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Des stratégies d’intervention orientées vers la motivation et le changement 56 !

CHAPITRE 3: Exposé et analyse des résultats 31!

3.4. STRATEGIES D’INTERVENTION CENTREES SUR L’ALLIANCE THERAPEUTIQUE 48!

3.4.3. Des stratégies d’intervention orientées vers la motivation et le changement 56 !

changement. Comme le précise l’un des interrogés de l’étude de Barry (2013), « Nobody can help you stop, you’ve gotta just, you’ve gotta want to do it for yourself. See if you don’t want to do it for yourself, you’ve got no hope » (Barry, 2013, p.61). Aussi, une réflexion sur la possibilité de la stimuler chez un contrevenant est de mise. Ainsi, selon Clark (2005), accompagner le contrevenant revient à le persuader de la pertinence du changement à réaliser, soit: « seeing change as something they should do and can do » (Clark, 2005). Dans cette dernière sous-partie, plusieurs stratégies d’intervention centrées sur l’alliance thérapeutique et la motivation à la collaboration sont donc évoquées.

Selon Clark, la relation thérapeutique est au cœur du processus de changement et c’est un climat propice et adéquat qui contribue à stimuler la motivation du contrevenant (Clark, 2005). L’établissement de l’alliance dépend de la croyance de l’agent envers son client et en ses potentialités. Selon cette perspective, l’agent reconnaît les forces et stimule les ressources de son client afin de lui transmettre la conviction qu’il est en mesure de changer. Plus précisément, les interventions alimentent l’estime de soi de l’individu et l’invitent à prendre connaissance de ses habiletés et compétences (F.- Dufour-Villeneuve, Perron, 2018) en l’éclairant sur ses aptitudes. Cette prise de conscience introduit dans l’esprit du sujet la possibilité d’une autre identité sociale,

d’un individu non impliqué dans la criminalité. Il convient alors de lui ouvrir les yeux

sur la possibilité concrète de se réinsérer et de reprendre le contrôle sur sa vie et sur ses choix (O’Sullivan et al., 2018) : « belief in redeemability » (O’Sullivan et al., 2018). Cette conviction de la capacité de se désister est considérable au processus de changement (F.-Dufour, Brassard et Martel, 2016).

D’ailleurs, les études démontrent que les interventions qui favorisent l’empowerment stimulent également la motivation des individus. En fait, selon Rex (1999), l’enjeu de l’intervention réside dans la maîtrise équilibrée de l’encouragement sans fournir les solutions puisque la résolution de problème et l’autonomie constituent des objectifs de surveillance (F.-Dufour, Villeneuve, Perron, 2018). Ainsi, quelle que soit l’intervention réalisée, leur participation aux réflexions et le fait que les propositions

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émanent de leur propre bon sens est valorisant et apprécié des participants (Rex, 1999), ce qui impacte sur l’estime de soi ainsi que sur la prise de conscience de ses habiletés (F.-Dufour, Villeneuve, Perron, 2018). Autrement dit, l’agent propose et accompagne afin de stimuler les potentialités de son client en termes de résolution de problèmes.

De même, la motivation peut être encouragée par une entrevue motivationnelle qui explore les conséquences néfastes du comportement criminel. L’un des contrevenants de l’étude de Barry (2013) évoque ce point :

I think that was probably the major thing that stopped me in my tracks, seeing like the effects it had on other people, cos I really didn’t want to end up hurting other people and I didn’t think about that at the time when I was offending (Barry, 2013 p.57).

Le surveillant communautaire expose son client aux conséquences de ses actions : « It’s your choice, but is there anything we can do to help you avoid those consequences ? » (Clark, 2005, p.8). De même la confrontation de ces actes au système de valeur du contrevenant peut constituer une source de motivation à la collaboration et au changement. En effet, la supervision communautaire stimule les questionnements individuels et personnels des contrevenants sur les choix de vie, confrontant leurs attitudes passées avec leur système de valeurs, ainsi que des remises en question (Rex, 1999). Elle contribue de même à explorer les avantages à cesser tout comportement criminel et à envisager les moyens à disposition pour faire évoluer la situation actuelle. L’intervenant éveille le contrevenant sur les grappins à changements (F.-Dufour, Brassard, Martel, 2016; F.-Dufour, Villeneuve, Perron, 2018). De même, selon l’étude de Barry (2007), le désistement s’inscrit dans une projection d’un futur positif et agréable pour le contrevenant d’où la pertinence de leur fournir des grappins à changement qui se rapprochent de cette vision d’avenir espéré.

Au bilan, lors d’une supervision en communauté, l’accent est porté sur l’écoute, la communication et le dialogue en lien avec les problématiques rencontrées et les conséquences des comportements criminels, dans le respect et le non jugement (Barry, 2007). De même, selon les interrogés de l’étude de Leibrich (1994), l’importance de centrer l’intervention sur les besoins propres individualisés des contrevenants, la prise de risque, l’authenticité, l’alternance de soin et de surveillance et le fait de stimuler

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l’empowerment chez les contrevenants sont remarqués : « I learned that I could stand up for myself as a woman » (Leibrich, 1994, p. 46). Ainsi, il ressort de cette étude un rôle facilitateur ou catalyseur de la supervision en communauté sur le processus de désistement de l’individu, leur permettant de considérer des alternatives pro-sociales dans leur vie ainsi que de prendre conscience et connaissance de possibilités concrètes à la mise en place de ce changement. De même, elle réveille et stimule la main mise sur les potentialités des individus en termes de résolution de problèmes, confiance en soi, etc. (Rex, 1999).

Finalement, les recherches recensées font état d’une vision globalement commune des agents et des contrevenants sur les interventions appréciées et efficaces. En effet, une apétence particulière pour l’élaboration de la relation, l’accompagnement et le soutien sont mentionnés par l’ensemble des acteurs comme missions préférées des agents communautaires et interventions favorisées par les contrevenants (Annison et al., 2008; Worral et Mowby, 2014). Cette entente pourrait être verbalisée et communiquée au profit de la relation, tel un accord sur les moyens pour parvenir aux fins de l’intervention (Bordin, 1979).

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