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PARTIE III : Recours au chômage partiel, flexibilisation de la main d’œuvre et licenciements

II- 2-1- Quelques statistiques descriptives

Les indicateurs que nous venons de construire permettent de comparer les mouvements de main d'œuvre au sein des établissements en fonction de leur nature (CDI, CDD, intérim, licenciements économiques). Nous vérifions ici si, en moyenne, ces mouvements diffèrent lorsque les établissements recourent au chômage partiel en 1996. Pour ce faire, nous comparons les valeurs moyennes de chaque indicateur sur trois échantillons (cf. tableau 20). Le premier échantillon (échantillon (a)), représente les établissements français, sans distinction de leur recours au chômage partiel. Il comprend les 24726 établissements étudiés dans les DMMO, après nettoyage des données. Le second échantillon (échantillon (b)), représente les établissements français qui ont eu recours au moins une fois au chômage partiel entre 1996 et 2005. Cet échantillon résulte de l’appariement des cinq sources de données. Le troisième échantillon (échantillon (c)) regroupe les établissements ayant eu recours au chômage partiel en 1996, date à laquelle correspond les valeurs moyennes qui sont calculées.

Cela signifie que parmi les 885 établissements étant autorisés à recourir au chômage partiel entre 1996 et 2005, 429 avaient eu des autorisations en 1996.

Tableau 20 : Ratios moyens des indicateurs de mouvements d’entrée et de sortie en 1996

1996 Valeur moyenne sur l’échantillon

Indicateurs (a) (b) (c) TEtot 29.55 13.49 10.50 TStot 30.05 15.43 13.94 FLtot 59.61 28.92 24.44 TEVtot -0.50 -1.93 -3.44 TECDD 21.82 9.42 6.73 TSCDD 18.67 7.90 6.20 FLCDD 40.50 17.33 12.93 TEVCDD 3.15 1.52 0.52 %CDD_dans_embauche 79.99 73.92 69.45 _ _ taux transformation CDD 14.43 16.18 7.80 TECDI 5.45 3.32 2.96 TSCDI 3.72 3.65 4.05 FLCDI 9.18 6.98 7.01 TEVCDI 1.73 -0.33 -1.09 TSLE 0.91 0.98 1.34 %sortiesLE 3.04 6.40 9.61 Nombre observations 24 726 885 429

Source : (a) : fichier DMMO nettoyé (INSEE, DARES) ; (b) Fichier issu de l’appariement 1) du panel des autorisations annuelles de chômage partiel reconstitué à partir des fichiers mensuels d’autorisation de chômage partiel de 1995 à 2005 (DARES, DDTEFP) ; 2) le fichier « Accords 35 heures » (DARES, URSSAF) ; 3) les fichiers BRN de 1994 à 2003 (INSEE) ; 4) les fichiers DMMO de 1996 à 2004 (INSEE, DARES); 5) les fichiers UNEDIC de 1995 à 2003 ; (c) Uniquement les établissements ayant bénéficié des autorisations de chômage partiel

Champ : établissements de France métropolitaine de 50 salariés et plus, appartenant aux secteurs d’activité suivants : industrie, construction et tertiaire.

Dans le tableau 20, les taux d’entrée, de sortie et de flux globaux (TE

tot, TS

totet FL

tot) sont en moyenne plus élevés pour l’échantillon (a). Cela signifie que la rotation de main d'œuvre est plus élevée dans la population totale des établissements que dans les établissements qui ont bénéficié d’autorisations de chômage partiel entre 1996 et 2005 (échantillon b) ou en 1996 (échantillon c). Cela tend à confirmer que le renouvellement de la main d'œuvre est de moindre ampleur dans les établissements qui sont autorisés à recourir au chômage partiel. Il faut néanmoins noter que ces différences de moyenne peuvent être liées à la composition de l’échantillon. En effet, les flux bruts sont d’autant plus élevés que la taille des établissements est petite ou que le secteur tertiaire est fortement représenté (Duhautois, 2002). Or, les établissements recourant au chômage partiel appartiennent généralement à l’industrie. Pour

cette raison, nous avons cherché à identifier dans ces moyennes les effets liés à la taille et au secteur. Pour l’échantillon (a) la taille moyenne des établissements est de 173 salariés et le tertiaire est très fortement représenté dans les DMMO (53,4 %). Pour l’échantillon (b) la taille moyenne est plus importante (219 salariés) et le degré de tertiarisation est sept fois plus faible (7,45 %). Dans le dernier cas ces hypothèses sont renforcées car la taille moyenne est de 233 salariés et le degré de tertiarisation est encore plus faible (4.2 %).

En termes d’évolution totale des mouvements de main d’œuvre (TEVTOT), en valeur absolue, ce sont les établissements recourant au chômage partiel en 1996 (échantillon (c)) qui enregistre la baisse nette des effectifs la plus marquée. Cela ne cache pas seulement un effet des grands nombres mais également un effet des mouvements de sortie très fort. Ces sorties importantes tiennent aux graves difficultés économiques rencontrées par ces établissement en 1996 qui se sont traduites par des autorisations de chômage partiel.

Intéressons nous désormais à la nature des flux. C’est dans les établissements qui ne recourent pas forcément au chômage partiel (échantillon (a)) que les mouvements d’entrée et de sortie en CDD sont les plus forts. C’est également dans ces établissement que les entrées en CDI sont les plus importante et les sorties de CDI les plus faibles. A l’inverse, ce sont les établissements ayant un recours au chômage partiel en 1996 (échantillon (c)) qui ont les sorties par licenciements économiques les plus importantes à cette même date. Nous observons que plus les établissements ne bénéficient des autorisations de chômage partiel, ils licencient. Cela tient au fait que le chômage partiel est intimement lié à la santé économique de l’année des établissements.

Les statistiques descriptives qui viennent d’être présentées concernent l’année 1996. Les graphiques 11 à 14 présentent l’évolution de ces indicateurs moyens entre 1996 et 2004 où les indicateurs sont calculés à partir des DMMO41.

D’une manière globale, sur la période d’analyse, les mouvements de main d’œuvre sont relativement forts : les flux représentent sur cette période entre 59 et 76 % des effectifs employés (cf. graphique 11). De plus, les entrées et les sorties sont très corrélées dans le

41 Les indicateurs calculés à partir du fichier des 885 établissements évoluent dans le même sens que ceux calculés à partir des fichiers annuels DMMO. Nous avons choisi de présenter ces derniers pour donner une image complète au niveau de l’économie.

temps, puisqu’ils sont en phase avec le cycle économique. D’ailleurs, Tomasini (2003) met en évidence une simultanéité croissante tout au long de la dernière décennie de la rotation de la main d’œuvre42 et l’évolution du PIB. Globalement, entre 1996 et 2004, les taux d’entrée devancent les taux de sortie. Il ressort du graphique 11 qu’après 2000, les flux des mouvements de main d’œuvre restent forts par rapport aux valeurs obtenus pour la période 1996-1999, les établissements agissant d’abord sur les entrées (les recrutements) en cas de ralentissent de l’activité économique.

Graphique 11: Evolution des mouvements de main d'œuvre entre 1996 et 2004

-0,1 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 TE_tot TS_tot FL_tot TEV_tot

Source : fichier s annuels DMMO nettoyés de 1996 à 2004 ; Champ : établissements de France métropolitaine de 50 salariés et plus, appartenant aux secteurs d’activité suivants : industrie, construction et tertiaire.

Sans aucune surprise, le graphique 12 montre que la part des CDD dans les recrutements évolue de manière contracyclique. En revanche le taux de transformation des CDD en CDI et les taux d’entrée en CDD évoluent de manière procyclique. Le taux de transformation de CDD en CDI culmine d’ailleurs à 21,6 en 2000. Après 2000, les flux de main d'œuvre restent élevés, la part des CDD dans les embauches est à un niveau inférieur à la période 1996-1999. D’une manière surprenante, on observe que le taux de sortie par fin de CDD reste stable dans le temps (cf. graphique 12).

Graphique 12: Evolution des mouvements de main d'œuvre en CDD entre 1996 et 2004 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 TE_CDD TS_CDD FL_CDD TEV_CDD %CDD_dans_embauche tx_transf_CDD

Source : fichier s annuels DMMO nettoyés de 1996 à 2004 ; Champ : établissements de France métropolitaine de 50 salariés et plus, appartenant aux secteurs d’activité suivants : industrie, construction et tertiaire.

Le graphique 13 met en évidence une évolution procyclique du taux des mouvements d’entrée associés aux CDI. Comme on a remarqué que les CDD évoluent de la même manière et que les sorties par des fin des CDD sont stables dans le temps, cela signifie que les entrée par des CDD conduisent à terme à de l’emploi stable et que les fins de CDD correspondent à des besoins orthogonaux au cycle économique.

Graphique 13: Evolution des mouvements de main d'œuvre en CDI entre 1996 et 2004

0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12 0,14 0,16 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 tcreacdi tdescdi fluxcdi varcdi

Source : fichier s annuels DMMO nettoyés de 1996 à 2004 ; Champ : établissements de France métropolitaine de 50 salariés et plus, appartenant aux secteurs d’activité suivants : industrie, construction et tertiaire.

Pour finir, le graphique 14 met en évidence une évolution contracyclique des mouvements de sortie par licenciement économique qui varie plus fortement pour la part des licenciements dans les mouvements de sortie totaux. Quant à l’évolution de la part d’intérimaires on remarque, comme attendu, une évolution procyclique.

Graphique 14: Evolution des sorties par licenciement économique

-0,01 0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 TS_LE %sorties_LE %intérim var_intérim

Source : fichier s annuels DMMO nettoyés de 1996 à 2004 ; Champ : établissements de France métropolitaine de 50 salariés et plus, appartenant aux secteurs d’activité suivants : industrie, construction et tertiaire.

Dans l’annexe 17 des statistiques complémentaires sur les flux de main d'œuvre sont disponibles.

II-2-2- Les corrélations entre chômage partiel et mouvements de