PROJET D’OPERATION DE DIAGNOSTIC
7 OBSERVATIONS COMPLEMENTAIRES
3. Synthèse des résultats
Fig. 11 - Réalisation de la tranchée l5 dans le
tertre 1 en présence de R. Liabeuf (SRA).© M. Gandelin, Inrap
44 Inrap · RFO de diagnostic Espalem et Grenier-Montgont, Haute-Loire, Auvergne, Lac Lant, Les Pignatieires, le Blanchon
Le tertre 1
Dans le tertre 1, qui se trouvait en limite de la zone de prescription, deux tranchées perpendiculaires ont été réalisées (fig. 12). La première (T15), orientée est-ouest a été réalisée par passes fines successives. Les trois premières passes ont révélées des blocs de basalte hétérogènes, plutôt
2 m 0
T15
T16
souche d’arbre souche d’arbreTertre 1
Pt 61 Pt 58 6 .880 ; y 3 0 686.647 686.273 sondage (carré C5) pt. 194 pt. 198 limite dallage ? 0 50 m T.1 T.2 T 3 T. T.5 T.6 T.7,T.18 T.8 T.9 T.10 T.11 T.12 T.13 T.1 .15 T.16 T.17 T.19 20 T.21 T 22 T 23 T.2 T.25 T.26 T.27 Tumulus 1 Tumulus 2 T.2845
II. Résultats Inrap - Espalem, Haute-Loire, Auvergne, Carrière Blanchon
de petite taille et sans matrice (fig. 13). Dans le niveau suivant, les blocs, de même module que précédemment, étaient inclus dans une matrice limoneuse noire, peu dense, résultant probablement d’une infiltration des horizons humifères de surface. Suite à la cinquième passe, un niveau organisé de grosses dalles de basalte est apparu. Le module des dalles les plus grandes avoisinait les 50 cm, pour une épaisseur généralement inférieure à 15 cm. Cette US se distinguait très nettement des unités stratigraphiques sus-jacentes et relevait d’une organisation certaine, aussi fit-elle l’objet d’un nettoyage manuel (fig. 14).
Une seconde tranchée, perpendiculaire à la précédente, a été réalisée dans une zone fortement remaniée dans le but de vérifier l’état de conservation de la partie orientale de l’aménagement empierré. Il s’est avéré que le niveau de dalles organisées n’était pas bien conservé et qu’un épierrement a probablement été réalisé dans ce secteur (fig. 15).
A l’issue du décapage manuel du 5ème niveau de décapage de la tranchée 15, il est nettement apparu un lit de dalles organisées, dont plusieurs, localisées sur le pourtour et disposées verticalement ou en oblique, faisaient incontestablement écho aux « couronnes » mises en évidence dans les
tumuli voisins par Jemima Dunkley (fig. 16, 17, 18). Ce niveau organisé a fait
l’objet d’un relevé au vingtième (fig. 19). Une photographie de ce « dallage »
Fig. 13 - Réalisation de la tranchée 15 dans le
tertre 1 – évacuation des niveaux supérieurs de tas d’épierrement.© M. Gandelin, Inrap
Fig. 14 - Vue du niveau de dalles organisées au moment de sa découverte.© M. Gandelin, Inrap
Fig. 15 - Coupe nord-sud de la tranchée 16.© M. Gandelin, Inrap
après nettoyage a été transmise au Service Régional de l’Archéologie. En l’absence totale de mobilier archéologique, notre interrogation, soumise au SRA, consistait dans la nécessité de caractériser au mieux l’aménagement tout en le préservant d’une intervention trop destructrice réalisée suivant des modalités dont la célérité conditionnait immanquablement la qualité. Sur la recommandation de Monsieur Letterlé, Conservateur Régional de l’Archéologie, un sondage a été réalisé vers le centre supposé du tumulus dans l’objectif de récolter du mobilier permettant de dater le monument et aussi dans celui de mettre éventuellement en évidence les traces d’une pratique sépulcrale. Un sondage manuel d’un m² a donc été réalisé dans le carré 5 avec tamisage de l’ensemble des sédiments à la maille de 5 mm. Dès le troisième niveau de décapage, sa poursuite s’est révélée complexe en raison de la présence de très grosses dalles imbriquées et prises dans les coupes (fig. 20). Le décapage s’est donc poursuivi dans le demi-m² qui restait accessible, le retrait d’une des grosses dalles a finalement révélé un fin niveau argileux qui correspondait à la zone d’altération du basalte en place. Ce dernier a pu être observé sur environ un quart de mètre carré. Le tamisage intégral des sédiments récoltés lors de ce sondage, environ 100 l de terre, n’a livré aucune pièce archéologique, aucun charbon et aucun os brulé. Très localement, quelques micro-charbons ont été observés à la base des coupes, au sein du niveau de basalte altéré.
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limit
e du décapage manuel
limite du niveau supérieur de l’empierrement 687 47 687 213 687 311 687 331 687 493 68 305 87 335 687 258 68 8 687 509 687 356 687 457 687 572 687 431 687.505 687.58 687.694 687.457 687.452 687 380
ESPALEM GRENIER MONTGON 2011 Tertre 1, déc. 5 1m 0 Tranchée 15 Tranchée 16 carré 5
Fig. 16 - Vue du niveau de lauzes de basaltes après nettoyage.© M. Gandelin, Inrap
Fig. 17 - limite est du tertre 1 : niveau de lauzes obliques.© M. Gandelin, Inrap
Fig. 19 - tertre 1 : relevé du niveau de lauzes mis en évidence dans les tranchées 15 et 16.©DAO M. Gandelin, Inrap
Fig. 18 - Détail de la limite est (niveau de lauzes
obliques) du tertre 1.© M. Gandelin, Inrap
La hauteur maximale conservée du tertre est d’environ 1,30 m (fig. 21). Le niveau organisé des dalles en basalte apparaît sous 50 cm de petites pierrailles. Dans son état actuel, le tertre adopte une forme très irrégulière en « haricot » dont la longueur est d’environ 17,5 m pour une largeur de 12 m. En limite sud du tas d’épierrement, dans une zone non impactée par les tranchées de diagnostic mais remaniée par les travaux récents de débroussaillage, quelques dalles organisées étaient visibles directement sous la surface et il est envisageable que ces dalles constituent le prolongement du tumulus dans ce secteur. Cette limite a été topographiée (pt. 194 à 198 ;
fig. 12) ; elle laisse supposer que le diamètre réel du tumulus à pu avoisiner les 10 m. Il apparait aussi clairement que la partie sud-est du tumulus est partiellement détruite.
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II. Résultats Inrap - Espalem, Haute-Loire, Auvergne, Carrière Blanchon
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Tertre 2
682 038 682 468 682 268 157T.13
T.12
T.17
pt. 157 2 m 0 géoref : Pt 157 : x 667759.184 ; y 333009.537 ; 682.038/ Pt 158 : x 667766.093 ; y 333006.994 ; z 682.468 pt. 158 0 50 m T.1 T.2 T 3 T. T.5 T 6 T.7,T.18 T 8 T 9 T.10 T.11 T.12 T.13 T.1 T.15 T.16 T.17 T.19 T.20 T.21 T.22 T.23 T 2 T.25 T.26 T.27 Tumulus 1 Tumulus 2 T.28Fig. 22 - Plan du tertre 2 et implantation de la tranchée 17.© DAO M. Gandelin, Inrap Le tertre 2
Le tertre 2 était situé en limite de prescription, moins de la moitié du tas d’épierrement se trouvait dans l’emprise du diagnostic. Dans ce second tertre, une tranchée, approximativement orientée est-ouest, a été réalisée dans les mêmes conditions que celles sus-décrites (fig. 22). Dans ce cas précis, aucun niveau organisé n’est apparu au fur et à mesure des décapages successifs qui ont dégagés des blocs de basalte de module et de géométrie hétérogènes (fig. 23). Les coupes ont toutefois été rapidement nettoyées, photographiées et relevées (fig. 24). C’est au cours de ce nettoyage qu’un très petit tesson de céramique a été découvert. Quelques rares micro-charbons étaient également présents à la base de la tranchée, directement sur le substrat.
Comme le précédent, ce tertre adopte un plan irrégulier, bilobé. La hauteur maximale conservée est d’environ 80 cm pour une longueur de 17 m et une largeur de 12 m.
II. Résultats Inrap - Espalem, Haute-Loire, Auvergne, Carrière Blanchon 49 Tranchées 15 et 16 US 003 Tertre 1 Z = 686 780 0 50 m 2 3 4 5 6 78 8 9 0 2 3 4 5 6 7 9 20 2 22 23 24 25 26 27 umulus umulus 2 28 pt. 59 2 m 0 T15 T16 Pt 61 Pt 58 Pt 58 686 647 T15 limite de TR 16 Pt 59
niv. de dalles (non fouillé)
1m 0 686 273 Pt 61 Pt 60 686 927 US1001 US1003 U US1 09 US1010 US1006 (suite) 1m 0
II. Résultats Inrap - Espalem, Haute-Loire, Auvergne, Carrière Blanchon 51
Tranchée 17
US1008
Ouest
Tertre 2 coupe est-ouest
Tertre 2 profil nord-sud
Z = 683.033 Nord 1m 0 1m 0 Tumulus 2 57 5 T.17 Z = 682 268 Z = 682 038 0 50 m T.1 T.2 T 3 T. T.5 T.6 T.7,T.18 T.8 T.9 T.10 T.11 T.12 T.13 T.1 T.15 T.16 T.17 T.19 20 T.21 T 22 T.23 T 2 T.25 T 26 T.27 Tumulus 1 Tumulus 2 T.28 10 m 0 pt. 157 pt. 160 pt 157 pt 160
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II. Résultats Inrap - Espalem, Haute-Loire, Auvergne, Carrière Blanchon
Fig. 23 - Vue de la coupe est-ouest du tertre 2. © M. Gandelin, Inrap
Fig. 25–Tertre 6 de la fouille de J. Dunkley en
2006 : vue du deuxième niveau de décapage © J. Dunkley, Inrap
3.3 Le mobilier
- 1 tesson de céramique atypique de 2 cm de longueur pour 1 cm de largeur à dégraissant minéral, surface externe orangée et surface interne noire, est issu du tertre 2. Son aspect est compatible avec une datation pré ou protohistorique
4. Bilan
Exception faite des interventions réalisées au niveau des tertres, les tranchées systématiquement réalisées sur l’ensemble des parcelles n’ont révélé aucune occupation ancienne. Dans la partie basse (parcelle 133), la présence d’un important niveau d’éboulis n’a cependant pas permis de tester de façon totalement satisfaisante le potentiel archéologique du secteur et, si la présence d’une occupation récente (protohistorique ou historique), semble pouvoir être exclue, celle d’une occupation paléolithique reste possible bien qu’aucun élément matériel récolté sur le terrain n’appuie cette hypothèse.
L’intervention dans le tertre 1 a révélé un niveau organisé qui évoque incontestablement les découvertes réalisées précédemment sur les tumuli
situés plus au sud et diagnostiqués par J. Dunkley en 2006 (fig. 25). La datation de ces monuments est imprécise : de Bronze final à l’âge du Fer. L’un d’entre eux (tertre 6) a livré, en position certainement secondaire, une fibule à pied libre très caractéristique des productions de la Tène B2 (350- 270 av. J.-C.). Si l’on élargi le champ des comparaisons aux découvertes réalisées sur la planèze orientale du Cantal, il apparaît que plusieurs tumuli
de la nécropole de Lair à Laurie présentent un morphotype similaire ou voisin de ceux d’Espalem. A Laurie (Lair), comme à Espalem, les tertres sont implantés sur un point géographique remarquable probablement en bordure d’une voix pastorale. L’utilisation de la nécropole s’étend sur près de deux millénaires et les réutilisations de monuments semblent fréquentes
(Daugas 1975, Daugas et Poinsot 2006, Simon 2006, Simon et Vital 1983,
Vital et al. 2006 et Vital 2007, Vinatié et Daugas 1972). Exemple parmi
tant d’autres, le tertre n°2 de Lair, de 13 m de diamètre, dispose d’une couronne circulaire composée de gros blocs de basalte disposés en tuiles inclinées. Ce tertre est daté de l’extrême fin de l’âge du Fer ou de la Tène. L’absence totale de mobilier dans le tertre 1 d’Espalem-Grenier-Montgon peut être le témoin de l’absence de remaniement et/ou de réutilisation. L’organisation du tertre lui-même, sur lequel on ne distingue, au regard des données partielles révélées par le diagnostic, qu’une seule phase
architecturale, pourrait également aller dans ce sens. Bien que dommageable en terme de caractérisation, ce défaut de mobilier pourrait donc être le témoin d’une relativement bonne conservation de la structure.
Le tertre 2 n’a livré aucune trace de structuration. Le seul tesson découvert lors du diagnostic en est toutefois issu. Quelques très petits charbons ont également été découverts à la base du niveau de blocs, en contact avec le substrat. En tout état de cause, rien n’appuie de façon probante l’interprétation de cette structure en tant que tumulus bien que l’hypothèse qu’il s’agisse d’une structure fortement remaniée ne puisse pas totalement être exclue.
54 Inrap · RFO de diagnostic Espalem et Grenier-Montgont, Haute-Loire, Auvergne, Lac Lant, Les Pignatieires, le Blanchon Blaizot et al. 2004 BLAIZOT (F.), FABRE (L.), WATTEZ (J.), VITAL (J.) et COMBES (P.). - Un système énigmatique de combustion au Bronze moyen sur le plateau d’Espalem (canton de Blesle, Haute-Loire), Bulletin de la Société
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comprendre le volcanisme. Ed. Focus,
CRDP d’Auvergne, 2009, 175 p. avec CD Rom.
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final de Synthèse de diagnostic archéologique, Clermont-Ferrand, 2000, 17 p., 6 fig., 20 pl. Kieffer et Raynal 2001 KIEFFER (G.) et RAYNAL (J.-P.). - De l’éruption au site archéologique en Haute- Loire (France) mise en place, prismation, altération et érosion des coulées de lave, formation et évolution des abris sous-basaltiques. TEPHRAS,
Chronologie et Archéologie, les dossiers
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Auvergne, 68, 3, juillet-septembre,
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II. Résultats Inrap - Espalem, Haute-Loire, Auvergne, Carrière Blanchon