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vers un nouveau mode de gestion du territoire agricole

Introduction

Les importantes transformations que la politique agricole, les progrès scientifiques et sociaux ont engendrées depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, marquent le territoire rural de manière très prononcée : remembrement, irrigation, drainage, production hors-sol bouleversent « l’ordre agricole traditionnel » des campagnes du début du siècle. Parallèlement, le niveau de vie des agriculteurs s’est amélioré : la qualité de l’alimentation, la sécurité sanitaire et les prix des productions agricoles garantis par la politique agricole commune y ont contribué fortement. Mais les conséquences négatives de l’activité agricole sur le territoire sont nombreuses et leurs relations avec le milieu environnant sont parfois très complexes et difficilement mesurables.

Les récents débats de santé publique et d’écologie du développement, nés d’un concept universel que constitue le « développement durable », soulèvent des questions capitales sur les conséquences que les mutations agricoles ont engendrées sur les milieux naturels et qui continuent de faire sentir leurs effets. Les externalités négatives de l’activité agricole sont nombreuses mais quelles sont leurs réelles portées spatiales ? Quelles sont également les stratégies politico-environnementales développées pour y faire face ? Comment est-il possible de définir une politique adéquate qui puisse réellement répondre à ces impacts alors que certaines répercussions ne sont pas immédiates et ne se révèlent qu’après de longues années ? En introduction, un premier point conceptuel et méthodologique, permet de lever des interrogations sur l’objet d’étude principal, l’environnement. Ensuite, il s’agit de dresser un état des recherches menées en agriculture sur le développement durable et sur les approches géographiques de ce concept. Puis, de manière plus empirique, la relation agriculture/territoire est rapidement abordée à travers le phénomène de spécialisation et de simplification de l’espace consacré à l’agriculture et des singularités que cela peut provoquer. Nous présentons les transformations que l’agriculture a provoquées sur le milieu naturel, à travers les ressources primaires (air, eau, sol), mais également sur la biodiversité. Pour terminer, le

discours s’oriente sur l’évolution des politiques territoriales mises en œuvre pour répondre à ces atteintes et sur leurs stratégies d’adaptation à un monde agricole en perpétuelle mutation.

1. L’environnement : un objet de recherche

Etudier les relations agriculture-environnement nécessite un petit détour conceptuel sur la notion d’environnement. Revenir aux sources de ce concept si souvent utilisé et suivre l’évolution de sa définition constituent les étapes indispensables à la réflexion.

1.1. De l’environnement…

Le mot « environnement » émerge au XIIIème siècle et signifie le « contour » puis il prend le sens de « périphérie » par rapport à un centre. Il a été réellement imposé en tant que terme technique en 1912 par le géographe Vidal DE LA BLACHE qui le définit non seulement comme « ce qui entoure » mais « ce qui inclut ». Pour rendre compte de la complexité du terme, l’auteur s’interroge : « Mais si l’on réfléchit à tout ce qu’implique le mot […]

d’environnement selon l’expression anglaise, à tous les fils insoupçonnés dont est tissée la trame qui nous enlace, quel organisme vivant pourrait s’y soustraire ? ». Les problématiques

écologiques naissantes, le concept perd sa dimension humaine pour ne désigner que le milieu naturel. Plusieurs définitions de l’environnement vont alors émerger sous un point de vue écologiste :

- « ensemble, à un moment donné, des aspects physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux et économiques susceptibles d'avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines » (colloque « Enseignement et environnement », Aix-en-Provence, 1971) ;

- « ensemble des éléments qui forment les cadres, les milieux et les conditions de vie de l'homme et de la société tels qu'ils sont ou tels qu 'ils sont ressentis » (Stockholm

1972).

Il faudra attendre la conférence des Nations Unies sur l’environnement humain à Stockholm en 1972 pour que le « construit humain » soit à nouveau réintégré.

Pierre GEORGES en 1970, voit dans l’environnement « l’ensemble des rapports réciproques

entre les groupes humaines et leur domaine spatial, les interrelations qui lient les sociétés et le milieu dans lequel elles se situent ».

Dans son acception contemporaine, l’environnement est un concept à limites floues et à dimensions sémantiques variables. Selon le dictionnaire Hachette 2000, l’environnement se définit comme « l’ensemble des éléments constitutifs du milieu d’un être vivant ».

Selon Yvette VEYRET, la notion d’environnement « recouvre tout à la fois un milieu et un

système de relations, un champs de force physico-chimiques et biotiques, en interaction avec la dynamique sociale, économique et spatiale » (2004).

Dans cette recherche doctorale, le terme d’environnement est évoqué dans son sens relationnel : un espace perçu, représenté et vécu (politico-économique, naturel, social) dont les liens d’interdépendance et de temporalité reflètent la complexité du système. Le « développement durable » reprend ce concept et l’intègre dans une réflexion philosophique et éthique sur l’avenir de la planète et des sociétés humaines.

1.2. …au développement durable

Le développement durable est devenu aujourd’hui un objet de discussion, parfois longuement controversé, mais ayant trait à la protection de l’environnement. Mais qu’en est-il vraiment ? Quelle est sa définition et comment l’aborder dans une recherche en géographie agricole ? Les définitions de ce concept sont nombreuses. C’est dans le rapport Bruntland intitulé « Notre avenir à tous » de 1987, mais plus médiatiquement, à la conférence de Rio de 1992 (Sommet de la Terre) qu’apparaît ce terme pour la première fois (Annexe 2 : les grandes étapes du développement durable). On lui donnera alors la définition suivante : « mode de

développement ayant pour but la satisfaction des besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ». On pose alors sur le plan politique le

problème de la gestion des ressources naturelles en lien direct avec les activités humaines. Ce concept soulève alors de nombreuses interrogations dans le monde scientifique, toutes disciplines confondues.

Aujourd’hui, la notion de développement durable reste encore ambiguë. Dominique BOURG, directeur du Centre de recherche et d’études interdisciplinaires sur le développement durable, écrit : « Il en va du développement durable comme de Dieu dans la théologie négative : au-

delà des slogans et de quelques formules consacrées, nous ne savons pas positivement et concrètement ce qu’il est. Nous savons en revanche beaucoup plus clairement ce qu’il n’est

pas ». En effet les différentes atteintes aux systèmes naturels (eau, air, sol) apparaissent plus

clairement qu’un véritable équilibre entre leurs composantes.

Le développement durable correspond à un système où le jeu d’interactions et de rétroactions permet de maintenir l’équilibre (figure 6), c’est-à-dire où la stabilité de chaque composante de l’environnement naturel, économique et social est assurée. Cette stabilité se résume à une relation triangulaire appelée « triangle du développement durable », résultat d’une harmonie entre tous les éléments du système. Par exemple, les aides à la modernisation des exploitations de la politique agricole (environnement politico-économique) permettent aux agriculteurs de mieux s’équiper, donc de vivre mieux (environnement social) mais engendrent une surmécanisation de certaines parcelles agricoles qui, rapidement, se dégradent (environnement naturel), ce qui va conduire les pouvoirs publics à adopter des mesures pour limiter l’érosion des sols, leur déstructuration…

Figure 6. Le système triangulaire du développement durable

La définition du développement durable retenue est celle fournie par le dictionnaire de la Géographie et de l’espace des sociétés : « cadre d’un débat politique et d’action publique,

horizon programmatique, mettant en scène et en tension d’un côté la préoccupation d’un développement équitable des sociétés, de l’autre la préservation de l’environnement naturel ».

1.3. Les recherches pour la durabilité…

Du développement durable sont nés d’autres concepts, notamment celui de la durabilité des systèmes, c’est-à-dire leur optimum de fonctionnement : la viabilité économique de l’activité ne suffit plus, il faut que cette dernière soit également écologiquement saine, c’est-à-dire qu’elle ne mette pas en péril le stock des ressources non-renouvelables mais aussi renouvelables, et n’amène pas de nouvelles pollutions, et socialement équitable dans le sens où elle répond à des valeurs éthiques telles que la qualité de la vie, la citoyenneté…

1.3.1. …en agriculture

En agriculture, le terme de « durabilité » est parfois confondu avec celui d’« extensification ». Il est nécessaire de différencier précisément ces deux notions. L’une ne peut se substituer à l’autre. La première exprime principalement un souci d’efficacité et de rendement mais dans le respect des équilibres naturels, économiques et sociaux. Quant à la seconde, elle correspond à un allègement de la charge animale à l’hectare, à une moins forte pression agricole sur l’environnement et participe ainsi à la durabilité. Mais l’extensification peut parfois devenir un véritable drame sur le plan social et humain, avec l’émergence des problèmes de désertification et de dépendance alimentaire qu’elle peut engendrer et, dans ce cas, elle peut rompre les équilibres entre les différentes composantes du système.

La définition de la durabilité en agriculture, établie par l’OCDE, peut se résumer en quatre points. Elle se traduit par :

- un système de production viable au plan économique ;

- la préservation et la valorisation des ressources naturelles de base de l’exploitation agricole ;

- la préservation ou la valorisation d’autres écosystèmes affectés par les activités agricoles ;

- la création d’un cadre naturel agréable et de qualité esthétique.

La figure 7 présente les trois sphères du développement durable selon J-L PUJOL, et ce que pourrait être leur traduction en agriculture : les productions de masse sont la conséquence d’une compétition sur les coûts et d’une dépendance technologique mais elles ne doivent pas être déconnectées de leur impact social et environnemental. Bien sûr, il ne s’agit que d’exemples, bien d’autres possibilités de relations systémiques peuvent être envisagées entre

les différentes sphères. Mais ce schéma synthétise assez bien les quatre points énoncés par l’OCDE.

Figure 7. Le système agriculture durable

L’agriculture durable ne correspond pas seulement à trois environnements en interrelations, elle est aussi le fruit d’une évaluation générale qui intègre les performances des différents acteurs du territoire. La méthode IDEA (Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles) mise au point par un groupe de chercheurs, agents de développement, responsables d’exploitation et enseignants est un des exemples les plus remarquables. Elle nous est présentée dans un guide d’utilisation (L. VILAIN, 2000).

Cet outil est basé sur une réflexion menée par une équipe pluridisciplinaire, dont l’objectif consiste à définir des indicateurs pouvant permettre l’évaluation de la durabilité de l’exploitation agricole. Elle a été testée dans les fermes du réseau Démonstration. Elle s’inspire du système des écopoints utilisés en Autriche par quelque 600 agriculteurs dans le cadre des mesures agri-environnementales.

Plusieurs phases permettent d’établir les échelles de durabilité : - le recensement des pratiques agricoles connues ;

- le repérage des pratiques agricoles les plus déterminantes, favorables ou au contraire défavorables à la durabilité ;

- la définition des objectifs de durabilité poursuivis par chacune ;

- la traduction de la durabilité sous forme d’indicateurs facilement quantifiables ; - la vérification sur le terrain et l’application de correctifs si nécessaire.

Cette méthode montre qu’il est possible de développer de nouvelles approches et de nouvelles pratiques sans pour autant porter atteinte à l’environnement ou au système agricole lui-même. L’intérêt du long terme, des générations futures, de la solidarité et des équilibres naturels comme facteurs de production sont quelques exemples des nouvelles préoccupations spécifiques de la « nouvelle agriculture ». L’agriculture durable n’obéit plus seulement à des impératifs technico-économiques immédiats, mais à une logique, qui consiste à satisfaire les besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Il s’agit donc de renforcer cette position en réorientant les pratiques agricoles qui suivent une voie inverse à ces objectifs.

1.3.2. …en géographie

De nombreuses disciplines se sont attachées à proposer des outils d’analyse de la durabilité dans les relations “agriculture / environnement”, mais qu’en est-il de la géographie ?

La géographie est une science transdisciplinaire qui s’attache essentiellement à l’étude des phénomènes spatiaux. Elle se distingue des autres disciplines par le fait que c’est « une

science qui a pour objet l’espace des sociétés » (Dictionnaire de la géographie et de l’espace

des sociétés). L’étude de la durabilité est un domaine d’investigation très vaste pour le géographe. Cette recherche doctorale en propose un aperçu.

En tant que géographe, il ne s’agit pas de donner une définition de la durabilité en agriculture, mais plutôt de voir comment ce concept est intégré dans une réflexion géographique. Cet objet de recherche est abordé à travers un schéma systémique qui reprend l’ensemble des

interactions qui existent entre l’activité agricole, son environnement et le rapport à l’espace

qu’elle entretient.

Tout d’abord, un territoire agricole (figure 8) supposé est défini. J-L. MAIGROT dans son article sur les « dix postures du géographe agraire » (colloque Théo Quant 1999) le perçoit comme « une construction spatiale dont les limites présentent une relative stabilité dans

l’histoire, repérable dans l’espace à travers une structure agraire cohérente (système de formes) et portée par un milieu biophysique particulier ». Il identifie les formes et les

structures agraires comme éléments de base. L’espace y joue un rôle fondateur puisqu’il constitue le support des activités humaines et du milieu naturel.

Figure 8. La place du géographe dans les réflexions sur le territoire agricole et la durabilité de ses composantes

La notion de temps est intégré au système à travers différentes temporalités : le territoire agricole est dynamiquement stable à un instant « t » (moment présent) mais il résulte également des effets passés (« t-1 », par exemple les politiques agricoles passées, les actions réalisées…) et s’engage par le biais de la prospective vers « t+1 » (par exemple, volonté d’un agriculteur de répondre aux objectifs de la « durabilité »).

L’espace géographique est présent et, c’est lui qui donne au territoire son existence

« physique ». Il est interprété ici comme un géoréférencement (coordonnées x,y) (par exemple, la localisation d’une parcelle, d’une haie…). La durabilité est abordée à travers le triptyque du système-environnement : les environnements (politico-économique, social et naturel) sont en interaction (par exemple, l’intensification d’une exploitation agricole peut agir sur le milieu naturel par un appauvrissement de la biodiversité) et se transforment par des

boucles de rétroactions (cet appauvrissement de la biodiversité peut jouer également de manière négative sur la pérennité de l’exploitation agricole). L’objectif final de ce système est d’éviter qu’un enchaînement d’évènements rétroactifs devienne néfaste à ses composantes et qu’il ne réponde plus à la durabilité, telle qu’elle a été définie précédemment.

Le géographe aborde cette problématique en analysant les relations étroites qui existent entre les composantes du territoire, notamment en termes de dynamiques, d’impacts et de conséquences. L’objectif est alors d’optimiser l’utilisation du territoire de façon à répondre aux objectifs du développement durable.

2. Une simplification de l’espace agricole

L’évolution actuelle des agricultures européennes ne va pas forcément dans le sens du développement durable. Depuis 40 ans, les avancées techniques combinées aux exigences économiques et politiques ont provoqué d’importantes transformations dans la localisation des productions agricoles et dans leur mode de fonctionnement, aboutissant à une simplification des systèmes de production, à une complexification des circuits et à une rupture entre la production agricole et son territoire.

2.1. Un constat : une spécialisation grandissante, l’exemple de l’Europe

Les élargissements successifs de l’Union Européenne participent à la spécialisation des activités agricoles. L’entrée de pays, dont le niveau socio-économique et le dispositif réglementaire sont différents de ceux existant déjà dans le marché commun, nécessite des adaptions structurelles et financières importantes, qui se traduisent par une simplification voire une disparition des systèmes agraires pré-existants du fait d’un accroissement de la concurrence.

Au-delà des hétérogénéités nationales, de véritables bassins de productions se sont créés, sur la base d’opportunités principalement économiques. L’accentuation des spécialisations provoque alors un élargissement de ces bassins sur leurs périphéries.

Figure 9. L’espace agricole européen : représentation théorique de son marché et de son organisation en 2002

La représentation schématique de l’espace agricole européen (figure 9), montre une organisation en bassins spécialisés :

- Le premier bassin appartient à l’élevage intensif et concerne le cœur de la mégalopole européenne, englobant des zones aux prairies riches et aux systèmes hors-sol fortement développés (Bretagne / Normandie, Pays-Bas, Danemark, Scandinavie…), les échanges internes et externes pèsent lourdement dans la balance commerciale puisque les productions animales représentent près de 44 % de la valeur de la production agricole totale européenne.

- En deuxième couronne, on trouve les vastes espaces céréaliers qui forment un bassin bien spécifique puisqu’ils sont situés dans des zones à faible densité et apportent sur le marché mondial près de 17 % de la production. Ils privilégient les terres de labours limoneuses, très fertiles (Bassin parisien, Börde allemand, Piémont italien…) mais s’étendent également, grâce aux progrès scientifiques (sélection génétique, engrais…), sur des espaces à moindre potentiel naturel (Champagne crayeuse…).

- En marge, se développent d’autres bassins : les uns sont basés sur les atouts naturels que leur procure l’espace sur lequel ils sont situés (agricultures

méditerranéennes), les autres doivent s’affranchir des contraintes de leur

environnement naturel en développant des productions à forte valeur ajoutée (agricultures de montagne) ;

- Enfin, loin des potentiels économiques et / ou naturels de certaines régions, subsiste une agriculture marginale appartenant soit à des milieux naturels extrêmes (Scandinavie), soit à des espaces traditionnels délaissés par la population et en perte de vitesse économique (diagonale du vide) ou soit encore à des secteurs en retard de développement.

Comme nous avons pu le voir dans la première partie, l’espace agricole français, malgré des particularités locales bien spécifiques, s’organise suivant le même type de schéma avec des exploitations fortement spécialisées en élevage intensif en Bretagne et Normandie, en céréales dans le Bassin Parisien (Champagne crayeuse par exemple) et d’autres bassins, tels le Comtat Venaissin ou le Languedoc.

2.2. Entre délocalisation et monoproduction

Le basculement des commandes de la politique agricole, de l’échelle nationale à l’Europe, a provoqué un bouleversement majeur dans la localisation des productions agricoles. Ce n’est pas la localisation de l’exploitation elle-même qui est touchée, mais c’est le choix de l’agriculteur dans son fondement même : il ne s’agit plus de produire pour subsister mais de maximiser le profit.

Le potentiel de chaque hectare de terrain est donc calculé, mesuré de manière à y planter la culture la mieux adaptée. On assiste à une organisation de la production agricole en de véritables bassins : la spécialisation et l’intégration dans des filières industrielles en sont les causes principales. L’industrie agro-alimentaire s’installe au plus près des matières premières, encourageant de la sorte la monoproduction et tirant profit de prix très attractifs.

La politique agricole a occasionné des transferts considérables de production entre les régions, ce qui accentue les déséquilibres spatiaux : les entreprises de transformation se localisent à proximité des grands centres de consommation, mais également près des infrastructures de communication ou près d’exploitations agricoles dont le système de production dépend directement de leur orientation. Ainsi, de véritables complexes agro- alimentaires se développent, se concentrent et profitent du marché de la même manière que des entreprises industrielles. L’élevage hors-sol de volailles et les cultures de betteraves à sucre sont de très bons exemples de transformations territoriales de l’activité.

2.3. Entre simplification des systèmes et complexification des circuits

Mais le productivisme n’est pas la seule cause de simplification des systèmes de production : la non-taxation des tourteaux et du soja-maïs américains, plus connus sous le nom de PSC, leur permet de concurrencer les céréales européennes pour l’alimentation du bétail. Moins chers, les éleveurs gagnent à les utiliser. Le modèle breton est basé sur leur importation massive, le port de Lorient est d’ailleurs devenu l’un des premiers importateurs de PSC en

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