Au vu de cet état de l’art, il apparaît clairement que, depuis une quinzaine d’années, de
nombreux auteurs proposent des méthodes d’estimation plutôt globales des diffusivités
thermiques dans le plan. Si les premiers travaux étaient basés sur des sollicitations par méthodes
flash, avec des lampes et des systèmes de grilles pour générer des gradients surfaciques dans le
plan, ce n’est que très récemment que l’utilisation de sources optiques commence à voir le jour.
En revanche, d’un point de vue méthodes d’estimations associées, la plupart des approches
quantitatives sont proposées en lien avec les méthodes par lampes flash. Dans ce sens, il n’existe
que très peu d’auteurs qui proposent des méthodes inverses quantitatives suite à des
sollicitations par méthodes laser.
Ainsi, tout l’intérêt de ce travail peut être mis en évidence avec comme objectif principal le
développement d’un outil capable d’apporter, par des sollicitations quasiment infinies, un panel
important de méthodes quantitatives et de traitements locaux.
Page 65
4 INTERET DE DEVELOPPER DES METHODES DE CARACTERISATION
THERMIQUE DANS LE PLAN EN MILIEUX HETEROGENES
En synthèse de cette partie, il faut retenir que de nombreuses méthodes de CND existent et
que les méthodes thermiques se placent comme un bon compromis pour la rapidité, le coût et
la simplicité de mise en œuvre sur une large gamme de matériaux.
Même si à ce jour, ces méthodes thermiques sont cantonnées à l’analyse de défauts ou
d’hétérogénéités proches de la surface, l’avènement de méthodes photoniques large bande (du
visible au térahertz) permettront à l’avenir d’envisager l’extension de ces méthodes à des
analyses tomographiques capables de concurrencer les méthodes par rayons X pour un coût très
faible et une totale absence de dangerosité. Les méthodes consistant notamment à analyser
l’impact thermique d’une source photonique quasi-ponctuelle sur une couche mince absorbante
(principe du bolomètre) nécessitent des développements tant sur le plan du traitement des
signaux que des méthodes d’étalonnages.
Du côté des méthodes de CND thermiques classiques, si les méthodes de caractérisation
relatives à une analyse du transfert de chaleur 1D perpendiculaire à la surface visée sont très
développées depuis 20 ans, les méthodes permettant d’étudier le transfert dans le plan sont plus
restreintes. Dans cette dernière catégorie, plusieurs méthodes basées sur la séparabilité des
réponses impulsionnelles et les transformation intégrales de Fourier dans le plan ont été
développées (Philippi et al., Krapez et al , mais aussi Ruffio [30] et Souhar [31]). Ces méthodes
autorisent une répartition spatiale quelconque de l’excitation thermique initiale, mais en général
ne permettent pas une analyse locale des transferts à cause de la faible densité d’énergie déposée
par unité de surface via les lampes flash par exemple.
Un autre type de méthodes basées sur l’analyse de la réponse à un point source se
développent grâce au formidable essor et aux possibilités de pilotage des sources laser.
Cependant, les méthodes d’estimation liées à ce type de source méritent d’être revisitées tant
du point de vue de l’estimation de paramètres tels que le tenseur de diffusivité thermique que
de la position des axes principaux d’anisotropie par exemple. Pour cela, il devient nécessaire
de s’intéresser aux possibilités offertes par les systèmes optiques en termes de déplacement des
excitateurs, et de la grande versatilité espace-temps. Les méthodes modulées ou périodiques
présentent un fort intérêt par le fait qu’elles permettent un excellent rapport signal à bruit ;
Cependant, elles ne seront pas abordées dans ce travail, car l’aspect séparabilité des transferts
est plus difficile à implémenter aussi simplement qu’avec les méthodes impulsionnelles.
En conclusion, les grandes lignes de la stratégie de ce travail de thèse peuvent être
énoncées. Elles consistent à développer des méthodes relatives aux points source laser et leur
pilotage spatial et temporel dans le but :
(i), d’exploiter les possibilités de séparabilité de la solution du point source impulsionnel,
aussi bien dans le cas de source ponctuelles que de source en déplacement à vitesse constante.
(ii), de développer des méthodes d’estimations quantitatives qui permettent une analyse
des résidus obtenus aussi précise et versatile que possible, cela en exploitant au mieux les
expressions analytiques.
(iii), d’exploiter l’infinité des possibilités instrumentales liées aux derniers
développements des systèmes de scanner optique par diodes lasers et miroirs galvanométriques
pilotables.
Page 66
Et (iv), de maintenir une bonne cohérence entre ce travail qui s’inscrit dans les
perspectives de recherche de l’ensemble de l’équipe TIFC, à savoir : le développement de
nouveaux tomographes thermiques, l’analyse multiéchelle de matériaux hétérogènes et le
développement de méthodes simples et robustes de caractérisation de champs thermiques.
Chapitre 2
Dispositif expérimental, méthodes
d’acquisition et traitement d’images
Suite à l’état de l’art effectué dans le chapitre 1, il a été possible de montrer les
complémentarités entre les différentes méthodes de contrôle non destructif et de
caractérisations thermiques qui existent dans la littérature. Partant de ce postulat, il est donc
nécessaire de développer un outil expérimental capable de regrouper ces différentes méthodes
d’excitations thermiques.
Dans ce chapitre, une partie du travail a consisté à développer un banc de mesure
permettant de revisiter les différents types de sollicitations thermiques via un système complet
de scanner optique laser qui est une des principales originalités de ce travail. Ce scanner est
composé de quatre ensembles: (i), d’une diode laser qui sert de source thermique, (ii), d’un
système de déplacement de miroirs galvanométriques pour réaliser les déplacements spatiaux
de la source laser, (iii), d’une lentille F-thêta permettant la focalisation sans déformation du
faisceau et (iv), d’un miroir dichroïque permettant l’arrivée perpendiculaire du faisceau sur
l’échantillon. Ainsi, il permet de réaliser une infinité de combinaisons spatio-temporelles
d’excitations thermiques par méthode laser.
Le dispositif expérimental développé dans ce travail s’apparente plus à un instrument
qu’à un simple banc de mesure. Derrière le mot instrument se cache un dispositif de mesure et
des méthodes de traitement. En effet, les diodes lasers actuelles permettent de réaliser des
formes temporelles particulièrement variées. En plus du système de scanner galvanométrique
qui permet un déplacement du faisceau à la surface de l’échantillon sur une zone dont la taille
est modifiable, ce dispositif autorise une approche résolument multiéchelle (spatiale et
temporelle) par le biais d’un système de scanner macroscopique (de l’ordre du m) qui autorise
l’analyse de grandes structures.
Enfin, de manière générale, le domaine de la caractérisation thermique requiert le
développement de méthodes stables et robustes qui nécessitent une grande maîtrise de l’erreur
de mesure et surtout de sa quantification. Pour ce faire, il devient primordial de pouvoir
automatiser les systèmes d’acquisition afin de se placer dans des conditions opératoires
optimales, répétables, qui permettent une étude statistique de l’erreur systématique de la chaîne
de mesure. Pour toutes ces raisons, cette partie tente de mettre en évidence l’importance de ce
travail qui, bien que souvent peu valorisé, témoigne d’un savoir-faire important et d’une
maîtrise complète d’un appareil de mesure aussi sophistiqué que celui développé dans ce
travail.
Page 68
1 CARACTERISTIQUE DU DISPOSITIF EXPERIMENTAL
Dans le document
Caractérisation thermique de milieux hétérogènes par excitation laser mobile et thermographie infrarouge
(Page 65-69)