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PARTIE II : VERS DES SYSTEMES DE CULTURE DURABLES

1 Les dispositifs de suivi et de suivi-évaluation

2.5 Les systèmes incitatifs

Actuellement les projets vivriers facilitent l’accès aux intrants agricoles. Par des formations, de l’appui-conseil sur les parcelles ils cherchent à améliorer l’efficacité de l’investissement réalisé par le producteur. Les producteurs bénéficiaires prennent l’engagement de rembourser les crédits et de participer aux formations. Il n’y a pas d’engagement de leur part à respecter un cahier des charges pour la production ou à utiliser des bonnes pratiques agricoles40.

De ce fait les projets encourage les bons payeurs mais pas nécessairement les bons agriculteurs qui prennent en compte les questions environnementales exposées ci-dessus : gestion des sols, utilisation raisonnée des intrants, reboisement etc. Par ailleurs une bonne e part des engrais délivrés à crédit par les projets vivriers sont destinés aux plus grandes exploitations agricoles, celles-ci ont recourt généralement à de la main d’œuvre peu qualifiée et peu soucieuse de respecter les bonnes pratiques agricoles.

Les propositions

Pour corriger ces dérives possibles, nous proposons d’insérer dans le dispositif d’approvisionnement en intrants à crédit des mesures incitatives qui encourageraient les producteurs à utiliser de bonnes pratiques culturales et de gestion des ressources naturelles (sol, arbres,…). Les mesures financières associées seraient directement gérées par les OP sans besoin de subventions additionnelles sur la base du système « bonus malus » (Tableau 16).ç

• les producteurs utilisant des bonnes pratiques (et les recommandations des techniciens) se verraient accorder un bonus, généralement un accès aux intrants à crédit et à un prix moindre (10% ou 15 % de moins que le prix courant41)

• inversement les producteurs qui ne font aucun effort particulier pour mettre en œuvre ces bonnes pratiques se verraient affecter d’un malus, ils paieraient ces mêmes intrants 10 à 15% plus cher que le prix courant.

Il est possible d’associer aux mesures incitatives gérées directement par les Op, des mesures additionnelles supportées par une subvention venant des projets (Tableau 16). Nous n’avons pas intégré dans ces mesures d’accompagnement les formations et les suivis rapprochés des producteurs s’engageant dans ces actions d’amélioration de la gestion des ressources naturelles. Ceci va de soit et ces mesures sont déjà intégrées dans les projets vivriers. Dans ce

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Par bonnes pratiques on entend toutes les opérations culturales, choix d’assolement et d’association de cultures qui permettent à la fois de parvenir à une production acceptable tout en assurant la préservation des ressources naturelles mobilisées (le sol, l’eau, la micro et macrofaune du sol, la biodiversité, les ressources ligneuses des champs et périphéries, etc.)

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Prix courant ou prix actuellement pratiqué pour la vente des intrants aux producteurs = prix de revient + marge réalisé par l’OP pour assurer une partie de son fonctionnement de base (salaire du personnel, électricité, déplacement, indemnités des leaders, etc.)

domaine c’est plus le contenu et les méthodes de formation/suivi-accompagnement qu’il faudra évaluer.

La gouvernance des mesures incitatives

Les difficultés de mise en œuvre de ce processus d’incitation à l’adoption des bonnes pratiques sont de deux types :

• Comment évaluer que le producteur a remplis sa part du contrat. Il est facile d’aller compter des arbres nouvellement plantés mais qui va réaliser ce comptage ? Comment évaluer que l’agriculteur a apporté de la litière sous ses bœufs à l’étable ou dans le parc, de façon régulière. Comment quantifier le nombre de charrettes de FO apportées sachant que le contenu d’une charrette de FO peut être très variable ;

• Qui va réaliser ces contrôles préalables et nécessaires à l’attribution de la mesure incitative : un salarié de l’OP, une commission de producteurs membres de l’OP réputés pour leur impartialité et leur sérieux, des techniciens des services publics ? Ces contrôles ne vont-ils pas être trop onéreux surtout s’il faut mobiliser plusieurs personnes ?

A ce stade il faut savoir si les responsables des OP adhérent à ces principes dans ce cas une phase expérimentale peut être envisagée.

Tableau 16 : Mesures incitatives pour l’adoption des bonnes pratiques Objectifs à atteindre et zones concernées Mesures incitatives proposées et gérées par l’OP Système de contrôle ou d’attribution de l’incitation Mesures complémentaire subvention Projet Accroitre la production de FO d’origine animale et végétale Nord Togo Réduction du prix de l’engrais et des semences

Apport régulier de litière sous les bovins

Augmentation du nombre de charrettes de FO amenées au champ

Augmentation du stock fourrager et du temps de stabulation des animaux

Don/subvention de petits matériels aux groupements (pelle, fourche, pioche) Augmenter l’enfouissement de biomasse végétale par le labour manuel, attelé ou motorisé

Sud Bénin, Centre-Nord Ghana

Surface d’engrais vert (niébé local et autres cultures)

Appui pour acquérir les bonnes semences Subvention pour le labour d’enfouissement de fin de cycle Reboiser pour compenser la perte d’arbres par

défrichement Sud Bénin, Centre-Nord Ghana

Nombre d’arbres plantés et vivants 12 mois après

Appui pour acquérir les bonnes semences Reboiser pour limiter

l’emploi des résidus de culture comme

combustible Nord Togo

Nombre d’arbres plantés et vivants 12 mois après

Appui pour acquérir les bonnes semences Limiter la pollution des

eaux et sols par les emballages des pesticides Toutes zones Réduction du prix des pesticides

Retour des emballages au siège de l’OP (nécessité de sécuriser ce stockage et ensuite de recycler/détruire proprement les emballages42) Matériels de stockage 42

Intéressant pour les emballages d’herbicides en granulés et en poudre et petits bidons d’insecticides qui sont jetés par terre ou enfouis dans le sol au champ. Pour les bidons d’un litre ils sont lavés et réutilisés dans les familles.