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Chapitre 4 : Résultats

4.3 Liens entre l’exposition à la violence conjugale et les expériences vécues dans les

4.4.3 Eux-mêmes et leurs stratégies pour faire face à la violence

Des décisions prises par les participants telles que l’aide qu’ils désiraient obtenir (ex. : « Chaque évènement de ma vie c’était vraiment important pour former la personne que je suis aujourd’hui et heureusement j’ai eu la prise de conscience d’aller chercher de l’aide», Maria, 33 ans) et l’ouverture à de nouvelles avenues ont permis aux participants de s’aider à travers la violence. Entre autres, la méditation était source de bienveillance pour un participant et la pensée positive et des activités plaisantes aidaient grandement une autre participante (ex. : « J’essaye d’être positive, me changer les idées, faire du coloriage, faire des mots cachés ou peu importe », Marjorie, 39 ans). Que ce soit en participant à des activités telles que le scoutisme, les participants ont été en mesure de socialiser et de s’ouvrir sur le monde. D’un autre côté, certains participants ont déclaré que s’affirmer et mettre ses limites leur a permis de se faire respecter.

C’est une pratique, j’allais dire que c’était une baguette magique, mais ce n’est pas une baguette magique, mais honnêtement, ça fait une grosse différence si on le fait bien.

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(…) Je faisais de la méditation un peu et je me regroundais, puis ça allait mieux. - Jason, 34 ans.

J’ai été dans le scoutisme. J’ai fait des activités, c’était super le fun. Ça m’a amené à socialiser et en même temps, ça m’a permis de m’ouvrir par rapport à certaines situations. Il y a eu des hommes positifs là aussi quand même. Donc ça m’a beaucoup aidé à socialiser et à m’émanciper là-dedans. -Jason, 34 ans.

Ce qui m’a aidé beaucoup, l’affirmation de soi. Quand on comprend dans la vie que c’est important de prendre sa place parce que si on ne prend pas sa place, il n’y a pas personne qui va nous la donner. (…) De te dire que tu as le droit toi aussi (…) d’avoir le respect, la dignité et l’intégrité, la protection. Moi ça a été beaucoup l’affirmation de moi, beaucoup. Ça m’a donné un drive incroyable. –Meggie, 33 ans.

Les participants décrivent l’un de leurs traits de caractère qui les ont aidés à passer à travers la violence dans leur vie comme étant de la résilience. Malgré que plusieurs participants aient nommé le terme de la résilience dans leur trait de caractère, ceux qui n’ont pas explicitement employé ce terme se décrivent comme étant des personnes avec les capacités de rebondir d’une situation à une autre en faisant des choix qui les amènent à se relever en cas de difficulté, ce qui correspond aussi à la définition de la résilience (Hornor, 2017). Les participants mentionnent l’influence de l’EVC ainsi que les autres formes de victimisation dans l’obligation de former leur résilience pour passer à travers les étapes de leur vie.

Comme personnage principal de ma vie, mon influence a été ma résilience. C’est la capacité de voir le positif parmi tout ça et la capacité aussi de me créer des stratégies pour m’en sortir. De voir qu’à la fin, il y a toujours un petit bout de lumière en plus que je suis dans le noir, en plus d’être blessée, il y a toujours de la lumière. C’est vraiment mon côté résilient malgré tout. Ça, ça me définit. -Maria, 33 ans.

Selon les participants, le fait d’avoir une facilité dans une autre trajectoire de vie est considéré comme un facteur aidant, puisque cela leur permettait d’avoir un aspect positif dans leur vie.

M’investir dans le scolaire. Ça, ça me fait du bien parce que je vais me chercher là dans beaucoup de reconnaissance et beaucoup d’estime. J’ai toujours été bonne à l’école [alors] ça, c’est une force que j’ai et ça me suit tout le temps. (…) Ça, ça me faisait beaucoup de bien. –Alexandra, 28 ans.

La plupart des participants considèrent qu’il y a une évolution dans leur réaction et leur stratégie face à la violence au cours des années. Certains se sont habitués à vivre avec de la violence puisqu’il y en a depuis qu’ils sont tout petits. Pour la plupart des participants, les stratégies ont

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évolué dans le temps, laissant place à l’accueil des émotions et la demande d’aide. Certains ont eu recours à des stratégies d’évitement telles que le détachement de la situation afin de ne pas être trop traumatisés par les évènements qui leur sont arrivés.

(…) avec le temps c’est ça, j’ai compris qu’il y en avait d’autres puis c’est correct de vivre des émotions, de les accueillir et justement de pleurer c’est correct. Il y a moyen de prendre soin de soi sans se blesser. –Jason, 34 ans.

Je ne me souviens vraiment pas parce que si j’ai des évènements un peu traumatisants, dans ma tête, j’efface les dates, les jours justes, pour ne pas rester dans ma tête [avec] des numéros des dates, des chiffres. C’est comme un peu nébuleux. C’est une chose que j’essaie de me cacher pour ne pas me martyriser avec ça. Je ne voulais pas devenir une martyre en souffrance. –Maria, 33 ans.

De manière plus spécifique à l’EVC, les participants ont eu recours à plusieurs moyens afin de faire face à la violence. Certains ont confronté leurs parents en s’interposant dans le conflit (ex. : « Mais moi d’habitude, je suis là. Je fais ça depuis que je suis petite là, depuis que je suis arrivée ici. Mon job c’est de les arrêter. Sinon ça va aller mal », Yolanda, 32 ans). D’autres avaient comme stratégie de surveiller de loin les chicanes et être toujours prêts à intervenir en cas de violence. Enfin, certains tentaient de rester à l’écart de la situation et malgré qu’ils étaient curieux, ceux-ci se protégeaient en s’éloignant. Dans bien des cas, les participants ont commencé à intervenir dans la violence lorsqu’ils ont vieilli et ont senti qu’ils avaient plus de pouvoir d’agir. Plus jeunes, ceux-ci étaient davantage portés à se cacher ou à rester dans leur chambre.

Moi je descendais tranquillement comme une petite souris et j’allais me cacher derrière les chaises qui étaient comme attenantes entre le salon et la cuisine. Je me faufilais. Je guettais et je me disais que si mon père essaye de faire mal à ma mère je vais… C’est assez là. Parce qu’à douze ans je commençais à dire que j’avais un peu de pouvoir, un peu. J’ai fait ça pendant longtemps. -Ginette, 55 ans.

Je me cachais dans la garde-robe. J’allais jouer. Je me tassais, j’allais avec ses enfants à elle (belle-mère) et on était tout le temps cinq-six enfants dans cette maison-là fait qu’on faisait juste sortir, s’isoler et faire comme si ça n’existait pas, ou s’enfermer dans la garde-robe. -Marie-Andrée, 26 ans.

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