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Tableau 1 : Raisons de restaurer des aires protégées

Raison Exemple

Restaurer l’intégrité écologique dans et autour des aires protégées en rétablissant des processus écologiques clés

La réintroduction des feux dans des aires protégées finlandaises a augmenté les populations d’espèces d’insectes rares ou inscrits sur la Liste rouge dans les forêts boréales de Finlande (Hyvärinen et al 2006).

Restaurer l’intégrité écologique dans et autour des aires protégées en réduisant l’influence d’espèces envahissantes

Le ragondin (Myocastor coypus) a été éliminé de certaines aires protégées et d’habitats connexes de l’est de l’Angleterre (Baker 2006), et des mesures furent prises pour contrôler le longose blanc ou gingembre sauvage (Hedychium coronarium) dans le Sanctuaire de Faune et de Flore d’Otún Quimbaya, en Colombie (Ramirez et al. 2008).

Restaurer l’intégrité écologique dans et autour des aires protégées en préservant ou en rétablissant des espèces et des habitats dégradés ou perdus

Sur l’île de Santa Barbara, en Californie, des lapins invasifs ont été éliminés pour garder viable la population d’une plante en danger, Dudleya traskiae, endémique de l’île (Rolston 1995).

Restaurer l’intégrité écologique dans et autour des aires protégées en réintroduisant des espèces dans leurs anciens habitats

Le rhinocéros noir (Diceros bicornis) et le blanc (Ceratotherium simum) ont été largement rétablis dans toute l’Afrique australe et de l’Est, après que la chasse pratiquée au 19ème siècle et, plus récemment, le braconnage avaient décimé leurs populations (Emslie et al.

2009).

Restaurer l’intégrité écologique dans et autour des aires protégées en rétablissant l’hydrologie naturelle ou toute autre condition physique et chimique qui sous-tend la structure et la fonction de l’écosystème

Le WWF-Indonésie a aidé à restaurer les zones humides à tourbières dans le Parc National de Sebangau, en Indonésie, en bloquant des canaux qui avaient été construits pour faciliter les opérations de déboisement qui ont eu lieu dans la région avant le classement du parc (Wetlands International 2007 ; WWF 2009).

Créer de nouvelles aires protégées sur des

terres récupérées ou endommagées De nouvelles réserves sont créées au Koweït dans des zones qui avaient été endommagées par une forte pollution pétrolière suite à la première Guerre du Golfe (Omar et al. 1995).

Étendre une aire protégée existante ou transformer une zone tampon en aire protégée

Dans le Queensland australien, le Gouvernement a acquis de nouvelles terres pour étendre le Parc National de Springbrook, site du patrimoine mondial, de 28 pour cent.

La restauration par des bénévoles des zones dégagées est en train de rétablir un habitat critique et la connectivité du paysage, ce qui va augmenter sa viabilité et sa résilience face aux changements climatiques et à d’autres menaces qui pèsent sur cette aire de refuge (voir Étude de cas 11). Des terres agricoles dégradées et en grande partie abandonnées à Khao Phaeng Ma, une zone qui jouxte le Parc National de Khao Yai, dans le centre de la Thaïlande, et qui est gérée par la Fondation pour la Faune sauvage de Thaïlande, sont en voie de restauration grâce à la plantation de jeunes plants. Elles sont maintenant colonisées par toute une variété d’espèces venant du parc national (Lamb 2011).

Connecter des aires protégées existantes ou des îlots d’habitat au sein d’une aire protégée

La restauration dans et entre des îlots restants de réserve de forêt atlantique au Brésil (Rodrigues et al. 2009).

Préserver ou créer des habitats appropriés

le long des voies de migration Le Réseau de réserves pour les oiseaux de rivage de l’hémisphère occidental préserve et restaure des lieux de nourrissage et de repos essentiels pour des espèces migratrices américaines (Haig et al. 1998).

Augmenter la résilience d’écosystèmes et aider la nature et les hommes à s’adapter aux changements climatiques

Le Programme d’adaptation aux changements climatiques pour les aires naturelles protégées du Mexique définit des stratégies conçues par des gestionnaires et par d’autres parties prenantes ; la restauration augmente la résilience des écosystèmes et réduit leur vulnérabilité face aux changements climatiques (CONANP 2011a).

Aider à atténuer les changements climatiques en stockant et en séquestrant du carbone

Le PNUD travaille avec des communautés locales du Belarus pour restaurer des zones de tourbières dans des aires protégées (Tanneberger 2010).

Protéger et/ou augmenter des services

écosystémiques tels que l’eau propre En Équateur, la population de Quito boit de l’eau qui provient de deux aires protégées ; les communautés locales sont payées par la compagnie des eaux pour restaurer la forêt et assurer ainsi une fourniture de qualité (Troya et Curtis 1998).

Soutenir des objectifs sociétaux tels que le soulagement de la pauvreté, des moyens de subsistance durables, la santé humaine, etc.

La pauvreté peut entraîner une dégradation de l’environnement, et donc des projets de restauration comme celui du Paysage forestier de Fandriana Marolambo, à Madagascar, doivent soutenir l’atténuation de la pauvreté en même temps que d’autres objectifs écologiques (voir Étude de cas 3).

Restaurer toute nature culturellement

importante Le village de Tsurui, au Japon, a restauré la zone humide qui sert de terre d’hivernage aux grues du Japon (Grus japonensis) qui sont considérées comme sacrées (Matthiesen 2001).

Enrichir ou offrir des expériences de grande qualité aux visiteurs d’aires protégées

Le projet « Du tronc d’arbre au canot », dans le Parc National de La Mauricie, au Canada, a rétabli des niveaux d’eau, des habitats riverains et un régime hydrologique naturel (variations du cycle des eaux) dans des systèmes aquatiques touchés par une exploitation forestière antérieure. L’enlèvement de troncs et d’autres débris a enrichi l’expérience des visiteurs en améliorant les possibilités du canotage récréatif dans le parc (Parcs Canada 2011a).

Protéger, renforcer et/ou augmenter les cultures et les communautés locales, traditionnelles et autochtones

La restauration de Gwaii Haanas, au Canada (voir Étude de cas 9) a aidé à soutenir les cultures traditionnelles mais aussi l’intégrité écologique des écosystèmes forestiers.

Chapitre 2  Concepts de restauration et d’aire protégée

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Restauration écologique pour les aires protégées Restauration écologique pour les aires protégées

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aires protégées sont souvent la meilleure opportunité de conserver des écosystèmes importants dans le cadre de réseaux terrestres et aquatiques plus étendus, qui impliquent aussi des zones non protégées (Worboys et al. 2010a), et la restauration d’un écosystème qui améliore aussi la connectivité peut aider à retrouver ces valeurs. De plus en plus, une restauration d’aires protégées est souhaitée pour récupérer des services écosystémiques perdus ou dégradés, notamment le stockage et la séquestration de carbone, et pour pallier des problèmes liés à la réduction de risques de catastrophes, à la sécurité alimentaire et à la fourniture d’eau, aux communautés locales comme aux plus éloignées (Cairns 1997).

Les gouvernements ont l’obligation de restaurer des aires protégées en vertu des engagements pris dans le cadre de traités internationaux mais aussi de la politique et de la législation nationales. Par exemple, le plan stratégique de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies fait explicitement référence à la restauration dans l’Objectif 14 d’Aichi Biodiversité sur les services écosystémiques et dans l’Objectif 15 sur la résilience écosystémique et les stocks de carbone (voir Encadré 3). Pour remplir les obligations qu’impliquent les engagements envers la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, particulièrement ceux qui ont trait à la réduction des émissions (de dioxyde de carbone) résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et notamment la conservation, une gestion durable, et une augmentation des stocks de carbone (c.à.d. la REDD-plus), il faudra aussi des activités de restauration tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des aires protégées.

La restauration d’aires protégées peut avoir d’autres avantages que le rétablissement d’écosystèmes dégradés qui est son objectif premier. Les aires protégées facilitent l’accès à des environnements contrôlés pour la recherche, l’apprentissage et l’enseignement concernant la restauration et constituent des écosystèmes de référence pour le suivi. Elle offre à des visiteurs de meilleures opportunités d’apprécier des aires protégées, grâce à leur expérience d’écosystèmes restaurés et sains, ce qui peut aussi être un important objectif annexe d’une restauration écologique, et des projets de restauration écologique bien conçus peuvent être une attraction touristique et illustrer comment la gestion répond aux pressions et à une dégradation antérieure de l’écosystème. La restauration peut être un moyen d’attirer le support du public pour les aires protégées en impliquant visiteurs et bénévoles dans les projets de restauration. Le Tableau 1 donne un aperçu des raisons particulières de procéder à une restauration écologique dans et hors des aires protégées.

2.3 Quand et où restaurer

Les décisions quant au moment et au lieu d’une restauration doivent trouver un équilibre entre besoin et faisabilité. Le Chapitre 5 met en évidence les phases des processus de restauration nécessaires pour entreprendre cette évaluation (voir, par exemple, les Phases 2 et 5.2).

Le « besoin » peut être identifié quand (par exemple) :

• Une ou plusieurs valeurs de l’aire protégée ont chuté en-dessous d’un certain seuil et qu’une intervention (ou un changement d’approche) est nécessaire pour les rétablir ;

• La restauration aiderait à rétablir une espèce/un habitat/un écosystème d’importance régionale ou nationale ;

• Des exigences légales l’imposent ;

• Il est possible de rétablir des bénéfices pour les

communautés ou des avantages annexes pour l’adaptation aux changements climatiques, pour leur atténuation ou pour d’autres services écosystémiques, sans compromettre les valeurs d’une aire protégée.

La « faisabilité » est déterminée par des constats tels que :

• La réussite est relativement probable ;

• Le support des partenaires et des parties prenantes est suffisant pour assurer la réussite à long terme ;

• Il y a suffisamment de fonds, de ressources et de capacités ; ou

• Les activités de restauration sont faciles et assez peu coûteuses.

2.4 Restauration d’une aire protégée dans le contexte des changements climatiques

Les aires protégées sont une partie essentielle de la réponse aux changements climatiques parce qu’elles augmentent la résilience aux changements (adaptation) et qu’elles protègent et augmentent les stocks de carbone (atténuation) (Dudley et al. 2010).

Aider la nature à s’adapter aux changements climatiques

Alors que le climat est en train de changer, l’on peut s’attendre à ce que des facteurs comme des perturbations, des phénomènes extrêmes, des variations des schémas météorologiques et des changements de processus naturels comme les feux et des invasions d’insectes nuisibles entraînent la modification de nombreux habitats et des glissements dans l’aire de répartition des espèces. Les aires protégées fournissent des refuges sûrs pour des espèces victimes des changements climatiques et elles peuvent aussi rendre possible leur dispersion vers des habitats appropriés si les conditions évoluent. Les aires protégées qui jouissent d’une excellente intégrité physique et d’une bonne connectivité seront relativement résilientes face aux changements : ex. elles peuvent être tout d’abord plus résilientes face aux changements, et/ou être plus à même de supporter et de s’adapter à de nouvelles conditions climatiques sans pour autant se transformer complètement en un nouveau type de système. Une restauration qui

préserve ou augmente la diversité génétique et la tolérance de communautés écologiques peut aider à renforcer la résilience face aux changements climatiques (Maestre et al. 2012).

Chapitre 2  Concepts de restauration et d’aire protégée

Parc National de Sebangau, Kalimantan central, Indonésie : Le WWF a construit un barrage sur le canal pour augmenter le niveau d’eau et l’humidité du sol des tourbières. © WWF-Indonésie/Hendry

Parc National de Sebangau, Kalimantan central, Indonésie : Vue sur l’ancien canal de drainage de la tourbe de Sanitra Sebangau Indah. Ce canal fut construit pour drainer la zone de tourbières du centre de Kalimantan.. © WWF-Indonésie/Tira Maya Maisesa Station expérimentale de Sulaybia, Koweit : Restauration

par des broussailles irriguées © Nigel Dudley

Aider les gens à s’adapter aux changements climatiques

La restauration d’aires protégées peut aussi augmenter la capacité des communautés humaines de s’adapter aux changements climatiques (Dudley et al. 2010). Les aires protégées préservent des écosystèmes intacts qui modèrent le climat local, réduisent les impacts des phénomènes climatiques extrêmes et fournissent d’autres services écosystémiques tels que nourriture, remèdes, régulation de la qualité de l’air, purification de l’eau, reconstitution des nappes aquifères et contrôle de l’érosion (Stolton et Dudley 2010). En restaurant des écosystèmes et les services qu’ils fournissent, la restauration écologique d’aires protégées peut renforcer la résilience sociale et économique et augmenter la capacité d’adaptation de la communauté (Hobbs et al. 2010). Il est possible de tirer d’autres avantages en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques en impliquant les communautés et les visiteurs des aires protégées dans des activités de restauration et de gestion écologiques et aussi en enrichissant l’expérience vécue par les visiteurs grâce à l’aire protégée restaurée. Cet engagement peut mener à une meilleure appréhension des solutions aux changements climatiques fondées sur la nature et inspirer des mesures plus générales dans la vie quotidienne de chacun (NAWPA 2012).

Atténuation des changements climatiques La perte et la dégradation des écosystèmes sont des causes majeures des émissions de gaz à effet de serre qui provoquent les changements climatiques. Les aires protégées aident à stabiliser le carbone stocké dans la végétation terrestre, marine et d’eau douce, dans le sol et les sédiments, et elles protègent aussi les écosystèmes naturels qui vont continuer à séquestrer du carbone supplémentaire. Les données du Centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature (PNUE-WCMC 2008) indiquent qu’au moins 15 % du carbone des forêts terrestres du monde entier est stocké dans des aires protégées. La restauration peut aider à préserver, voire accroître ce stockage. Par exemple, une tourbière est un stock de carbone majeur, mais elle peut relâcher le carbone si elle s’assèche ou prend feu (Ramsar 2007) ; cela peut être empêché par une restauration prudente des processus écologiques qui la maintiennent humide. La restauration d’aires protégées dégradées peut aussi permettre de séquestrer du carbone en améliorant les fonctions appropriées de l’écosystème (ex. la photosynthèse, les processus microbiens, la structure des sols), par exemple en replantant de la végétation. Ces possibilités ne se limitent pas au milieu terrestre : à long terme, les océans sont les plus vastes puits de carbone du monde, et les mangroves, les marais salants et certaines espèces d’algues se classent parmi les puits de carbone les plus actifs (Laffoley et Grimsditch 2009). Pourtant, la perte de ces écosystèmes est très élevée – parfois quatre fois celle de forêts pluviales (Nellemann et al. 2009) – et il est nécessaire de les restaurer d’urgence.

Comment restaurer dans des conditions en évolution rapide ?

Une restauration doit se focaliser d’abord sur le maintien de la diversité biologique face aux changements climatiques et

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