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Le souverain, sa capitale et l'unification de son royaume

Chapitre I. Archéologie de la porte de ville

2. Le souverain, sa capitale et l'unification de son royaume

L'histoire des chantiers périphériques parisiens entrepris jusqu'à la première moitié du XVIIe siècle a été dressée par des historiens de la topographie parisienne, et notamment par Bonnardot et Dumolin161. Leurs descriptions des systèmes défensifs entrepris depuis

François Ier jusqu'à Louis XIII développent, entre autres, la question des chantiers successifs et décrivent les portes de ville, tant pour ce qui a trait à leur architecture, leur datation et leur coût que pour ce qui a trait à leurs concepteurs et entrepreneurs. Plus récemment, Gady a offert une réévaluation de l'intervention de Lemercier sous Richelieu qui permet de préciser les dates et attributions, notamment pour les portes de la rive gauche162.

Au début du XVIe siècle, c'est l'enceinte de Charles V qui marque le paysage périurbain de la capitale au nord de la Seine. Dès 1533, un édit de François Ier autorise la démolition

de l'enceinte de Philippe Auguste sur la rive droite, faisant alors disparaître les fausses- portes de cette première enceinte qui étaient devenues désuètes avec le tracé de Charles V. Au cours de la décennie suivante, l'entrée d'Henri II dans la capitale est l'occasion d'ériger la porte Saint-Antoine avec un front bastionné aux environs de la Bastille. Première porte triomphale de l'enceinte parisienne, ce monument créa un précédent pour Louis XIV, tant par sa forme ternaire d'arc de triomphe que par son ornementation, notamment les deux figures de fleuves qui furent longtemps attribuées à Jean Goujon163.

La construction du palais des Tuileries par Catherine de Médicis à l'ouest du Louvre et la volonté de l'englober dans le système défensif de la ville amorce le chantier de renouvellement de l'enceinte de Charles V dans la portion qui va de la porte Saint-Denis

161 Alfred BONNARDOT, Dissertations archéologiques sur les anciennes enceintes de Paris suivies de

Recherches sur les portes fortifiées qui défendaient ces enceintes, Paris, Librairie archéologique de J.-

B. Dumoulin, 1852; Maurice DUMOLIN, « L'enceinte des fossés-jaunes et la formation du quartier Richelieu », Études de topographie parisienne, 1852-1853, t. II, p. 111-143.

162 Alexandre GADY, Jacques Lemercier, Paris, Maison des sciences de l'homme, 2005.

163 Fabienne AUDEBRAND, « La Seine et la Marne : deux reliefs de la porte Saint-Antoine », Monuments et

jusqu'à la Seine. Les portes Neuve et Saint-Honoré seront ainsi reportées de près d'un kilomètre à l'ouest en 1566164.

a. Henri IV et l'unification du royaume

Les bouleversements politiques de la seconde moitié du XVIe siècle provoquent des chantiers ponctuels de défense de la ville qui ne renouvellent pas le paysage périurbain. Au début du règne d'Henri IV, on note des interventions ponctuelles aux portes de la ville : la porte Saint-Bernard est reconstruite en 1606 à la hauteur du pont de la Tournelle et de l'île Saint-Louis165. Elle prend la forme d'un pavillon rectangulaire percé d'un

passage voûté couvert d'une haute toiture d'ardoise, avec une distribution comparable aux façades de la place Dauphine. La porte Saint-Honoré est quant à elle réparée et élargie dans les années 1611-1612. Mais c'est le projet de la place et de la porte de France, entrepris sous l'égide de Sully, qui annonce l'ambition de marquer l'emprise régalienne sur la capitale dès ses abords.

À l'image des places royales conçues dans les premières années du XVIIe siècle, le projet

pour la Porte de France [Fig. 16] présente une façade régulière qui s'ouvre ici sur le faubourg avec ses cinq bâtiments alignés qui forment la façade de la ville vers la campagne et sont rythmés par leurs travées couronnées de hautes lucarnes166. Le pavillon

central est composé de trois corps, dont les deux avant-corps latéraux encadrent l'accès en retrait à la manière de la porte du Peuple à Rome167. Comme cette dernière, le projet

de Chastillon est tourné vers la ville. Les toits individuels, articulés au-dessus de chaque avant-corps adoptent la manière française. De plus, les quatre bâtiments qui flanquent le pavillon d'entrée comportant respectivement onze et dix-huit travées avec des fenêtres de

164 Maurice DUMOLIN, op.cit., p. 114.

165 René CROZAT, « La porte Saint-Bernard, à Paris, et l'arc romain de Saintes », Bulletin de la société de

l'histoire de l'art français, année 1954, Paris, 1955, p. 109-111.

166 Hilary BALLON, The Paris of Henri IV. Architecture and urbanism, New York, The MIT Press, 1991,

p. 199-207. Hilary Ballon démontre que le projet pour la place de France, et plus généralement la manière dont Henri IV ignore le rétablissement des remparts de Paris malgré l'ampleur de ses projets parisiens, amorcent la démilitarisation parisienne. Par ailleurs, son étude démontre que le projet de Place de France était initialement un projet de lotissement, qui a évolué en chantier de représentation.

167 Du côté de la campagne, la porte du Peuple à Rome était composée d'un portail en arc de triomphe

lucarnes établissent une régularité dans la façade de cet accès de la ville conçu pour signifier l'unité du royaume.

À l'intérieur de la ville, le programme toponymique de la place éponyme du royaume proposait que « [les] grandes rues partant du centre de l’Étoile et Porte de France, se devaient nommer du nom des plus notables Provinces du Royaume, comme de Normandie, Champagne, Picardie, Bretagne, Guyenne et autres » et les petites rues devaient aussi avoir le nom des plus petites provinces dont « de Touraine, d’Anjou, du Maine, Aunis, Limousin, Périgord168 » afin de démontrer au menu peuple qu'Henri IV

« était en pleine et paisible possession de son royaume169 ». Cette dimension territoriale

n'est pas sans lien avec les fonctions de l'ingénieur du roi chargé de fortifier les frontières du royaume et dont la Topographie française ne sera publiée qu'en 1641170. Le chantier

de la Place et de la Porte de France aurait permis de représenter et d'incorporer le royaume dans sa capitale, l'inscrivant ainsi dans le contexte de développement d'une architecture régalienne française. Comme le remarquait Paul Lacroix, ce projet signifiait l'existence d'une unité territoriale qui n'était pas encore réellement en place, et dans laquelle la France serait représentée comme un corps dont Paris serait le coeur :

C'est bien là la pensée la plus nationale, la plus française qu'aucun souverain ait jamais conçue. Henri appelait la nouvelle place Place de France, comme il avait, dans les mêmes idées changé le nom de Collège Royal en celui de Collège royal de France. La royauté qui s'était produite encore et mise en évidence à la place Royale, à la place et à la rue Dauphine, s'effaçait ici et faisait place au pays. Toutes les provinces, toutes les parties du territoire comparaissaient, étaient représentées dans cette sorte de Panthéon national : un grand monument, en frappant les imaginations et les yeux, en donnant un corps aux idées purement

168 ibid.; Voir Louis HAUTECŒUR, « Place de France », Histoire de l’architecture classique en France,

t. 1er, vol. 2, La formation de l’idéal classique : l’architecture sous Henri IV et Louis XIII, Paris, A. et J.

Picard et Cie., 1943, p. 575-577.

169 Claude CHASTILLON, L’admirable dessein de la porte et place de France avec ses rues comence à

construire es marestx du temple à Paris, durant le règne de Henry le Grand 4me du nom, Roy de France et de Navarre, l’an de grâce mil six cens et dix, À Paris, chez Jean Le Clerc, coll. Michel Hennin, Estampes relatives à l’Histoire de France, tome 18, pièces 1606-1676, Paris, Bibliothèque nationale de France,

Département des Estampes et photographie, 1610.

170 Claude CHASTILLON, Topographie françoise, Paris, Jean Boisseau, 1641. Réalisées entre 1590 et 1610,

morales et politiques, était employé à les répandre, à leur propager parmi le peuple, dans ce qu'elles avaient de plus utile et de plus élevé171.

Le développement des portes de ville pavillonnaires s'exprime dans la capitale dans le contexte d'affirmation de la souveraineté d'Henri IV. Abandonné à la mort d'Henri IV, le projet de porte de France laisse néanmoins les fondements d'un renouvellement de l'architecture des portes de la capitale. Dès lors, les portes parisiennes délaissent l'ancien modèle de façade flanquée de tours et répondent au nouveau développement d'un vocabulaire architectural français : elles sont constituées de pavillons dont les travées présentent un alignement vertical rigoureux, elles sont percées d'une voûte dans la travée centrale et d'une porte piétonne latérale qui permettent l'accès dans la ville et elles sont coiffées de hautes toitures. Un pont et une passerelle traversent le fossé, distribuant la circulation des piétons et des voitures. Pour compenser l'asymétrie provoquée par l'unique porte piétonne, une fenêtre est généralement aménagée de l'autre côté de la grande arcade.

b. Les chantiers défensifs sous Louis XIII

Sous Louis XIII, la seconde partie du chantier des « fossés jaunes », contemporaine de l'intervention française dans la Guerre de Trente ans, visait à relier la porte Saint-Denis aux fortifications du XIVe siècle par la construction d'un front bastionné. Les portes de la Conférence, Saint-Honoré, Richelieu et Montmartre seront reconstruites dans les années 1630, suivant le modèle de la porte Saint-Martin, dont la façade sur la ville avait été reconstruite en 1614 [Fig. 17]172. Comme pour le projet de la place et de la porte de

France, le mobile de la nouvelle ceinture parisienne est intimement lié au lotissement des faubourgs et aux gains qu'entraînera l'exploitation des terrains qui intègrent alors le territoire intra muros.

171 Paul LACROIX, « La porte de France sous le règne de Henri IV », Gazette des beaux-arts, 1870, p. 561-

566.

172 Bonnardot note que les historiographies d'Ancien Régime parlent d'une reconstruction de la porte Saint-

Martin en 1614. D'après le plan de Mérian, il établit néanmoins que seule la façade sur la ville fut modifiée à cette époque et en propose une restitution d'après une gravure de François Stella. Voir Alfred BONNARDOT,op.cit., p. 276-281.

Pour assurer le chantier, un premier contrat, sera passé avec l'entrepreneur Le Barbier par l'entremise de Pierre Pidou le 9 octobre 1631. Ce contrat prévoit la reconstruction de quatre portes (de la Conférence, Saint-Honoré, Montmartre et Saint-Louis), dont seules deux sont en chantier lorsque le contrat est cassé par arrêt du conseil de 31 décembre 1632173. Les portes de la Conférence et Saint-Honoré, qui avaient été mises en chantier

avec des plans identiques après qu'un contrat fut passé entre Le Barbier et le maîtres maçons Charles Robin pour un prix forfaitaire de 65 000 livres chacune seront complétées malgré l'annulation du projet global d'aménagement des défenses de la rive droite [Fig. 18 et 19]174.

Maurice Dumolin, qui a analysé le devis des portes, a montré qu'elles correpondent aux représentations gravées par Israel Silvestre et par Gabriel Pérelle [Fig. 22] : un pavillon central flanqué de deux ailes en saillie occupait une surface de dix toises de face par quatre toises de profondeur. Le talus pyramidal portait un rez-de-chaussée, un étage et un galetas qui supportait des toits en poivrière. Le rez-de-chaussée était percé d'une porte cochère et d'une porte piétonne tandis que l'étage, qui servait de chambre de manoeuvre du pont-levis n'était ajouré que du côté de la ville. Les armes de Paris étaient placées du côté de la campagne et surmontées des armes du roi, sur les murs en brique avec des chaînes de pierre appareillées aux arêtes des pavillons175.

Un an après l'annulation du traité Pidou, Le Barbier obtient un nouveau marché pour fortifier Paris. Le nouveau contrat, pour lequel Charles Froger sert de prête nom, est passé le 23 novembre 1633. Moins ambitieux que le premier, ce nouveau marché prévoit la reconstruction de la porte Montmartre et l'ouverture d'une nouvelle porte, dite de Richelieu, sur la prolongation de la rue des Petits-Champs, dans un quartier en plein développement [Fig. 20 et 21].

Ces deux portes, construites en vertu d'un contrat passé avec Jean Androuet du Cerceau et Adrien Petit le 2 mai 1634 pour la porte Montmartre et d'un autre passé avec Charles du Ry pour la porte de Richelieu, font cinq toises en façade, au lieu de dix des portes de

173 Maurice DUMOLIN, op.cit., p. 116-126.

174 Contrat du 11 avril 1632. Dumolin montre que sur les 65 000 livres prévues pour la construction de la

porte 15 000 servent de pot-de-vin à Le Barbier. Le prix réel de chaque porte est donc de 50 000 livres.

la Conférence et Saint-Honoré qui viennent d'être construites176. Les pavillons en saillie

disparaissent, au profit d'une porte plus simple, ce qui permet de porter la dépense à 40 000 livres au lieu des 65 000 que coutèrent les portes de 1632. L'allure générale est toutefois maintenue : façade en brique avec chaines de pierre appareillées et rez-de- chaussée surmonté d'un étage, d'un galetas et coiffé de toits en pavillon. L'unité visuelle des nouvelles portes construites sur la rive gauche est donc maintenue entre les règnes d'Henri IV et de Louis XIII bien qu'on adapte les constructions aux fonds disponibles. En 1637, à la demande des habitants, la porte Saint-Louis, dite porterne du Marais dans le plan de Gomboust, est ouverte à l'est, entre les portes Saint-Antoine et du Temple. Dans le même temps, la porte de la Poissonnière, plus tard appellée porte Saint-Anne, sera ouverte à l'ouest de la porte Saint-Denis, bien qu'il semble que ce chantier n'ait pas abouti.

Les interventions qui offrent un nouveau tracé et un renouvellement de l'enceinte parisienne dans la portion qui va de la Seine à la porte de la Poissonnière dans la première moitié du XVIIe siècle ont, malgré leur étalement dans le temps et l'appartenance à des

chantiers distincts, un modèle commun : celui de la porte Saint-Martin, reconstruite en 1614, pour laquelle Bonnardot a restitué l'élévation du côté de la ville. La régularité du tracé de ces portes est toutefois adaptée aux moyens pécuniers. C'est pour cela que les portes Montmartre et Richelieu, dont le marché est passé en 1634 occupent la moitié du terrain pris par les portes Saint-Honoré et de la Conférences commencées en 1632. À la fin des années 1630 les yeux se tournent vers la rive gauche en vue de tracer une nouvelle enceinte qui engloberait les faubourgs Saint-Germain, Saint-Michel et Saint- Jacques qui s'étaient développés au-delà de l'enceinte de Philippe Auguste. L'intervention de Charles V s'étant limitée à la rive droite, la surface intra muros du sud de la ville était donc très réduite. À plusieurs reprises il fut donc question de construire une enceinte qui reflèterait l'étendue de celle de la rive droite, mais les projets n'aboutirent pas.

176 Maurice DUMOLIN, op.cit., p. 129-130. Androuet du Cerceau avait obtenu le contrat de la porte

Un devis de fortification de 1638 prévoyait la réalisation de neuf portes de ville sous la conduite de Jacques Lemercier, qui prend alors le titre d'ingénieur des fortifications177.

La porte Saint-Martin devait encore une fois servir de modèle avec sa distribution pavillonnaire des fonctions, au détriment des tourelles qui protégeaient les anciennes portes de l'enceinte de Philippe Auguste, mais le projet ne sera pas mené à terme178. Il

n'en demeure pas moins que l'ouverture de la rue Dauphine de 1607 entraîne entre 1639 et 1641 le percement d'une nouvelle porte de ville éponyme. Construite en pierre de taille de Saint-Leu avec un comble d'ardoise en pavillon, cette porte est percée d'une ouverture centrale et deux petites portes. L'asymétrie de façade des portes contemporaines de la rive droite, qui n'étaient percées que d'une porte cochère et d'une porte piétonne est donc délaissée, au profit d'un tracé parfaitement équilibré. Deux ans plus tard, le marché pour la porte de Nelse, qui aurait créé une communication entre le quai de la ville et celui des faubourgs, prévoit un tracé comparable, dont les plans et devis sont donnés par Lemercier179.

Hors de Paris, à Richelieu dans les années 1630, l'unité de composition entre le château et la ville se reflète dans l'architecture des portes de ville qui répondent aux portails du château. Conçues comme de simples baies flanquées de petits pavillons de part et d'autre et surmontés d'un étage sous comble, les portes de ville évoquent la composition du portail d'entrée du château, et confèrent à ce dernier une plus grande dignité180. Alexandre

Gady a souligné le caractère volontairement décoratif du système pseudo-défensif de clôture de la ville de Richelieu, dont l'archaïsme signale la volonté du cardinal d'agir en seigneur féodal dans son duché181.

Or, l'action du ministre d'État dépasse ses interventions à Richelieu et dans la capitale. Celui-ci est conscient que l'entretien des enceintes urbaines draine une grande partie des deniers des villes depuis le Moyen Âge. Les octrois prélevés sur les biens entrant dans

177 « Devis des fortiffications et ouvrages du grand canal que le roy a ordonné estre faict autour de sa bonne

ville de Paris, dressé suivant les derniers desseings qui ont esté présentez à sa Majesté... », Paris, Archives Nationales, H2 18992 cité dans Alexandre GADY, Jacques Lemercier, op.cit., p. 337-339.

178 Alexandre GADY, Jacques Lemercier, op. cit., p. 338. 179 Alexandre GADY, ibid.

180 Marie-Pierre TERRIEN et Philippe DIEN, Le château de Richelieu XVIIe-XVIIIe siècle, Rennes, PUR,

2009, p. 30-36; L.-A. BOSSEBOEUF, Histoire de Richelieu et de ses environs, Tours, 1890.

les villes sont destinés à la construction, à la réparation et à l'entretien des fortifications. Dès 1515 dans La monarchie de la France, Claude Seyssel exprimait l'idée d'une séparation entre le territoire frontalier et le territoire de l'intérieur, ayant chacun sa fonction et répondant aux besoins de l'autre182. Ainsi, par sa richesse, l'intérieur du

royaume peut entretenir les frontières qui assurent quant à elles la sécurité du royaume. Cette distinction entre un territoire intérieur dévolu au développement du commerce et un espace frontalier voué à la défense du royaume se retrouve dans le second quart du XVIIe siècle, alors que plusieurs démarches entreprises par Richelieu démontrent qu'il est favorable à une démilitarisation de l'intérieur du royaume183. En effet, le 11 janvier

1629, le cardinal demande la démolition des fortifications ne se trouvant pas aux frontières dans un avis au roi qui fait suite à une déclaration de juillet 1626 autorisant le démantèlement des citadelles et forts des provinces de l'intérieur d'une importance défensive négligeable dans le but d'épargner jusqu'à 600 000 livres par année en dépenses de garnison184.Toutefois, l'entrée de la France dans la Guerre de Trente Ans en 1635 met

fin à ce programme de rasement des défenses seigneuriales et urbaines.

Il n'en demeure pas moins qu'à partir des années 1630 les murs des villes de l'intérieur tombent progressivement en désuétude puisque les communautés ne concèdent plus le même intérêt à l'entretien des enceintes urbaines et destinent les fonds communaux à d'autres ouvrages civils, dont les marchés, fontaines et hôtels de ville. Le décloisonnement urbain ne prend donc pas ses racines dans une décision concertée pour laquelle aurait été édictée une législation, mais bien dans la mise en œuvre d'une défense frontalière à l'échelle du royaume qui a pour conséquence la négligence des défenses urbaines de l'intérieur. Tout au long du XVIIe siècle, lorsque les travaux sont entrepris

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