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Un système de commissions en arborescence et à géométrie variable

Corollaire de ce système, la question se pose de savoir comment rendre l’action opération- nelle ? Tout ne peut pas être vu systématiquement en collectif, et chaque membre n’a pas forcément la volonté d’intervenir sur tous les champs d’action couverts par l’association. Il a été alors nécessaire de procéder à un découpage de l’action globale en une multitude de sous-thématiques dans lesquelles chacun s’investit par affinité, compétence, etc.

Un schéma organisationnel non formalisé

Le système des sous-thématiques ou des commissions ou des groupes de travail – il n’y a pas de dénomination officielle – n’est pas inscrit dans les statuts, c’est un schéma organisa- tionnel qui s’est mis naturellement en place dans le cadre de notre fonctionnement. Nous assumons l’aspect « arborescent » de ces groupes à géométrie variable : ils apparaissent et disparaissent en fonction des urgences, des échéances (certains ont une vocation perma- nente dans le cadre du fonctionnement annuel de l’association, d’autres sont mis sur pied pour une raison précise et ponctuelle), leur nombre n’est pas fixé ; au sein de chacun de ces groupes, il n’y a pas de nombre de participants déterminé, ils sont ouverts à tous les membres de l’association indépendamment du statut de coprésident ou non, leur limite en termes de décisions n’a pas non plus été encadrée…

Chacun de ces groupes possède une conscience fortement développée de la nécessité de ne jamais trop avancer sans en référer au collectif, une forme d’autogestion et d’autorégulation permet de faire des allers-retours entre le collectif et le sous-groupe. Pour favoriser le travail

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et pour fluidifier les passations d’informations, une fois encore ce sont les outils numériques et les réseaux sociaux qui se sont révélés être de puissantes ressources. Tout un système de groupes, discussions, pages, etc., s’est ainsi développé. Nous nous sommes cependant aper- çus de certaines dérives potentielles dans ce fonctionnement. Lors de réunions du collectif de coprésidents1, il n’a pas été rare, notamment au démarrage, de se rendre compte qu’un

certain nombre d’informations n’étaient plus partagées ou que, parfois, certaines tâches n’avaient pas été remplies. La décentralisation de la décision et de l’opérationnalisation de l’action dans ce cadre souple a pu avoir quelques inconvénients que nous avons dû prendre en compte pour rester pleinement efficaces. Les outils numériques sont donc tout aussi bien une aide qu’un frein dans la démocratie interne de notre association, mais, comme tout outil, c’est l’usage qui en est fait qui en révèle le potentiel ou les désavantages.

Le phénomène d’apparition spontanée des groupes thématiques et des commissions décrit précédemment a nécessité récemment un travail collectif qui a été réalisé en assemblée générale : cartographier la constellation de nos commissions (figure 1).

Figure 1. Cartographie du fonctionnement en arborescence des commissions du Spartak lillois

Les différents sujets abordés par les commissions

Le propos ici ne sera pas de rendre compte de l’intégralité des commissions ayant existé ou toujours existantes, mais de comprendre les principales branches de l’arborescence. Il existe des commissions qui sont de l’ordre du « permanent ». On y retrouve les points essentiels du fonctionnement global de l’association, avec une régularité assez forte des réu- nions de ce groupe. Figurent parmi ces commissions « permanentes », entre autres, la com- munication, le planning des sports, le suivi administratif et de la trésorerie. Ces groupes de

1. Ce sont les coprésidents qui impulsent et coordonnent ces groupes ou sous-groupes.

Groupe créneaux Groupe évènements récurrents Com’ Groupe foot Bureau

(1 fois par mois)

Paperasse Compta Trésorerie LudiNord Évènement ? Évènement ? Évènement ? Évènement ? Matos Planning Initiation Championnats Fivestival Richesse Humaine Modèle économique Groupe foot Partenariats Futur ? Administration Organisation Local Matos

travail sont composés des membres qui ont plus particulièrement envie de s’impliquer dans un de ces éléments nécessaires au bon fonctionnement de l’association. Il est assez simple de faire remonter les informations émanant de ces groupes, puisque ce sont des points régulièrement abordés en collectif des coprésidents ou sur le groupe Facebook partagé. D’autres commissions sont régulièrement activées, mais à des moments bien précis de l’année. Il en est ainsi notamment de l’organisation de notre tournoi de football estival, qui marque la reprise de la saison sportive, ou de l’organisation du tournoi de Mollky, qui se déroule au printemps dans le cadre d’un festival de quartier… Il s’agit donc là de groupes de travail mis en sommeil quand il n’y a pas d’actualité sur le sujet et réactivables dès lors que les évènements approchent.

Un certain nombre d’autres commissions se mettent en place spontanément en fonction d’un besoin exprimé en réunion collective. L’exemple phare est celui de la commission ayant réfléchi à la gouvernance collégiale et à la manière dont l’arborescence s’est dévelop- pée. Il était important de pouvoir porter un regard réflexif sur notre organisation. Certains membres se sont donc impliqués sur ce questionnement et présenteront le fruit de leurs réflexions au collectif des coprésidents, en préalable à une éventuelle refonte de statut si le besoin s’en trouve exprimé et ressenti par les membres de la gouvernance.

Une décentralisation globalement positive

La mise en place de ce système de commissions ou groupes de travail a eu un effet d’accé- lération sur les projets que nous portons. Un réel gain en termes d’efficacité est observable. Tout d’abord parce que les membres de ces sous-groupes sont volontaires, donc impliqués et motivés, alors qu’une gestion en collectif porte parfois le risque de voir se positionner ou intervenir des personnes faiblement concernées par le sujet traité ou l’action à mettre en place. En second lieu, ce schéma en groupes favorise les prises de décision rapides, des échanges plus courts entre membres avec une simple remontée d’informations auprès des autres membres du collectif.

Nous n’avons pas observé de conflits liés à ce nouveau schéma organisationnel, le niveau de confiance entre membres favorise ce fonctionnement. Rares ont été les cas où nous avons vu les travaux ou avancées d’une commission remis en question par l’ensemble du collectif. Et ces rares cas n’ont pas débouché sur des échanges conflictuels, mais ont plutôt servi à nourrir les réflexions et à pointer des manques ou des limites que la commission agissante n’avait pas perçus.

Sans aller jusqu’à parler d’une politisation renforcée des membres grâce à cette organisa- tion décentralisée en sous-groupes, nous pouvons a minima évoquer une sensation de plus forte implication de certains membres qui ont trouvé des espaces pour s’exprimer, proposer et agir selon leurs centres d’intérêt : pratiques sportives (nouvelle discipline, organisation d’un week-end à vélo, etc.), idées d’évènements sur le territoire ou dans des réseaux asso- ciatifs, actions militantes (soutien à un collectif, rédaction de courriers d’interpellation). Certains membres, parfois effacés en réunion du collectif, ont ainsi pu prendre la mesure de leurs capacités et accepter de porter davantage de responsabilités.

Ce regain d’activités et de propositions grâce aux commissions mises en place a également dynamisé dans une certaine mesure le projet politique de l’association. Tout d’abord cela a consolidé l’esprit collectif et l’accord sur nos valeurs communes : chacune des commissions devant garder à l’esprit les remarques éventuelles du reste du groupe ; quand des choix sont à faire, c’est bien le socle de valeurs partagées qui sert de garant pour la prise de décision.

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