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Spécificités de l’approche du contrôle exécutif via le contrôle du set

Dans le document Le contrôle du set associé à une tâche. (Page 42-46)

âche 2.1. La tâche de Stroop

3.3. Spécificités de l’approche du contrôle exécutif via le contrôle du set

3.3.1. Similitudes avec le modèle de Norman et Shallice (1986)

L’approche théorique envisagée ici rejoint celle de Norman et Shallice (1986) déjà évoquée ci-dessus. En effet, le concept de set est proche du schéma d’action, au sens où ce dernier peut être sélectionné et activé de manière directe ou indirecte via l’intervention du contrôle exécutif représenté par le SAS.

La voie directe de sélection concerne les situations familières. Elle correspond au rehaussement (via le gestionnaire de conflit) du niveau d’activation de base du schéma d’action pertinent, en fonction des aspects perceptifs du contexte, du niveau d’activation des autres schémas, et des objectifs de la tâche en cours.

La voie indirecte de sélection concerne les situations nouvelles. Elle fait intervenir le SAS, qui module l’intervention du gestionnaire de conflit de manière à biaiser la procédure classique de sélection de schéma décrite ci-dessus, en ajoutant de l’activation et de l’inhibition supplémentaire aux schémas. Le SAS peut ainsi fournir un supplément d’activation à un schéma donné afin de lui permettre, en dépit de sa faible activation initiale, de prendre le dessus sur les autres schémas. Cette voie indirecte de contrôle de l’action est plus lente que la voie directe mais plus flexible (Norman & Shallice, 1986 ; Shallice, 1988).

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Ces deux voies de sélection de schémas d’action correspondent ainsi respectivement aux sélections exogène et endogène d’un set décrites dans le cadre de la conception de Monsell (1996). Dans le modèle de Norman et Shallice (1986), tout comme dans l’approche adoptée ici, le contrôle exécutif intervient notamment quand il y a discordance entre les actions suscitées par les stimuli environnementaux et celles répondant au but interne fixé par le sujet. On retrouve également dans le modèle de Norman et Shallice l’idée d’une modulation par le contrôle exécutif, d’un enchaînement de schémas d’action préétablis. Les auteurs postulent également l’accès nécessaire du SAS aux intentions du sujet, intentions envisagées dans notre approche comme des contraintes qui modulent l’apprêtement du système à des réponses activées par des stimuli spécifiques (Goschke, 2003).

3.3.2. Divergences avec les approches structurales

L’approche du contrôle cognitif en termes de fonctions, dont on peut analyser les dissociations et les relations, en référence à une « structure « hypothétique du contrôle exécutif (Baddeley, 1996 ; Fournier-Vicente, Larigauderie, & Gaonac’h, 2008 ; Miyake et al. 2000), a permis d’avancer dans la compréhension de certains de ces mécanismes.

Dans le modèle de la mémoire de travail de Baddeley (Baddeley, 1986, 1996, 2000 ; Baddeley & Hitch, 1974), l’administrateur central (executive

center) est un gestionnaire attentionnel amodal, impliqué dans le contrôle et la régulation des processus cognitifs. Il aurait notamment pour fonction de coordonner les flux d’information en provenance de différentes sources, et d’allouer les ressources pour les traitements au cours de la réalisation d’une grande variété de tâches cognitives. Son implication serait notamment nécessaire dans les épreuves mettant en jeu la flexibilité (génération aléatoire de chiffres ou de lettres, Baddeley, 1986), la conduite des doubles tâches (Baddeley, Della Sala, Papagno, & Spinnler, 1997), l’attention sélective et l’activation de la mémoire à long terme (Baddeley, 1996).

Une limite importante de ce modèle est que la nature des fonctions de l’administrateur central qu’il évoque n’est pas clairement spécifiée, puisqu’il s’agit plutôt d’une liste plus ou moins exhaustive des situations qui exigent du contrôle que d’un descriptif de la manière dont est exercé ce contrôle (Monsell & Driver, 2000).

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âche La fonction générale de contrôle, regroupant diverses fonctions exécutives, semble attribuée ici à une seule instance (l’administrateur central) comme dans d’autres modèles (Shiffrin & Schneider, 1977 ; Norman & Shallice, 1986).

Afin d’aller plus loin dans la fragmentation du fonctionnement exécutif selon les processus en jeu, Miyake et al. (2000) examinent les relations entre trois fonctions exécutives régulièrement évoquées dans la littérature : la flexibilité ou alternance entre plans mentaux (passage volontaire d’un processus cognitif à un autre), l’inhibition de réponses dominantes, et la mise à jour de la mémoire de travail en fonction d’entrées nouvelles. Les auteurs montrent que ces trois fonctions, bien que modérément corrélées, sont clairement séparables. Ces trois fonctions exécutives contribueraient de manière différente à la performance aux tâches exécutives complexes habituellement utilisées dans les études cognitives et neuropsychologiques.

Là encore, malgré une volonté d’explorer plus finement le fonctionnement du contrôle, cette approche reste très descriptive, au sens où le mode d’intervention de chacune de ces trois fonctions n’est pas spécifié. Cette lacune est inhérente au choix de la méthode utilisée pour distinguer ces fonctions : pour chacune d’entre elles, les auteurs choisissent plusieurs tâches supposées les évaluer, et en procédant à une analyse factorielle confirmatoire, ils vérifient si les variables latentes dégagées correspondent bien aux fonctions présupposées. Les auteurs décrètent par exemple que l’épreuve de Stroop participe à la mesure d’une fonction générale d’inhibition. La fonction d’inhibition est finalement ici assimilée à la tâche. Notre approche diffère de celle-ci puisque nous utilisons la tâche de Stroop comme situation impliquant une certaine gestion de l’interférence, et nous tentons d’explorer les mécanismes en jeu dans cette gestion, ainsi que le type de représentation impliquée. De manière similaire, Miyake et al. (2000) utilisent le coût de permutation des épreuves de permutation de tâche comme mesure de la fonction générale de flexibilité, postulant que cette fonction implique l’inhibition d’un plan mental inapproprié, alors même que des débats théoriques perdurent sur le fait que le coût de permutation reflète ou non l’efficience du contrôle exécutif. Notre utilisation du paradigme de permutation de tâche est à nouveau différente, puisque nous l’utilisons comme outil d’exploration indirecte de processus mentaux permettant l’adoption d’un set (Monsell, 1996).

Ainsi, dans les modèles structuraux présentés ici, la nature et l’organisation des processus de contrôle ont été relativement délaissées au profit de la description des tâches ou des conditions supposées les solliciter. Cette insuffisance a conduit

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certains auteurs à considérer cet aspect de la cognition humaine comme une «zone d’ombre» (Monsell, 1996), où l’ignorance des opérations et du fonctionnement des processus de contrôle conduit finalement à attribuer la fonction de contrôle à un nouvel homoncule (Altmann, 2003 ; Logan & Bundesen, 2003 ; Monsell & Driver, 2000).

Finalement, l’approche théorique et méthodologique du contrôle exécutif que nous avons choisie, c’est-à-dire celle du contrôle du set lié à une tâche au moyen de tâches de temps de réaction à choix, se rapproche plutôt des approches théoriques et méthodologiques des chercheurs qui étudient les processus attentionnels. Si les concepts utilisés (e.g. celui de set) et les phénomènes observés sont similaires (e.g. amorçage négatif dans l’approche attentionnelle vs. inhibition de la tâche précédente dans l’approche du contrôle du set lié à une tâche), il convient cependant de mentionner une différence notable qui concerne le niveau de la représentation cognitive considérée. En effet, là où nous utilisons le concept de set lié à une tâche, les approches attentionnelles privilégient une sous partie de ce concept : celui de set attentionnel. Le set attentionnel correspond à la possibilité de se représenter à l’avance l’information cible à traiter, ce qui facilite le traitement ultérieur de cette cible. Le set lié à une tâche est différent du set attentionnel car il ne réfère pas à la représentation d’un stimulus précis mais à un ensemble de règles et de réponses possible à appliquer à un ensemble de stimuli possibles (e.g. Sakai, 2008). Aussi, à partir de maintenant, pour des raisons de clarté, nous utiliserons le mot «set» de manière isolée pour faire référence au concept de «set lié à une tâche» (task-set).

4. Modulations/Ajustements du contrôle

Après avoir présenté les caractéristiques méthodologiques et conceptuelles de notre approche du contrôle exécutif, nous présentons ci-dessous un aperçu de certains facteurs pouvant amener à des ajustements de ce contrôle.

Les processus de contrôle exécutif sont soumis à des modulations fonctionnelles dépendant notamment des caractéristiques du contexte (Botvinick et al., 2001 ; De Pisapia & Braver, 2006 ; Monsell & Mizon, 2006). Dans une épreuve de temps de réaction à choix, de tels ajustements du contrôle peuvent avoir lieu à l’échelle locale d’un essai, et/ou à l’échelle globale d’un bloc d’essais.

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