5. Synthèse des résultats/discussion 5.1. Synthèses des résultats des articles Les catégories ressorties de la mise en commun des résultats d’articles vont être détaillées dans ce chapitre. 5.1.1. Evaluation et amorçage Un des thèmes qui est ressorti dans plusieurs articles est le besoin de l’infirmier d’évaluer la situation du patient. Cela permet d’amorcer la relation avec le patient et de parler de l’incontinence urinaire avec celui-ci. En effet, selon (Howard & Steggall, 2010), pour la discipline infirmière, le problème a un sens car les femmes incontinentes ne sont pas demandeuses de soins. Les femmes qui consultent viennent d’abord pour des troubles autres que l’incontinence urinaire. Cela prouve que ce problème de santé n’a pas été perçu de premier recours par les soignants. L’infirmier est la personne qui peut initier le dialogue sur le thème lors de la prise en soin pour une autre comorbidité. Les infirmiers peuvent transmettre la notion de possibilité de prise en soin du trouble. Ainsi, la promotion de santé est possible pour gérer les symptômes. Selon (Xu, Liu, Qu, Chen, & Wang, 2016a), une femme qui a une grande sévérité symptomatique a une baisse de sa qualité de vie en priorisant le style de coping évitant ou palliatif. Ces styles d’adaptation sont trop passifs, conformistes et non adaptés pour vivre avec le trouble. L’accompagnement de la femme incontinente ne doit pas se limiter à la conseiller sur la demande de soin, mais l’encourager dans le développement de mécanismes d’adaptation bons pour sa qualité de vie. Le soignant peut questionner la personne sur la manière dont elle gère au quotidien son trouble et les impacts sur sa vie. Le soignant doit aussi voir quels mécanismes aident ou non la personne en les évaluant sur un accompagnement de long terme. En évitant que la femme utilise des mécanismes qui la limitent, elle peut se construire des ressources pour faire face positivement à son trouble et avoir une meilleure qualité de vie. Selon un autre article (Kehinde, 2016), le rôle infirmier est important dans l’accompagnement de l’incontinence en soutenant la personne avec des compétences personnelles. Le département de la santé du Royaume-Uni en 2000 indiquait déjà que toute personne souffrant d’incontinence urinaire doit recevoir une évaluation primaire ; celle-ci reprenant l’état physique et psychique de la personne afin de faire émerger la prise en soin. Deux procédures à suivre ont été donc écrites par le département de la santé du Royaume-Uni en 2000. La première contient les éléments principaux de l’évaluation de l’incontinence et la deuxième concernent les traitements primaires. Les soignants doivent remplir 6 conditions pour avoir une prise en soin de qualité : prodiguer un soin continu dans un processus holistique ; être efficace tout en restant humain avec de la compassion ; être professionnel en accompagnant avec un haut niveau de preuve scientifique ; donner des interventions rapides, efficaces et sûres ; soutenir le patient dans son empowerment et défendre ses besoins ; être ouvert dans la discussion et la défense de l’incontinence urinaire au sein des équipes pluridisciplinaires. Selon (Ostaszkiewicz, 2017), évaluer l’incontinence urinaire et discuter des pratiques qui rendent une personne dépendante des soins et de ses besoins en matière de soins d’incontinence permettent d’évaluer la situation du patient et donc d’amorcer la prise en charge de l’incontinence urinaire. Selon (Lafrenière, Folch, Dubois, Bédard, & Ducharme, 2017), les infirmiers n’étaient pas assez attentifs à évaluer le déclin fonctionnel, donc les petites choses importantes pour les patients n’étaient pas prises en compte. Il est donc nécessaire d’évaluer ces aspects auprès du patient lors de la prise en soins. 5.1.2. Empowerment La notion d’empowerment est très souvent retrouvée dans nos articles. En effet, selon (Lima, Caldas, Trotte, Ferreira, & Silva, 2015), l’accompagnement de l’incontinence urinaire est un challenge pour les soignants, car ils doivent chercher des solutions les plus humaines et appropriées au patient. La thérapie enclenche une approche humaine et individuelle, ce qui active le processus d’empowerment pour le patient. Cela l’encourage à tester de nouveaux comportements afin d’avoir un contrôle sur sa maladie et ainsi, favoriser sa promotion de santé. De plus, (Kehinde, 2016) explique que les soignants doivent remplir 6 conditions pour avoir une prise en soin de qualité. Parmi elles, soutenir le patient dans son empowerment et défendre ses besoins sont les piliers centraux. Une autre étude, (Jansen, McWilliam, Forbes, & Forchuk, 2013) décrit qu’une bonne utilisation de la « théorie d’application des connaissances » (cf. grille de Fortin n°5) favorise le processus de décision chez le patient, car il se sent écouté et peut s’appuyer sur les connaissances des proches-aidants, des soignants et ses propres connaissances pour avoir plus de pouvoir sur sa pathologie. De plus, selon (Mize, 2018), les participants ont indiqué que le pouvoir relationnel entre le patient et l'infirmier affectait leur capacité à maintenir un sentiment d’efficacité. Une autre étude selon (Lafrenière et al., 2017), montre que les infirmiers peuvent améliorer la qualité des soins en reconnaissant le potentiel de bienveillance de tous les êtres humains favorisant le choix et l'autodétermination, en s'efforçant de connaître l'autre et en cherchant à comprendre comment les individus doivent être soutenus dans leur santé et leur expérience. Les patients ont notamment souligné le respect de leur autonomie et de leurs choix, comme préférer utiliser une commode ou les toilettes au lieu d'un bassin de lit. 5.1.3. Agir sur les habitudes de vie Les notions d’habitude de vie se rencontrent dans deux de nos articles. En effet, selon (Lima et al., 2015) les infirmiers qui donnent des conseils sur les habitudes de vie de la femme incontinente permettaient de diminuer la perte d’urine, à travers les résultats qui ont été prouvés dans le cahier mictionnel. Comme démontré au début du travail, l’incontinence étant en relation avec la qualité de vie et donc l’estime de soi, le fait de diminuer les pertes va réduire les risques associés. De plus, selon (Lafrenière et al., 2017), les interventions infirmières rapportées par les participants pour maintenir leurs habiletés physiques et leur autonomie étaient les suivantes : aider à bouger et à marcher, encourager l'autonomie et offrir de l'aide selon les capacités, soulager la douleur avant les activités nécessitant un déplacement, surveiller et ordonner de ne pas se lever et marcher seul pour éviter les chutes. L’article explique que les infirmiers doivent essayer de modifier les habitudes de vie afin qu’elles soient plus saines et ainsi améliorer la continence urinaire. 5.1.4. Individualité et besoins Ces deux notions ont été abondamment retrouvées dans les articles et ont été démontrées de diverses façons. En effet, selon (Kehinde, 2016), identifier et défendre les besoins du patient sont définis parmi les six conditions qui correspondent à une prise en soin de qualité. Cela augmente l’adaptation de la personne dans le vécu avec son trouble. Dans l’article de (Jansen et al., 2013), un des sous-thèmes de la traduction des connaissances comprend le renforcement des connaissances expérientielles. Il décrit qu’il faut renforcer ce que le patient a utilisé comme stratégies efficaces. De ce fait, cela revient à respecter le besoin du patient et à intégrer ses expériences en toute individualité, tout en favorisant son adaptation. Un autre article (Ostaszkiewicz, 2017) intègre dans le guideline, le fait d’adopter une approche centrée sur la personne et de respecter ses besoins. Cette pratique permet à l’infirmier de respecter l’individualité de la personne. Un autre sujet cité dans la guideline décrit que les pratiques de soins d’incontinence doivent être ciblées et individualisées, concernant le partenariat. De plus, selon (Mize, 2018), dans les résultats de cet article, les personnes âgées disent que le fait que l’infirmier soit à l’écoute de leur besoin, entre autres, favorise leur guérison. Finalement, selon (Lafrenière et al., 2017), pour les patients, un des éléments d’une bonne approche pour prévenir le déclin fonctionnel est de reconnaitre leur besoin spécifique. Cela les aide à maintenir une bonne humeur et donc une bonne estime et une meilleure adaptation. 5.1.5. Relation de confiance et partenariat Ces deux notions se sont retrouvées dans trois de nos articles. En effet, dans l’article présenté par (Jansen et al., 2013), deux sous-thèmes de la « théorie de l’application des connaissances » reprennent la notion de relation de confiance et partenariat. Il s’agit de favoriser la réciprocité, et développer la confiance. Cela permet selon l’auteur de renforcer l’alliance thérapeutique avec le patient et les proches aidants. De plus, deux autres sous-thèmes sont énoncés. Il s’agit de la facilitation de l’échange des connaissances et de leur regroupement. Ils permettent un partenariat, car toutes les connaissances de chacun sont rassemblées dans le but d’aider l’adaptation du patient face à sa maladie. Selon (Ostaszkiewicz, 2017), une des interventions favorisées par le modèle est de décrire des stratégies qui favorisent une approche centrée sur le partenariat qui renforce donc la relation entre une personne dépendante des soins et sa famille. De plus, cet article a prouvé l’efficacité de la théorie étudiée dans le soutien à l’adaptation de la personne. Cette théorie est totalement basée sur le partenariat entre le soigné, le soignant et les proches aidants. Finalement, selon (Lafrenière et al., 2017), les patients ont affirmé que de leur faire confiance les aidait à retrouver l’espoir, les inspirer et les motiver. Cela favorise donc la découverte de nouvelles stratégies d’adaptation. 5.1.6. Stratégies de communication Dans les résultats trouvés, l’élément principal ressortant des habiletés relationnelles concerne les stratégies de communication. En effet, selon (Kehinde, 2016), être ouvert dans la discussion et la défense de l’incontinence urinaire dans l’équipe pluridisciplinaire fait également partie des 6 conditions pour une prise en soins de qualité. De plus, selon (Ostaszkiewicz, 2017), les stratégies de communication thérapeutique renforcent la résilience de la personne et favorisent son bien-être physique et psychologique. Et encore, parmi les recommandations de l’article, l’auteur décrit qu’il faut développer une compréhension empathique de l’éventail des réponses émotionnelles humaines face à l’incontinence et la dépendance. Le soignant doit donc reconnaitre l’effet des conséquences des réponses émotionnelles sur les comportements du patient. Un autre article (Mize, 2018), décrit dans les résultats le fait que les personnes âgées disent qu’elles sont favorisées dans leur guérison quand l’infirmier démontre de l’attention envers elles, les respecte, prend du temps pour elles, et pratique de l’écoute active. Selon (Lafrenière et al., 2017), les infirmiers peuvent améliorer la qualité des soins, en reconnaissant le potentiel de bienveillance des patients. Ils doivent également évaluer leur propre potentiel de bienveillance afin de prodiguer des soins de qualité. Pour les patients, la gentillesse les aide à diminuer l’embarras de demander et recevoir de l’aide. De plus, une approche disponible, une attitude douce, l’utilisation de l’humour, l’attention et la patience sont sources d’un bon accompagnement infirmier selon les patients. Finalement, encourager les patients, souligner les choses positives, les motiver et inspirer de l’espoir ont aussi été prouvés comme positifs pour les bénéficiaires de soins. 5.1.7. Evidence Based Practice Un des articles (Escobar-Aguilar, 2011) démontre que de travailler sur des données probantes permet d’améliorer les bénéfices chez les patients. Certaines études démontrent qu’utiliser une méthodologie de meilleure qualité est nécessaire pour évaluer les différentes stratégies utilisées afin de diffuser et mettre en œuvre les directives de pratiques infirmières. Ainsi, le but des directives de pratiques cliniques est de les modifier pour améliorer les résultats des patients, réduire leur variabilité, rendre plus rentable l'utilisation des services, améliorer la collaboration entre les professionnels et veiller à ce que les interventions mises en œuvre soient les plus appropriées. 5.1.8. Articles complémentaires Deux autres articles ont été étudiés dans nos résultats (Simpson, Laufer, Smith, Rorie, & Schell-busey, 2012) (Cheater et al., 2008). Néanmoins, ils ne permettaient pas de répondre à la question de recherche, mais plutôt de mettre en lumière des problèmes dans la prise en charge infirmière de l’incontinence urinaire. Ces articles seront donc exploités dans le chapitre « perspectives pour la recherche » de la partie « Conclusion ». 5.2. Développement des résultats en lien avec la Dans le document Quels sont les effets des habiletés relationnelles infirmières sur l’estime de soi et l’adaptation de la femme âgée de plus de 65 ans atteinte d’incontinence urinaire dans un contexte de soins chroniques ? (Page 68-76)