Comparaison des niveaux d'études entre l'enquête de 1998 et mon échantillon:
5.6. Le suivi de la grossesse et le déroulement de l’accouchement dans la population étudiée :
¾ Les toxiques :
En premier lieu, cette enquête met en évidence une évolution favorable du
comportement des femmes, probablement suite aux nombreuses campagnes d’informations et
à l’action des médecins : le taux de fumeuses est plus faible en 2001 qu’en 1998, et parmi les
fumeuses, le pourcentage d’arrêt au 3ème trimestre de la grossesse est plus élevé en 2001
(44.6%) qu’en 1998 (35.4%). De même pour la consommation d’alcool pendant la grossesse,
celle ci est plus faible en 2001. On peut tout de même se demander si cela reflète la
consommation réelle de ces femmes, ou si elles n’ont pas sous-estimé leur consommation par
rapport à une enquête qui aurait été réalisée sans la présence d’un enquêteur au moment de
répondre.
¾ Les consultations et examens :
On constate également, d’après les chiffres obtenus, que le suivi des femmes de notre
échantillon est relativement proche des recommandations concernant le nombre de
consultations, et diffère significativement du suivi des femmes de l’enquête de 1998. En
effet le nombre de consultations est aujourd’hui moins élevé, et beaucoup plus proche des sept
consultations prévues pour le suivi d’une grossesse sans problème. Cela peut être dû à une
réduction du nombre de consultations par surcharge des gynécologues, ou bien grâce à un plus
fort taux de participation aux cours de préparation à l’accouchement, permettant aux femmes
de mieux comprendre les symptômes qui peuvent apparaître en fin de grossesse, et permettant
également de répondre aux questions des femmes, évitant ainsi un certain nombre de
consultations (en effet, le taux de participation est nettement plus élevé en 2001 qu’en 1998,
prospective randomisée publiée en 1996 [32] que, sur une population à bas risque, une
surveillance prénatale ne comportant qu'un nombre réduit de consultations prénatales (six à
sept selon la parité) permettait de réduire significativement le nombre d'admissions de jour, le
nombre d'échographies et le nombre de suspicions d'hypotrophie par rapport à une
surveillance prénatale classique (treize consultations) sans que les résultats périnataux en
pâtissent.
Le nombre de consultations ne varie pas en fonction de l’origine des femmes,
contrairement aux chiffres de 1988 [24] où 8 à 12% des femmes immigrées refusaient cette
surveillance prénatale, mais il existe peut être un biais par le fait que :
- ces femmes n’ont peut-être pas voulu répondre au questionnaire,
- ces femmes n’étaient peut-être pas éligibles compte tenu d’éventuels problèmes de
langue.
En revanche, le nombre d’échographies ne tend pas à diminuer et reste supérieur aux
recommandations de trois échographies par grossesse, avec une majorité de femmes ayant
plus de trois échographies. Ce taux ne s’explique pas par l’importance du suivi par les
gynécologues, puisqu’il n’y a pas de relation (en tout cas dans notre échantillon) entre le
nombre d’échographies pendant la grossesse et le professionnel référent. En revanche, il est
possible que cela soit dû à la pratique d’une 1ère échographie au moment du diagnostic de
grossesse : en effet, parmi les femmes ayant plus de trois échographies, la moitié en ont en
Par ailleurs, on peut noter que le test de dépistage du risque de la trisomie 21 est
significativement moins proposé en 2001 et que le taux de réalisation est également plus
faible. Cela peut s’expliquer par une baisse de vigilance des professionnels référents à
distance du lancement de ce dépistage, et peut être par la difficulté d’avoir suffisamment de
temps pour expliquer à la femme ce dont il s’agit.
¾ Les cours de préparation à l’accouchement :
On a déjà vu que ces cours étaient plus suivis en 2001 qu’en 1998, et on peut s’en
féliciter car on peut mettre en évidence que pour les femmes qui ont suivi ces cours, la
douleur en salle d’accouchement semble moins élevée, car ce sont souvent ces cours qui
apportent des informations sur l’accouchement, l’allaitement … Un bémol est à apporter sur
la date tardive de début des cours : celle-ci est en général fixée au 7ème mois (souvent au début
du congé de maternité), ce qui me paraît un peu tard. En effet, cela empêche une partie des
femmes qui accouchent prématurément ou au début du 9ème mois d’avoir une information
complète (notamment sur les efforts de poussée lors de l’accouchement et sur l’allaitement
qui sont souvent traités à la fin de la série de cours), et cela apporte des informations
beaucoup trop tardives sur l’alimentation durant la grossesse, les précautions à prendre, le
déroulement physiologique de la grossesse, les signes d’alerte qui doivent pousser à
consulter... Bien sur, d’autres intervenants pourraient apporter ces informations, mais étant
donné la durée de la consultation, cela me semble difficile et cela explique peut-être en partie
pourquoi les femmes se tournent beaucoup vers les livres et les magasines pour répondre à
¾ L’information reçue :
D’autre part, un volet important du suivi est l’information donnée aux patientes. Dans
cet échantillon, on remarque que l’information fournie par les médecins généralistes est
souvent jugée médiocre par les femmes, en particulier concernant le déroulement de la
grossesse, le suivi et les précautions à prendre. Ceci est peut-être dû à un désintéressement
croissant pour la grossesse de la part des médecins généralistes puisque les femmes ne se
tournent plus vers eux pour leur suivi, ou peut-être est-ce également lié à un problème de
temps et de rémunération : passer 30 min avec une femme pour bien répondre à ces questions
est très intéressant mais beaucoup moins attrayant sur le plan financier que pour le spécialiste.
Il faut tout de même noter que compte tenu des faibles effectifs de femmes informées par les
médecins généralistes, ces résultats sont à pondérer.
A propos de l’anesthésie, il semble évident au vu des résultats de ce questionnaire que
seuls les anesthésistes apportent une bonne information concernant l’anesthésie. Là aussi, le
problème n’est certainement pas celui de la compétence, mais plutôt une facilité de la part des
autres professionnels : puisque l’anesthésiste est là, pourquoi « perdrions-nous du temps » à
expliquer cela ? La question qui se pose est donc la suivante : la consultation avec
l’anesthésiste est-elle nécessaire en dehors de l’information quelle apporte ? Dans ce cas il
faut la rendre obligatoire, sinon, il serait souhaitable de réserver cette consultation pour les
femmes ayant des problèmes particuliers. L’information concernant l’anesthésie pourrait alors
être donnée par les autres professionnels lors des consultations ou lors des cours de
préparation à l’accouchement. D’ailleurs, dans l’étude réalisée en 1992 – 1993 dans 9 services
de gynécologie – obstétrique européens [20], aucun service ne réalise de façon systématique
une consultation pré-anésthésique.
Concernant l’information sur l’accouchement, il semble ici aussi évident que les
même d’expliquer à la femme comment cela va se dérouler. Cette information peut alors être
apportée lors des consultations de fin de grossesse (8ème et 9ème mois) ou lors des cours de
préparation. En pratique, on constate que dans mon échantillon, c’est effectivement ce qui se
produit.
Au sujet de l’allaitement, l’information est donnée essentiellement par les sages
femmes, lors des cours de préparation ou parfois en suites de couches. Le médecin généraliste
n’apporte quasiment jamais cette information alors que c’est lui qui risque d’être confronté
aux petits soucis de l’allaitement quand la femme sera rentrée chez elle. L’attitude adoptée
peut être liée à la fois à un manque de temps et à la difficulté d’expliquer les choses alors que
l’enfant n’est pas encore né et que de nombreuses questions plus « urgentes » se présentent
aux femmes (concernant l’accouchement notamment). L’information est donc certainement
apportée plus souvent après la sortie de la maternité.
A propos du retour à domicile, l’information est jugée mauvaise dans la plupart des
cas, sans différence significative entre les informateurs, et si le sujet est difficile à aborder
avant la naissance (comme pour l’allaitement), on pourrait proposer d’organiser comme dans
certaines maternités une information à ce sujet pendant le séjour des femmes en suites de
couches.
Le mode d’information est principalement lié à l’informateur, mais on peut noter que
pour l’ensemble des sujets, l’information apportée par les livres, les magasines et les
discussions avec la famille et les amis, est jugée mauvaise par les femmes, même si elle a
¾ Le déroulement de l’accouchement :
Concernant l’accouchement, son déroulement semble différer entre 1998 et 2001 :
bien que le taux de présentation céphalique soit identique, il semble que le pourcentage de
réalisation de manœuvres externes ou de césariennes soit plus élevé en 2001, et que le taux de
déclenchements du travail soit plus faible par rapport à 1998. Par ailleurs, le nombre d’enfants
de poids de naissance inférieur à 2500g semble plus faible dans notre échantillon, peut-être en
partie grâce à la baisse de la consommation de tabac pendant la grossesse.
¾ En conclusion :
Le suivi des femmes interrogées est assez proche des recommandations, mais le point
noir de cette surveillance est l’information apportée aux femmes. En effet, même si
globalement les femmes se trouvent bien informées, il faut noter que concernant les
explications sur l’accouchement, l’allaitement et le retour à domicile, des efforts sont à faire