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2 Cadre conceptuel

2.2 Les contentions souples

2.2.8 Système sensorimoteur et contentions souples adhésives

La proprioception, également appelée sensibilité profonde, désigne la perception consciente ou non, de la position des différentes parties du corps dans l’espace. Elle est l’une des trois entrées sensorielles de l’équilibre. Elle explique le fait que l’on puisse connaître la position de nos membres dans l’espace sans avoir recours à la vue et est essentielle pour contrôler ce mouvement en cours d’exécution. La proprioception comprend la statesthésie et la kinesthésie.

La statesthésie correspond à la sensibilité posturale ; il s’agit de la perception du positionnement des segments corporels.

La kinesthésie, quant à elle, désigne le mouvement des parties du corps dans l’espace. Alain Berthoz considère la kinesthésie comme étant notre « sixième sens » dans son livre « Le sens du mouvement » (53). Ce « sixième sens » a la particularité de

solliciter plusieurs récepteurs sensoriels : les récepteurs visuels, vestibulaires, cutanés, musculo-articulaires et musculaires.

2.2.8.1 Récepteurs musculaires : les fuseaux neuromusculaires

Dans les muscles, il y a des récepteurs sensibles à l’étirement qui permettent d’avoir la perception de la longueur des muscles (c’est-à-dire leur position) ainsi que leur variation de longueur (c’est-à-dire leur mouvement).

Les fuseaux neuromusculaires sont de petites structures fibreuses dont la partie centrale est entourée d’une terminaison nerveuse en spirale. Elle va coder les positions et les mouvements du muscle et transmettre ces informations au cerveau par une fibre afférente. Chaque fuseau neuromusculaire comprend 10 à 12 fibres allongées (à chaines) ou renflées (à sacs) qui ont des fonctions différentes.

o Les fibres à sacs donnent la perception de l’étirement musculaire et son mouvement. Ce sont des récepteurs dynamiques ou phasiques. Ils donnent naissance à une fibre nerveuse : la fibre Ia.

o Les fibres à chaines donnent la perception de la longueur du muscle et donc la position de l’articulation ou du segment corporel. Ce sont des récepteurs statiques ou toniques. Ils donnent naissance à une fibre nerveuse : la fibre II.

2.2.8.2 Récepteurs tendineux : le récepteur de Golgi

Les tendons présentent des récepteurs sensibles à la force exercée par le muscle. Ainsi, la contraction du muscle active le récepteur proportionnellement à la force développée.

Muscle et tendon étant en série, la contraction du muscle tire sur le tendon et active les fibres nerveuses qui s’entremêlent avec celles du tendon. Les fibres nerveuses se regroupent pour former une fibre afférente Ib.

Le codage de la force musculaire se fait par la modulation de la fréquence des potentiels d’action émis par le récepteur. Si la force est faible, la fréquence est faible. Si la force est élevée, la fréquence des potentiels d’action augmente. Ce processus informe le cerveau de la force musculaire développée.

2.2.8.3 Récepteurs articulaires

Les amplitudes articulaires sont perçues grâce à des récepteurs intégrés aux ligaments et aux capsules articulaires. Il existe deux types de récepteurs :

o Les récepteurs de Pacini sont sensibles aux mouvements de la capsule articulaire et des ligaments surtout lors des amplitudes maximales. C’est un récepteur dynamique ou phasique.

o Les récepteurs de Ruffini sont davantage sensibles à la position. Ils permettent de connaître une amplitude articulaire fixe. C’est un récepteur statique ou tonique.

Tous ces récepteurs, également appelés propriocepteurs, ont des fonctions complémentaires pour informer le système nerveux de l’état et des changements d’état musculaires. En effet, un mouvement est en réalité le résultat de changements d’état musculaire. Tant qu’il y a du mouvement, les récepteurs phasiques sont actifs. Un changement d’état correspond donc à une information de vitesse. En fin de mouvement, les récepteurs toniques codent la nouvelle position en fonction du degré d’étirement du muscle. Notre cerveau reçoit des informations de position (étirement musculaire, amplitude articulaire), de vitesse (mouvement) et de force (traction sur les tendons).

2.2.8.4 Action du bandage adhésif sur la sensorimotricité

Nous disposons également de récepteurs cutanés sensibles à différents stimuli : les étirements de la peau, les pressions (grâce aux disques de Merkel), les mouvements des poils (via les plexus de la racine des poils). Ainsi, lorsque ces informations sensitives sont données par des éléments externes à notre corps telle qu’une bande adhésive, on parle d’effet extéroceptif (54). Le SNC reçoit donc, en plus des informations sur la position articulaire, le mouvement et la force musculaire développée (via les différents récepteurs cités ci-dessus), des informations concernant les mouvements de la peau (55). En réponse à ses informations sensitives, des mécanismes réflexes vont se déclencher afin de protéger l’articulation et les muscles dans des situations de contrainte. Le bandage adhésif assume et soutien ces mécanismes de protection (55).

2.2.8.5 Voies nerveuses proprioceptives

L’information captée par les propriocepteurs et mécanorécepteurs (terminaison nerveuse du protoneurone) de la partie inférieure du corps va rejoindre la corne postérieure de la moelle épinière. Le protoneurone donne deux axones ; l’un va faire synapse avec un motoneurone qui permettra une réponse motrice réflexe en réponse à l’information sensitive reçue (réflexe myotatique) tandis que l’autre axone va remonter

le SNC jusqu’au bulbe du tronc cérébral, lieu de décussation. À ce niveau le protoneurone fait synapse avec le deutoneurone qui se prolonge jusqu’au thalamus où il fait relais avec le troisième neurone. Ce dernier apporte l’information au niveau du cortex pariétal. Les informations sont enregistrées par les aires 1, 2 et 3 du cortex pariétal primaire, en arrière du sillon de Rolando. Ainsi, les informations proprioceptives des membres inférieurs sont amenées vers le cerveau via la voie de Goll ; voie de la proprioception consciente.

Il existe également la voie proprioceptive inconsciente qui achemine les informations sensorielles vers le cervelet qui a un rôle dans la régulation du tonus musculaire, dans l’équilibration ainsi que dans la coordination de nos gestes.

La proprioception entre en jeu dans la stabilité fonctionnelle. Ainsi, une lésion ligamentaire induit des modifications de l’information proprioceptive ce qui a pour conséquence une diminution de la stabilité fonctionnelle de la cheville (56,57).

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