• Aucun résultat trouvé

en contrepartie il avait toujours le choix d’en utiliser une plutôt qu’une autre. Dans notre ap- proche, c’est un système unique que l’usager manipule. Étant par conséquent limité dans sa liberté de choix, il faut s’attendre à ce qu’il rejette en bloc l’application proposée, même si le fait qu’elle améliore ses activités soit avéré.

La fédération représente le moyen retenu pour arriver à la fin consistant à améliorer les acti- vités documentaires. Ce choix résulte de l’étude comparative des possibilités de communication entre les applications couvrant le cycle de vie du document. À l’heure actuelle, à notre connais- sance, il n’existe aucune opportunité répandue qui constituerait une solution réalisable. Chaque application gère les données des usagers dans son format (propriétaire), certaines en donnent ac- cès aux travers d’API qui sont parfois trop limitées pour implanter les processus présentés dans ce chapitre. Enfin, au niveau technique, les applications sont loin de partager un protocole uni- versel et indépendant du langage d’implantation : RPC, CORBA, RMI-IIOP, DCOM, XPConnect, SOAP, etc. représentent uniquement la partie visible de l’iceberg. En faisant abstraction de ces limites techniques, la fédération dans un seul système pourrait être avantageusement (pour l’usa- ger) remplacée par une approche fondée sur l’interopérabilité entre applications, comme le pro- posent Chevalier et al. (2008) au sujet de l’exploitation des profils d’usagers. Avec la maturité du Web 2.0 et les avancées quotidiennes du Web Sémantique, gageons que les applications intégre- ront à terme de véritables couches d’interopérabilité. Dès lors, nous pourrons mettre en œuvre les processus présentés dans cet article sans que l’usager n’ait à s’adapter à un système fédéré comme nous sommes obligés de l’imposer à cause des limites actuelles.

7.2 Synthèse de la contribution

Nous avons étudié dans la partie I les activités documentaires réalisées par les travailleurs du savoir au sein de l’organisation, pour lesquelles nous avons identifié trois problématiques. L’in- dividu doit au quotidien maîtriser de nombreux systèmes qui ne communiquent pas entre eux. De ce fait, l’usager doit faire face à une surcharge cognitive ; de plus toute assistance proposée est sous-efficace car produite à partir d’une représentation parcellaire des usagers. Par ailleurs, les informations qu’ils trouvent et structurent dans leurs EPI ne sont pas valorisées au niveau de l’or- ganisation, alors que ce sont des mines d’informations pertinentes pour l’organisation dans son ensemble.

Afin de répondre à ces trois problématiques, nous avons proposé de fédérer les activités do- cumentaires grâce à l’activité transversale d’annotation collective. Ainsi, chaque usager dispose d’un EPA où il stocke et organise ses commentaires associés aux bribes de documents auxquels il désire pouvoir accéder ultérieurement. Le modèle unifié proposé supporte une architecture multi- utilisateurs mettant en œuvre des processus sur le principe du donnant-donnant. En capitalisant sur les activités du groupe qui s’auto-enrichissent, ils assistent chaque individu, notamment en émettant des recommandations synchrones et asynchrones et en adaptant l’affichage des docu- ments annotés. Enfin, nous avons conçu une interface multi-facettes afin d’explorer le capital do- cumentaire organisationnel qui demeurait en sommeil jusqu’à présent, les EPI n’étant souvent ac- cessibles que par leurs propriétaires. Grâce à l’aspect fédéré de notre architecture, cette interface permet la visualisation des EPA des membres organisationnels en fonction de deux dimensions (documents et usagers) et selon deux types de similarités (thématique et usage).

La contribution présentée dans cette deuxième partie du mémoire repose sur différentes pro- positions originales. Afin de valider ces propositions, nous détaillons dans la partie III les expéri- mentations relatives à la validation sociale d’annotations collectives (chapitre II.3) et à la mesure de similarité d’usage (chapitre II.4). La mise en œuvre de l’architecture fédérée fait également l’ob- jet de la partie suivante, où nous détaillons son implantation au travers du prototypeTafAnnote. Ce dernier est une « preuve de concept » destinée à démontrer la faisabilité de nos propositions.

Troisième partie

Implantation et expérimentation

des propositions

1

Introduction

« Ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve. »

Euclide de Mégare (v. 450 av. J.-C. — v. 380 av. J.-C.)

C

ETTE TROISIÈME PARTIEdu mémoire rend compte de la démarche de validation scientifique mise en place pour asseoir la contribution présentée en partie II. Cette contribution est constituée de plusieurs propositions : validation sociale, mesure de similarité d’usage. . . Afin de la valider incrémentalement, nous considérons en premier lieu les propositions individuellement, avant que d’élaborer une démarche de validation de l’approche dans sa globalité.

1.1 Aperçu des expérimentations réalisées

Notre démarche consiste à valider expérimentalement les six processus intégrés au modèle unifié, socle de l’architecture proposée.

D’une part, les deux processus NAVIet RECOont été originellement proposés par Chevalier (2002). Ils ont d’ores et déjà fait l’objet d’expérimentations dont nous ne rapportons ici qu’une synthèse permettant d’apprécier leur pertinence :

– NAVI. Afin d’évaluer la qualité des recommandations fournies par NAVIdurant la navigation, une expérimentation a été conduite à partir des EPI de 14 enseignants-chercheurs, totalisant 4 079 documents (resp. 486 répertoires) avec une moyenne de 291 documents (resp. 34 ré- pertoires) par usager. Cinq individus sélectionnés ont réalisé une navigation prédéfinie par les expérimentateurs. Les résultats de cette expérimentation montrent que la pertinence des recommandations (par rapport au besoin de l’usager) augmente au cours de la navigation ; – RECO. Différentes stratégies de recommandation d’un document dans les EPI ont été éva-

luées à partir de la collection TREC 2001 OHSUMED/MeSH. Les résultats analysés dans Chevalier (2002) montrent qu’à la fois performance et efficience des recommandations sont améliorées en pratiquant un parcours descendant des hiérarchies de l’arborescence cible. D’autre part, nous exposons dans cette partie III deux expérimentations originales liées aux

processus ADAPTAFFICHAGE, PROTODOCet NAVI:

1. le chapitre III.2 traite de la validation sociale d’annotations collectives, introduite dans le cha- pitre II.3. Nous avons constitué un protocole expérimental, mis en œuvre avec la participa- tion en ligne de 121 volontaires. Cette expérimentation vise à déterminer à quel point les al- gorithmes de validation sociale approximent la perception humaine du consensus dans des débats argumentatifs ;

2. le chapitre III.3 concerne l’expérimentation de la mesure de similarité sur l’usage. Nous mon- trons que similarités de contenu et d’usage sont complémentaires à partir d’un corpus hiérar- chisé de documents médicaux. Leur utilisation conjointe, notamment dans l’interface multi- facettes (chapitre II.6) apporte ainsi un éclairage nouveau sur le capital documentaire orga- nisationnel.

Ces expérimentations sont complétées par la mise en œuvre de la contribution au travers du développement du prototype «TafAnnote».