élevé (mais en baisse) des jeunes (64% en 2002 et 59,8%en 2003), d’un taux de chômage relativement bas (mais en hausse : 7,1% en 2002 et 9,8% en 2003) et d’une faible proportion de jeunes qui ne sont ni en emploi ni dans le système éducatif (2,4% des 15-19 ans et 7,3% des 20-24 ans en 2002).

Proportion de jeunes non scolarisés et sans emploi, par âge et sexe, en 1984 et 2002 Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes et femmes

15-19 15-19 20-24 20-24 15-19 20-24 1984 2002 1984 2002 1984 2002 1984 2002 2002 Royaume-Uni 14,3 8,2 16,3 8,9 20,3 11,3 34,9 20,2 8,6 15,3 Allemagne 3,0 4,3 4,8 5,1 9,3 14,2 20,6 17,6 4,7 15,9 France 15,8 3,7 19,1 3,2 19,3 12,6 33,3 16,2 3,4 14,4 Danemark 5,1 2,4 6,3 2,4 14,1 6,9 20,9 7,7 2,4 7,3 Source: OCDE (2004), Regards sur l'Éducation, tableaux C4.2 (www.oecd.org/edu/eag2004).

Les combinaisons différenciées des taux d’emploi et des taux de chômage des jeunes sont révélatrices de différents modes d’insertion des jeunes sur le marché du travail, qui ne recoupent d’ailleurs pas tout à fait les différents régimes d’Etat social.

II.3. Modes d’insertion des jeunes : marché professionnel au Danemark et en Allemagne, marché interne ou marché « ouvert » au Royaume-Uni et en France ?

Les différences marquées dans les taux d’emploi et de chômage des jeunes traduisent la diversité de « modèles d’insertion » des jeunes sur le marché du travail et des relations entre formation et emploi. Une littérature maintenant bien connue a distingué quatre types.

Le modèle des marchés professionnels se caractérise par une forte adéquation entre formation, qualification et emploi, et accorde une grande importance aux diplômes et aux qualifications transférables, qui favorisent la mobilité interentreprises sur le marché du travail ; il s’appuie sur un système de formation professionnelle négociée au niveau des branches, et adossée au système éducatif ou d’apprentissage, débouchant sur des qualifications pour des postes et des niveaux de salaire précis. Dans une logique de marchés professionnels, les « déclassements » sont en principe limités et la situation des jeunes diplômés est proche de celle des autres salariés, avec des salaires peu évolutifs. L’Allemagne qui a depuis longtemps développé la formation par alternance est souvent citée comme exemple de ce modèle ; le Danemark peut également y être rangé.

Le « modèle » des marchés internes accorde à la formation (générale ou professionnelle) et aux diplômes un rôle de « filtre » sur le marché du travail : ces derniers jouent comme un « signal » des capacités d’adaptation des candidats au

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recrutement plus qu’ils ne renseignent sur leurs compétences productives ; il y a donc ici un lien plus lâche entre formation, qualification et emploi. Dans une logique de marchés internes, en l’absence de flexibilité à la baisse des salaires, l’ajustement du marché du travail se fait par le « déclassement » des diplômés (qui espèrent une mobilité ultérieure) à l’entrée des marchés internes et par un chômage d’attente des plus jeunes et des moins diplômés. Cette logique de marchés internes serait importante en France, qui privilégie toujours la formation générale en dépit d’efforts entrepris pour rapprocher le système éducatif du système productif et développer la formation en alternance.

Un troisième modèle est celui du « marché ouvert », dominé par un environnement concurrentiel. L’insertion professionnelle des jeunes passe par des emplois instables, une forte mobilité inter-entreprises et des passages par le chômage ; elle est facilitée pour ceux qui ont un meilleur niveau de formation ou de l’expérience et des prétentions salariales réduites. Le Royaume-Uni est un exemple de ce modèle d’insertion.

La diversité des combinaisons entre taux d’emploi et taux de chômage s’explique également par la différenciation de mode de participation des femmes, et notamment des mères, au marché du travail.