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Le syndrome de stress post traumatique

Dans le document Vie d'ailleurs, corps étrangers (Page 44-47)

Pour finir, nous expliquerons les perturbations des bases identitaires du sujet.

C) Le syndrome de stress post traumatique

Nous développerons le syndrome de stress post-traumatique (ESPT ou PTSD) puisque la psychomotricienne s’occupe en grande majorité de ses personnes. Même si ce n’est pas la seule pathologie représentée dans les populations accueillies à l’EMPP.

L’ESPT se produit à la suite d’un évènement perçu comme traumatisant qui peut être de nature diverse (violence, attentat, guerre, accident, catastrophe naturelle …). L’ESPT est souvent associé à d’autres troubles parmi lesquelles on retrouve les troubles anxieux, les troubles de la personnalité, la dépression, la phobie sociale, les conduites addictives et la somatisation

Mme N. a développé des symptômes caractéristiques faisant suite à l’exposition à un facteur de stress traumatique extrême. Le psychiatre pose alors le diagnostic d’état de stress post traumatique.

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43 Les symptômes de type ESPT, reliés à un ou plusieurs évènements traumatiques viennent diminuer l’importance du réseau social, ils conduisent à l’isolement et à la dépression. L’ESPT se traduit par de nombreux symptômes qui nuisent au fonctionnement normal du sujet dans la vie courante. Le corps est constamment en alerte, sans possibilité de se reposer et de récupérer. Le système nerveux parasympathique est alors mis à mal, ce qui entraine des troubles digestifs et du sommeil. Ainsi, il est important de traiter les symptômes reliés au traumatisme.

Selon LAPLANCHE et PONTALIS, fait traumatisme « un évènement de la vie du sujet qui se définit par son intensité, l’incapacité où se trouve le sujet d’y répondre adéquatement, le bouleversement et les effets pathogènes durables qu’il provoque dans l’organisation psychique. »35

1) Définition

L’ESPT désigne une réaction psychologique à un évènement traumatique intense en particulier lorsque la vie est menacée. Ce trouble peut affecter tout individu sans distinction d'âge, de milieu culturel ou de genre.

Selon le DSM IV, l’état de stress post traumatique « est défini comme une pathologie faisant suite à un traumatisme psychique où l’individu a été exposé ou a été le témoin direct de la mort effective ou d’une menace de mort, d’une blessure grave ou de violences sexuelles. »

Enfin la perturbation doit durer plus d’un mois et entrainer une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants pour pouvoir être qualifiée d’ESPT.

Tout d’abord, Mme N. a été confrontée à des évènements extrêmement violents avec une confrontation à la mort et sa réaction s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance et d’horreur. Elle est envahie par des souvenirs répétitifs et des cauchemars envahissants, provoquant chez elle un sentiment de détresse. Son sommeil est perturbé à cause de ses nombreuses réviviscences prenant la forme d’idées délirantes qui surviennent et s’associent aux hallucinations (« flash-back » brefs). Elle nous dit : « Je vois mes enfants dans ma chambre mais quand je sors pour aller les amener à l’école, ils disparaissent. » De plus, Mme N. fait de nombreux rêves d’agression : elle voit son frère se faire arrêter et ses

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enfants pleurer. Elle voit aussi un homme noir rentrer dans sa chambre avec un couteau pour la tuer, ou se voit transpercer par des flèches ou des épées. Elle semble aussi avoir une restriction des affects et a du mal à éprouver des émotions liées à l’intimité et ne montre pas de signe de tristesse à l’annonce du décès de son mari. Mais encore, des symptômes persistants sont présents chez Mme N. comme une irritabilité (s’énerve contre le Président du Congo) et une hypervigilance. De plus, Mme N. souffre d’une dépression au premier plan associée à des troubles somatiques.

Dans le modèle psychanalytique, le traumatisme résulte des débordements des défenses psychiques. En effet, lors de l’instant traumatique, la personne se voit morte. Le traumatisme est vécu avec des émotions intenses telles que l’effroi, la sidération, l’horreur et le sentiment d’impuissance.

2) Historique

L’ESPT est un trouble répertorié depuis l’Antiquité Grecque. Pendant la guerre de sécession, ce trouble est connu sous le nom de « soldier’s heart »36 (trouble affectif du soldat). Puis lors de la Première Guerre Mondiale, on parle de « traumatisme dû au bombardement », au cours de la Seconde Guerre Mondiale, on l’appelle « névrose de guerre ». Bon nombre de soldats qui présentaient des symptômes associés à l’ESPT étaient considérés comme souffrant d’épuisement au combat. Ce trouble prend la signification de « stress de combat » lors de la guerre du Vietman. Puis en 1980, l’affection a été appelée « syndrome de stress post- traumatique ». Certains militaires ressortent atteint d’un ESPT après une intervention ou combat.

Selon le DSM IV, on va avoir un certain nombre de critère diagnostics qui vont permettre de préciser ce qu’est cet état. Le tableau clinique (cf annexe) permet d’évaluer la présence ou non d’un syndrome de stress post traumatique.

Les études épidémiologiques relatives au traumatisme psychique font référence à l’ESPT. Historiquement ces études ont centré leur attention sur la prévalence de l’infection parmi les victimes d’expériences traumatiques spécifiques. Elles ont permis et permettent d’exprimer la fréquence du traumatisme, les pathologies qui lui sont associées, et les variables individuelles

36 GERBES A. et Al, Mieux repérer la souffrance psychique des patients migrants primo-arrivants en consultation de médecine générale et limiter les ruptures de suivis psychiatriques, L'information psychiatrique 2015/3 (Volume 91), p. 243-254

45 ou situationnelles qui en accentuent ou en modèrent les effets afin d’orienter les mesures thérapeutiques.

Mais depuis, quelques années, face aux situations d’immigration, de guerre, de conflit, de nombreux sujets peuvent présenter des ESPT. Celui-ci peut survenir à tout âge, y compris durant l’enfance.

En revanche, ce n’est pas parce qu’un sujet se trouve dans une situation de stress ou s’il vit dans des situations violentes, qu’il va forcément développer un ESPT, cela dépend du sujet et de sa sensibilité. Ainsi, les soutiens sociaux, les antécédents familiaux et la force de son « moi » vont influer sur l’état de développement de cet ESPT.

« Les troubles psychotraumatiques peuvent créer un processus cumulatif et des effets secondaires, contribuant au développement des difficultés psychosociales.»37 Pour les migrants, ce sont les évènements traumatisants vécus dans un premier plan qui entraîne une précarité du travail, du logement, social, économique, familiale et psychologique dans un second temps.

Dans le document Vie d'ailleurs, corps étrangers (Page 44-47)