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2. Méthodes d’inspection non-intrusives

2.1 Mécanique des milieux continus

2.1.4 Solutions numériques

Lorsque les ondes sismiques élastiques (ou non élastique) se propagent dans un milieu complexe tel que ceux considérés dans cette étude, les solutions analytiques ou semi-analytiques ne permettent pas de résoudre efficacement l’équation du mouvement et il devient alors préférable de se tourner vers des solutions numériques (Fitchner, 2011). Bien que ces méthodes soient souvent bien différentes d’un point de vue technique, elles ont toutes au moins un point en commun : celui de diviser le milieu continu en un certain nombre d’éléments. Cela implique donc que les mouvementsu x( , )t de l’équation 2.1 seront dorénavant estimés grâce à un nombre restreint de coefficients

u t

1

( ),..., ( )u t

n qui peuvent être exprimés sous une forme vectorielle u( )t

Figure 2.7 Exemple de maillage discret utilisé par FLAC.

À la suite de cette discrétisation, l’équation 2.1 peut être réécrite sous forme canonique à l’aide des matrices de masses et de rigidités. Avec l’arrivée de nouveaux ordinateurs plus puissants, les méthodes numériques n’ont cessé d’augmenter en popularité depuis leur introduction en géophysique dans les années 1970 (Alterman et Karal, 1968; Boore, 1970; Boore, 1972; Lysmer et Drake, 1972). Parmi les différentes méthodes numériques disponibles, les méthodes utilisant la modélisation par différence finie (FDM) sont sans doute les plus utilisées pour simuler la propagation des ondes sismiques élastiques. Cette popularité des FDM est principalement due à leur rapidité de calcul et à leur capacité à modéliser efficacement la propagation des ondes sismiques dans divers milieux (Moczo et coll., 2007; Fitchner, 2011). Dans cette thèse, les logiciels de FDM FLAC et FLAC3D sont utilisés afin de simuler la propagation des ondes élastiques dans différents milieux. La figure 2.8 montre le train d’ondes généré par la présence d’une source d’excitation (terme

f

idans l’équation 2.1) à la surface d’un modèle numérique

modélisé à l’aide de FLAC3D. La formulation utilisée par les logiciels FLAC et FLAC3D consiste à utiliser des opérateurs de différence finie (FD) d’ordres faibles tout en utilisant une discrétisation mixte telle qu’originalement suggérée par Marti et Cundall (1982). Selon cette méthode, chaque élément du maillage est divisé en deux triangles n’étant soumis qu’à des déformations constantes. Le terme mixte est utilisé afin de ne désigner que les parties déviatoriques et isotropes des contraintes et des déformations ne sont pas traitées de la même manière à travers les éléments et sous éléments du maillage (figure. 2.7). Cette formulation, malgré qu’elle soit d’ordre faible, a pour avantage de demeurer stable tout en évitant le problème

x

Nœuds avec

mouvement un(t) Éléments (zones)

Sous-éléments (Discrétisation mixte)

de surcontrainte pouvant se produire lors d’un écoulement plastique lorsqu’un opérateur de faible ordre est utilisé. Bien que l’utilisation d’un opérateur de FD d’ordre supérieur permette également d’éviter ce problème, la discrétisation mixte utilisée par FLAC a pour avantage de demeurer stable alors qu’une formulation d’ordre supérieur peut mener à des erreurs numériques dans ce type de situations (éléments prenant la forme d’un sablier, hourglass shape problem) (Nagtegaal et coll. 1974).

Figure 2.8 Ondes générées par l’impact à la surface d’un modèle numérique en 3D modélisé à l’aide de FLAC3D.

2.1.4.1 Paramètres importants lors de simulations numériques

Lors des simulations numériques, plusieurs éléments doivent être considérés et ajustés afin de rendre les modèles numériques représentatifs des conditions réelles rencontrées in situ. Parmi ces éléments, les plus importants dans le cadre de ce projet de recherche sont les suivants : 1) Frontières entre les matériaux et présence des frontières artificielles ; 2) Discrétisation temporelle et spatiale ; 3) Source sismique et amortissements. Cette section viendra donc brièvement aborder chacun de ces éléments.

1) Frontières entre les matériaux et présence des frontières artificielles

Le changement rapide des propriétés dynamiques dans le modèle peut entrainer certaines complications. Par exemple, dans cette étude, la transition entre les éléments du maillage de

Ondes de compression Ondes de cisaillement Ondes de Rayleigh

type sol et ceux de type béton peut nécessiter une attention particulière. En effet, l’interaction sol-structure se produisant lors du passage d’une onde sismique peut nécessiter l’utilisation d’interface entre les deux matériaux. Dans le cas des ondes élastiques, il est supposé que les deux couches soient soudées et donc que les propriétés des nœuds se trouvant sur ou près de la frontière entre le béton et le sol auront des propriétés différentes de celles du sol et du béton. Ce type d’interface est cependant réaliste lorsque le passage d’ondes sismiques ne cause que de faibles déformations (Fitchner, 2011).

Lors des simulations numériques, la taille des modèles ne peut être infiniment grande si bien qu’il est nécessaire d’introduire des frontières artificielles. Puisque ces frontières sont artificielles, les conditions à ces frontières doivent permettre du simuler le mieux possible les conditions qui seraient retrouvées en réalité. C'est-à-dire, d’altérer le moins possible la propagation des ondes élastiques se propageant dans tout le modèle tout en évitant leur réflexion aux frontières. Ce problème a toutefois déjà fait l’objet de nombreuses recherches et il existe de nombreuses stratégies permettant de limiter l’impact des frontières artificielles. Parmi les plus efficaces et les plus populaires, notons les méthodes visant à considérer que le milieu se trouve en champ libre (Free Field), la méthode des frontières absorbantes (Lysmer et Kuhlemeyer, 1969), l’utilisation de fenêtres gaussiennes pour diminuer les mouvements près des frontières (gaussien taper) (Cerjan et coll., 1985) ainsi que la méthode PML (perfectly matched layer), qui, bien que plus complexe, est aussi la plus efficace (Bérenger, 1994; Kristek et coll., 2009). Dans FLAC et FLAC3D, les conditions de champ libre et de frontières absorbantes sont les deux seules conditions pouvant être automatiquement appliquées aux frontières. Dans le cadre de ce projet de recherche, la stratégie visant à utiliser des frontières absorbantes est adoptée comme le montre la figure 2.9.

2) Discrétisation spatiale et temporelle

La méthode numérique utilisée par FLAC et FLAC3D (les différences finies) nécessite la discrétisation temporelle et spatiale du modèle numérique. Afin d’éviter les distorsions numériques, le pas temporel (∆t) et la taille du maillage (∆ ∆ ∆x y z, , ) utilisés lors des

simulations doivent donc être choisis en fonction des propriétés des matériaux contenus dans le modèle numérique ainsi qu’en fonction de la longueur d’onde et de la vitesse des ondes se propageant dans le modèle.

Figure 2.9 Exemple des conditions d’un modèle créé par FLAC.

En ce qui concerne la discrétisation temporelle (∆t) la condition suivante permet de limiter la dispersion numérique des ondes pouvant être causée par ∆t (Courant et coll., 1928; Fitchner, 2011) : max min h t c v ∆ ≤ (2.7)

où h est un paramètre relié à la taille du maillage, v est la vitesse de propagation des ondes et c est une constante. Les logiciels FLAC et FLAC3D calculent automatiquement le pas temporel maximum pouvant être utilisé lors des simulations. Pour les méthodes de différences finies, la taille du maillage requis dépend également du degré de précision de l’opérateur numérique. Puisque FLAC et FLAC3D utilise un opérateur d’ordre faible, la taille de chacun des éléments du maillage devrait respecter la condition suivante (Kuhlemeyer et Lysmer, 1973):

10 l λ ∆ ≤ (2.8) Source Z X Fro ntiè re fi xe Fro ntiè re fix e Frontière fixe v Maillage ( ) : 2.5x2.5 cm 0 0.01 0.02 0.03 0.04 Time (s) -0.4 -0.2 0 0.2 0.4 0 0.01 0.02 0.03 0.04 Time (s) -0.4 -0.2 0 0.2 0.4 0 0.002 0.004 Time (s) 0 0.5 1 A m pl itu de Temps (s) Temps (s) ,z x ∆ ∆

où ∆l est la taille du maillage, et λ la longueur d’onde des ondes se propageant dans le modèle. La taille du maillage utilisé pour les modèles numériques est illustrée à la figure 2.9.

3) Source sismique et amortissement

Afin de générer des ondes sismiques élastiques, une sollicitation dynamique (appelée source) similaire à celle produite lors des essais sur le terrain, c’est-à-dire par un coup de marteau sur une plaque d’acier placée à la surface du sol, doit être produite. Pour ce faire, une impulsion est générée le long de l’axe de gauche du modèle (en haut à gauche du modèle de la figure 2.9). Cette impulsion à l’une des formes suivantes :

( ) sin( )

s t = A ωt−φ pour t < 1/(2f) (2.9a)

Où : A = amplitude de l’onde

ω = 2πf = fréquence angulaire (rad/s) t = temps (s) f = fréquence (Hz) φ = phase (rad) 2 ( 0) 2 (2 )

pour

max

( )

e

t t

t t

s t

A

σ −

=

(2.9b)

Où : t0 = localisation temporelle du centre de l’impact (s)

tmax = temps de la fin de l’impact (s)

σ

= Paramètre permettant de régler la taille de l’impact

Cette impulsion, générée au début de chaque simulation, permet de produire des ondes élastiques se propageant à travers le modèle. Un paramètre important à considérer dans cette équation est le temps de l’impact. En effet, un impact de courte durée permet d’exciter le sol sur une bande de fréquences plus large. Pour l’équation 2.9a le temps de l’impulsion est contrôlé par le paramètre f tandis que pour l’équation 2.9b, le temps de l’impulsion est contrôlé par le paramètre

σ

. Numériquement, l’utilisation d’une source ayant les caractéristiques de

l’équation 2.9b peut s’avérer préférable par rapport à l’utilisation d’une source ayant les caractéristiques de l’équation 2.9a comme le montre l’annexe C.

Lors de leur propagation dans un sol réel, les ondes élastiques sont soumises à certaines pertes d’énergie engendrées par plusieurs phénomènes (section 2.1.3). Afin de reproduire en partie ces phénomènes, un amortissement de Rayleigh est utilisé lors des simulations numériques. Ce type d’amortissement est composé de deux éléments visqueux proportionnels à la masse et à la rigidité du modèle comme le montre l’équation 2.10.

] [ ] [ ] [ min min min min M K C ω ξ ω ξ + = (2.10)

Où: [M] = Représente la matrice de masse [K] = Représente la matrice de rigidité

ξmin =Le taux d’amortissement minimum à la fréquence ωmin ωmin =Fréquence angulaire (rad/s)

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