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Treize entretiens ont permis d’obtenir la saturation des données, réalisés entre le 15 août 2017 et le 23 janvier 2018. Des tendances sont apparues au cours de notre analyse et nous avons pu mettre en évidence deux groupes : les couples dont les pères étaient impliqués dans le phénomène de l’allaitement maternel et ceux qui ne l'étaient pas.

Pour les représentations,

Les idées des couples dont les pères étaient impliqués ainsi que ceux des couples dont les pères n’étaient pas impliqués dans le phénomène de l’allaitement maternel allaient quasiment unanimement dans le même sens : le lait maternel est ce qui est le mieux pour leur enfant. Premièrement, ce serait une alimentation idéale pour le bébé : le lait pouvant s'adapter, évoluer pour répondre au mieux aux besoins naturels de l’enfant. Deuxièmement, les mères ont souvent évoqué le côté naturel, pratique, organisationnel et économique. Dernièrement, un des grands avantages mis en lumière est la relation qui se crée entre la mère et son enfant, une relation intense et privilégiée. Peu de couples nous ont parlé des bienfaits de l’allaitement maternel pour la santé des mères.

Une notion particulière est ressorti du groupe dont les pères n’étaient pas impliqués, celle de l’exclusion du père ce qui a pour conséquence une mauvaise représentation de l’allaitement maternel.

Pour les faits d’expérience,

• Les couples dont les pères n’étaient pas impliqués dans l’allaitement maternel ont conscience d’avoir joué un rôle passif ou négatif sur le phénomène. Ces pères n’ont pas réussi à trouver leur place, ont pu culpabiliser les mères et être à l'origine d'un arrêt précoce de l'allaitement maternel. Ces pères n’arrivaient pas à trouver leur rôle à jouer, ne savaient pas comment participer à cette expérience.

• Les couples dont les pères étaient impliqués dans l’allaitement maternel ont trouvé chacun leur place, leur rôle à jouer dans le phénomène. Une vraie relation triangulaire s'est créée favorisant une meilleure réussite de l'allaitement.

• Parmi les deux groupes, plusieurs parents ont remis en doute les connaissances des professionnels de santé, en effet en se renseignant de leur côté et en vivant leurs propres expériences ils pensent devenir plus compétents que certains médecins ou sages-femmes. Au cours d’une même journée, certains parents ont entendu des propos et reçu des conseils contradictoires de la part de différents professionnels de santé ce qui peut s’avérer très déstabilisant. Pour beaucoup de parents, la décision du mode d’allaitement n’a pas été vraiment prise, c'était une évidence d’apporter de la sécurité, du réconfort à ces petits êtres. La création d’un lien charnel a été aussi mis en relief à de nombreuses reprises. Le sevrage a souvent été vécu comme difficile pour les mères, elles éprouvaient la sensation d’abandonner leur enfant, de rompre un lien qui s’était construit depuis la grossesse, de sentir l’enfant se détacher de plus en plus d'elle, elles perdaient l’exclusivité de la relation mère/enfant. Dans ces deux groupes, le rôle central de la mère est mis en avant avec la nécessité fondamentale de la disponibilité de la mère.

Pour les ressentis,

• Les couples dont les pères n’étaient pas impliqués dans l’allaitement maternel ont fait ressortir certaines émotions dépréciatives : sentiment exclusion, d’être mis à l’écart, d’être rejeté. Une idée forte est aussi apparue, celle de la « normalité » : il était normal que le père n’ait pas son mot à dire. Une ambivalence est donc ressentie par certains hommes. Un sentiment de plaisir a été noté dans ce groupe à l’arrêt de l’allaitement maternel car les pères pouvaient enfin nourrir leur enfant. Deux types de profils de pères ont été mis en évidence. Premièrement le père qui a une représentation positive de l’allaitement maternel, mais il se sent exclu. Son cœur balance entre cette sensation d'exclusion de la relation et les bienfaits pour son bébé. Ces pères n'ont pas suggéré un arrêt précoce de l'allaitement maternel mais ont pu avouer se sentir soulagés dès qu'ils ont pu, à leur tour, nourrir également leur bébé. Deuxièmement, le père ayant une mauvaise représentation de l’allaitement maternel, y est opposé car il se sent exclu de cette relation, et n'en voit que le côté négatif.

• Les couples dont les pères étaient impliqués dans l’allaitement maternel n’ont évoqué que des sentiments positifs. Aucune exclusion n’a été ressentie et leur rôle bien trouvé.

Dans notre étude, nous avons constaté que les mères qui ont bien vécu l'allaitement maternel ont le désir de renouveler l'expérience, alors que certaines qui n'ont pas une expérience réussie ne souhaitent pas la retenter. Nous pouvons noter également qu'aucune des fumeuses n'a réussi l'allaitement maternel alors que les parmi les non fumeuses toutes ont réussi sauf une. On constate que pour que pour tous les allaitements maternels réussis le père était impliqué sauf pour un couple et pour les échecs seulement la moitié des pères étaient impliqués. Pour conclure l'examen des facteurs agissant sur l'allaitement maternel nous constaterons que pour toutes les expériences réussies les parents avaient eux-mêmes été allaités. Nous pouvons également noter qu'aucun des bébés dont les pères avaient été alimentés au lait artificiel n'a été nourri au sein à moyen ou long terme.

Plusieurs mères avaient, avant l’expérience, une idée idéale de durée de l’allaitement maternel selon ce qu’elles imaginaient, avaient entendu ou avaient déjà vécu. Cependant, nous avons pu noter des différences avec l’expérience vécue. Certaines femmes ont procédé à un sevrage précoce, d’autres finalement, ont continué plus longtemps que ce qu’elles pensaient. Il n’existe pas un facteur unique mais un ensemble de données qui interagissent pour déterminer la durée de l'allaitement. Les principales sources de difficultés étaient les douleurs, la fatigue, la reprise du travail, l’exclusion du père, le manque de connaissance et donc de soutien du personnel soignant.

IV-1 Principaux résultats, points forts et limites du travail

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