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Comme nous venons de le souligner, la caractérisation des propriétés thermiques de matériaux peut être réalisée grâce à une grande variété de méthodes. Lors de ce processus de caractérisation, l’identification des phénomènes physiques impliqués et la construction d’un modèle direct associé qui soit le plus proche possible de l’expérience constitue deux étapes fondamentales. Ce chapitre s’attache à présenter succinctement quelques bases théoriques nécessaires à la compréhension de cette étude. Dans un second temps, nous proposons une résolution du problème direct par le déve-loppement de trois modèles. Enfin, grâce à l’étude de différents cas de validation, nous analysons les avantages et inconvénients de chacune des approches afin de cibler la résolution la plus pertinente.

2.1 Modélisation du transfert thermique

De manière générale, conduction, convection et rayonnement représentent les trois modes de transfert de la chaleur. Lors de l’étude d’un milieu hétérogène, ces différents modes dans chacune des deux phases solide et/ou fluide est à considérer. Nous pouvons les lister de la façon suivante :

• Le transfert par rayonnement (fluide et/ou solide) : Les mousses céramiques sont souvent utilisées pour des applications à hautes températures (entre 600°C et 1000°C). Pour des ni-veaux élevés de températures, le rayonnement thermique prend une part prépondérante dans les transferts de chaleur. Si le matériau composant la matrice solide est opaque, le transfert radiatif n’a lieu qu’au travers de la phase fluide [98]. Dans le cas contraire, ce dernier est présent dans les deux phases [127].

• Le transfert par conduction (solide et/ou fluide) : La forte porosité des mousses réduit la conduction dans la phase solide. Cependant, des céramiques telles que le SiC et le SiSiC étant très bonnes conductrices de chaleur, le transfert par conduction est souvent considéré. Ce constat est beaucoup moins clair pour la phase fluide. Plutôt isolante, certains travaux la négligent [67] tandis que d’autres démontrent son apport [128,129]. Plus généralement, la contribution de ce mode de transport est à déterminer et dépend principalement des condi-tions expérimentales, des propriétés géométriques et thermiques du milieu étudié.

• Le transfert par convection naturelle (fluide seulement) : Dans la phase fluide, un échange convectif peut avoir lieu. Cependant, dans le cas de faibles gradients thermiques et de tailles de pores millimétriques, la convection naturelle peut être négligée [123,130]. Elle est presque toujours négligée devant les autres modes de transport. De plus, la procédure expérimentale présentée par la suite sera sous vide. Ainsi, aucuns phénomènes convectifs (forcé et naturel) ne sont considérés.

2.1. Modélisation du transfert thermique

2.1.1 L’équation de la chaleur

Considérons un milieu homogène équivalent traversé par des fluxs de nature conductive et radiative. L’équation de la Chaleur (EC) ou équation de la conservation de l’énergie relie la variation temporelle du champ de température du milieu à la divergence du vecteur densité de flux total [131]. Cette équation s’écrit :

ρCpT

t =∇ ·~qtot=−∇ · (~qc+~qr) (2.1) avecρ la masse volumique, Cp la capacité thermique massique, T la température, t le temps,~qtot

le vecteur densité de flux total,~qc le vecteur densité de flux conductif et ~qr le vecteur densité de flux radiatif. La conduction et la convection à travers la phase fluide sont ici négligées.

2.1.2 Transfert par conduction

La conduction (ou diffusion thermique) est générée par une différence de température entre deux régions d’un milieu continu. Elle s’explique par la transmission de proche en proche de l’éner-gie cinétique moyenne. Elle ne produit aucun déplacement global de matière à l’échelle macrosco-pique, elle est basée sur les vibrations du réseau cristallin par l’intermédiaire des phonons et par les électrons de conduction. L’hétérogénéité de l’agitation moléculaire entraine une transmission de l’énergie cinétique d’un atome (ou d’une molécule) vers son voisin. Ainsi, le transfert de chaleur est réalisé des zones les plus chaudes vers les zones les plus froides. En 1822, J. Fourier [132] exprime la loi liant la densité de flux au gradient de température tel que :

~

qc=−λc(T )−→

∇ T (2.2)

avecλcla conductivité thermique du milieu continu.

Cette grandeur quantifie l’importance de la densité de flux par conduction devant une hétérogénéité ou gradient thermique. Par la suite, nous supposerons que cette dernière est indépendante de la température (λc(T ) = λc) à la température de caractérisation considérée. Cette hypothèse sera justifiée plus tard avec la présentation du principe de la méthode flash. De plus, nous supposerons aussi que le milieu est isotrope. Nous pouvons alors nous ramener à une simple valeur scalaire pour représenter ce mode de transfert dans toutes les directions de l’espace.

2.1.3 Transfert par rayonnement

La luminance

Un milieu à une température supérieure au zéro absolu émet des ondes électromagnétiques. À l’échelle atomique ou moléculaire, le lien entre rayonnement et matière s’explique par une

transi-tion de l’état énergétique de l’atome (lié à configuratransi-tion électronique) ou de la molécule (rotatransi-tion et vibration). L’absorption et l’émission (spontanée ou induite) représentent les deux mécanismes de changement de niveau d’énergie par voie radiative (d’autres processus, non radiatifs, peuvent être à l’origine d’un changement de niveau). La particularité de ce mode de transfert est qu’il se propage sans la nécessité d’un support matériel que ce soit dans le vide ou même au sein de la matière.

La description des transferts par rayonnement est riche de nombreux formalismes. Ainsi, le

physi-FIGURE2.1 – Définition de la luminance

cien peut étudier ce dernier en considérant les échanges énergétiques au travers de la propagation d’ondes électromagnétiques (approche ondulatoire ou théorie de Maxwell) ou au travers du modèle corpusculaire comme proposé par A. Einstein et M. Planck qui est basé sur le concept du photon. Par souci de brièveté, nous ne détaillons pas tous ces aspects. Cependant, le lecteur intéressé peut retrouver une description plus complète dans les ouvrages de référence [133]. Le thermicien ou l’ingénieur préfèrera bien souvent une description du rayonnement basée sur une approche énergé-tique. La grandeur de référence qui quantifie ces phénomènes est la luminance spectrale Iν(~r,−→, t) (noté I de l’anglais radiation Intensity). Elle représente le flux rayonné par un élément de surface dS dans l’angle solide dΩ(centré sur la direction −→) pendant un intervalle de temps dt et dans une plage de fréquence comprise entreν et ν + dν (cf fig.2.1a)). Elle est définie comme :

Iν(~r,−→, t) = dQν(−→)

cos(θ )dSdΩdνdt (2.3)

avec dQν(−→

) la quantité infinitésimale de flux radiatif. Il est à noter que le terme cos(θ )dS re-présente la surface apparente de dS dans la direction −→ (cf fig.2.1b)). Cette formulation reste, cependant, très générale. Cette grandeur possède 7 degrés de liberté : 3 en espace, 2 pour la di-rection, 1 pour la fréquence et 1 pour le temps. Étant donné la grande vitesse de propagation du rayonnement devant les autres modes de transports, nous pouvons dans la suite nous en affranchir.

2.1. Modélisation du transfert thermique

Etablissement de l’Equation du Transfert Radiatif

Si la propagation s’effectue à un travers un milieu dit "participant" ou "semi-transparent", le rayonnement est susceptible d’interagir avec le milieu traversé par absorption ou par diffusion (changement de direction du rayonnement). Un flux radiatif émis s’atténue tout au long de son che-min optique. De plus, le milieu lui-même, selon l’importance de son champ de température, peut émettre à son tour un flux radiatif s’atténuant dans le matériau lui-même. Afin de pouvoir décrire l’ensemble de ces mécanismes d’échanges comprenant des phénomènes d’absorption, d’émission et de diffusion, il est nécessaire d’écrire un bilan énergétique sur la luminance [134]. Cette équation, fondamentale dans tout le domaine des transferts radiatifs, porte le nom d’ Équation du Transfert Radiatif (ETR). Nous définissons un volume de contrôle dans lequel seule la luminance à une posi-tion donnée, pour une seule longueur d’onde et une unique direcposi-tion est considérée. De plus, nous définissons l’abscisse curviligne s =−→

·~r, la longueur dans la direction de la luminance.

• Atténuation par absorption :

Nous considérons la luminance spectrale à la position~r et dans la direction −→. Une partie de ce rayonnement incident est absorbée par interaction avec le milieu semi-transparent qui est convertie en chaleur dans le milieu. Cette perte dIνa est proportionnelle à la luminance incidente Iν, à la longueur du trajet parcouru ds et à un coefficient spectral d’absorptionκν, caractéristique de la capacité d’absorption du milieu. Cela se traduit mathématiquement comme :

dIνa(~r,−→) =

−κν(~r,−→)I

ν(~r,−→)ds (2.4)

Le coefficient spectral d’absorption est un paramètre caractéristique du milieu qui peut varier en fonction de la position et de la direction pour un milieu hétérogène. Il est inversement proportionnel au libre parcours moyen du trajet optique. En supposant que ce coefficient est indépendant de la position et de la direction (hypothèse du milieu homogène et isotrope), nous obtenons la relation suivante :

I(~r,−→

) = Iν,0exp(−κνs) (2.5)

avec Iν,0 un rayonnement incident.

Le rayonnement incident Iν,0 s’atténue exponentiellement en fonction du coefficient d’absorption et de la distance parcourue. Il s’agit de la loi de Beer-Lambert. Par l’interprétation du coefficient spectral d’absorption, nous pouvons identifier trois types de milieu :

• Cas κ → ∞ : Le rayonnement sera absorbé sur une courte distance. Si cette dernière est suffisamment faible devant la dimension caractéristique du milieu, celui-ci est dit opaque. • Casκ→ 0 : Le rayonnement n’interagit pas avec le matériau. Ce dernier, n’absorbant pas la

• Cas∀κ : Dans un cas intermédiaire se trouve les matériaux semi-transparents. Tous les maté-riaux sont donc semi-transparents. Les cas opaques et transparents correspondent simplement à des cas limites.

Remarque : Travailler avec une grandeur comme le coefficient d’absorption n’est pas toujours pratique. Par exemple, prenons le cas d’un milieu tel que κ = 1 m−1. Le rayonnement incident sera en grande partie absorbé après avoir parcouru environ 3 mètres au sein du milieu. Ainsi, un milieu de très grandes dimensions pourra être considéré plutôt opaque tandis qu’un milieu de très faibles dimensions sera considéré transparent. Le caractère soit opaque soit transparent peut donc être apprécié en considérant les dimensions caractéristiques du milieu étudié. Même si le coeffi-cient d’extinction est une donnée intrinsèque caractéristique du milieu, il est parfois préférable de travailler avec une donnée extrinsèque comme l’épaisseur optique qui se définit comme :

τν= κν.L (2.6)

avec L la longueur du milieu dans la direction considérée.

• Renforcement par émission du milieu :

Le milieu participant émet lui-même un rayonnement. On parle d’émission propre du milieu. Cela renvoie à la définition du corps noir et à la loi de Planck qui posent les bases de la définition mathématique du rayonnement des corps. Introduite en 1860 par Kirchhoff, la notion du corps noir est très importante car elle donne une "référence" permettant de quantifier/comparer les transferts par rayonnement. Le corps noir est un corps idéal qui absorbe l’ensemble du rayonnement incident et émet la totalité de l’énergie qu’il a absorbé quelque soit la fréquence et la direction. L’expression de la luminance du corps noir est proposée par M. Planck en 1901. Elle s’écrit :

Iν0(~r,−→, T ) = 2n23 c20

1

exp(hν/kT )− 1 (2.7)

avec h la constante de Planck, n l’indice de réfraction du milieu, c0 la vitesse de la lumière k la constante de Bolztmann et T la température de surface du corps noir. Certaines propriétés radia-tives caractérisant le comportement optique de surfaces ou de volumes sont définies à partir de la luminance du corps noir. Par exemple, l’émissivité spectrale directionnelle d’une surface est définie comme le ratio de la luminance émise par la surface sur la luminance du corps noir (toutes deux des grandeurs spectrales et directionnelles). Elle permet donc de quantifier la capacité d’un corps à émettre du rayonnement. À l’inverse, les propriétés radiatives caractéristiques de la capacité d’un corps à absorber le rayonnement sont définies à partir du rayonnement incident. Pour un volume, on parle de coefficient d’absorption comme vu précédemment tandis que pour une surface on parle d’absorptivité spectrale directionnelle. Cette dernière se définie comme le ratio du flux radiatif

ab-2.1. Modélisation du transfert thermique

sorbé par rapport au flux radiatif incident. L’hypothèse d’équilibre thermodynamique local permet de considérer que, de façon locale, l’émission d’un corps est égale à ce que serait l’absorption de ce dernier dans une cavité fermée à l’équilibre thermodynamique (équivalence des propriétés d’ab-sorption et d’émission). Aussi connue sous le nom de loi de Kirchhoff, une conséquence de cette hypothèse est, par exemple dans le cas des surfaces, de pouvoir écrire que l’absorptivité spectrale hémisphérique est égale à l’émissivité spectrale hémisphérique. Si on considère un milieu semi-transparent (volume), il est alors possible de caractériser son émission par sa propriété d’absorption

κν.

Ainsi, la luminance spectrale à la position~r et dans la direction−→ peut être renforcée par l’émis-sion propre du milieu. Comme nous venons de le définir précédemment, la variation énergétique dIνe issue de cette émission propre est proportionnelle à la longueur ds et à la quantité émise

κν(~r,−→

)Iν0(T (~r)). Cela se formalise comme :

dIνe(~r,−→

) = κν(~r,−→

)Iν0(T (~r))ds (2.8)

avec T (~r) la température du milieu à la position ~r. Ce terme est compté positivement puisqu’il

correspond à un gain. De plus, il est à noter que l’émission du corps noir est ici indépendante de la direction. On parle alors d’émission isotrope.

• Atténuation par diffusion :

Dans le cas d’un milieu diffusant, la luminance incidente de direction−→ peut être déviée dans une autre direction−→

. Ce mécanisme est explicité sur la figure2.2a) et correspond à une perte énergétique pour la direction −→ considérée. Certe perte revêt alors une expression semblable à l’atténuation par absorption :

dIνd(~r,−→) =

−σν(~r,−→

)Iν(~r,−→

)ds (2.9)

avecσν(~r,−→) le coefficient spectral de diffusion.

• Renforcement par diffusion :

En suivant le même raisonnement, l’atténuation entraînée par la diffusion de−→ vers−→ Ω corres-pond logiquement à un renforcement par diffusion de la direction−

. Ainsi, le renforcement par diffusion correspond à toutes les directions de l’espace (ou tout l’angle solide) rejoignant la direc-tion−→ suite à un évènement de diffusion. Ce phénomène est présenté sur la figure2.2b).

Afin de quantifier la part diffusée vers la direction considérée, il est nécessaire de définir la pro-babilité qu’un rayonnement dans la direction−→

soit diffusé vers−→. Cette probabilité porte plus couramment le nom de fonction de phase. La quantité diffusée dans l’angle solide dΩautour de−→

FIGURE2.2 – a) Atténuation par diffusion b) Renforcement par diffusion s’écrit : 1 4πPν( −→ ΩΩ)dΩ (2.10)

En intégrant sur l’angle solide, nous retrouvons bien la définition d’une densité de probabilité :

1 4π Z Ω=4π Pν(−→ ΩΩ)dΩ= 1 (2.11)

À l’instar des autres termes de l’ETR, le gain de luminance provenant des évènements de diffu-sion est relié à l’épaisseur du milieu traversé ds. Ce dernier terme s’écrit :

dIνd+(~r,−→) = 1 4π Z Ω=4π σν(~r,−→ )Pν(−→ Ω)Iν(~r,−→ )dsd (2.12)

En regroupant tous les phénomènes recensés précédemment, il est possible de construire une équa-tion intégro-différentielle valable en tout point du milieu :

dIν(~r,−→ ) = dIνa(~r,−→ ) + dIνe(~r,−→ ) + dIνd+(~r,−→ ) + dIνd(~r,−→) = −κν(~r,−→ )Iν(~r,−→ )ds + κν(~r,−→ )Iν0(T (~r))ds− σν(~r,−→ )Iν(~r,−→ )ds + 1 4π Z Ω=4π σν(~r,−→ )Pν(−→ Ω)Iν(~r,−→ )dsd (2.13) En réordonnant les termes et en supposant le milieu homogène et isotrope, il est possible d’établir l’équation du transfert radiatif :

dIν(~r,−→) ds =−κνIν(~r,−→ ) + κνIν0(T (~r))− σνIν(~r,−→) + 1 4π Z Ω=4π σνPν(−→ Ω)Iν(~r,−→ )dΩ (2.14) La somme des coefficients d’absorption et de diffusion est le coefficient d’extinctionβν. L’ETR peut aussi s’écrire comme :

−→ ·∇ Iν(~r,−→) = −βνIν(~r,−→ ) + κνIν0(T (~r)) + 1 4π Z Ω=4π σνPν(−→ Ω)Iν(~r,−→ )dΩ (2.15)

2.2. Développement d’un code de calcul du transfert couplé

Sa résolution permet d’accéder au champ de luminance dans toutes les directions, pour toutes fréquences et pour toutes positions. Afin de fermer le problème, une condition aux limites est né-cessaire. Étant donné que cette étude ne traitera que de parois opaques (pas de transmission à l’interface), nous utiliserons la relation suivante :

Iν(~rw,−→ ) = ενIν0(T (~rw)) + ρspIν(~rw,−→ Ω′′) +ρd π Z Ω′.~n<0 Iν(~rw,−→ Ω)|.~n|dΩ (2.16) avecενl’émissivité de la paroi telle que nous l’avons définie précédemment,~rwla position à l’inter-face avec T (~rw) la température associée.

Le premier terme de cette équation correspond à la quantité émise par la surface, le second à la quantité réfléchie de façon spéculaire tandis que le dernier à la quantité réfléchie de façon diffuse. Il est à noter que ces propriétés sont supposées parfaitement diffuses (pas de dépendance direction-nelle).

• Calcul de la divergence du flux radiatif :

Maintenant que le problème aux luminances est fermé, estimons la divergence du flux radiatif présent dans l’équation2.1. L’équation2.17relie la luminance à la densité de flux radiatif :

~ qr(~r) = Z ν Z Ω=4π Iν(~r,−→)−→dd ν (2.17)

Le terme divergence du flux radiatif s’obtient en appliquant l’opérateur spatial :

−→ ∇ ·~qr(~r) =−→ ∇ · Z ν Z Ω=4π Iν(~r,−→)−→ddν (2.18) = Z ν κ  4πIν0(T )− Z Ω=4π Iν(~r,−→)ddν (2.19)

Le développement de l’eq. (2.18) à l’eq. (2.19) est détaillé dans [134]. Cette dernière expression se présente comme un bilan énergétique en chaque point de l’espace. Le premier terme de l’égalité de droite correspond à la puissance émise du point~r vers le reste du domaine tandis que le second

intègre (en direction) le flux radiatif provenant du reste du domaine au point~r.

2.2 Développement d’un code de calcul du transfert

couplé

Nous venons de présenter les différentes physiques impliquées, définir les notions théoriques à maîtriser et décrire les bases théoriques. Cette partie traite de la résolution de ce problème multiphy-sique et présente les outils numériques développés. La résolution de l’équation de la conservation de l’énergie eq. (2.1) ne pose pas de problèmes particuliers dans le cas de milieux homogènes. Les méthodes déterministes telles que la méthode des éléments finis ou la méthode des volumes finis ne

génèrent pas d’erreurs considérables et permettent le calcul de la solution en un temps raisonnable. La principale difficulté réside essentiellement dans la résolution rapide et précise de l’ETR ainsi que le couplage des deux modes de transport. Les méthodes de résolution de l’ETR sont très nom-breuses et largement présentes dans la littérature scientifique. Évidemment, toutes ces méthodes reposent sur des hypothèses et développements mathématiques à employer permettant un accès plus ou moins rapide à la solution. Cependant, un calcul plus rapide entraine généralement une perte en précision. Les principales familles de méthodes sont brièvement rappelées ici.

2.2.1 Introduction : Méthodes de résolutions numériques de

l’ETR

Méthodes approchées

• Rosseland : Une des méthodes la plus ancienne mais aussi la plus célèbre est la méthode de Rosseland [135] apparue en 1936. Aussi appelée "méthode d’approximation de la diffusion", elle repose sur l’hypothèse du milieu optiquement épais. Autrement dit, lorsque le libre par-cours moyen du rayonnement est suffisamment faible devant la dimension caractéristique du domaine, il est possible de supposer que les transferts par rayonnement sont assimilables à un transfert par conduction (diffusif). Le vecteur densité de flux radiatif peut alors s’écrire :

~

qr=−λr −→

∇ T (2.20)

avecλr la conductivité radiative définie comme :

λr= 16σSBTref3

3βR (2.21)

avec Tref la température moyenne du milieu, σSB la constante de Stefan-Boltzmann et βR

le coefficient moyen d’extinction de Rosseland qui est calculé à partir du coefficient spectral d’extinction [80] comme : 1 βR = ‚Z 0 1 βλIλ0(Tref) ∂I0(Tref)dλ Œ / ‚Z 0Iλ0(Tref) ∂I0(Tref)dλ Œ (2.22) Lorsque la diffusion est anisotrope, le coefficient spectralβλest habituellement remplacé par un coefficient effectif tel queβλtr= κλ+ σλ(1− gλ) avec gλle facteur spectral d’asymétrie de diffusion. Ce dernier est estimé à partir de la fonction de phase.

L’utilisation du modèle de Rosseland est très courante dans l’industrie et notamment l’indus-trie verrière [136–138] car elle permet un calcul très rapide et est très facilement implémen-table. Cependant, la luminance peut être fortement sous-estimée dans tout le domaine et particulièrement au niveau des frontières [139].

2.2. Développement d’un code de calcul du transfert couplé

• Harmoniques sphériques ou méthode Pn : Cette méthode est basée sur la décomposition de la luminance en harmoniques sphériques [140]. Dans le cas d’une troncature à l’ordre 1, l’ETR est résolue grâce à seulement une équation qui considère la luminance moyenne intégrée sur l’angle solide. L’approximation P1 permet un calcul rapide mais reste très approximative, particulièrement dans le cas des milieux optiquement minces [141].

Méthodes basées sur une discrétisation angulaire de l’espace

• Méthode à deux flux : Initialement proposé par Schuster et Schwarzschild [142], une mé-thode à deux flux repose sur la définition de deux luminances moyennes I+et Iintégrant la luminance sur deux hémisphères. Elle est donc rapide à implémenter et nécessite des temps de calcul faibles. Cependant, elle peut sembler trop approximative, particulièrement dans le cas de l’étude de matériaux fortement anisotropes (exemple : milieux fibreux). Afin de

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