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À la fin de cette première journée de travail sur les changements dans les modes de mise en valeur de la région, il est encore trop tôt pour faire une syn- thèse, même si certains travaux des participants récapitulent relativement bien l’évolution du pay- sage, comme nous venons de le voir. Les organi- sateurs se doivent donc de souligner les insuffi- sances de l’enquête, les points qui ont été négligés, voire occultés par les étudiants. Il leur faut indi- quer les pistes à approfondir pour une étude plus complète de l’évolution du milieu et de son ex- ploitation ; en second lieu, ils doivent préciser les thèmes et questions à aborder pour aller plus loin. ●

La terre

L’évolution des modalités d’accès à la terre, des types de contrats, la mise en place de groupes d’en- traide, les travaux rendus obligatoires par les colons. ●

Les pratiques culturales et espèces végétales

L’évolution dans les pratiques de cultures n’a pas du tout été abordée dans cette première phase des enquêtes historiques.

➤ A-t-on introduit de nouvelles espèces, de nou-

velles variétés, où et quand ?

➤ Certaines variétés traditionnelles ont-elles

disparu ? Pour quelles raisons ?

➤ A-t-on toujours cultivé le café de la même

façon, si non pourquoi ?

➤ Quel est le rôle des palmiers que l’on observe

partout dans le paysage ?

➤ Les maladies phytosanitaires ont-elles toujours

été présentes ? A-t-on remarqué l’apparition de nouvelles maladies, de nouveaux fléaux ? Quelle a été leur évolution dans le temps ?

Troisième jour ● Étude de la dynamique de transformation des sociétés (Partie 1)

Affiche réalisée par un groupe de participants, au soir du troisième jour. Reconstitution de l’évolution du paysage agraire sur les cent dernières années.

➤ De quelle façon a été exploitée la forêt ? Quel

est son mode d’exploitation actuel ? Existe-t-il toujours des bois précieux ?

Population, faits sociaux et économie ➤ Qu’en est-il des flux migratoires dans la région ?

Apparemment des étrangers sont venus dans la région, qui sont-ils ? Et que font-ils actuellement ?

➤ Quelle a été l’évolution de la démographie

au cours des dernières années ?

➤ Quand cette zone a-t-elle pris place dans les

échanges marchands ?

➤ La route joignant Man à Biankouma a-t-elle

toujours existé ?

➤ Quelle évolution a connu le prix des mar-

chandises agricoles dans la région ?

Troisième jour ● Étude de la dynamique de transformation des sociétés (Partie 1)

➤ Quelle a été autrefois et quelle est aujour-

d’hui l’organisation du travail : groupe d’entraide, salariat agricole, métayage ?

➤Quelle répartition du travail existe-t-il entre hom-

mes et femmes, quels changements ont-ils eu lieu ?

➤ Existe-t-il de nouvelles activités économiques,

agricoles, lesquelles (maraîchage ?) ? Certaines activités ont-elles disparu (chasse, cueillette) ?

➤Existe-t-il des différences sociales entre les agri-

culteurs qui possèdent des caféières, des parcel- les de riz irrigué ou de riz pluvial et ceux qui pos- sèdent des jachères de longue durée ou ceux encore qui possèdent des jachères de courte durée ? Même si nous savons que toutes les questions n’auront pas de réponses, nombre d’entre elles méritent d’être approfondies pour établir un schéma général de l’évolution de l’agriculture.

PLANCHE 4 : Des enquêtes au traitement des données

Entretien chez un agriculteur.

Enquête sur une parcelle de café. Traitement des données au retour du terrain. Entretien collectif dans le village de Mélapleu.

Photos de N.

Ferr

Troisième jour ● Étude de la dynamique de transformation des sociétés (Partie 1)

FICHE N° 2 : CONCEPT DE SYSTÈME AGRAIRE

Pour aider à comprendre les dynamiques rurales

Un système est un ensemble d’éléments qui fonctionnent en relation et donnent à l’ensem- ble son unité et sa cohérence.

Le concept de système agraire permet d’appréhender la façon dont une société rurale exploite son milieu, « permettant de comprendre l’état, à un moment donné de son histoire, le fonc- tionnement et les conditions de reproduction d’une société agraire, ou du secteur agricole d’une société qui ne serait plus seulement agraire. Le concept de système agraire englobe à la fois le mode d’exploitation et de reproduction d’un ou plusieurs écosystèmes, les rapports sociaux de production et d’échange qui ont contribué à sa mise en place et son développe- ment, ainsi que les conditions économiques et sociales d’ensemble, en particulier le système de prix relatif, qui fixe les modalités de son intégration plus ou moins poussée au marché mondial » (H. Cochet, 2000).

Les éléments constitutifs d’un système agraire se distinguent en trois groupes : ➤ les facteurs du milieu physique : climat, sols, végétation, faune ;

➤ les facteurs du milieu humain : démographie, socio-économie, histoire, culture, organisa-

tion sociale ;

➤ les facteurs techniques : outillage, matériel végétal et animal, mode d’aménagement du

milieu, système de culture et d’élevage.

Ce sont les relations entre ces trois grandes composantes qui vont nous éclairer sur le mode d’exploitation du milieu par une société rurale.

Les relations entre les écosystèmes, outils de travail des agriculteurs et des éleveurs, et le mi- lieu humain se comprennent par l’étude de l’organisation sociale concernant l’utilisation des ressources : la terre, l’eau, la végétation. Ainsi, il faut savoir comment sont gérés le foncier, l’eau (droits d’usage), la végétation (règles d’exploitation ou de mise en défens des forêts...). Les relations entre le milieu humain et la composante technique se comprennent par l’étude de : − l’organisation du travail (durée, productivité, répartition des tâches dans les unités de pro-

duction et dans la société elle-même) ;

− les moyens techniques utilisés (équipement, outils, intrants, variétés, etc.).

Les relations entre la composante technique et le milieu physique se comprennent par l’é- tude des systèmes de culture et d’élevage (race du bétail ou type de culture, pratiques et in- trants utilisés, etc.).

Généralement, il existe de fortes relations entre les trois pôles du système. Par exemple, un autochtone ne prêtera une terre à un étranger (milieu humain-naturel) qu’à la condition que ce dernier n’y plantera que des cultures annuelles (technique). Les plantations d’arbres pour- raient pérenniser le droit d’usage de la terre prêtée.

trième jour. Le premier (cf. page 36 en haut) ré- capitule très bien les différentes étapes de l’é- volution de l’agriculture de la région étudiée. Il présente l’avantage de consigner à la fois les in- formations d’ordre économique ou social et de les mettre en rapport avec les transformations de l’agriculture. L’information recueillie lors du se- cond jour de travail sur le thème de l’histoire est bien plus riche qu’à la fin du premier jour. Le type de représentation du tableau du bas de la page 36 est très original ; il montre clairement l’évolution des principales productions agricoles de la région depuis 70 ans. Ce tableau intègre également des données sociales (immigration et émigration), ainsi que la durée des friches qui est un indicateur de l’augmentation de la popula- tion, puisqu’ils sont inversement corrélés.

Synthèse globale concernant