• Aucun résultat trouvé

2.3 Syst`emes et boˆıtes `a outils avanc´es

2.3.1 Syst`emes pr´ecurseurs

La mise au point d’outils pour le d´eveloppement d’applications interac-tives n´ecessite de cerner les besoins de celles-ci. C’est ainsi que souvent des

34 CHAPITRE 2. MOTIVATIONS

FIG. 2.24 – Le syst`eme Sketchpad utilis´e par Sutherland (Illustrations extraites de [Sutherland, 2003])

syst`emes mettant en œuvre des interactions complexes ont ´et´e d´evelopp´es sans le support direct d’une boˆıte `a outils, celles-ci faisant soit compl`etement d´efaut `a l’´epoque, ou ne pr´esentant pas les qualit´es requises pour r´ealiser cer-taines techniques d’interaction.

Syst`emes historiques

Certains syst`emes ont marqu´e l’histoire de l’interaction homme-machine par leur qualit´e visionnaire et les perspectives de recherche qu’ils ont ouvert. Les premiers ont vu le jour dans les ann´ees soixante, alors que l’interaction homme-machine se r´esumait `a la perforation de cartes et `a l’attente de la sortie des imprimantes.

Sketchpad. Fruit du travail de th`ese de Ivan Sutherland le syst`eme

Sketch-pad date de 1963. Sa th`ese a ´et´e r´e´edit´ee en 2003 par l’universit´e de Cambridge [Sutherland, 2003]. Sketchpad propose en particulier un syst`eme d’´edition de sch´emas vectoriels utilisant la manipulation directe `a l’aide d’un crayon optique et un syst`eme de r´esolution de contraintes pour r´ealiser diverses op´erations de placement g´eom´etrique. La Figure 2.24 montre `a gauche Ivan Sutherland utilisant Sketchpad et `a droite un exemple de sch´ema utilisant le syst`eme de contraintes pour mod´eliser la r´esistance m´ecanique d’un objet). Sketchpad est sous doute le premier syst`eme interactif graphique, et il utilise d´ej`a la manipulation directe.

NLS/Augment. Autre syst`eme marquant, NLS/Augment a ´et´e d´evelopp´e lui

aussi dans les ann´ees soixante sous l’impulsion de Douglas Engelbart. Ce syst`eme a ´et´e le premier `a utiliser certains objets ou concepts qui nous sont familiers de nos jours. Nous pouvons noter parmi ceux-ci la souris, une ar-chitecture client/serveur distribu´ee, ou encore la gestion de versions de do-cuments [Engelbart, 1998]. Ce syst`eme a ´et´e conc¸u pour le travail collaboratif, y compris distant, avec l’int´egration d’un lien vid´eo entre les sites, la possi-bilit´e d’annoter les documents, la pr´esence du courrier ´electronique. Un tel environnement reste pratiquement in´egal´e de nos jours.

2.3. SYST `EMES ET BOˆITES `A OUTILS AVANC ´ES 35

FIG. 2.25 – Le syst`eme NLS/Augment en situation collaborative et ses p´eriph´eriques

(Illustrations extraites d’une vid´eo de d´emonstration de NLS/Augment2)

La Figure 2.25 montre des images extraites d’une vid´eo de Douglas Engel-bart pr´esentant l’ensemble des fonctionnalit´e de NLS/Augment2. `A gauche, on note l’int´egration d’un flux vid´eo dans l’espace travail permettant de com-muniquer avec un collaborateur distant. On peut aussi discerner sur cette image la pr´esence d’un t´el´epointeur montrant l’activit´e de ce collaborateur.

`

A droite, la Figure 2.25 montre les p´eriph´eriques d’interaction du syst`eme. Outre le clavier, on note la pr´esence d’une souris comportant trois boutons `a la main droite, et `a la main gauche un ensemble de 5 touches pour composer des accords permettant la s´election d’outils et de fonctions.

Xerox “Star”. Au d´ebut des ann´ees quatre-vingts, un autre syst`eme

al-lait marquer l’histoire : le Xerox “Star” (Johnson et al. [1989] proposent une r´etrospective de ce syst`eme). Ce syst`eme, lui aussi fonctionnant en r´eseau et disposant d’une souris, offre une interface utilisateur graphique proposant en particulier un syst`eme de fenˆetrage, et le WYSIWYG (what you see is what you get ou “vous obtiendrez ce que vous voyez”3). L’interface du Xerox “Star” re-pose sur la m´etaphore du bureau (Figure 2.26), et prore-pose des icones pour repr´esenter les objets d’int´erˆet — documents, boˆıtes de courrier, imprimantes — sur celui-ci. L’interaction est centr´ee sur les documents, permettant de com-poser `a partir d’images, de formules, de tableaux et de texte des documents qui apparaissent `a l’´ecran tels qu’ils seront imprim´es.

Du point de vue de l’interaction, le Star propose un ensemble de com-mandes g´en´eriques qui peuvent s’appliquer `a divers objets, accessibles grˆace `a des touches d´edi´ees situ´ees sur la gauche du clavier. L’interaction, utilisant la souris, le clavier et ces touches de fonctions, repose sur la manipulation di-recte et bimanuelle : les touches de fonctions modifient en effet les actions de la souris.

Syst`emes r´ecents

Plus r´ecemment, d’autres syst`emes ont introduit des paradigmes nova-teurs pour l’interaction ou ont d´epass´e le stade de la d´emonstration pour bˆatir

2Cette vid´eo, tourn´ee en 1968, est accessible `a l’adresse : http://sloan.stanford.edu/mousesite/1968Demo.html.

3Le WYSIWYG fait r´ef´erence au fait que le document apparaˆıt `a l’´ecran tel qu’il sera une fois imprim´e. Le Star permet en effet l’usage de fontes proportionnelles.

36 CHAPITRE 2. MOTIVATIONS

FIG. 2.26 – Le bureau du syst`eme Xerox ”Star” (Illustrations extraites de [Johnson et al., 1989])

des applications compl`etement in´edites en int´egrant de mani`ere fonctionnelle des travaux ant´erieurs. CrossY pr´esent´e avant (Figure 2.20, page 30) est un exemple d’une telle application d´emontrant la faisabilit´e d’un syst`eme ayant pour paradigme d’interaction la manipulation `a l’aide du stylet et le franchis-sement comme moyen ´el´ementaire de s´election plut ˆot que le clic.

DigiStrips. L’application DigiStrips [Mertz et al., 2000], d´evelopp´ee au

Centre d’ ´Etude de la Navigation A´erienne, est un prototype qui explore l’usage des ´ecrans tactiles et l’impact du design graphique pour les in-terfaces d´edi´ees au contr ˆole a´erien. Cette application permet de g´erer ´electroniquement les bandes de papiers (strips) qui repr´esentent les vols et leurs param`etres. L’interaction est bas´ee sur la reconnaissance de gestes et sur la pr´esence d’un retour visuel ´elabor´e. Ce dernier, constitu´e en particulier d’animations, a ´et´e conc¸u pour favoriser la conscience de groupe, le contr ˆole a´erien ´etant une activit´e fortement collaborative. La Figure 2.27 montre par exemple les ´etapes de l’animation utilis´ee lors de la s´election d’une nouvelle valeur de cap dans un menu. En particulier, le nouveau cap est mis en valeur par une animation apr`es sa s´election (au centre), ce qui permet de confirmer `a l’utilisateur son choix.

CPN2000. L’application CPN2000 est le fruit d’un travail de reconception de

l’interface d’un logiciel existant qui offrait un environnement pour l’´edition et l’ex´ecution de r´eseaux de Petri color´es [Beaudouin-Lafon et Lassen, 2000]. Les interactions propos´ees par CPN2000 int`egrent des techniques diverses (outils transparents, interaction bimanuelle, menus contextuels circulaires, espaces

2.3. SYST `EMES ET BOˆITES `A OUTILS AVANC ´ES 37

FIG. 2.27 – Un menu anim´e de DigiStrips (Illustration extraite de [Mertz et al., 2000])

zoomables) au sein d’une interface coh´erente conc¸ue en utilisant les trois prin-cipes pour la conception d’interfaces mis en ´evidence par Beaudouin-Lafon et Mackay [2000] : la r´eification, le polymorphisme, et la r´eutilisation. La Fi-gure 1.3, page 4, pr´esente l’interface de CPN2000 et illustre quelques-unes des techniques d’interaction que celle-ci propose.