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LISTE DES TABLEAU

B. Surveillance de la grippe

1. Système de surveillance mondiale

Le système mondial OMS de surveillance de la grippe et de riposte (GISRS) met à jour deux fois dans l’année la composition des vaccins antigrippaux en fonction des virus circulants récemment chez l’Homme et qui sont le plus susceptibles d’être présents pendant l’épidémie suivante. L’une en février pour élaborer le vaccin contre la grippe pour l’hémisphère nord et l’autre en septembre pour l’élaboration de celui pour l’hémisphère sud (16) (18).

Le GISRS assure continuellement la surveillance et le suivi mondiaux de la grippe (saisonnière, pandémique et zoonotique) depuis plus de 65 ans déjà. Des échantillons sont récoltés et analysés en permanence pour pourvoir anticiper et mieux agir en conséquence (évaluer le risque associé aux souches virales émergentes ou en circulation, enquête en cas de flambées). Il développe les méthodes de détection des virus et des matériels de référence, il aide à renforcer les stratégies dans les pays membres pour mieux lutter en cas de grippe, cherche constamment de nouvelles technologies pour toujours mieux progresser et obtenir des résultats de qualité, améliore leurs connaissances par des recherches ciblées, recherche de nouveaux traitements antiviraux (18).

Tout ceci est possible grâce à une collaboration efficace au sein d’un réseau mondial regroupant les Centres nationaux de la grippe, les Centres collaborateurs de l’OMS et des laboratoires présents dans 114 Etats Membres (18).

Il est à noter qu’à la fin de cette épidémie de grippe 2019-2020, tous les systèmes mondiaux de surveillance de la grippe se sont mobilisés pour continuer le suivi de la pandémie de COVID-19 (14).

2. Système de surveillance Européenne

Au niveau Européen, c’est l’EISN (European Influenza Surveillance Network), coordonnée par l’ECDC (European Centre for Disease prevention and Control) qui se charge de la protection de l’UE vis-à-vis des maladies infectieuses. La surveillance est double, épidémiologique et virologique, dont les objectifs qui en découlent sont identiques à ceux de la surveillance mondiale, toujours dans un but de diminuer la morbidité et la mortalité dues à la grippe. Ils communiquent leurs données à l’OMS (19).

Une analyse associée à des bulletins hebdomadaires sont consultables sur le site Flu News Europe (19).

3. Système de surveillance en France (au niveau national et régional)

Figure 6 : Système de surveillance de la grippe en France (20)

a) Surveillance épidémiologique

La surveillance globale de la grippe en France est coordonnée par l’Agence nationale de santé publique « Santé publique France » en collaboration avec ces nombreux partenaires. En France métropolitaine, elle démarre début octobre (semaine 40) et se termine mi-avril de l’année suivante (semaine 15) (3) (20).

Celle-ci a un grand rôle réactif mais aussi proactif car elle va permettre de détecter d’éventuels premiers signaux d’épidémie, son évolution dans le temps et l’espace, d’en savoir davantage sur les virus présents et donc de mesurer une gravité présente ou à venir et en tirer toutes les conclusions et mesures de contrôle à prendre (notamment en informer les professionnels de santé et le grand public). En ayant un maximum d’informations qui découlent de cette surveillance, il est ainsi possible de constater si une population donnée est à risque, mais également de réagir via la vaccination. Cette surveillance s’exerce au niveau national mais également international (2) (3) (16) (20).

L’évolution et la propagation de la grippe, sur le territoire national, peuvent être observées sur le site de SPF sous forme de bulletins épidémiologiques nationaux hebdomadaires, lors de la période de surveillance.

Cette surveillance épidémiologique s’appuie notamment sur des données hospitalières (réseau OSCOUR : Organisation de la surveillance coordonnée des urgences, Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI)), des données de médecines ambulatoires émanant de médecins libéraux du réseau Sentinelles (un réseau Français de médecins

généralistes et pédiatres volontaires et bénévoles) et des associations SOS médecins, des données issues des collectivités de personnes âgées (surveillance des IRA), des données provenant du CNR et des données de mortalités (par l’Insee) (7) (16). Parmi ces données, nous avons entre autres, le décompte du nombre de consultations pour syndrome grippal et le nombre de jours d’arrêts de travail prescrits causés par la grippe.

Depuis la pandémie meurtrière de 2009, Santé publique France assure une surveillance des cas graves de grippe hospitalisés dans les services de réanimation dans toute la France durant la saison grippale par l’intermédiaire des cellules d’intervention en région (CIRE).Une cellule pour chaque région du pays s’occupe des signalements (Annexe 1) (21).

Un dispositif appelé ORSAN (Organisation de la réponse du système de santé en situation sanitaire exceptionnelle) est prévu en cas de situation sanitaire exceptionnelle pour palier au risque de tensions dans l’offre de soins. C’est un dispositif qui est propre à chaque région et qui est élaboré par l‘Agence Régionale de Santé (ARS) (22).

Le site GrippeNet.fr permet de compléter ces données épidémiologiques en apportant des informations complémentaires sur la grippe, qui sont recueillies directement auprès de la population française qui ne recourt pas obligatoirement aux services de soins lorsqu’elle présente un syndrome grippal. C’est un moyen supplémentaire pour en apprendre davantage sur la maladie comme les facteurs de risque qui y sont liés ou bien l’impact de la vaccination. Depuis mars 2020, le site participe également à la surveillance de la COVID-19 (23).

La France étant un pays particulièrement ouvert du fait de son activité touristique ou commerciale, de nombreux cas de grippe peuvent provenir d’autres pays. L’institut Santé publique France tient donc perpétuellement à jour une liste de pays avec des informations concernant d’éventuelles circulations de virus grippaux à potentiel zoonotique et procède à l’étude ainsi qu’au suivi de cas suspects (24).

Attention cependant, les diagnostics cliniques de grippe peuvent constituer une limite aux données de surveillance puisqu’ils sont faits majoritairement sans confirmation virologique. Ces données de surveillance reposant pour la majeure partie sur ces diagnostics, elles peuvent si elles ne sont pas confirmées nuire à une analyse réaliste. En revanche, dans un contexte normal, la majorité des syndromes grippaux sont souvent bel et bien rattachés à un cas de grippe, ce qui tempère en temps normal cette limite mais l’émergence du SARS-CoV-2 cette année l’a renforcée (7).

b) Surveillance virologique

Une surveillance axée sur l’aspect virologique de la grippe en France, coordonnée par le Centre National de Référence (CNR) des virus des infections respiratoires (dont la grippe) et par le laboratoire de virologie de l’Université de Corse en Corse (7).

Cette surveillance virologique repose, quant à elle, sur des prélèvements réalisés en milieu hospitalier par les laboratoires du réseau RENAL (Réseau National des laboratoires hospitaliers) mais aussi sur des prélèvements réalisés en ambulatoire lors de consultations pour syndrome grippal par des médecins préleveurs du Réseau Sentinelle (25).

Via le travail et l’expertise des laboratoires désignés, et pendant toute la période de surveillance (semaine 40 de l’année N jusqu’à la semaine 15 de l’année N+1) de nombreux prélèvements sont analysés et étudiés, permettant ainsi d’observer les virus détectés et de voir si la proposition vaccinale est adaptée pour les combattre. Cela afin de protéger la population en évitant des épidémies voire des pandémies difficilement contrôlables. De plus, ils contrôlent la sensibilité des souches circulantes aux antiviraux afin de connaitre l’intérêt de ces derniers dans la prise en charge des patients grippés et d’envisager ou non leur utilisation (25).

Des recherches sont également menées sur les virus grippaux au sein de l’unité GMVR (Génétique moléculaire des virus à ARN) afin d’en apprendre toujours davantage sur les virus circulants et se préparer au mieux (identification et suivi de l’évolution génétique, travaux sur les phénomènes de résistance aux antiviraux, mise en évidence de nouvelles souches) (25).