• Aucun résultat trouvé

Paramètres étudiés Senones Nancy Metz

3.3. Besoins en soins préventifs (1, 9, 30)

3.3.1. Les soins préventifs

A chaque entrée des patients en institution gériatrique, un examen clinique bucco-dentaire doit être instauré afin d’évaluer leur état de santé, l’adaptation de leurs prothèses amovibles, et ainsi leurs besoins en soins dentaires.

Ensuite, une visite annuelle permettrait d’instaurer un suivi préventif, un contrôle des prothèses et de la bouche afin de dépister toute pathologie orale.

3.3.1.1. L'hygiène bucco-dento-prothétique au quotidien

(30, 55, 61)

Le maintien d'une hygiène buccale satisfaisante par suppression de la plaque dentaire est une mesure indispensable dans la prévention des maladies parodontales et des caries dentaires. Pour les personnes âgées dépendantes en institution, l'hygiène bucco-dento-prothétique doit être prise en charge par le personnel soignant, le patient n'étant pas capable d'assurer sans aide son hygiène buccale (61).

Notre rôle en tant que chirurgien-dentiste est donc :

- de sensibiliser et former le personnel soignant à des techniques d'hygiène bucco-dentaire plus adaptées aux différents cas cliniques, complétées par un support explicatif;

- de maintenir la motivation du personnel soignant;

- d'instaurer une hygiène bucco-dentaire individuelle adaptée à chaque résident; - de surveiller cette hygiène.

L'hygiène bucco-dento-prothétique consiste en un brossage des dents, un nettoyage des muqueuses et un entretien des prothèses. Ces soins de bouche doivent être réalisés au mieux

trois fois par jour par le patient ou le personnel soignant selon l'état de dépendance du

patient, sinon au moins une fois par jour, de préférence le soir, pour éviter la « macération » et la stagnation des aliments toute la nuit associées à l'hyposialie nocturne physiologique.

3.3.1.1.1. Le brossage des dents (30, 55)

Il consiste à :

- brosser les dents à l’aide d’une brosse à dents souple à tête courte, électrique ou non, et d’un dentifrice fluoré en s’approchant le plus possible de la « technique du rouleau », même si celle-ci n’est pas forcément réalisable dans son intégralité.

- certains auteurs préconisent de nettoyer les espaces interdentaires à l’aide d’un fil dentaire ou de brossettes interdentaires. Ces méthodes complémentaires ne peuvent être utilisées que si la coopération et les handicaps du pensionnaire l’autorisent. On peut tout aussi bien utiliser des brosses à dents de nouvelle génération dites « sensitives » dont les poils côniques permettent de mieux accéder dans les espaces interdentaires.

- faire rincer la bouche au patient.

- nettoyer la brosse à dents à l’eau courante (penser à la renouveler de façon régulière tous les 3 mois, c'est-à-dire à chaque changement de saison)

Il faut insister sur le temps de brossage, indispensable pour supprimer la plaque bactérienne (3 minutes minimum pour une denture complète, à adapter en fonction du nombre de dents restantes en bouche).

Pour les patients présentant une inflammation gingivale, la fréquence des brossages doit être augmentée et ces derniers doivent être effectués avec douceur en insistant bien sur les zones gingivales inflammatoires.

3.3.1.1.2. L’hygiène des muqueuses (30, 55)

Elle consiste à :

- retirer les prothèses dentaires

- faire rincer la bouche au patient si cela est possible

- procéder au nettoyage des vestibules, des muqueuses et de la langue à l’aide d’une compresse imbibée de bain de bouche dilué enroulée autour du doigt

- faire rincer la bouche.

3.3.1.1.3. L’entretien des prothèses dentaires (30, 55)

Il consiste à :

- les brosser à l’aide d’une brosse à prothèse (adaptée pour le nettoyage de toutes les zones de la prothèse) et de savon (tenir la prothèse mandibulaire par une seule extrémité pour limiter les risques de cassure)

- rincer les prothèses

- le soir, au coucher, sécher correctement les prothèses et les mettre dans une boîte à

prothèse au sec. Si le résident est habitué à dormir avec ses prothèses, il peut les

garder, à condition que l’entretien prothétique soit irréprochable.

- le matin, rincer les prothèses à l’eau courante avant de les remettre en bouche.

L’immersion de la prothèse dans une solution de peroxyde alcalin (Polident®) pendant 10 minutes peut être effectuée une à deux fois par semaine. Elle ne remplace pas le brossage de la prothèse qui doit être fait au préalable.

Pour les patients présentant une candidose, il est nécessaire d’effectuer une désinfection quotidienne des prothèses en les trempant 20 minutes dans une solution désinfectante (chlorhexidine, hypochlorite de sodium à 1%) dans la boîte à prothèse; de cette façon, la désinfection sera globale. La prothèse peut également être conservée une heure à l'air libre après avoir été correctement séchée pour se débarrasser des germes anaérobies qui ont besoin d'une atmosphère humide et sans oxygène pour proliférer.

Une fois par semaine, les prothèses ainsi que la brosse à dents (tête en bas) peuvent être désinfectées dans une solution de chlorhexidine pendant 30 minutes.

Le recours aux ultrasons combinés à une solution désinfectante peut être une solution très utile pour le personnel soignant pour entretenir les prothèses des résidents. Cependant, il nécessite un investissement de la part des institutions.

3.3.1.2. Le détartrage

(30)

Le détartrage aux ultrasons est indiqué pour éliminer le tartre supragingival et les colorations externes de l’émail. L’insert peut également servir à désorganiser la plaque supragingivale et laver les surfaces dentaires.

Lorsque l’utilisation de l’eau et de l’aspiration ne sont pas possibles en raison de troubles moteurs, d'une intolérance aux ultra-sons (bruit, vibrations, douleurs) ou d’un risque de

fausse-route élevé du patient (patient alité), on peut procéder à un détartrage manuel à l’aide de curettes.

Le détartrage devrait être effectué une à deux fois par an par un chirurgien-dentiste pour maintenir une bonne santé parodontale, en plus des soins d’hygiène apportés quotidiennement.

3.3.1.3. La fluoration

(61)

La réduction de 30 à 50% du taux de caries consécutive à l'utilisation de fluor justifie pleinement le recours à ce type de prévention anti-carieuse chez les personnes âgées dépendantes. Des moyens topiques et généraux sont possibles.

Les moyens topiques sont à utiliser de préférence chez les personnes âgées dépendantes par l'intermédiaire de bains de bouche et de dentifrice à la dose de 2mg/jour. Il faudra faire attention aux patients alités et prévoir un récipient pour pouvoir cracher ou mieux, un système d'aspiration si l'institution en dispose. On peut le cas échéant utiliser des compresses.

Il existe aussi des moyens professionnels d'application topique du fluor : les gels fluorés type Fluogel® appliqués au moyen de gouttières ou bien des vernis fluorés types Fluor Protector®.

Les voies générales d'apport du fluor peuvent être complémentaires mais il faut évaluer tous les apports afin d'éviter un surdosage. L'eau de consommation est la solution la plus adaptée aux personnes âgées dépendantes en institution. Certaines eaux en bouteilles sont riches en fluor (Badoit 2mg/l, Vichy Célestin 5,8 mg/l).

La condition sine qua non pour appliquer des produits de fluoration est une bouche propre, exempte de plaque et de tartre.