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Spécificités des cancers hématologiques

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1. ETAT DES CONNAISSANCES

1.3. L IEN ENTRE INEGALITES SOCIALES ET DES CANCERS

1.3.5. Spécificités des cancers hématologiques

Sur la thématique des inégalités sociales, peu d’études existaient sur les cancers hématologiques et plus particulièrement les LNH avant 2006. En 2007, Alston et al. ont montré une incidence plus élevée des lymphomes non hodgkiniens en Angleterre dans les régions les plus défavorisées [Alston et al., 2007]. En 2011, Smith ne retrouvait pas d’association significative entre incidence des LDGCB , LF et index de précarité en Angleterre [Smith et al., 2011]. En 2008, au Danemark était publiée une étude montrant que les patients de niveau socio-économique défavorisé et ceux ayant une morbidité plus sévère avaient un pronostic défavorable [Roswall et al., 2008]. En 2009, Keegan et al. montrent sur une cohorte californienne de 15 937 patients atteints de lymphomes folliculaires qu’un niveau socio-économique défavorisé est associé à une survie réduite [Keegan et al., 2009]. La même équipe publie la même année une étude sur les lymphomes hodgkinien et démontre aussi que même en prenant compte du stade de la maladie, les patients vivant dans des quartiers défavorisés ont une survie plus basse que ceux vivant dans des quartiers dit favorisés [Keegan et al., 2009 ]. En 2010, Kent observe les mêmes résultats sur une cohorte de plus de 3 500 jeunes adultes atteints de lymphomes non hodgkiniens en Californie [Kent et al., 2010]. Les données anglaises de 2004 à 2006 montrent que la survie des LNH (tous types confondus) était significativement moins élevée dans les régions les plus précaires pour les hommes comparée aux régions les plus favorisées (60% versus 65%). Néanmoins pour les femmes, l’index de déprivation n’était pas associé significativement [Rachet et al., 2010].

Plus récemment, quelques études ont abordé l’impact des « facteurs non biologiques » (FNB) sur la survie des LNH, la plupart s’intéressait à l’influence des facteurs SES ou du lieu de prise en charge sur la survie des LNH [Williams et al., 2015 ; Loberiza et al., 2009] et plus spécifiquement la survie des LDGCB comme Tao et Lee en 2014 en tenant compte dans leur

68 analyses de l’introduction du Rituximab [Tao et al., 2014 ; Lee et al.,2014]. En réponse à Tao, Flowers dans la revue Blood en 2014 a souligné la complexité des relations entre facteurs sociaux, environnementaux, biologiques, médicaux et la survie des patients atteints de LNH diffus [Flowers et al., 2014] (cf. annexe 10).

En 2015, Borate reprend cette notion de FNB et démontre que le statut marital, le statut d’assuré social et les revenus sont des facteurs indépendants de la survie des patients atteints de leucémie [Borate et al., 2015].

Concernant les délais de prise en charge des hémopathies lymphoïdes, une étude réalisée au Royaume-Uni en 2006 décrit le parcours de soins de 274 patients atteints de lymphomes non hodgkiniens et montre que 42% des patients n’ont pas eu de rendez-vous à l’hôpital

dans les deux semaines suivant leur 1ère consultation avec un spécialiste, 64% n’ont toujours

pas été traités dans les deux mois suivant ce rendez-vous et 26% n’ont pas reçu de traitement au cours du 1er mois suivant leur diagnostic. Le délai entre les premiers symptômes et le traitement initial est en moyenne de plus d’un an et varie selon le type histologique, l’âge et l’environnement social dont est issu le patient. Le délai entre le 1er rdv à l’hôpital et le diagnostic dans cette étude est en moyenne de 91 j ± 203 [Howell et al., 2006].

De même, une étude basée sur les données d’une cohorte de 7048 patients atteints de LNH DGCB (âge médian 77 ans) provenant du SEER program américain et publiée en 2010 montre que 84% des patients reçoivent un traitement (chimiothérapie et/ou radiothérapie). Parmi les patients traités, le délai médian entre le diagnostic et le 1er jour de traitement était de 42 jours et 92% des cas ont démarré leur traitement dans un délai de 6 mois. Ces résultats varient selon l’âge et le statut social : comparés aux patients de moins de 70 ans au diagnostic, les patients âgés de plus de 80 ans avaient 3 fois plus de risque de démarrer leur traitement après un délai de 3 mois. De même, le délai d’attente était plus long pour les patients résidants dans des zones les plus défavorisées (OR=0,82) p<0,02 [Griffiths et al., 2010].

A la fin de l’année 2012, le registre des hémopathies malignes de la Gironde a participé à une étude des délais de prise en charge en France réalisée avec d’autres registres et ayant donné lieu à un rapport publié par l’INCa. Cette étude portait sur la période 1999-2008 et montrait une certaine variabilité des délais moyens de prise en charge selon les départements et l’histologie du lymphome (en particulier le délai entre le diagnostic et le 1er traitement) : le délai moyen de prise en charge des patients était estimé entre 28±47 et 36±42 jours pour les lymphomes B diffus à grandes cellules et entre 50±47 et 117±194 jours pour les lymphomes folliculaires. Ces délais reflètent en premier lieu la nature aiguë ou chronique des maladies considérées. Les différences observées dans les délais pourraient s'expliquer par une offre de soins contrastée d’un département à l’autre (c'est-à-dire le nombre de services ou de lits pouvant accueillir ces maladies et leur capacité à hospitaliser rapidement un patient pour sa prise en charge) [INCa, 2012].

69 Une étude réalisée en Angleterre sur les LNH diagnostiqués entre 2006 et 2008 a montré que le mode d'arrivée par les urgences était significativement plus fréquent dans les régions les plus précaires comparées aux zones favorisées [National Cancer Intelligence Network, 2012]. Cependant une étude antérieure n’avait pas retrouvé d’association entre le statut

socio-économique du patient et les délais de diagnostic [Neal et al, 2005].

Les études réalisées sur des cohortes de personnes âgés (75 ans et plus, 80 ans et plus, 90 ans et plus) atteints de lymphomes sont assez rares. La plupart d'entre elles ont montré un moindre accès aux molécules innovantes, à l’inclusion dans un essai clinique et la nécessité d'une prise en charge spécifique et mieux codifiée [Wang et al., 2008 ; Link et al., 2011 ; Peyrade et al.,2012 ; Cherubini et al., 2013 ; Trebouet et al.,2013].

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