• Aucun résultat trouvé

La thèse est structurée en quatre parties. La première partie a pour objectif de clarifier le

cadre théorique qui supporte la recherche. Deux théories sont mobilisées : la théorie de la

traduction introduite par les auteurs Madeleine Akrich, Michel Callon et Bruno Latour, et la

théorie du sensemaking développée par Karl E. Weick. Nous présentons dans quelle mesure ces

deux théories une fois articulées se révèlent pertinentes pour comprendre et analyser les

phénomènes d’appropriation des groupwares participant à la transformation des organisations.

Plus précisément, les chapitres 1 et 2 sont consacrés à la définition de ces approches théoriques

et visent à mettre en évidence leurs apports et leurs limites pour l’analyse de notre objet de

recherche. Le chapitre 3 décrit comment ces approches se fécondent et peuvent être articulées.

Cinq points d’ancrage sont ainsi proposés :

− l’inscription de ces deux théories dans une épistémologie socio-constructionniste qui

s’attache à comprendre comment, à travers les interactions entre acteurs, se construit un

collectif organisé ;

− leurs lectures processuelles du changement dans les organisations qui mettent l’accent sur

les consensus transitoires établis entre les acteurs dans les situations de changement ;

− leurs visions performative de l’organisation, c’est-à-dire l’organisation qui se construit à

travers les efforts réalisés par les acteurs pour la définir ;

le centrage sur le rôle du manager comme producteur de sens et traducteur ;

− leur usage du concept de « manipulation » qui leur est commun.

L’idée dans ce chapitre consiste bien à mettre en avant la complémentarité des deux approches.

Le chapitre 4 s’attache, quant à lui, à définir une grille de lecture des TIC et des groupwares en

particulier. Le chapitre 5 effectue une synthèse des propos et des questionnements, articulant

ainsi le cadre théorique et la problématique.

La deuxième partie est consacrée à la méthodologie mise en œuvre au cours de la

recherche. Il s’agit de préciser comment ont été construites les hypothèses qui sous-tendent la

recherche. Sont ainsi présentés les fondements épistémologiques auxquels nous nous rapportons,

issus notamment des théories mobilisées et présentées dans la première partie de la thèse. La

démarche de recherche est ensuite exposée et vise à préciser comment l’objet de recherche a

émergé progressivement, quels sont les modes de collecte des données et la méthode d’analyse

mobilisés. Une première présentation des terrains et des groupwares concernés permet de mettre

en avant les principaux écueils qui ont été rencontrés et fournit au lecteur un point d’appui pour

appréhender les analyses proposées dans les parties 3 et 4.

La troisième partie est centrée sur les notions d’engagement et de projet inhérentes aux

processus d’appropriation des groupwares. Nous y mettons en évidence l’effort de projection

réalisé par les acteurs lors de la mise en place d’un groupware. Il s’agit notamment de montrer

que le groupware est définit par les donneurs d’ordre comme une projection du fonctionnement

d’une organisation performante. Il représente donc un idéal à atteindre. Mais cette projection

reste équivoque, elle offre un éventail d’interprétations possibles. Les acteurs cherchent alors à

réduire cet éventail, par leurs interactions et en effectuant des mises en liaisons d’indices épars.

Dans ce contexte, certains acteurs jouent le rôle de traducteur. Ils tentent par différents moyens

de fédérer les autres autour de l’outil et de stabiliser des interprétations communes. Au delà des

rapports de forces engagés, l’appropriation du groupware passe par la formulation d’un projet

d’usage personnel, jamais définitif mais qui constitue une prise de position temporaire et

évolutive vis-à-vis de l’outil. De ce projet d’usage naissent différentes formes d’activation de

l’outil. Dans cette troisième partie, nous répondrons ainsi aux questions suivantes : comment se

construit le projet d’usage relatif au groupware ? De quoi naît l’équivocité des groupwares ?

Comment se traduit-elle ? Comment les acteurs cherchent-ils à la réduire ? Comment se forment

les usages ? Les propos s’organisent en trois temps.

Premièrement, le groupware en tant qu’innovation managériale, est envisagé comme un

projet d’organisation élaboré au fil de traductions. Les acteurs sont engagés dans ce

projet, s’y investissent de façon variable mais ne peuvent s’en abstraire sans quitter

l’entreprise. C’est donc les rapports de forces qui se jouent lors de la mise en place d’un

groupware qui sont investigués. La question consiste alors à savoir quel rôle cet

engagement de fait et encouragé par des pratiques managériales, joue sur les processus

d’appropriation du groupware ?

− Deuxièmement, nous prêtons attention au projet d’usage que l’acteur élabore autour de

l’outil. Plus particulièrement, nous nous intéressons aux conditions et aux processus de sa

formation.

Enfin, nous abordons la question des usages effectifs du groupware et nous examinons

les différentes formes qu’ils peuvent recouvrir.

La quatrième partie met l’accent sur les situations de mise en place des groupwares

comme des moments privilégiés d’ajustement entre les acteurs.

Le groupware est vu dans un premier temps comme une occasion de communication.

Dans des entreprises où s’affirme comme constat partagé par tous l’idée d’une

communication déficiente, l’introduction d’un nouvel outil justement censé l’améliorer

représente une occasion de communication privilégiée au sein des équipes. Les

conversations peuvent alors prendre la forme de négociations au cours desquelles il s’agit

de négocier le sens du groupware.

− Or, nous voyons dans un deuxième temps que, pour les acteurs, négocier le sens de

l’outil, revient à négocier aussi leur propre rôle dans l’entreprise. C’est une question

identitaire qui se joue, pour l’acteur, mais aussi pour le collectif, puisque l’introduction

d’un groupware interroge la stabilité des fondamentaux qui cimentent le collectif :

quelles sont nos missions, quel est notre métier, comment travaillons-nous ensemble,

comment vivons-nous ensemble ? Résoudre ces questions implique de conjuguer

différentes logiques en tension dans les organisations : rationaliser et innover, se

conformer et s’affirmer, maintenir les liens et créer des contacts. L’appropriation d’un

groupware consiste alors en la capacité à concilier ces logiques, donnant ainsi un sens à

l’outil.

− Nous étudions dans un troisième temps le rôle du manager dans cet exercice, en tant que

traducteur et producteur de sens. La question ici est de savoir dans quelle mesure le

manager joue-t-il un rôle de pivot dans la transformation des organisations ? Si ses

missions de traducteur, d’accompagnateur sont définies à travers sa fonction, comment

les met-il en œuvre afin d’encourager l’appropriation du groupware ? Quel rôle joue-t-il

dans les processus d’appropriation des groupwares ?

1

ère

PARTIE :

« La contrainte formelle est une ressource essentielle de la création, comme socle et canalisation

de l’imagination » (Lorino

125

, 2006 : 64).

L’objectif de cette première partie consiste à effectuer une clarification du double cadre

théorique que nous mobilisons dans cette recherche : la théorie de la traduction introduite par les

auteurs Madeleine Akrich, Michel Callon et Bruno Latour, et la théorie du sensemaking

développée par Karl E. Weick ; ces deux traditions s’intéressant aux processus de transformation

des organisations. Plus précisémment, dans les chapitres 1 et 2, nous définissons ces approches

théoriques en montrant leurs apports pour l’analyse des processus d’appropriation des

groupwares dans les entreprises et en précisant leurs limites. Puis, au cours du chapitre 3, nous

les rapprochons afin de montrer comment ces approches se fécondent et peuvent être articulées.

Pour cela nous proposons de les inscrire dans une épistémologie socio-constructionniste ; nous

les envisageons comme grille de lecture du changement dans les organisations ; nous mettons en

avant le manager comme producteur de sens et traducteur et, enfin, nous nous intéressons au

concept de « manipulation » qui leur est commun. En rapprochant ces deux théories, nous ne

souhaitons pas négliger leurs différences profondes. Notre ambition consiste davantage à

préciser leur complémentarité afin d’établir un socle solide pour analyser les processus

d’appropriation des groupwares en entreprise. Le chapitre 4 s’attache à définir une grille de

lecture des TIC et des groupwares en particulier. Le chapitre 5 est, quant à lui, consacré à

l’approche que nous mettons en avant pour analyser les processus d’appropriation des

groupwares en entreprise.

125

Documents relatifs