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En Algérie, le français est désigné comme une langue étrangère à statut particulier,

une langue scientifique et technique, une langue fonctionnelle. Cette diversité terminologique traduit la difficulté à donner au français un statut bien défini et déterminer la place qu’il occupe dans la réalité linguistique algérienne. Cette difficulté tient, selon DALILA MORSLY46, à deux types de causes :

a- A un niveau symbolique, la langue a pris place pendant la période coloniale par le biais de la violence et contre la langue Arabe, qui représentée pour les Algériens une identité arabo-musulmane. La langue du colonisateur a usurpé son statut de la langue officielle aux dépend de la langue Arabe.

46 Dalila Morsly., La langue étrangère : Réflexion sur le statut de la langue française en Algérie. Français dans le monde.-1983. Université d’Alger.-pp.22-23.

b- À un niveau plus objectif, il faut savoir et reconnaître que la difficulté est réelle. La situation sociolinguistique en Algérie est en plein dynamisme, car l’arabisation a touché non seulement les cursus scolaires et universitaires mais aussi les institutions administratives et juridiques, ce qui a engendré une expansion progressive de l’arabe et un recul du français sans oublier la revalorisation des langues maternelles telles que les l’arabe dialectale et le berbère qui ont contribué eux aussi à ce recul. Mais pour arriver à cerner les pratiques langagières des locuteurs Algériens en langue française et leurs comportements communicatifs, il faut d’abord connaître les lieux et les modes d’intervention du français, tant au niveau institutionnel qu’au niveau des locuteurs pour arriver enfin à confronter cette réalité, avec les différents statuts affectés au F.L.E par le discours institutionnel.

Le français est présenté à des degrés divers, dans l’ensemble des cursus scolaires et universitaires. Au lendemain de l’indépendance, le français est enseigné dès la seconde année du primaire, son enseignement a progressivement été reporté à la troisième année, puis avec l’école fondamentale, il a terminé en quatrième année. Au niveau de l’enseignement secondaire, il intervient dans les matières scientifiques et les sections dites d’abord bilingues puis transitoires (sections non encore entièrement arabisées). Dans l’enseignement supérieur, il sert dans les sciences humaines ou sociales, de langue de travail ouvrant l’accès à la documentation scientifique et technique, mais au niveau de la post-graduation, l’enseignement en français est toujours maintenu.

Néanmoins, la présence du français demeure importante dans les médias tels que : le journal télévisé, la majorité des films étrangers, de nombreux documentaires, la radio, dans la presse écrite, ainsi que la production littéraires de langue française qui a diminué au lendemain de l’indépendance avec l’apparition de la littérature de langue Arabe sans

pour autant disparaître. Par ailleurs, la production universitaire et scientifique reste majoritairement en français.

Bien que nous ne disposons pas d’enquêtes sociolinguistiques permettant de déterminer le rôle respectif de chacune des langues parlées en Algérie, des enquêtes partielles ont été menées par des étudiants et des chercheurs et qui ont donné une idée de la place que prend le français dans la pratique linguistique des Algériens ; si on prend l’exemple des apprenants Algériens en milieu scolaire, on remarquera que pour la majorité la langue française n’est jamais leur langue maternelle et son usage en milieu familial est assez restreint, ces mêmes élèves déclarent lire et suivre les émissions de télévision et de radio aussi bien en Arabe qu’en Français, ce qui implique évidemment un comportement bilingue, trilingue ou plurilingue puisque le locuteur Algérien peut bénéficier dans son répertoire de plusieurs langue ou variétés de langues. On relève constamment ce passage, avec dominante selon les locuteurs ou les situations de communications, de l’une ou l’autre langue (de l’Arabe ou du Berbère au Français, du Français à l’Arabe ou au Berbère et bien entendu du Berbère à l’Arabe et vice versa chez les locuteurs berbérophones).

Cet état s’explique, par l’histoire linguistique de l’Algérie qui est l’histoire d’une longue cohabitation entre le français et l’arabe, entre le français et le berbère, mais aussi par les effets de la scolarisation massive.

Mais si on veut réellement connaître la place qu’occupe cette langue dans notre réalité, la question reste sans réponse puisque son statut est vu par plusieurs ongles : On trouve par exemple, dans la Charte Nationale, dans le chapitre consacré à la langue nationale, l’allusion suivante : « cette récupération totale de la langue nationale et sa nécessaire adaptation à tous les besoins de la société n’excluent pas un ferme encouragement à l’acquisition des langues étrangères ». L’absence de référence

explicite au français traduit ici une volonté de renvoyer le français à un statut de langue étrangère et de ne pas tenir compte de la situation particulière dans laquelle se trouve cette langue par rapport aux autres langues étrangères. L’implicite, ici, quant à lui veut banaliser le statut de la langue française, selon Le président BOUMEDIENE, lors de la Conférence Nationale sur l’arabisation (le 14 Mai 1975) définissait la langue française comme suit : « la langue arabe et la langue française ne sont pas à comparer, celle-ci n’étant qu’une langue étrangère qui bénéficie d’une situation particulière du fait des considérations historiques objectives ».

Le dictionnaire de Didactique quant à lui, explique que : « langue seconde et langue étrangère se définissent comme non maternelles (…) mais se distinguent l’une de l’autre par le fait que la langue seconde bénéficie officiellement d’un statut privilégié. »

Toutes ces définitions expliquent plus ou moins la situation particulière dans laquelle se retrouve cette langue après l’indépendance et confirme qu’on ne peut pas retenir « langue seconde » puisqu’elle aurait trop exhibé la situation particulière dans laquelle se retrouve cette langue. « Langue étrangère » reste enfin de compte l’expression la plus adéquate pour refléter toutes ces contradictions actuelles.

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