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La section 1.1 a fait le constat des type de blessures à l’épaule communes chez les athlètes de sports aquatiques et d’armée du bras. La stabilité des articulations gléno-humérale et scapulo-thoracique semble particulièrement importante et étant principalement assurée par les muscles entourant l’épaule, il apparaît important de bien comprendre les patrons musculaires assurant cette stabilité. Les sections 1.2 et 1.3 ont fait un état des connaissances et de certaines limitations ayant trait à l’étude de l’activité musculaire (EMG) et de la force ou couple articulaire à l’épaule. D’un côté, les principales limitations des études sur l’activité musculaire à l’épaule sont que cette dernière soit le plus souvent mesurée lors de mouvements sous-maximaux, en mode isométrique ou concentrique à basse vitesse et auprès de population contrôle ou clinique. Sachant que lors de l’exécution d’un lancer et lors de la nage les muscles de la coiffe des rotateurs sont recrutés en excentrique et à vitesse élevée, la mesure de l’activité musculaire dans ces modes de contractions permettrait une meilleure compréhension des patrons musculaires à l’épaule et pourrait aider à la prévention de blessure chez les athlètes. De l’autre côté, l’évaluation isocinétique en rotation interne et externe de l’épaule est souvent réalisée à basse vitesse et lorsqu’elle est réalisée à vitesse élevée, la fiabilité de la mesure

fait souvent défaut. De plus, il est souvent présumé que ce type d’évaluation cible principalement les muscles de la coiffe des rotateurs alors qu’il ne faut pas oublier que d’autres muscles (grand pectoral, grand dorsal) peuvent aussi produire de la rotation interne ou externe [85].

Pour avoir un portrait plus complet des patrons musculaires à l’épaule, il serait donc important de combiner les mesures d’activité musculaire et l’évaluation isocinétique. Cette approche permettrait de mieux comprendre comment le recrutement musculaire lors d’efforts maximaux est modifié en fonction de la vitesse d’exécution, de la tâche et du type de contraction. Parmi les études ayant étudié l’activité musculaire lors d’efforts maximaux isocinétiques, très peu se sont intéressées aux mouve- ments de l’articulation gléno-humérale et lorsque c’était le cas, seul un sous-ensemble de muscles était étudié (se référer aux études de David et al. [73] ainsi que Cools et al. [84] dans le Tableau II). L’étude de David et al. [73] est la seule ayant mesuré l’activité de la coiffe des rotateurs, mais les au- teurs n’ont pas mené d’analyses statistiques pour comparer les patrons d’activation musculaire entre les conditions et la vitesse de contraction était relativement basse (60 et 180 °/s). À l’opposé, l’étude de Cools et al. [84] est intéressante en raison du grand échantillon d’athlètes (39 athlètes souffrant de douleur à l’épaule dominante et 30 athlètes sains), mais les auteurs ont seulement mesuré l’activité des trois muscles des trapèzes et ce pour la rotation externe concentrique à 60 °/s seulement. Plusieurs mécanismes physiologiques et psychologiques peuvent entraîner une diminution de la per- formance et une modification des patrons moteurs lors d’efforts soutenus ou répétés. La section 1.4 a abordé les adaptations musculaires et cinématiques à la fatigue au niveau de l’épaule dans le sport et lors de tâches manuelles répétées, ainsi que les méthodes de mesure et d’analyse de cette fatigue à l’aide de l’EMG. Plusieurs constats et limitations ont été soulevés. D’abord, la majorité des études ayant évalué les changements dans l’activité musculaire des muscles de l’épaule en réponse à la fatigue ont utilisé des tâches de fatigue sous-maximale et ont évalué les paramètres de l’activité musculaire avant et après un protocole de fatigue. Ensuite, les paramètres du signal EMG étant as- sociés au développement de la fatigue (typiquement la MNF ou MDF) sont souvent mesurés lors de contractions isométriques en raison des défis de calculs associés à la non-stationnarité du signal EMG lors de contractions dynamiques.

à haute vélocité et à intensité (force) maximale pour la vitesse d’intérêt. Il serait donc pertinent d’évaluer les adaptations à la fatigue lors d’une tâche de fatigue dynamique impliquant des contrac- tions musculaires maximales répétées. Comme il a été démontré que des adaptations cinématiques et musculaires peuvent survenir sans pour autant affecter la performance d’une tâche [21], il est im- portant de mesurer l’évolution de la fatiguedurant la tâche de fatigue plutôt qu’uniquement avant et

après. Pour minimiser les défis reliés à l’analyse du spectre fréquentiel du signal EMG lors d’efforts dynamiques, il serait pertinent d’utiliser les méthodes d’analyses temps-fréquence, telle la transfor- mation par ondelettes continues. De plus, la géométrie musculaire ayant une influence significative sur le spectre fréquentiel du signal EMG, une tâche de fatigue intégrant des efforts dynamiques cy- cliques serait à privilégier. Cela permettrait de comparer les paramètres fréquentiels du signal EMG mesurés dans des conditions similaires d’une répétition à l’autre.

Finalement, la section 1.5 a fait un sommaire des évidences scientifiques et des limitations des test d’évaluation fonctionnelle du membre supérieur et de leur capacité de dépistage des blessures à l’épaule. Le consensus qui ressort de cette section est qu’il n’existe à ce jour aucun test capable de prédire ou d’identifier le développement ou la présence de blessure à l’épaule chez une popula- tion athlétique. Un paradoxe intéressant a été soulevé dans cette section. L’incidence des blessures à l’épaule étant multifactorielle, il serait recommandé d’évaluer la fonction de l’épaule en combi- nant des mesures cliniques, autodéclarées et de performance [147]. À l’opposé, par contrainte de temps ou en raison de la complexité des analyses multifactorielles, certains suggèrent de limiter le nombre d’évaluation à un minimum [159]. Le CKCUEST et le KJOC ont été proposé par Hege- dus et al. [157] comme une combinaison de tests de dépistage optimal pour évaluer la fonction de l’épaule auprès d’une population athlétique, mais cette recommandation est une opinion clinique et n’a pas été validée dans la littérature.

Il y a un intérêt à proposer un modèle de prédiction clinique des blessures à l’épaule. L’élaboration d’un tel modèle passe d’abord par l’identification de tests de dépistage ayant une bonne validité di- agnostique. Plutôt que d’évaluer les facteurs de risque individuellement, on devrait plutôt chercher à identifier des interactions entre ceux-ci [185, 186]. Il serait donc recommandé d’utiliser des ap- proches statistiques multifactorielles. Par contre, Bittencourt et al. [185] suggère que les modèles de

régression linéaire multivariée ne sont pas nécessairement adéquats, car il n’y a pas toujours, voire rarement, de relation linéaire entre un facteur et la blessure. De plus, les interactions entre facteurs ne sont pas nécessairement additives comme le suggère un modèle linéaire. Le recours à des méth- odes d’apprentissage automatique permettant des analyses multifactorielles non linéaires pourrait donc s’avérer une avenue intéressante.

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