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3. Montage expérimental

3.3 Données TCSPC

3.3.3 Statistique d'émission

Histogramme des coïncidences

Pour une série de données, on obtient le temps d'arrivée absolu de chaque photon pour chaque

photodiode depuis le début de l'expérience. Il est alors possible de calculer le délai entre la détection d'un

photon par une photodiode et la détection d'un deuxième photon par l'autre photodiode puis d'obtenir

l'histogramme de ces délais. L'idée équivaut à considérer chaque photon arrivant sur une photodiode comme

origine des temps et à mesurer le temps d'arrivée des photons sur l'autre photodiode. Si ce délai est plus court

que la période de répétition de l'excitation laser, c'est que l'émetteur a émis plusieurs photons pour une même

impulsion.

Cet histogramme est constitué de multiples pics associés à chaque impulsion laser (voir figure

3.13 a). Le pic à zéro délai représente le nombre de fois où deux photons sont émis pour la même impulsion

laser alors que ceux aux délais non nuls correspondent à des paires de photons générés par deux impulsions

laser différentes. En calculant l'histogramme des délais entre photons, il est donc possible de déterminer la

proportion de photons uniques émis par un objet individuel [136].

En pratique, la carte de comptage possède ce qu'on appelle un temps mort : elle ne peut pas traiter les

données assez rapidement dans le cas de délais trop courts. Ce problème est résolu par l'introduction de la

ligne à retard. Le pic à zéro délai est alors décalé dans l'histogramme à cause du délai introduit par cette ligne

à retard, comme mentionné en 3.1.

Les photodiodes à avalanche émettent systématiquement des photons infrarouges juste après la

détection d'un photon. Ces photons infrarouges peuvent être détectés par l'autre photodiode après un

intervalle de temps précis, ce qui apparaît sur l'histogramme des coïncidence comme deux pics autour du

délai zéro comme on peut le voir sur la figure 3.13 b. Ce phénomène est appelé diaphonie (cross-talk en

anglais). Sur notre montage, le temps d'arrivée des photons dus à la diaphonie est d'environ 3 ns, ce qui

correspond à une distance d'environ un mètre. Leur détection se fait donc après multiple réflexions mais

apparaît tout de même sur l'histogramme des coïncidences, montrant que celui-ci est très sensible. Ces

photons doivent donc être filtrés optiquement pour calculer correctement l'histogramme des coïncidences.

Figure 3.13 : (a) Histogramme des coïncidences en régime impulsionnel pour la réflexion laser. La modulation de

la valeur maximum des pics est due à l'échantillonnage, l'aire des pics restant constante. (b) Agrandissement de la

zone autour du pic à zéro délai. Les deux pics latéraux très proches du pic à zéro délai sont dus au phénomène de

diaphonie (cross-talk).

Fonction d'autocorrélation en intensité

La fonction d'autocorrélation en intensité (ACFI pour Autocorrelation Function of the Intensity)

permet de mieux caractériser la statistique d'émission en comparant celle-ci à une statistique poissonienne.

Elle peut être calculée à partir de l'histogramme des délais simplement en normalisant celle-ci.

La valeur de l'ACFI permet de déduire la statistique d'émission de l'émetteur. Si la valeur est

inférieure à 1, l'émission est sous-poissonienne et traduit d'un dégroupement de photons (figure 3.14 a). Les

photons sont émis un par un, ce qui est caractéristique d'une source de photons uniques. Si la valeur est

supérieure à 1, l'émission est dite super-poissonienne et résulte d'un groupement de photons (figure 3.14 b).

La source de lumière émet alors les photons par paquets comme la majorité des sources de lumière dont les

sources thermiques (ampoule électrique, soleil, etc). Si cette valeur est égale à 1, l'émission possède une

statistique poissonienne (figure 3.14 c). L'émetteur produit toujours un flux aléatoire sans corrélation entre

les instants d'émission des photons au cours du temps, comme c'est le cas pour toutes les sources cohérentes

comme le rayonnement laser.

Dans le cas impulsionnel, c'est l'aire des pics qui doit être normalisée (figure 3.14 b). Le facteur de

normalisation dépend du taux de répétition T, du temps d'acquisition total Tacq, et du nombre de photons

moyen détectés par seconde sur chacune des photodiodes i.e. l'intensité du signal sur celles-ci, notés I

1 et I2.

Le facteur de normalisation s'écrit alors N=I1.I2.T.Tacq [137].

La fonction d'autocorrélation en intensité tend vers 1 aux délais longs dans le cas de données

expérimentales. Ce phénomène est causé par la durée finie de l'expérience. En effet, lorsque le délai entre les

photons devient non négligeable devant la durée de l'expérience, le nombre de coïncidences possibles

diminue car certains photons ne contribuent plus.

Figure 3.14 : (a) Fonction d'autocorrélation en intensité en fonction du délai entre photons pour une émission

super-poissonienne (rouge), poissonienne (bleue) ou sous-poissonienne (vert). (b) Histogramme des coïncidences

et valeurs normalisées de l'aire des pics pour la fonction d'autocorrélation en intensité.

Lorsque la fonction d'autocorrélation est calculée pour un nanocristal, elle permet de voir le

scintillement. En effet, le scintillement peut être assimilé à la création de paquets de photons pendant les

périodes brillantes. Calculées sur différentes échelles de temps, elle permet alors de se rendre compte de la

dynamique qui régit le scintillement. La fonction d'autocorrélation en intensité a notamment été utilisée par

Messin et al. [138] pour caractériser la statistique d'émission des nanocristaux de CdSe/CdS et mettre en

évidence le phénomène de scintillement rapide présent dans ces nanocristaux. Elle a ensuite été utilisée par

D. Canneson au sein de notre équipe pour prouver la suppression du scintillement aux temps longs dans les

nanocristaux de CdSe/CdS à basse température [139].

Lorsqu'on fait tourner le polariseur, la fonction d'autocorrélation de l'intensité ne peut être calculée à

partir des signaux détectés par les deux photodiodes. En effet, la modulation du signal fausse alors les

valeurs de l'histogramme des coïncidences. Pour des délais supérieurs au temps mort de la photodiode, on

pourrait a priori mesurer l'histogramme des délais en utilisant une seule photodiode. Cependant, un autre

artefact, l'after-pulsing empêche cette mesure pour des délais inférieurs à 10 µs. En effet après la détection

d'un photon et la génération d'un premier signal électronique, une photodiode à avalanche peut générer une

seconde impulsion qui sera considérée comme une événement de photodétection par la carte de comptage. Il

est toutefois possible à ces échelles de temps de négliger la rotation du polariseur, et donc d'utiliser les deux

photodiodes ce qui permet de passer outre l'after-pulsing.

Le raccord entre ces deux méthodes de calcul dépend des intensités relatives des signaux des

photodiodes. Il n'est cependant pas nécessaire de faire ce raccord car on peut choisir l'une ou l'autre de ces

méthodes suivant l'objet de l'étude. Pour l'étude de l'émission bi-excitonique ou du scintillement aux temps

courts, on peut négliger la rotation du polariseur et on utilise les signaux des deux photodiodes, alors que

pour le scintillement aux temps longs (supérieurs à l'after-pulsing) on peut se contenter du signal d'une seule

photodiode.

Conclusion

Dans cette partie, nous avons abordé les différents éléments nécessaires aux mesures présentées par

la suite.

Nous utilisons plusieurs systèmes de microscopie confocale pour étudier les nanocristaux à l'échelle

individuelle. Le premier fonctionne à température ambiante et présente une grande souplesse d'utilisation.

Le second est associé à un cryostat. Il est plus délicat à utiliser mais présente une stabilité du positionnement

qui permet de caractériser l'émission de nanocristaux de 4K à 300K pendant plusieurs heures.

Le positionnement des nanocristaux sur l'échantillon est une étape clé de leur étude à l'échelle

individuelle. Plusieurs approches ont été abordées durant le projet QDOTICS, comme l'utilisation de trous

gravés dans un polymère et dans lesquels les nanocristaux sont déposés. Pendant mes travaux, j'ai aussi

utilisé le dépôt à la tournette, qui permet de déposer les nanocristaux de manière aléatoire sur l'échantillon

tout en contrôlant facilement leur concentration.

Le système de comptage de photons utilisé couplé à un montage H-B&T permet enfin d'extraire de

nombreuses propriétés optiques, comme la polarisation de l'émission ou le temps de vie de fluorescence, à

partir d'une seule série de mesures.

4. Émetteur unique sur réseau d'or à