• Aucun résultat trouvé

III. Héros et héroïnes face aux dieux et à leur destin : la modernité d’Euripide

2. Synopsis des pièces citées

Médée (- 431)

(431 ; dernier prix ; c’est l’année où commence la guerre du Péloponnèse) À Corinthe ; devant la maison où vit Médée.

Prologue : une nourrice vient exposer les craintes que lui inspire la violente douleur de Médée ; le Pédagogue arrive, amenant les deux fils de Médée, et annonce le décision du roi de les exiler avec leur mère. On entend de l’intérieur les plaintes de Médée.

Parodos en forme de kommos (le chœur, la nourrice, Médée de l’intérieur) ; les femmes de

Corinthe, qui constituent le chœur, voudraient consoler Médée.

Premier épisode : après les confidences de Médée au chœur, le roi Créon arrive pour lui signifier son exil ; à force de supplications, elle obtient un délai d’un jour ; délibérant sur sa vengeance , elle envisage le meurtre de Créon, de sa fille Glaukè et de Jason.

Premier stasimon : condamnation de Jason, traître à ses serments.

Deuxième épisode : long agon entre Jason et Médée qui dénonce avec violence la trahison de son époux.

Deuxième stasimon : un amour trop fort est souvent dangereux ; lamentations sur l’exil de Médée.

Troisième épisode : Égée, roi d’Athènes, passe par Corinthe ; contre la promesse de mettre fin à la stérilité d’Égée, Médée obtient de lui l’engagement de l’accueillir à Athènes. Désormais assurée d’un refuge, elle décide de tuer ses enfants pour mieux faire souffrir Jason.

Troisième stasimon : éloge d’Athènes ; horreur à l’idée de l’infanticide que projette Médée. Quatrième épisode : Médée feint d’accepter les décisions et les conseils de Jason, et obtient ainsi pour ses enfants le droit de porter au palais les présents empoisonnés.

Quatrième stasimon : lamentation sur les morts qui se préparent.

Cinquième épisode : adieux douloureux de Médée à ses enfants, puis scène de message : récit de la mort horrible de Glauké et de son père Créon.

Cinquième stasimon : caractère effroyable de l’infanticide.

Exodos : on entend le cri des enfants frappés à mort. Jason arrive au moment où Médée paraît apo mechanes dans le char ailé de son aïeul le Soleil ; elle disparaît, emportant avec elle les

Hippolyte (- 428)

(428 ; premier prix ; écrit après l’échec d’un premier Hippolyte, dans lequel le personnage de Phèdre avait été jugé choquant)

Á Trézène, devant le palais royal.

Prologue : Aphrodite annonce son plan : elle châtiera Hippolyte de son mépris au prix de la vie de Phèdre, qui est pourtant innocente. Hippolyte entre accompagné d’un groupe de chasseurs ; il prie Artémis et dépose une couronne sur son autel, tandis qu’il refuse d’adresser la moindre prière à Aphrodite dont la statue est aussi sur scène.

Parodos : un groupe de femmes de Trézène vient s’informer de la maladie dont souffre

Phèdre.

Premier épisode : Phèdre sort, soutenue par une nourrice qui, à force d’insistance, lui fait avouer son amour pour Hippolyte. Phèdre s’explique longuement, provoquant l’admiration du chœur pour sa vertu, et accepte de laisser la Nourrice tenter de metre fin à son mal.

Premier stasimon : le chœur chante le pouvoir d’Éros ; histoire d’Iole et de Sémélé.

Deuxième épisode : bref Kommos pendant que Phèdre écoute de dehors les cris indignés d’Hippolyte ; il sort, avec la Nourrice et éclate en violentes injures contre les femmes. Phèdre rentre, après avoir annoncé sa décision de mourir pour sauver son honneur.

Deuxième stasimon : le chœur chante son désir d’évasion et se lamente sur le destin de Phèdre.

Troisième épisode : une servante vient annoncer que Phèdre s’est pendue, on en informe Thésée qui vient d’arriver ; le corps de Phèdre apparaît porté sur l’eccyclème ; kommos, puis découverte d’une tablette où Phèdre accuse Hippolyte de l’avoir déshonorée. Arrive Hippolyte, que Thésée maudit et condamne à l’exil.

Troisième stasimon : le chœur se lamente sur les vicissitudes du sort et sur le destin d’Hippolyte.

Exodos : scène de message : récit du terrible accident provoqué par le taureau monstrueux

envoyé par Poséidon. Après un bref chant du chœur, Artémis apparaît et expose à Thésée la vérité. On apporte Hippolyte mourant ; le jeune homme n’a que le temps de pardonner à son père. Artémis disparaît en annonçant qu’elle vengera Hippolyte. Mort du jeune homme.

Hécube (- 424 ?)

Dans le camp des Grecs sur la côte de la Chersonèse de Thrace, devant la tente d’Agamemnon.

Prologue récité par le fantôme de Polydore, le plus jeune fils d’Hécube : il raconte comment son hôte thrace Polymestor l’a assassiné et annonce la mort prochaine de sa sœur Polyxène. Le prologue s’achève par une monodie d’Hécube, enchaînant directement sur la parodos.

Parados en forme de Komnos : les captives troyennes ont appris que les Grecs allaient

sacrifier Polyxène sur le tombeau d’Achille ; plaintes.

Premier épisode : après un dialogue lyrique entre Hécube et Polyxène, Ulysse arrive ; scène de supplication interrompue par la décision héroïque de Polyxène de s’offrir volontairement à la mort.

Premier stasimon : les captives évoquent les pays où elles peuvent être emmenées en esclavage.

Deuxième épisode : scène de message ; Talthybios, héraut de l’armée grecque, raconte à Hécube la mort exemplaire de Polyxène.

Deuxième stasimon : le jugement de Pâris, source du malheur de Troie.

Troisième épisode : une servante apporte le cadavre de Polydore qu’elle vient de découvrir ; Hécube chante son deuil, puis supplie Agamemnon qui vient d’arriver de l’autoriser à se venger. Agamemnon accepte de faire venir Polymestor dans la tente où l’attendront les Troyennes.

Troisième stasimon : évocation douloureuse de la dernière nuit de Troie.

Exodos : Hécube et ses compagnes aveuglent Polymestor et tuent ses enfants (les meurtres ont

lieu dans la tente, et l’eccyclème fait apparaître les corps des enfants et Polymestor les yeux crevés et couvert de sang) ; lamentations chantées de Polymestor. Agamemnon arrive et Polymestor et Hécube plaident longuement devant lui ; le bon droit d’Hécube est reconnu, mais Polymestor prédit sa mort et celle de Cassandre.

Iphigénie à Aulis (- 405)

Dans le camp des Grecs à Aulis, devant la tente d’Agamemnon.

Prologue : Agamemnon expose à un vieux serviteur ses cruelles hésitations, e le charge de porter secrètement à Clytemnestre une lettre lui demandant de ne pas conduire Iphigénie à Aulis, où l’attend non pas le mariage avec Achille, mais la mort réclamée par Artémis.

Parodos : un groupe de jeunes femmes de Chalcis arrive ; curieuses de voir les célèbres héros

présents à Aulis, elles font, dans leur chant, un dénombrement de la flotte grecque.

Premier épisode : Ménélas a intercepté le Vieillard ; les deux frères s’affrontent violemment quand un messager annonce la prochaine arrivée de Clytemnestre. Ménélas cède alors à la pitié, et cesse d’exiger la mort d’Iphigénie ; mais Agamemnon a peur des réactions de l’armée.

Premier stasimon : le chœur chante les dangers d’un amour trop violent, et évoque Pâris. Deuxième épisode : à l’arrivée de Clymnestre et de sa fille, un dialogue long et difficile s’engage avec Agamemnon qui cache toujours la vérité.

Deuxième stasimon : évocation anticipée de la guerre de Troie

Troisième épisode : Clytemnestre salue en Achille son futur gendre et découvre qu’il ignore ce projet de mariage ; le vieillard apprend alors la vérité à a reine ; elle supplie Achille de venir en aide à Iphigénie et Achille s’y engage.

Troisième stasimon : les choreutes chantent les noces de Thétis et Pélée et déplorent le destin d’Iphigénie.

Quatrième épisode : après les violents reproches de Clytemnestre à son époux, Iphigénie supplie son père ; pour se justifier, il assure que seule la réussite de la guerre préservera la liberté de la Grèce. Après un chant de lamentation d’Iphigénie, Achille vient annoncer que l’armée réclame le sacrifice. Il est prêt à tenir sa promesse, mais Iphigénie accepte désormais de ce sacrifier pour la Grèce, et fait ses adieux à sa mère.

Kommos qui tient lieu de stasimon : les choreutes célèbrent l’héroïsme d’Iphigénie et prient avec elle Artémis.

Exodos : un messager vient raconter à Clytemnestre l’issue du sacrifice ; Artémis a substitué

3. Adaptation et re-création : Racine, Iphigénie, Acte

IV, scène 4, vers 1698-1744

« Mon père, Cessez de vous troubler, vous n’êtes point trahi. Quand vous commanderez, vous serez obéi. Ma vie est votre bien. Vous voulez le reprendre : Vos ordres sans détour pouvaient se faire entendre. D’un œil aussi content, d’un cœur aussi soumis Que j’acceptais l’époux que vous m’aviez promis, Je saurai, s’il le faut, victime obéissante,

Tendre au fer de Calchas une tête innocente, Et respectant le coup par vous-même ordonné, Vous rendre tout le sang que vous m’avez donné. Si pourtant ce respect, si cette obéissance

Paraît digne à vos yeux d’une autre récompense, Si d’une mère en pleurs vous plaignez les ennuis, J’ose vous dire ici qu’en l’état où je suis

Peut-être assez d’honneurs environnaient ma vie Pour ne pas souhaiter qu’elle me fût ravie, Ni qu’en me l’arrachant un sévère destin Si près de ma naissance en eût marqué la fin. Fille d’Agamemnon, c’est moi qui la première, Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père ; C’est moi qui si longtemps le plaisir de vos yeux, Vous ai fait de ce nom remercier les Dieux, Et pour qui tant de fois prodiguant vos caresses, Vous n’avez point du sang dédaigné les faiblesses. Hélas ! avec plaisir je me faisais compter

Tous les noms des pays que vous allez dompter ; Et déjà d’Ilion présageant la conquête,

D’un triomphe si beau je préparais la fête. Je ne m’attendais pas que pour le commencer, Mon sang fût le premier que vous dussiez verser. Non que la peur du coup dont je suis menacée Me fasse rappeler votre bonté passée.

Ne craignez rien. Mon cœur, de votre honneur jaloux, Ne fera point rougir un père tel que vous ;

Et si je n’avais eu que ma vie à défendre, J’aurais su renfermer un souvenir si tendre. Mais à mon triste sort, vous le savez, Seigneur, Une mère, un amant attachait leur bonheur. Un roi digne de vous a cru voir la journée Qui devait éclairer notre hyménée.

Il s’estimait heureux : vous me l’aviez permis. Il sait votre dessein, jugez de ses alarmes.

Ma mère est devant vous, et vous voyez ses larmes. Pardonnez aux efforts que je viens de tenter

I. CORPUS

EURIPIDE. Le Cyclope, Alceste, Médée, Les Héraclides. Tome I. Huitième tirage revu et corrigé. Paris : Les Belles Lettres, 1976. 235 p. Édition bilingue, texte établi et traduit par Louis Méridier, professeur à la faculté des Lettres de l’Université de Paris.

EURIPIDE. Hippolyte, Andromaque, Hécube. Tome II. Troisième édition revue et corrigée. Paris : Les Belles Lettres, 1960. 230 p. Édition bilingue, texte établi et traduit par Louis Méridier, professeur à la faculté des Lettres de l’Université de Paris.

EURIPIDE. Iphigénie à Aulis. Tome VII. Deuxième tirage revu et corrigé. Paris : Les Belles

Lettres, 1989. 153 p. Édition bilingue, texte établi et traduit par François Jouan,professeur à l’Université de Paris X.

EURIPIDE. Tragédies complètes. Paris : Gallimard, 1995. 2 vol. (1421 p.). Texte présenté,

traduit et annoté par Marie Delcourt-Curvers.

EURIPIDE. Médée. Paris : Presses Universitaires de France, 1970. 121 p. Édition,

introduction et commentaire de Robert Flacelière.

PESSONNEAUX, Émile. Théâtre d’Euripide. Tome premier. Nouvelle édition. Paris :

Bibliothèque Charpentier, 1898. 439 p. Traduction nouvelle, précédée d’une notice biographique et littéraire accompagnée de notes de Jean Racine sur le théâtre d’Euripide.

RACINE. Théâtre complet de Racine. Tome II. Paris : Garnier Flammarion, 1965. 378 p. Chronologie, préface et notices par André Stegmann, professeur au Centre d’études supérieures de la Renaissance de Tours.

Documents relatifs