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Personne n’est multitâche. Les femmes pas plus que les hommes – malgré une légende très oppor- tuniste et certainement machiste qui inviterait à croire que les femmes pourraient « multitasker » avec facilité – ne peuvent, sans risque pour leur bien-être psychologique, avoir cinq ou six choses à faire à la fois. Un enfant d’une main, l’agenda dans l’autre, le téléphone à l’oreille et l’aspirateur coincé entre deux orteils. Mais cette réalité épuisante, encore aujourd’hui

malheureusement surtout déléguée aux femmes, ne doit pas faire oublier non plus que cette surcharge d’objectifs est permanente aussi dans le cadre du travail.

Si vous le voulez bien, prenez le temps d’ima- giner le monde du travail il y a soixante ans : pas de courriels, pas de portable, pas d’ordinateur… Lorsqu’un cadre travaille, il ne fait qu’une chose à la fois, il a son bureau personnel et sa secrétaire fait le iltre face au monde extérieur. Pas de coup de il intempestif, pas de travail sur des équipements numériques. Je suis inalement de nouveau en train de vous dire que « c’était mieux avant », il est vrai, mais imaginez un peu la sérénité avec laquelle on pouvait exercer son activité professionnelle.

Compa- rez-la avec le vécu de votre travail actuel : un open space avec les bruits et l’agitation intempestive qui ne cessent de vous distraire, des coups de ils sur la ligne ixe, sur le smartphone, des webconférences, des réunions, et toujours un bureau chargé de documents qui s’entassent, en tâche de fond, comme un rappel culpabilisateur. On répond à un client, puis on gère une urgence, puis on tente de inaliser un vieux dossier, mais déjà on est interrompu par un collègue qui a besoin d’une information urgente. Et encore un coup de il. Et encore un mail. On brasse de l’air. On s’éparpille. On stresse. Le cerveau en confettis ne sait plus où donner de la tête. Comme si on n’avait pas suf isamment de travail, on en vient à rêver de ces moments, tard le soir, où on va vraiment pouvoir avancer. Vous me direz :

« Le soir et le matin, c’est peinard, il n’y a personne pour me déranger. Et puis c’est pratique, je peux emmener mon portable à la maison pour travailler, en télétravail ou le week-end et le soir, c’est là que je peux vraiment bosser. »

« Oh vous savez, le droit à la déconnexion et les 35 heures, c’est pas vraiment ça dans mon secteur. J’aimerais juste pouvoir arrêter de travailler pendant les vacances, mais je sais ce qui se passe si je ne le fais pas. Je suis obligé de cravacher avant de partir et, après, c’est charrette non-stop pendant deux semaines une fois revenu. »

« Ce qui est pratique maintenant, c’est que je gagne du temps dans les transports ; je continue à travailler sur ma tablette et mon

Faites-vous une faveur et spécia- lisez votre temps : rien de plus simple et vous ne vous ferez même pas mal voir de votre patron et de vos collègues. Je vous demanderai de mettre en place à partir de cette semaine ces trois consignes. Je vous dis gentiment « consignes », mais vous allez voir que je ne les ai pas appelées ainsi, parce qu’elles sont tout simplement obligatoires pour votre équilibre de vie.

1er commandement

Je ne consacrerai que deux heures par jour aux mails, téléphone et webconférences. Ce peut être une heure le matin, une heure l’après-midi de disponibilité. Quelle que soit la demande, elle peut souffrir une demi-journée de temps de réponse. Jamais de réponses aux sollicitations professionnelles au-delà et évidemment jamais hors des horaires sur votre lieu de travail. N’oubliez pas l’excuse toujours imparable : « Je suis désolé, je n’avais plus de batterie. »

2e commandement

Sur chacune des plages horaires, entre les pauses, je ne fais qu’un seul type d’activité. Il faut que vous consacriez dès cette semaine un temps rapide de ré lexion pour voir comment organiser cela précisément pour votre activité.

3e commandement

Si votre métier ne permet vraiment, mais vraiment pas cela (et il est important que vous soyez honnête avec vous-même sur ce point), essayez de vous rapprocher le plus possible de ce type d’organisation.

Chi va piano, va sano. Et chi va sano va lontano. Et chi va lontano, va ensuite au dodo! Bref, vous l’aurez compris, hâtez-vous lentement et ne faites qu’une chose à la fois. C’est le secret pour être productif et calme et donc bien dormir le soir !

Vous me direz que ça fait beaucoup d’informa- tions, vous avez raison ! Donc voici en résumé une proposition d’organisation type que j’aimerais vous voir adopter en parallèle des exercices :

MON RYTHME EN JOURNÉE

09 h 00-10 h 30 : Je travaille sur un type d’activité et un seul !

10 h 30-10 h 35 : Vraie pause, je sors de mon espace de travail, je me dégourdis les jambes et la tête.

10 h 35-11 h 30 : Coups de il et mails 11 h 30-13 h 00 : Deuxième type d’activité.

13 h 00-14 h 00 : Je prends mon temps pour manger et je m’accorde un temps de repos, de sieste ou de relaxation.

14 h 00-15 h 30 : Troisième type d’activité.

15 h 30-15 h 35 : Vraie pause.

15 h 35-17 h 00 : Quatrième et dernier type d’activité si je suis aux 35 heures.

Si ce n’est pas le cas : encore une pause et une cinquième activité.