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Le souci de la qualité de l’offre et son évaluation

3. LES MODES DE STRUCTURATION ET DE RÉGULATION DE L’OFFRE DE

3.6. Le souci de la qualité de l’offre et son évaluation

Le terme de développement qualitatif de l’apprentissage revient régulièrement dans les discours mais il recouvre des intentions très larges qui vont du contrôle de l’efficacité à l’innovation pédagogique ou à l’expérimentation.

3.6.1. Le cas où la qualité est synonyme de nouvelles responsabilités contractuelles pour les CFA et de lutte contre le décrochage

Améliorer la qualité de l’apprentissage est un objectif majeur affiché par un responsable de l’apprentissage du Conseil régional de la région C : « Si déjà on arrive à optimiser, à travailler sur la prévention des ruptures, à rendre l’apprentissage beaucoup plus visible vis-à-vis des partenaires, des familles, des employeurs comme une démarche active de valorisation des métiers, de gestion des ressources humaines, alors l’apprentissage peut être une réponse à cette période de crise, c’est-à-dire

‘je forme, je monte en compétence mon équipe pour qu’une fois que la crise est passée, je redémarre.’ »

Cette notion de qualité est effective à travers plusieurs dispositifs et démarches votés par les élus au sein du Conseil régional et l’engagement conjoint de l’État et de la Région pour développer la qualité de l’alternance. Des accords tripartites État, Régions et certaines branches professionnelles y font également référence.

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La qualité s’articule autour des aspects suivants : amélioration de la gestion des CFA ; professionnalisation des maîtres d’apprentissage ; amélioration de l’orientation et du parcours de l’apprenti (prévention des ruptures) ; augmentation du taux de réussite.

Pour appuyer l’enjeu de la qualité, de nouveaux instruments sont mis en place en direction des CFA pour les conduire à instaurer une démarche qualité. La dernière convention quinquennale (2012-2016) notamment, réorganise les modalités financières qui devraient permettre de mieux sécuriser l’activité.

La convention intègre par ailleurs un cahier des charges construit autour de l’usager apprenant et de la démarche de « responsabilité sociale des entreprises » (Rse). Des actions de formation des formateurs sont également prévues dans ce cadre.

Sur le plan de la lutte contre le décrochage scolaire et les ruptures de contrat d’apprentissage, le Conseil régional estime que la région se situe dans la tendance nationale, au vu des résultats d’études qu’elle réalise sur les ruptures de contrats d’apprentissage, à partir des données des CFA et de l’ensemble de l’appareil de formation. 2008 est l’année où la dernière étude a été faite sur le sujet. À cette date, le taux de rupture brut s’élevait à 19 % contre 25 % au niveau national avec un taux de rupture net de 16 %30. Néanmoins, beaucoup d’acteurs en région contestent ces chiffres en particulier pour les niveaux V et les secteurs particulièrement exposés comme l’hôtellerie restauration, le commerce et les métiers de bouche.

Le Conseil régional intervient au niveau des missions locales pour suivre ce qu’on appelle, les phénomènes d’errance et, en parallèle, essayer de sécuriser les parcours des apprentis. Cela concerne un nombre important de jeunes en échec scolaire. Des expérimentations en termes d’insertion sont décrites par les responsables du Conseil régional : « On a financé des expérimentations sur un département. La mission locale accompagne un jeune pour l’aider à trouver un employeur d’apprentis et puis s’il y a une rupture, il y a un réseau qui se met en place pour qu’à un moment donné le jeune soit suivi et ne connaisse pas ce phénomène d’errance renouvelé à travers sa réintégration soit au niveau de l’Éducation nationale qui en a la possibilité, soit d’un autre contrat, soit de faire une formation PRF. » Dans ce cadre, la Région a établi une convention régionale avec l’association des missions locales et certains grands comptes.

Pour associer davantage le monde économique à la qualité et au développement de l’apprentissage, le Conseil régional formalise des contrats de progrès d’une même durée que la convention quinquennale.

Ce travail est en cours. La Région formalise le contrat de progrès avec les branches professionnelles, les réseaux consulaires et les chambres de métiers, mais aussi tous les CFA qui ont signé une convention quinquennale.

3.6.2. Le cas où la qualité est un préalable au développement quantitatif

Dans la région B, le travail sur l’amélioration de la qualité est perçu largement par les acteurs locaux comme le préalable au développement quantitatif. Les actions portent également sur l’amélioration de l’accueil et le soutien aux jeunes aux premiers niveaux de qualification, la personnalisation de l’accompagnement et la prise en charge de jeunes en situation de difficultés particulières (originaires

30 C’est la proportion ayant abandonné définitivement l’apprentissage.

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de ZUS, handicapés), le soutien aux initiatives des CFA en faveur de la formation de leurs formateurs et d’innovations pédagogiques, l’amélioration de l’action des maîtres d’apprentissage.

Une démarche de communication et de revalorisation de la filière est soutenue avec des parrainages de section par des professionnels reconnus, eux-mêmes formés par apprentissage dans ces établissements.

Des initiatives sont tentées pour vérifier le bien-fondé d’une orientation vers l’apprentissage et permettre que la rencontre entre le jeune et l’entreprise se réalise dans les meilleures conditions : organisation de job dating, mise en place de bourses d’apprentissage fonctionnant comme une mise en relation entre offres de travail et d’emploi. Une expérimentation de tutorat conduite par une mission locale a permis un suivi des jeunes sur l’ensemble du parcours d’apprentissage et de réduire les ruptures de contrat.

L’innovation pédagogique peut passer par l’instauration de nouvelles formes d’évaluation qui ne soient pas directement empruntées au modèle de l’Éducation nationale. Plusieurs interlocuteurs dans la région ont évoqué un manque d’initiatives pour développer des expérimentations et déploré le risque que le modèle pédagogique de l’apprentissage ne soit définitivement rabattu sur celui de la voie scolaire.

La formation des maîtres d’apprentissage paraît un axe de développement indispensable pour améliorer la « compétence éducative ». La chambre des métiers souhaiterait s’appuyer sur une certification « le label de maître d’apprentissage » qui valoriserait cette activité au sein de l’entreprise.

3.6.3. Le cas où la qualité renvoie à l’individualisation des parcours

Quand la région A s’est investie pleinement dans une politique de l’apprentissage, à la fin des années 90, le mot d’ordre était « un développement contrôlé et basé sur la qualité ». La dimension qualitative a été soutenue à travers un grand nombre d’expérimentations : la mobilité des apprentis, l’accompagnement social avec la création du FSE, etc. Cette politique a prévalu jusqu’à la signature du premier COM. Le Contrat de Plan État/Région par exemple insistait sur la volonté commune de développer la qualité vis-à-vis des apprentis, des CFA et des maîtres d’apprentissage. Le premier COM comprend un volet « développement qualitatif » visant l’augmentation du taux de réussite, la diminution des ruptures et l’amélioration de l’insertion des apprentis après la période d’apprentissage.

L’enjeu de la qualité porte sur la relation apprentis, formateurs et maîtres d’apprentissage, l’individualisation des parcours, le renforcement d’un réseau des « acteurs de la qualité ». Les acteurs de terrain estiment qu’avec le second COM, le volet qualitatif a été déconnecté du volet quantitatif.

De ce fait, nombre d’interlocuteurs en région déplorent que certaines expériences ne soient plus financées, comme le salon des Métiers ou les « points écoutes ».

La qualité passe par l’individualisation des parcours, surtout si l’on considère que de nouveaux publics s’orientent vers l’apprentissage (public déjà diplômé, jeunes décrocheurs du système éducatif, jeunes bacheliers professionnels qui souhaitent poursuivre dans l’enseignement supérieur, etc.)

Le souci de l’amélioration des formations en CFA passe entre autres par la formation de leurs propres formateurs, surtout pour les matières générales. L’exigence adressée aux CFA depuis 2010 de s’aligner sur les conditions de recrutement des enseignants les contraint à élever le niveau de leurs formateurs et diminue la souplesse du recrutement. L’élévation des qualifications des formateurs en CFA sera un véritable enjeu pour la suite car les dérogations ne sont accordées que temporairement et

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la question se posera de la formation continue des formateurs. Ce problème prend une acuité particulière quand le CFA adresse à l’inspection de l’apprentissage une demande d’habilitation pour le CCF (certification en cours de formation) par le CFA, comme l’indique ce responsable au rectorat :

« Il faut une anticipation phénoménale or comment voulez-vous autoriser la demande d’habilitation en CCF d’un CFA si les formateurs de ce CFA ne sont pas habilités simplement à enseigner ! ».

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4. PLACE ET RÔLE DU MONDE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL