nécessaires à son apprentissage. Le passage à Internet apparaît en parallèle au système
existant :
« C'est une transition en douceur parce que nous avons toujours un pied en
arrière et un pied en avant. Nous reculons pour ceux qui ont des problèmes
77 Notre traduction : “May we use your laboratory? When they say no, you postpone the class, we tell the
student: ok sorry, we said that practical’s will be or may be, may be some when in November we let you know. It’s really a problem because you don't have you own facilities”.
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et les soutenons. J’indique sur toutes mes consignes : télécharger vos
devoirs sur la plateforme Moodle. Si vous rencontrez des problèmes,
appelez le service informatique. […] Mais je sais que s'ils ont des
problèmes, ils vont toujours envoyer par la poste. C'est la phase dans
laquelle nous sommes. Nous réalisons les deux. Nous réalisons l'ancienne et
la nouvelle modalité
78», [E13, 34 : 30].
Dans cette volonté de transition « en douceur », l’université avance par étapes. En 2013,
quelques enseignants seulement ont participé à une formation à l’usage de la plateforme
Moodle. Depuis, les formations se sont développées et un consultant a été engagé pour
installer le logiciel et le piloter. Pour le participant, le personnel est à la seconde phase
d’intégration de la plateforme ; les étudiants encore à la première. Ces derniers sont formés et
encouragés à l’usage de la plateforme lors des sessions de formation à l’école résidentielle. Ils
peuvent désormais consulter leurs résultats en ligne et l’université s’avance progressivement
vers des devoirs en ligne, (E13, 23 : 41).
Si l’acteur interrogé parle de « transition en douceur », il évoque également une « transition
opportune
79». Selon lui, le passage à la plateforme Moodle apparaît au bon moment car elle
permet effectivement de gagner en réactivité, en apportant des réponses plus rapides.
Cependant, précise le participant, cette évolution ne peut satisfaire que les étudiants des zones
urbaines. Les étudiants des zones rurales dont l’accès à Internet est plus qu’aléatoire peuvent
éprouver des sentiments contrastés. Certains d’entre eux vivent dans des zones coupées de
toute connexion où même le téléphone portable ne passe pas. Ces étudiants ont à parcourir des
kilomètres avant d’atteindre un accès à Internet. Ce constat aboutit à une antiphrase, qui
oppose le terme « rigidité » à « douceur » : « Voici quelques-unes des circonstances qui
pourraient apporter de la rigidité pour avancer demain en douceur
80», [E13, 24 : 51]
78 Notre traduction : “It’s a smooth transition because we are still one leg back and one leg in front. We step
back and carry those who have problems. I put a statement on all of my assignments: upload assignments on Moodle platforms. If you have problems, call the IT department […]. But I know if they have problems, they will still send by post. That’s the phase that we’re in. We’re carrying both. We’re carrying the old-fashioned and the new fashion. “
79 Notre traduction : “timely shift “
80 Notre traduction : “Those are some of the circumstances that might bring up the rigidity to smoothly move
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Le terme de « rigidité » revient à deux autres reprises dans le discours de cet acteur. Tout
d’abord, les traditions d’enseignement restent prégnantes et s’opposent à la compréhension
des nouveaux modèles proposés par le numérique :
« Quant aux outils promis, on est loin de les atteindre. C'est le problème
que vous pouvez rencontrer dans cette plateforme Moodle, où l'enseignant
ne comprend pas que vous pouvez entrer dans cette « chat room » sur la
plateforme, se mettre d’accord avec les étudiants, et chaque élève avec
lequel il est d'accord, se connecter et échanger avec lui. […] Cela fait
partie de la rigidité. Ce n’en est pas une petite partie
81» [E13, 27 : 50].
Pour lui, la rigidité apparaît logiquement face à tout changement. Le passage à la plateforme
Moodle entraine une forme de pression car elle interroge les habitudes : « La pression est là,
car c'est une nouvelle conception. Personne ne veut changer. Avec chaque changement vient
la rigidité. Nous voulons rester statiques
82» [E13, 34 : 49]. Pourtant, quelques phrases plus
loin, à l’évocation de l’institution, le locuteur exprime exactement l’inverse : « Nous essayons
de créer les circonstances actuelles qui nous font face. Nous ne voulons pas rester statiques.
Nous voulons répondre aux exigences de notre clientèle, de clients potentiels en constante
évolution
83», [E13, 36 : 37]. Ces contradictions dans les propos révèlent la polyphonie des
discours et la complexité des situations. À travers le « nous », le locuteur s’assimile à des
groupes sociaux différents. S’expriment ainsi tout à la fois les voix enseignantes et les voix
des dirigeants, les voix du terrain et les voix des gestionnaires. Ces voix s’opposent dans le
discours de l’acteur comme le poids de l’immobilisme et des traditions face à l’esprit
d’entreprise. Le locuteur reste optimiste et veut croire en l’avenir et à ses promesses :
81 Notre traduction : “As for the promised tools, far from getting them. That is the problem that you may face in
this Moodle platform, where the teacher doesn’t understand that you can go into this chat room in the platform, agree with students, and every student that he has agreed with will connect and they chat. […] This is part of the rigidity, it’s not a small part.”
82 Notre traduction : “The pressure is there, because it’s a new conception. Nobody wants change. Every change
comes with rigidity. We want to remain static”.
83 Notre traduction : “We try to create the contemporary circumstances that come head-on. We don’t want to