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PARTIE 3 : ILLUSTRATION CLINIQUE

I- LE STAGE

A) PRESENTATION DE LA MAISON D’ACCUEIL SPECIALISEE (MAS)

La MAS est un établissement du secteur médico-social. Elle est rattachée à une association qui regroupe plusieurs structures. Les valeurs de cette association, tirées du projet de l’association, sont :

▪ L’éthique : « œuvrer en faveur de l’épanouissement des personnes handicapées intellectuelles, dans le respect des règles éthiques, déontologiques et professionnelles en protégeant leurs intérêts moraux et matériels » ;

▪ La solidarité : « favoriser et développer les relations de solidarité entre les familles par l’écoute, l’entraide et le partage, en veillant à la pérennité et l’adaptation de ses actions » ;

▪ La tolérance : « promouvoir la dignité de la personne handicapée et faire respecter ses droits, ses choix et sa libre expression, en prônant la tolérance et la reconnaissance de sa différence ».

La MAS accueille 54 adultes, 48 résidents sont internes et 6 sont admis à l’accueil de jour et rentrent chez eux le soir. Les plus jeunes de la structure ont 19 ans et les plus anciens ont 68 ans. Les sujets présentent diverses pathologies. Nous pouvons rencontrer des individus porteurs d’une trisomie, d’un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA), d’un syndrome de West ou des troubles résultant d’une encéphalopathie et bien d’autres encore. Selon le projet d’établissement, « la MAS accueille et accompagne des personnes adultes handicapées, inaptes à toute activité professionnelle, n’ayant pu acquérir un minimum d’autonomie et dont l’état nécessite une surveillance médicale et des soins constants ».

L’objectif global est de « garantir la construction partagée avec l’usager et son entourage d’un projet de vie assurant son bien-être physique et mental et favorisant son développement personnel dans le respect de sa dignité et de ses choix et la garantie de ses libertés fondamentales ». Tout cela doit se réaliser dans un cadre de vie sécurisé.

Concernant l’organisation spatiale, il existe un bâtiment central constitué des bureaux administratifs, de l’accueil de jour, des bureaux de la psychomotricienne, des psychologues et des infirmières. Il y a également la salle de balnéothérapie et de psychomotricité. Autour de ce bâtiment, nous observons six maisons, chacune indépendante les unes des autres. Elles disposent de chambres simples et doubles. Chaque maison comprend une grande salle centrale pour les repas et la vie collective. A proximité de ce salon, il y a les chambres avec des salles d’eau communes à deux personnes. Elles sont équipées d’une douche et parfois d’une baignoire adaptée si besoin, d’un lavabo à hauteur nécessaire pour favoriser l’accès en fauteuil roulant et de toilettes. Rattachées à la pièce centrale, nous avons aussi la cuisine et une lingerie pour le traitement du linge des résidents. Chacune des maisons possède une terrasse extérieure. Le salon est une pièce chaleureuse où les résidents se retrouvent, il s’agit d’une unité de vie. Ce lieu incite à la socialisation et l’objectif est de « favoriser l’intégration de chacun dans cette collectivité qui, comme tout espace social, est régi par des lois permettant la vie commune et qui représente un élément important dans la constitution de l’identité individuelle » (Chavaroche, 2013, p.88).

La durée moyenne de séjour à la MAS est de 21 ans, il est donc indispensable que les résidents s’y sentent bien. Cependant, il n’est pas question de créer une « famille artificielle ». Chaque résident possède sa propre famille mais « toutefois la comparaison met en évidence que, tout comme une famille offre à l’enfant un milieu favorable à son évolution psychoaffective, la vie quotidienne en institution peut offrir aux résidents un milieu propice à un possible développement » (Chavaroche, 2013, p.28).

Un projet personnalisé est réalisé pour chaque sujet et est réactualisé régulièrement. Les familles sont libres de venir rendre visite au résident. Ils ont aussi la possibilité de passer du temps ensemble à l’extérieur de la MAS.

Les avantages de l’établissement sont la présence d’une salle Snoezelen et d’une salle de balnéothérapie. Le but de la salle Snoezelen est de « consacrer aux résidents un temps dédié, dans un espace approprié, à "des activités" reposant sur des sollicitations sensorielles, où la stimulation des sens se fait simultanément ou séparément » (Orain, 2008, p.158). Tous les sens sont stimulés. Le résident explore la salle et investit ou non les différentes sollicitations. Par ce procédé, nous pouvons observer des sujets manifester un état d’apaisement.

Nous réalisons aussi des séances de psychomotricité dans la balnéothérapie. L’eau a de nombreuses vertus et notamment celle de retrouver des expériences archaïques. Cet enveloppement du corps peut rappeler les moments passés dans le ventre de la mère. Également, l’eau permet d’alléger le poids du corps et ainsi de permettre à certains résidents de marcher librement sans risque de chute. Il s’agit d’un médiateur intéressant. Selon Catherine Potel, plusieurs axes se dégagent concernant le travail dans l’eau, il peut être question :

▪ D’un « espace transitionnel privilégiant la relation, lieu déterminant un objet d’investissement intermédiaire ;

▪ D’une aire de jeu permettant des explorations psychomotrices structurantes ;

▪ D’un lieu de rencontre dans un autre monde plus proche et plus intime au regard de certaines pathologies comme l’autisme ;

▪ D’un travail rééducatif permettant un réengagement fonctionnel du corps » (Potel, 2009, p.25).

La psychomotricienne réalise également des séances dans la salle de psychomotricité et en chambre suivant les besoins du résident. La professionnelle est intégrée dans la prise en charge transdisciplinaire au sein de la MAS. Son regard et ses apports sont pris en compte par les autres professionnels.

B) LES PROFESSIONNELS

Une infirmière coordinatrice et deux monitrices éducatrices coordinatrices s’occupent de l’organisation des soins et des accompagnements des résidents. Pour le médical et le paramédical, un médecin psychiatre et un médecin généraliste interviennent dans la structure. Des infirmières, un kinésithérapeute, une psychomotricienne, une ergothérapeute, un psychologue clinicien et une psychologue comportementaliste sont aussi présents dans l’institution.

Au sein des maisons, des aides-soignantes et des aides-médico-psychologiques assurent l’accompagnement au quotidien des résidents.

Nous voyons donc toute la transdisciplinarité qui s’installe autour de la prise en charge du résident. C’est ainsi que des réunions sont nécessaires afin de coordonner les différents corps de métier. Il existe des réunions :

▪ D’analyse de pratique qui est un espace de travail permettant de questionner sa pratique professionnelle et les impacts que celle-ci a pour les résidents ;

▪ D’équipe pour aborder les difficultés spécifiques au travail d’équipe ;

▪ Paramédicale qui réunit le médical, la direction et le paramédical afin d’évoquer les prises en charges pluridisciplinaires des résidents ;

▪ Institutionnelle pour annoncer les informations institutionnelles et/ou associatives transversales à chaque professionnel ;

▪ De fonctionnement pour donner les informations des évènements passés et à venir ; ▪ De projet personnalisé pour définir les axes de travail auprès du sujet ;

▪ Médicale constituée du médecin et des équipes pour leur permettre de poser des questions sur le traitement au quotidien des résidents et sur leurs pathologies.

Maintenant que le cadre institutionnel est établi, nous allons nous intéresser plus particulièrement à la psychomotricité.

II- UN EXEMPLE DE MEDIATION POUR LE PSYCHOMOTRICIEN,