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Enfin il sortit Félicité restait Elle n'y tenait plus, elle courut dans la salle comme pour y porter les abricots, renversa le panier, arracha les

III La rupture, scène d'action par excellence

1) Enfin il sortit Félicité restait Elle n'y tenait plus, elle courut dans la salle comme pour y porter les abricots, renversa le panier, arracha les

feuilles, trouva la lettre, l'ouvrit, et, comme s'il y avait eu derrière elle un effroyable incendie, Emma se mit à fuir vers sa chambre, tout épouvantée. Fuese el mozo, al fin ; pero Felicidad permaneció con su señora. Emma no pudo resistir por más tiempo y dirigióse apresuradamente a la sala, como para llevar los albaricoques; volvió el cesto, arrancó las hojas, descubrió la carta, la abrió, y como si tras ella se hubiese declarado un formidable incendio, diose a correr, en el colmo del espanto, hacia su habitación. (P.V.)

Por fin se marchó. Felicidad seguía allí. Emma no podía más: corrió a la sala como para llevar los albaricoques, volcó el cestillo, arrancó las hojas, encontró la carta, la abrió y, como si hubiera tras ella un terrible incendio, huyó espantada a su cuarto. (C.B.)

Por fin se marchó. Félicité quedaba allí. Emma no aguantaba más, corrió a la sala como para dejar allí los albaricoques, vació el cestillo, arrancó las hojas, encontró la carta, la abrió y, como si hubiera habido detrás de ella un terrible incendio, Emma empezó a escapar hacia su habitación, toda asustada. (G.P.)

Por fin se marchó. Félicité seguía allí. Emma no aguantaba más y fue corriendo a la sala como si quisiera llevar allí los albaricoques, volcó la cesta, sacó a puñados las hojas, encontró la carta, la abrió y, como si la persiguiera un incendio espantoso, salió huyendo hacia el dormitorio, horrorizada. (M.T.G.U.)

On constate immédiatement que Pedro Vances propose une traduction dont le volume est plus important que celles des trois autres traductions et que l'original ; il s'agit également du seul texte où le choix des temps employés a conduit à un écart. A-t-il procédé à des ajouts, à des explicitations, pour que sa traduction surpasse ainsi en quantité le texte original ? On peut en effet relever plusieurs éléments que le traducteur a choisi d'expliciter quand ils étaient présents de façon implicite dans le texte original : l'indication du sujet de fuese, non nécessaire à la compréhension, et la précision spatiale quant à l'endroit où Félicité reste. Il procède également à un changement orthonymique, lorsqu'il choisit de traduire elle courut par dirigióse apresuradamente, considérant probablement qu'il est plus vraisemblable qu'Emma se soit dirigée vers la salle en marchant à grands pas

plutôt qu'en courant réellement. Notons qu'il est le seul à procéder à cet écart. Quant aux choix des temps verbaux, il s'agit tout d'abord d'analyser l'effet que produit l'alternance entre passé simple et imparfait dans le texte original, avant d'étudier l'écart existant avec la traduction de Pedro Vances.

Enfin il sortit. Félicité restait. Elle n'y tenait plus, elle courut dans la salle comme pour y porter les abricots, renversa le panier, arracha les feuilles, trouva la lettre, l'ouvrit, et, comme s'il y avait eu derrière elle un effroyable incendie, Emma se mit à fuir vers sa chambre, tout épouvantée.

Nous sommes en présence d'une suite d'actions dont la majorité est énoncée au passé simple, et qui surviennent les unes après les autres (courir, renverser, arracher, trouver, ouvrir, fuir). Avant ces actions d'Emma se trouve celle du paysan, qui sort. Les actions du paysan et d'Emma, énoncées au passé simple, encadrent deux autres événements qui sont pour leur part énoncés à l'imparfait : rester et y tenir. Ces actions s'inscrivent donc dans la durée ; Félicité était déjà présente avant, rien n'a changé pour elle, il n'y a aucune raison pour qu'elle modifie son attitude ; Emma n'y tenait plus, mais on ne sait pas avec exactitude à quel moment son agitation a atteint son point culminant. Elle pourrait tout aussi bien se trouver dans cet état depuis l'arrivée du paysan que depuis le moment où elle lui a remis une pièce ou celui où il a franchi le seuil de la porte pour sortir. Seul le lecteur peut déterminer à quel moment il décide de placer le commencement de cet événement, n'y plus tenir, dans sa représentation du « monde expérienciel que chacun découpe à sa façon »1. Considérons maintenant la traduction qu'a fait de ce passage Pedro Vances :

Fuese el mozo, al fin ; pero Felicidad permaneció con su señora. Emma no pudo resistir por más tiempo y dirigióse apresuradamente a la sala, como para llevar los albaricoques; volvió el cesto, arrancó las hojas, descubrió la carta, la abrió, y como si tras ella se hubiese declarado un formidable incendio, diose a correr, en el colmo del espanto, hacia su habitación. (P.V.)

La représentation que le lecteur se fera de la scène a de fortes chances d'être différente : tout d'abord, le choix de mettre le verbe permanecer au passé simple a pour conséquence que Félicité semble choisir de rester là en réaction à la scène qui s'est

Elle semble se trouver dans l'expectation de la suite des événements, expectation dans laquelle se trouve également le lecteur. Ensuite, le choix du passé simple pour le verbe

poder peut s'expliquer par le fait que l'action de n'y plus tenir – no poder resistir por más tiempo – est matérialisée par un événement brusque, son départ vers la salle, dont on

connaît le début et la fin puisque celui-ci se trouve au passé simple dans le texte français. Par ces deux changements temporels, le traducteur a souligné l'unité des actions relatées, quand Flaubert avait fait le choix de la dissemblance.

Les écarts de ce type sont très nombreux, dans la traduction de Pedro Vances comme dans celles des autres traducteurs. Pour illustrer ce propos, en voici quelques exemples tirés des travaux des différents traducteurs :

2) Et il fallut descendre ! il fallut se mettre à table !

¡Era preciso bajar! ¡Era preciso sentarse a la mesa! (P.V.) 3) – Oh ! parfait ! disait-il. Tiens, goûte.

– Están buenos – dijo –. Toma, pruébalos. (P.V.) – ¡Oh!, ¡perfecto! –exclamó–. Toma, prueba. (G.P.) 4) Emma poussa la porte et entra.

Y empujando la puerta del granero, entró. (P.V.)

5) […] et des battements de cœur, qui la frappaient sous la poitrine […]

[…] y los latidos de su corazón, golpeándola el pecho […] (P.V.)

6) En bas, sous elle, la place du village était vide ; les cailloux du trottoir