• Aucun résultat trouvé

L

es nouvelles données obtenues sur le site du RM2 livrent de précieuses informations sur les com- portements techno-économiques des groupes humains durant le Magdalénien moyen ancien. Les quatre dates obtenues sur des vestiges de renne et d’antilope saïga confirment les deux datations plus anciennes et placent l’occupation autour de 18900-18600 cal. BP, comme cela est avéré pour d’autres gisements girondins attri- bués à cette phase : secteur 1 du Roc de Marcamps, RM1 (Lenoir, 1993a et b ; Barshay-Szmidt et al., en prépara- tion), couche 2 de Moulin-Neuf, MN (Barshay-Szmidt et al., en préparation) ; ou encore l’ensemble supérieur de Saint-Germain-la-Rivière, SG (Langlais, 2010 et Lan- glais et al., 2015). Si RM2 s’inscrit bien chronologique- ment dans cet ensemble, peut-on préciser sa relation avec les dits « faciès» présents dans deux gisements voisins – « Magdalénien à pointes de Lussac-Angles » reconnu

aux Fées (Langlais et al., soumis) et « Magdalénien à navettes » bien connu dans les anciennes collections du Roc de Marcamps (en particulier la série Maziaud) – mais aussi avec les sites de SG et de MN ?

Au RM2, les vestiges osseux documentent l’exploi- tation de plusieurs espèces animales durant diverses périodes de l’année. En termes de nombre minimal d’in- dividus, le spectre faunique diffère des autres sites giron- dins hormis RM1. Dans ce dernier, bison et saïga sont les gibiers majoritaires (Slott-Moller, 1988). Au RM2, le bison constitue le gibier dominant alors qu’il est très peu représenté à SG (NMI = 2 : Costamagno in Langlais et al., 2015) et au MN (NMI = 3 : Costamagno, 2000) où c’est l’antilope saïga qui est majoritaire (quarante- trois individus à SG et dix-huit individus à MN) ; alors qu’au RM2, elle constitue le gibier secondaire. Le har- fang des neiges apparaît en seconde position à SG et a été consommé par les groupes humains ; au RM2, il n’est représenté que par un seul individu qui ne porte pas de trace évidente d’exploitation par l’homme. Dans ces trois gisements, chevaux et rennes sont présents dans des pro- portions relativement équivalentes.

Au RM2, la chasse aux ongulés s’est majoritairement déroulée au cours de la mauvaise saison et au début de la bonne saison. Une complémentarité saisonnière semble émerger entre le bison et le renne : les bovinés, repré- sentés majoritairement par des adultes, ont surtout été chassés à la mauvaise saison (de même que certains des chevaux) alors que les rennes, dont le profil de mortalité traduit une courbe catastrophique, ont plutôt été abattus au début de la bonne saison. L’antilope saïga, dont le pro- fil de mortalité reflète également une population naturelle, aurait été acquise à plusieurs périodes de l’année. Dans les autres gisements girondins, les chasses aux antilopes saïgas semblent également s’être déroulées durant la mauvaise saison et au début de la bonne (MN : Costama- gno, 1999 et 2001) ainsi qu’à la pleine bonne saison (SG : Costamagno, 1999 ; Langlais et al., 2015). Au RM1, une fréquentation plus ou moins continue a été mise en évi- dence, avec une activité plus soutenue en automne et en hiver (Slott-Moller, 1988).

Durant la période hivernale, les bisons sont généra- lement répartis en petits groupes et sont peu mobiles en raison du couvert neigeux. Au début de la mauvaise sai- son, les peaux sont de très bonne qualité, les femelles sont en bonne condition physique et les mâles ont renouvelé une partie de la graisse perdue durant le rut (Peck, 2004). La traque de ce gibier en hiver, a fortiori des individus adultes, a donc probablement permis aux Magdaléniens du RM2 de disposer d’une importante masse carnée et graisseuse ainsi que de peaux de bonne qualité.

Pour le renne, au vu des données saisonnières du RM2 (début de la bonne saison), il paraît étonnant de ne pas avoir, au sein des vestiges osseux, de restes de nouveau- nés ou de très jeunes individus âgés de quelques mois. Les femelles gestantes étant affaiblies après la mise bas, les chasses ont pu être menées préférentiellement sur des femelles non gestantes ou des individus mâles. Malheu- reusement, aucune information sur le sex ratio n’est dispo- Fig. 19 – Ossements d’oiseaux modifiés. 1 : fragment proximal

de coracoïde gauche de lagopède portant des stries de découpe ; 2 : fragment de corps d’ulna de grand oiseau (cf. Aquila) raclé et décoré d’incisions. L’échelle représente 5 cm.

Fig. 19 – Modified bones of birds. 1: Proximal fragment of left

coracoid of Ptarmigan with cutmarks; 2: fragment of an ulna shaft belonging to a large bird (cf. Aquila) scraped and deco- rated with incisions. The scale represents 5 cm.

nible en raison d’effectifs trop réduits pour entreprendre des analyses de mélanges (Kuntz, 2011) et du faible nombre de bois, tant dans les restes de faune que dans les vestiges techniques. Malgré tout, dans l’économie du bois de renne, les quelques bois de renne travaillés du RM2 montrent une sélection orientée vers les bois de gros module, appartenant probablement à des individus mâles adultes. Dans les autres séries du Roc de Marcamps, cette préférence pour les bois de gros module va de pair avec une productivité élevée des débitages (deux à cinq baguettes extraites de chaque bois) ; mais nous n’avons pas d’élé- ments pour le vérifier au RM2. Alors que les collections anciennes du Roc de Marcamps ont livré cinquante-deux bases de bois (cinquante et un de chute, un de massacre) de module généralement gros, avec des traces d’extrac- tions multiples de baguettes sur la perche A, et que trois déchets similaires sur base de bois de gros module (deux chutes, un massacre) proviennent de RM1, la rareté des indices de travail du bois de renne au RM2 est assez frap- pante. S’agit-il d’un biais d’échantillonnage ou d’un réel contraste dans les activités pratiquées ? La seconde hypo- thèse pourrait être privilégiée si on considère les données saisonnières. Au début de la bonne saison, période durant laquelle la majorité des rennes du RM2 ont été abattus, soit les sujets sont dépourvus de bois (femelles gestantes et jeunes mâles et femelles), soit le bois est encore recou- vert de velours (femelles non gestantes et mâles : Murray, 1993). Des contraintes techniques liées à la qualité du bois (non minéralisé) directement accessible pourraient donc expliquer en partie ce faible investissement dans le travail du bois de renne de la part des groupes magdalé- niens du RM2.

Que ce soit au RM2 ou dans les autres sites girondins du Magdalénien moyen ancien, l’exploitation alimentaire des ongulés a été intensive (Costamagno, 1999, 2001 et 2003 ; Costamagno in Langlais et al., 2015 ; Kuntz et al., en préparation). Au RM2, les bisons et les chevaux semblent avoir été transportés le plus souvent incomplets au campement, après une première étape de boucherie sur le site d’abattage. Au sein de l’industrie en os, les restes de grands ongulés – cheval, Bovinés – occupent une place dominante dans les supports (production de lissoirs, retouchoirs, etc.), hormis pour la fabrication d’aiguilles. Pour les antilopes saïga et les rennes, les analyses de den- sité ne permettent pas de conclure à un transport complet des carcasses ou encore à un abandon du squelette axial post-crânien sur le site d’abattage mais, pour le renne, il est envisageable que les membres aient été introduits complets. Pour les quatre principaux ongulés, la moelle a été un produit particulièrement recherché en complé- ment de la viande. Certains fragments osseux ont servi de retouchoirs. La fréquence relativement importante de cet outillage non façonné est d’ailleurs inhabituelle pour une série magdalénienne. Mais les autres séries du Roc de Marcamps n’ayant pas bénéficié de conditions aussi favorables à leur identification (récolte sélective de la faune dans les fouilles anciennes, pas de recherche sys- tématique lors de l’étude archéozoologique du secteur 1, etc.), il est difficile de savoir si cette abondance de retou-

choirs est une spécificité du secteur 2. Il existe cepen- dant des analogies locales : la série de la couche 2 de MN et l’ensemble supérieur des fouilles Trécolle à SG, dont l’industrie en os comprend également d’assez abondants outils non façonnés (retouchoirs et outils d’extrémité).

Concernant le travail des peaux et en particulier la couture, les aiguilles à chas sont rares au RM2 et leur production occupe une place relativement restreinte par rapport aux autres sites considérés. Les collections anciennes du Roc de Marcamps ont notamment livré vingt-six « matrices d’aiguilles » typiques – des déchets sur extrémité proximale ou distale de métapodien (le plus souvent d’antilope saïga) portant des départs de rainures qui indiquent l’extraction de trois ou quatre baguettes sur chaque bloc (Pétillon, observation personnelle). Dans le contexte du Magdalénien moyen ancien régional, ce schéma opératoire est également attesté à MN, à la grotte des Fées et dans l’ensemble supérieur de SG (Costama- gno, 1999 ; Pétillon in Langlais et al., 2015). L’absence de matrices et la rareté des aiguilles au RM2 – alors que la matière première, telle des métapodiens de saïga et de renne, est disponible – est-elle le reflet d’un biais d’échantillonnage ou l’indice d’une différence dans les activités pratiquées entre les deux secteurs du Roc de Marcamps (et entre RM2 et d’autres sites) ? Un argument irait plutôt dans le sens de la seconde hypothèse, à savoir un contraste réel : les fouilles Lenoir du secteur 1 ont livré un ensemble d’industrie osseuse qui, bien qu’il ne soit pas plus abondant que celui du secteur 2 (une soixantaine de pièces), comporte pourtant une matrice à aiguilles.

La parure du RM2 s’inscrit dans les pratiques orne- mentales du début du Magdalénien moyen. La forte proportion des scaphopodes correspond à une tendance générale pour cette période (Taborin, 1993). Les inci- sives de renne sciées sont communes au Magdalénien supérieur (Poplin, 1983 ; Berganza et Arribas, 2010) et au début du Magdalénien moyen (la Garenne, RM, peut- être les pièces de Raymonden et Laugerie-Haute attri- buées au « Magdalénien III » : Poplin, 1983) ; les indices de leur existence dans la phase récente du Magdalénien moyen (fouilles Péquart au Mas d’Azil, fouilles Bouvier à la Madeleine : Poplin, 1983) et au Magdalénien infé- rieur (le Petit Cloup Barrat, c. 4 : Chauvière in Ducasse et al., 2011) sont moins nombreux et demanderaient à être étayés. La parure du RM2 montre plusieurs similarités avec les autres séries du Roc de Marcamps. Les incisives de renne sciées sont également bien représentées au RM1 (trois exemplaires) et dans les collections anciennes du Roc de Marcamps avec huit exemplaires ainsi que deux incisives de cheval décorées (dont une rappelle la pièce du RM2). La forte proportion de dentales se retrouve au RM1 (fouilles Lenoir : 43 exemplaires) et dans les collections anciennes (141 exemplaires) où la présence conjointe de coquilles entières, déchets de fabrication et objets finis semble également indiquer des activités de production et de réfection. La composition et les modali- tés de perforation des gastéropodes (15 au RM1 fouilles Lenoir ; 20 dans les collections anciennes) s’inscrivent dans les tendances observées au RM2. Plus abondantes

et diversifiées, les autres séries du Roc de Marcamps contiennent aussi quelques spécimens de gastéropodes absents du secteur 2 (Nassarius reticulatus, Nassarius gibbosulus, Phalium saburon, Granulolabium plicatum, Turritella sp., Littorina obstusata, Colus gracilis, Oliva dufresnei, Cyraea), de nombreux bivalves (6 au RM1 fouilles Lenoir ; 151 dans les collections anciennes), des fossiles (trois dents de requin et une boucle cutanée de raie dans les collections anciennes), des dents percées (deux incisives de jeunes bovinés, une canine d’ours et une crache de cerf dans les collections anciennes) et deux pendeloques (collections anciennes : une pende- loque-spatule sur côte et une pendeloque quadrangulaire biforée et ornée de stries parallèles). À l’inverse, RM2 contient des objets qui n’ont pas été découverts ailleurs dans le gisement (la Trivia europea biforée, la Nucella lapillus, la canine de renard percée et l’incisive de lièvre sciée).

Au final, bien que la zone fouillée soit restreinte par rapport à l’étendue probable du gisement et que la stra- tigraphie, sur un mètre de dépôts, corresponde certaine- ment à un cumul de plusieurs occupations, le croisement des données permet malgré tout d’avancer des hypothèses sur la fonction du RM2. Les résultats des études typotech- nologiques des industries lithique (présence de déchets de taille, d’outils du fonds commun et de nombreux ravi- vages de burin notamment), osseuse (présence de déchets de débitage et d’objets finis) et de la parure (fabrication sur place des objets en coquillage) ainsi que sur les straté- gies de chasse (spectre faunique diversifié, alternance sai- sonnière de la chasse aux rennes et aux bovinés, abattage à proximité du site et exploitation intensive des carcasses) s’accordent en effet pour proposer l’hypothèse d’une fonction résidentielle du RM2, occupé une grande partie de l’année sans que l’on puisse concrètement conclure du caractère continu ou répété des installations.

L’étude de l’industrie lithique confirme l’attribution du gisement au Magdalénien moyen comme l’avait pro- posé M. Lenoir. Rappelons qu’aucune microlamelle à dos et tranchant convexe, signant un Magdalénien inférieur, n’a été retrouvée. Les traits techniques et économiques du Magdalénien moyen définis entre Rhône et Èbre sont en effet déjà présents (Langlais, 2007b et 2010) avec un sous-système technique articulé autour des lames et des lamelles ; des objectifs de production disjoints (une chaîne de production laminaire pour l’outillage et une autre lamellaire pour l’armement de chasse) ; une stabilité de la production laminaire (débitage unipolaire, modalité semi-tournante, optimisation des longueurs) ; une diver- sité des modalités de débitage lamellaire et, enfin, une normalisation des supports associée à une forte produc- tivité.

Les matières premières de Saintonge, à une cinquan- taine de kilomètres au nord du gisement, tiennent une place économique importante notamment dans la réalisa- tion de l’outillage. Elles sont même les plus nombreuses dans le cas des chutes de burin. Il y a donc un apport de supports laminaires et d’outils sur le gisement. Ces derniers sont en partie abandonnés fortement réaffûtés.

Quelques pièces indiquent des liens avec le Sud du Sable des Landes (comme MN) et la moyenne vallée du Cher (rappelant SGR, MN et les Fées : Langlais et al., soumis). Au RM2, la complémentarité entre matières premières locales et allochtones témoigne d’un schéma de mobilité ou d’échanges complexe qui reste difficile à interpréter en terme de mobilité résidentielle ou spécialisée. Ce réseau d’approvisionnement ou d’échange de matières pre- mières sur de grandes distances se retrouve en effet dans tout le Magdalénien moyen ancien de Gironde (par ex. MN, RM1, Fées : Langlais et al., soumis). L’actualisa- tion et la confrontation des données lithologiques mais aussi et surtout le croisement avec l’ensemble des autres registres d’activités doivent encore être précisés afin de discuter des schémas de mobilité sur le territoire aquitain (Sécher, en cours).

En l’état actuel des connaissances sur les équipe- ments lithiques des premiers temps du Magdalénien moyen, l’outillage normalisé présente généralement une faible variation régionale et a vocation à circuler sur de vastes espaces sous la forme de supports polyfonction- nels (Langlais, 2007a). À l’échelle macrorégionale, il y a une certaine stabilisation des schémas opératoires lami- naires sous-tendus par une exigence en matière première de grands modules et de bonne qualité. En revanche, les armatures semblent signer des traditions variées : une première dans laquelle la lamelle scalène est un véri- table morphotype normalisé (par ex. latéralisation préfé- rentielle : Langlais, 2008) comme à SG ; et une seconde arborant une composante de lamelles à dos tronquées se démarquant des précédentes (délinéation des troncatures variable, absence de latéralisation préférentielle). Cette seconde composante se retrouve tant dans des séries du « Magdalénien à navettes » (par ex. RM1 : Lenoir, 1993a) que dans le « Magdalénien à pointes de Lussac-Angles » aquitain (par ex. Les Fées : Langlais et al., soumis ; Istu- ritz : Langlais, 2007b). RM1, RM2 et MN (Lenoir, 1983) sont également attribuables à cette tradition de lamelles à dos tronquées.

À l’échelle de la Gironde, différents faciès ou traditions s’imbriquent sans que l’on puisse actuellement préciser la nature de ces interactions. L’uniformité du système laminaire coexistant avec différents morphotypes d’armatures permet d’ouvrir une réflexion sur l’identité culturelle du (des) groupe(s) du Magdalénien moyen sur le territoire aquitain et ses marges ainsi que les mécanismes évolutifs sous-jacents (Sécher, thèse en cours). Au-delà de l’Aquitaine, nous rappelons que le corpus des armatures du RM2, marqué par l’absence de lamelles scalènes et la présence de lamelles à dos tronquées, fait écho aux séries du « Magdalénien à navettes » comme la Garenne (Jac- quot, 2002 ; Taylor, 2003) ou Arlay (David, 1996 ; Cupil- lard et Welté, 2006) mais également aux séries du « Mag- dalénien à pointes de Lussac-Angles » comme le Taillis des Coteaux, niveau IIg ( Primault et al., 2007 ; Astier, 2014), la Marche (Pradel, 1959 ; Airvaux et al., 2012) ou le Roc-aux-Sorciers (Chehmana et Beyries, 2010). De même, dans les séries du Massif central (par ex. Enval, Sol de la Grange, E4, etc.) s’expriment une pluralité dans

les modes de production lamellaires allant de pair avec une stabilité de la production laminaire (Angevin et Sur- mely, 2013 et 2014). Les séries aujourd’hui disponibles dans cette région ne sont actuellement rapportées ni au « Magdalénien à navettes » ni au « Magdalénien à pointes de Lussac-Angles ».

Dans l’industrie en os du RM2, le fragment de lis- soir décoré d’incisions évoque une pièce très similaire dans les séries anciennes du Roc de Marcamps ainsi que dans la collection de la grotte des Fées (qui a livré des pointes de Lussac-Angles mais aucun artéfact typique du « Magdalénien à navettes »). Parmi les armatures en bois de renne du RM2, le seul type de base attesté (en biseau simple) est également le type dominant dans les séries anciennes et dans le secteur 1 (fouilles Lenoir). Cette place dominante des pointes à biseau simple au Roc de Marcamps nous éloigne d’autres sites du Magdalénien à navettes, comme La Garenne (Allain et al., 1985), où les pointes à biseau double sont les plus fréquentes (Chau- vière et Rigaud, 2008, graph. 1). Les armatures du Roc de Marcamps sont également différentes de celles de l’ensemble supérieur des fouilles Trécolle à SG (Langlais et al., 2015). Soulignons aussi que les pointes de Lussac- Angles comme les pointes bivalves (composées de deux baguettes demi-rondes accolées) sont absentes de tous les secteurs du Roc de Marcamps. Enfin, toujours dans l’industrie en bois de cervidé, la production de fins outils à section circulaire (alênes ?) est également attestée à MN et évoque certaines productions du Magdalénien inférieur (présentes notamment dans l’ensemble inférieur de SG : Langlais et al., 2015).

Rappelons par ailleurs que les collections d’indus- trie osseuse issues des fouilles anciennes du Roc de Marcamps, très abondantes (plus de 1 600 pièces conser- vées au musée d’Aquitaine), ont livré plusieurs types de pièces qui sont absentes du secteur 2 mais permettent des rapprochements avec d’autres sites. On compte ainsi une vingtaine de navettes, similaires à celles de la Garenne et des autres sites du « Magdalénien à navettes » (Allain et al., 1985) ; trois crochets de propulseur de type 2 du premier groupe (sensu Cattelain, 2004 : Langlais et al., soumis), un sous-type également présent dans des sites ayant livré non pas des navettes mais des pointes de Lussac-Angles (El Mirón : González Morales et Straus, 2009 ; Isturitz : P. Cattelain, communication personnelle) ou les deux types d’objets (le Placard : Cattelain, 2004) ; et deux os hyoïdes travaillés (un percé, un sectionné et décoré) évoquant les pendeloques en os hyoïde connues dans plusieurs sites du Magdalénien moyen (Langlais, 2007b, p. 421 et 448 ; 2010, p. 280-283).

Dans plusieurs gisements attribués au début du Magdalénien moyen, les incisives de renne sciées sont aménagées d’une perforation. C’est le cas dans l’ensemble supérieur de SG (Vanhaeren et d’Errico, 2003) et également, à une échelle extra-régionale, aux Peyrugues (Rodière, 1996) ou encore à Lafaye et Plan- tade (Ladier et Welté, 1993 ; Ladier et al., 1994). Les exemplaires du Roc de Marcamps se distinguent des autres gisements du Sud-Ouest français par l’installa-

tion de sillons plutôt que d’une perforation, particula-

Documents relatifs