2.6 Conclusion . . . 72
2.1 - Introduction
2.1 Introduction
Les observations radiom´etriques, sur le Plateau Antarctique, sont une mesure de
l’´emis-sion micro-onde de la neige, de la propagation du REM ´emis au sein du manteau
nei-geux et de sa transmission `a travers l’interface air-neige et l’atmosph`ere (voir le
cha-pitre1). L’´etude deBindschadler et al. (2005) a p.e. montr´e que les pics de temp´erature
de brillance, `a 85 GHz et en polarisation verticale, permettaient de d´etecter les ´ev´enements
de pr´ecipitation, une fois la neige d´epos´ee sur le sol. En effet, le d´epˆot de neige sur la
sur-face entraˆıne g´en´eralement une augmentation rapide de T
B(85, v), par une diminution de
la diffusion du REM ´emis, `a cause de la petite taille des particules de neige fraˆıche. Les
observations radiom´etriques d´ependent donc de l’´etat de surface.
Le calcul du rapport de polarisation permet d’accroˆıtre la sensibilit´e des mesures
satel-lite `a l’´etat de surface. La r´eflexion `a l’interface air-neige du REM polaris´e horizontalement
est principalement fonction de la densit´e de la neige (voir le chapitre 1). Ainsi, des
chan-gements de la densit´e proche de la surface, p.e. par le d´epˆot de neige fraˆıche, modifient
le rapport de polarisation. La mod´elisation permet d’´etudier l’influence de l’´etat de
sur-face, en particulier la densit´e, sur le rapport de polarisation. Elle n´ecessite n´eanmoins
de connaˆıtre les profils verticaux des grandeurs physiques du manteau neigeux, le REM
micro-onde ´emergeant de plusieurs m`etres de profondeur.
Les m´ethodes utilis´ees pour caract´eriser physiquement la neige dans les r´egions Alpines
ou Arctiques ne sont cependant pas toujours adapt´ees, `a la fois aux conditions extrˆemes du
Plateau Antarctique et `a son manteau neigeux (les diff´erences entre les manteaux neigeux
sont d´ecrites dans l’annexeD). Compte tenu p.e. de la profondeur de p´en´etration du signal
micro-onde `a 19 GHz (3.7 m environ, Brucker et al.,2011), la mesure d’un profil profond
de la taille des grains de neige par des mesures ponctuelles est longue et fastidieuse. En
outre, des difficult´es suppl´ementaires se posent proche de la surface, en particulier `a cause
de la perturbation des mesures optiques et du r´echauffement de la neige par le
rayonne-ment solaire, ainsi que par la faible ´epaisseur et coh´esion de la premi`ere couche de neige.
L’objectif de ce chapitre est de d´ecrire les m´ethodes exp´erimentales
uti-lis´ees et / ou d´evelopp´ees permettant de mesurer les grandeurs physiques de
la neige sur le Plateau Antarctique.
Le manteau neigeux du Plateau Antarctique est permanent, c.-`a-d. que la neige
s’accu-mule sur celle des ann´ees pr´ec´edentes. Il peut ˆetre d´efini comme un empilement de couches
de neige de hauteur variable. Une couche de neige est un milieu biphasique, constitu´e d’un
ensemble de grains de neige
1et d’agr´egats de grains, entour´es d’air (voir la figure2.1). La
forme des grains de neige est tr`es variable, cette forme pouvant ˆetre sph´erique, hexagonale
ou ´etoil´ee, ainsi que leur taille, pouvant aller d’une dizaine de microm`etres `a un centim`etre.
La neige d´epos´ee au sol subit ensuite des transformations physiques au cours du temps.
L’ensemble des ph´enom`enes physiques (m´ecanique et thermodynamique) affectant les
pro-pri´et´es physiques de la neige sont appel´es m´etamorphisme (Colbeck,1982,1983). L’action
m´ecanique regroupe entre autre le glissement, le fluage et le frittage des grains de neige,
sous l’action du vent et de la gravit´e. Ce m´etamorphisme m´ecanique entraˆıne g´en´eralement
une augmentation de la coh´esion et de la densit´e de la neige. L’action thermodynamique
est elle gouvern´ee par la temp´erature et la courbure de la surface des grains, sous l’influence
´eventuelle de l’eau liquide.
1. Nous emploierons de mani`ere ´equivalente les termes cristaux de glace, grains de glace ou grains de
neige pour d´esigner un polycristal de glace.
Chapitre 2 : Caract´erisation physique du manteau neigeux
Figure2.1 – Images en trois dimensions de la neige, obtenues par tomographie aux rayons
X. Les couleurs repr´esentent la courbure (convexe ou concave) de la surface des grains de
neige et la taille d’une image est d’environ 2.5 mm.Source : Flin et al. (2004).
L’effet de la temp´erature sur le m´etamorphisme est g´en´eralement visible `a l’´echelle
macroscopique, par l’´etablissement d’un gradient de temp´erature `a l’int´erieur du manteau
neigeux, qui entraˆıne des flux de vapeur d’eau en son sein, alors que la courbure locale
des grains poss`ede un effet plus microscopique, entraˆınant des transferts de vapeur d’eau
des surfaces convexes des grains de neige vers les surfaces concaves. Ces deux m´ecanismes
(macroscopique ou microscopique) tentent d’´etablir l’´equilibre thermodynamique entre la
phase solide et gazeuse de l’eau. Le plus souvent, l’action thermodynamique macroscopique,
li´ee au gradient de temp´erature dans le manteau neigeux, est dominante.
Les grandeurs physiques caract´erisant la neige sont principalement la temp´erature, la
teneur en eau liquide, la densit´e, la taille et la forme des grains, la conductivit´e et diffusivit´e
thermique, et la perm´eabilit´e (Domine et al.,2008). Pour l’´etude de l’´emission micro-onde
sur le Plateau Antarctique et sa mod´elisation, les grandeurs dominantes sont la taille des
grains, principalement responsable de la diffusion, la densit´e, qui influence essentiellement
l’absorption et l’´emission, et la temp´erature qui gouverne l’´emission thermique naturelle
(voir le chapitre1et l’annexeC). Les m´ethodes utilis´ees lors de ces travaux se concentrent
donc sur ces trois variables, la taille des grains ´etant ´etudi´ee `a travers laSSA(abr´eviation
du terme anglais specific surface area).
La section 2.2 ´etudie en premier la surface sp´ecifique de la neige. Les limites et
in-conv´enients des m´ethodes existantes pour mesurer la SSA sont examin´es, en regard des
contraintes associ´ees `a notre ´etude. Dans ce contexte, les instruments POSSSUM et
ASS-SAP ont ´et´e d´evelopp´es au LGGE et sont d´edi´es `a l’observation du manteau neigeux
An-tarctique. Le cas particulier de la SSA de surface est enfin ´etudi´e. La section2.3concerne
ensuite la densit´e de la neige. Cette section ´etudie notamment la variabilit´espatiale de la
mesure de la densit´e et comment mesurer la densit´e du givre pr´esent sur la surface. Les
sections2.4et 2.5pr´esentent enfin une m´ethode de mesure du profil de temp´erature dans
le manteau neigeux et l’observation manuelle de la stratigraphie.
2.2 - La surface sp´ecifique de la neige
2.2 La surface sp´ecifique de la neige
2.2.1 Probl´ematique & ´etat de l’art
La surface sp´ecifiquede la neige est utilis´ee depuis plusieurs ann´ees pour quantifier la
taille des grains (Kokhanovsky and Schreier, 2009; Matzl and Schneebeli, 2010; Brucker
et al., 2011; Gallet et al., 2011; Roy et al., 2013; Dupont et al., 2013 (accepted). Elle
correspond au rapport entre la surface et le volume de glace, par unit´e de masse :
SSA=S/(ρ
glace·V) (2.1)
avec SSA la surface sp´ecifique de la neige (en m
2kg
−1), S et V respectivement la
surface (en m
2) et le volume de glace (en m
3), etρ
glacela masse volumique de la glace (en
kg m
−3). La surface sp´ecifique est inversement proportionnelle au rayon optique :
SSA= 3/(ρ
glace·r
opt) (2.2)
Le rayon optique d’une couche de neige est le rayon d’une sph`ere satisfaisant la
condi-tion suivante : le rapport surface sur volume d’une colleccondi-tion de particules sph´eriques,
d´efinies par le rayon optique, est ´egal au rapport surface sur volume de l’ensemble des
grains de neige. Ainsi, les propri´et´es optiques de la couche, notamment l’alb´edo de
diffu-sion simple (Kokhanovsky and Sokoletsky,2006a;Dumont et al.,2010), sont comparables
entre la couche constitu´ee de grains r´eels et l’ensemble des sph`eres d´efinies par le rayon
op-tique (Warren,1982;Grenfell and Warren,1999;Painter and Dozier,2004;Kokhanovsky,
2009). Le nombre de sph`eres de la collection peut cependant ˆetre largement sup´erieur au
nombre de grains de neige, afin de repr´esenter les propri´et´es optiques de la couche de
neige (M¨atzler,2002).
Par d´efinition, la surface sp´ecifique de la neige est donc une variable objective,
ind´epen-dante de la forme des grains et ne requiert pas de diff´erencier grains de neige et agr´egats
de neige. Elle repr´esente l’ensemble de la glace dans une couche de neige homog`ene. Ainsi,
elle remplace avantageusement la taille des grains de neige, qui est une notion complexe et
ambigu¨e (Debye and Bueche,1949;Debye et al.,1957;LaChapelle,1969). En effet, celle-ci
peut ˆetre d´efinie comme la taille moyenne des grains d’une couche de neige homog`ene (
Col-beck et al.,1990;M¨atzler,2002;Fierz et al.,2009). Cependant, cette d´efinition ne pr´ecise
pas ce que repr´esente la taille. Or, les nombreuses d´efinitions utilis´ees pour quantifier cette
taille, i.e. l’extension maximale d’un grain, la moiti´e de la plus grande dimension d’une
particule de neige, la longueur de corr´elation ... (M¨atzler,2002), sont d´ependantes, soit de
l’observateur, soit de la forme des grains de neige. De plus, la taille moyenne ne repr´esente
pas parfaitement la distribution r´eelle de la taille des grains de neige, qui souvent s’´eloigne
d’une distribution normale (Aoki et al.,2000; Nakamura et al., 2001). L’ensemble de ces
travaux de th`ese utilise la SSA pour caract´eriser la taille des grains.
Peu d’´etudes pr´esentent des mesures de la surface sp´ecifique de la neige sur le Plateau
Antarctique (Gallet et al., 2011; Brucker et al., 2011; Picard et al., 2012b). Les valeurs
mesur´ees sont comprises entre 11.5 et 56 m
2kg
−1, avec g´en´eralement une d´ecroissance de
la SSA avec la profondeur, le m´etamorphisme entraˆınant souvent la croissance des grains
de neige (Domine et al.,2008). Diverses m´ethodes exp´erimentales existent pour d´eterminer
la surface sp´ecifique de la neige :
Chapitre 2 : Caract´erisation physique du manteau neigeux
1. L’adsorption de m´ethane `a la surface des particules (Hanot and Domine, 1999;
Le-gagneux et al.,2002;Domine et al.,2007).
2. La st´er´eologie sur des images bidimensionnelles de la neige, obtenue p.e. par ´episcopie
coaxiale (Arnaud et al.,1998;Matzl and Schneebeli,2010).
3. Le calcul num´erique sur des images tridimensionnelles de la neige, obtenue `a l’aide
de la microtomographie aux rayons X (Flin, 2004;Kerbrat et al.,2008; Flin et al.,
2011;Heggli et al.,2011).
4. La mesure de la r´eflectance infrarouge de la neige (Domine et al., 2006;Matzl and
Schneebeli,2006), appel´ee m´ethode optique.
Cette derni`ere m´ethode est le concept de base des instruments POSSSUM et
ASS-SAP (Arnaud et al.,2011), d´evelopp´es et mis au point pendant ces travaux de th`ese.
Adsorption de m´ethane (1)
Le principe de cette m´ethode consiste `a d´eterminer la surface des grains de glace
accessible au m´ethane gazeux. Elle est illustr´ee par la figure 2.2 qui montre une
mono-couche de gaz `a la surface d’un cristal de glace. Plus pr´ecis´ement, l’isotherme d’adsorption
du m´ethane sur un ´echantillon de neige est mesur´e `a la temp´erature de l’azote liquide
(77.15 K pour une pression atmosph´erique standard) par une m´ethode volum´etrique (
Le-gagneux et al.,2002). L’analyse de l’isotherme permet ensuite de d´eterminer la surface de
l’´echantillon, convertie en surface sp´ecifique `a l’aide de sa masse.
Figure2.2 – Adsorption de mol´ecules de m´ethane sur la surface d’une particule de glace,
formant une monocouche de gaz.Source : Domin´e, F., communication personnelle, Takuvik
International Laboratory, Canada.
Les principaux avantages de cette m´ethode sont une grande pr´ecision (inf´erieure `a
8%), une bonne reproductibilit´e et une mesure directe de la SSA (le nombre de mol´ecules
de gaz adsorb´ees est proportionnel `a la surface). Cependant, le temps d’une mesure est
relativement long, de l’ordre de trois heures, et ne peut s’effectuer qu’en laboratoire, apr`es
la r´ecolte d’un ´echantillon de neige sur le terrain.
St´er´eologie sur des images bidimensionnelles (2)
Le principe de cette m´ethode est de d´eduire des propri´et´es tridimensionnelles `a partir
d’images en deux dimensions comportant deux milieux, dans notre cas la glace et l’air.
Diff´erentes techniques permettent d’obtenir des images en deux dimensions de la neige,
comme l’imagerie par rayons X (Ketcham and Carlson,2001) ou l’´episcopie coaxiale (voir
la figure 2.3,Arnaud et al.,1998).
2.2 - La surface sp´ecifique de la neige
Figure 2.3 – Lame mince de glace (les zones noires repr´esentent l’air et les zones grises
la glace) obtenue par ´episcopie coaxiale. La taille de la lame est de l’ordre du centim`etre.
Source :Arnaud et al. (1998).
`
A partir d’une image bidimensionnelle, les m´ethodes st´er´eologiques permettent
d’es-timer des variables tridimensionnelles (Underwood, 1970;Davis and Dozier, 1989;Matzl
and Schneebeli, 2010). Deux principes de bases fondent la st´er´eologie : le principe des
indivisibles (appel´e aussi le principe de Cavalieri, du nom de son inventeur) et l’inf´erence
par ´echantillonnage. Le principe des indivisibles pour une surface plane est le suivant :
si toutes les droites parall`eles de cette surface coupent deux r´egions de cette surface par
des segments de mˆemes longueurs, alors les deux r´egions poss`edent des aires ´equivalentes.
Le second principe, celui de l’inf´erence par ´echantillonnage, stipule qu’un ´echantillonnage
al´eatoire d’une population permet d’inf´erer des statistiques non biais´ees de la population
d’origine avec un intervalle de confiance. Des calculs statistiques permettent ensuite
d’esti-mer des param`etres g´eom´etriques tridimensionnels comme la densit´e ou le rapport entre la
surface de glace et son volume, i.e. proche de la surface sp´ecifique (Matzl and Schneebeli,
2010).
Cette m´ethode est pr´ecise et le temps n´ecessaire pour les calculs st´er´eologiques est
assez faible. Cependant, la d´etermination de la SSA est indirecte, et, de la mˆeme mani`ere
que pour l’adsorption de m´ethane, elle n´ecessite le pr´el`evement d’´echantillon de neige.
Calcul num´erique sur des images tridimensionnelles (3)
Le principe de cette m´ethode est le calcul num´erique direct de la surface sp´ecifique, `a
partir d’image en trois dimensions 3D de la neige (voir la figure 2.1). La reconstruction
num´erique d’image 3D se fait g´en´eralement par la mesure de l’absorption, diff´erenci´ee en
fonction de la direction, de rayons X traversant l’´echantillon de neige. Cette technique est
appel´ee microtomographie aux rayons X. L’analyse de la structure en trois dimensions des
grains de neige permet d’estimer la surface sp´ecifique de la neige (Flin et al.,2005,2011).
Trois principales approches num´eriques existent pour estimer la SSA `a partir des images
3D (Flin et al., 2011) : une approche st´er´eologique 3D, une approche par triangulation
de la surface et une approche par projection de la normale `a la surface de chaque face
d’un voxel
2. La derni`ere m´ethode est la plus pr´ecise si le nombre de voxels de l’image
est important, notamment parce que la neige est un milieu anisotrope
3, biaisant ainsi
l’approche st´er´eologique.
2. Un voxel est l’´equivalent d’un pixel en deux dimensions, c.-`a-d. un ´el´ement cubique ´el´ementaire.
3. Un milieu isotrope est un milieu dont les propri´et´es physiques sont invariantes en fonction de la
direction.
Chapitre 2 : Caract´erisation physique du manteau neigeux
Les avantages et inconv´enients de cette m´ethode sont similaires `a ceux de la m´ethode
par adsorption de m´ethane. Ces deux m´ethodes sont consid´er´ees comme des
≪r´ef´erences
≫.
N´eanmoins, les images 3D offrent de plus une visualisation de la microstructure de la neige,
permettant l’´etude de la porosit´e de la neige, de la forme des grains, des liens entre les
grains, ... Enfin, la pr´eservation des ´echantillons de neige dans un liquide r´efrig´erant peut
induire des biais de mesure. Les trois m´ethodes pr´esent´ees pr´ec´edemment sont sujettes `a
cette potentielle source d’erreur.
M´ethode optique (4)
Le principe de cette derni`ere m´ethode r´eside dans la d´ependance de la r´eflectance de
la neige, c.-`a-d. la proportion de radiation r´efl´echie, `a la surface sp´ecifique dans le proche
infrarouge (Warren,1982;Matzl and Schneebeli,2006;Domine et al.,2006). La figure2.4
montre l’´evolution de l’alb´edo spectral de la neige en fonction de la longueur d’onde pour
des valeurs de SSA diff´erentes (voir le chapitre3 pour plus de d´etails sur l’alb´edo).
750 1000 1250 1500 1750 2000
Longueur d’onde (nm)
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
Albédo spectral
SSA = 32.7 m
2kg
-1; r
opt= 0.1 mm
SSA = 6.5 m
2kg
-1; r
opt= 0.5 mm
SSA = 3.3 m
2kg
-1; r
opt= 1.0 mm
Figure 2.4 – ´Evolution de l’alb´edo spectral de la neige en fonction de la longueur d’onde
pour diff´erentes valeurs de SSA. Ces courbes sont calcul´ees avec le mod`ele DISORT qui
mod´elise le transfert radiatif dans la neige. La neige est assimil´ee `a des particules sph´eriques
de glace dans de l’air.
Plusieurs instruments existent pour mesurer la SSA de la neige par m´ethode optique.
La premi`ere mise en œuvre de cette technique a ´et´e la photographie de la face d’un
puits de neige dans le NIR (acronyme du terme anglais near infrared) en 2006 (Matzl
and Schneebeli, 2006). L’utilisation d’une sph`ere int´egrante, c.-`a-d. recueillant toutes les
radiations r´efl´echies par la surface d’un ´echantillon de neige, est la base de l’instrument
DUal Frequency Integrating Sphere for Snow SSA measurement (DUFISSS) d´evelopp´e en
2009 (Gallet et al.,2009). Dans le mˆeme temps, un spectroradiom`etre portable a ´et´e mis
au point pour mesurer la SSA sur la face d’un puits de neige (Painter et al.,2007).
2.2 - La surface sp´ecifique de la neige
Plus r´ecemment, la photographie NIR a ´et´e am´elior´ee (Langlois et al.,2010;Montpetit
et al., 2012) par une modification de la longueur d’onde de mesure, le SWIR (longueur
d’onde comprise entre 1.4 et 3µm, not´ee SWIR pour le terme anglais short wavelength
infrared), et l’instrument InfraRed Integrating Sphere (IRIS) a ´et´e con¸cu sur le mˆeme
concept que DUFISSS (Montpetit et al.,2012). Parall`element, les instruments Profiler Of
Snow Specific Surface area Using SWIR reflectance Measurement POSSSUM et Alpine
Snow Specific Surface Area ProfilerASSSAP ont ´et´e construits (Arnaud et al.,2011).
Les avantages des m´ethodes optiques sont essentiellement leur rapidit´e de mesure et leur
facilit´e de mise en œuvre sur le terrain. Cependant, les pr´ecisions sont a priori l´eg`erement
inf´erieures aux m´ethodes de
≪r´ef´erence
≫. Ceux sont de plus des mesures indirectes,
puisqu’elles n´ecessitent la conversion de la r´eflectance h´emisph´erique en surface sp´ecifique.
Cette conversion ´emet l’hypoth`ese de sph´ericit´e des grains de neige, pouvant engendrer
des variations de SSA en fonction de la forme des grains allant jusqu’`a 20% (Picard et al.,
2009a). Les probl`emes majeurs des m´ethodes utilisant une sph`ere int´egrante viennent du
pr´el`evement d’´echantillons. La neige est en effet collect´ee dans une coupelle, plac´ee sous
la sph`ere int´egrante pour la mesure. Cet ´echantillonnage entraˆıne diverses contraintes et
sources d’erreur potentielles : la premi`ere est un ´echantillonnage vertical pouvant
diffici-lement d´epasser 3 cm ; la deuxi`eme est la mesure de la SSA int´egr´ee sur toute la hauteur
de la coupelle, mˆeme si la r´eflexion de surface est largement sup´erieur aux r´eflexions `a
l’int´erieur de l’´echantillon ; la troisi`eme est le temps n´ecessaire pour creuser un puits
pro-fond (5 m par exemple) ; la derni`ere est la possible ´evolution de la SSA de l’´echantillon lors
de son pr´el`evement (destruction m´ecanique de sa microstructure ou d´epˆot de
≪poussi`ere
de neige
≫si la neige est tr`es coh´esive) ou durant le temps de la mesure (m´etamorphisme
rapide). Cependant, ce dernier aspect semble peu prononc´e d’apr`es Gallet et al. (2009).
Enfin, les m´ethodes optiques par photographie NIR ou SWIR n´ecessitent un protocole tr`es
rigoureux afin d’obtenir une pr´ecision similaire aux autres m´ethodes optiques. En effet,
la g´eom´etrie de la prise de photo, ainsi que l’´eclairement, sont des facteurs cruciaux pour
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Evolution de la surface de neige sur le plateau Antarctique : observation in situ et satellite
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