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LA SITUATION DE L’AFGHANISTAN, SON RAPPORT À LA CULTURE ET LE THÉÂTRE AFTAAB : DE LA NAISSANCE DU THÉÂTRE AFTAAB JUSQU’À AUJOURD’HUI

Dans le document la ronde de nuit bouc de là! (Page 22-26)

Doc. 1. Afghanistan, quelques repères Superficie : 650 000 km2

Nombre d’habitants : 32 358 000 (estimation pour 2011)

Espérance de vie : moins de 50 ans, d’après l’Ined Nom des habitants : Afghans

Capitale : Kaboul Langues : dari et pachto Monnaie : afghani

Chef de l’État : Hamid Karzai Quelques dates clés4

1919

L’État d’Afghanistan proclame son indépendance du Royaume-Uni.

1973

Coup d’État du général Daoud Kahn, qui dépose le roi Zaher Shah et proclamation de la République.

1978

Coup d’État militaire qui amène au pouvoir le PDPA (communiste) de Nur Mohammed Taraqi.

La République d’Afghanistan devient la République démocratique d’Afghanistan.

1979

Invasion de l’Afghanistan par les troupes de l’Union soviétique.

1980

Fusion des organisations islamiques de résistance.

1989

Retrait définitif des troupes soviétiques.

1992

La République d’Afghanistan devient l’État islamique d’Afghanistan.

1996

Coup d’État portant au pouvoir les talibans.

ANNEXES

2001

9 sept. : assassinat de Ahmed Chah Massoud.

7 oct. : début de la guerre d’Afghanistan, lancée par les États-Unis contre le régime des talibans, qui abrite Oussama Ben Laden.

13 nov. : l’Émirat islamique d’Afghanistan redevient l’État islamique d’Afghanistan. Fin du gouvernement en exil de l’État islamique d’Afghanistan.

2002

Mise en place d’un gouvernement de transition.

2004

L’État islamique transitoire d’Afghanistan devient la République islamique d’Afghanistan.

2006

Adoption, par le Conseil de sécurité des Nations unies, de la résolution 1 662 prorogeant le mandat de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan pour un an.

Le gouvernement afghan propose la candidature d’Hedayat Arsala, ministre du Commerce et proche du président Hamid Karzaï, dont il est le principal conseiller, pour succéder à Koffi Annan au poste de Secrétaire général de l’ONU.

Contexte du pays

Depuis 1978, l’Afghanistan est au cœur des tensions et conflits mondiaux. La paix et la démocratie n’y ont plus régné depuis, laissant le peuple afghan aux prises avec la seule préoccupation de survivre. Cette urgence permanente n’a pas laissé beaucoup de place aux expressions artistiques, échappatoires apaisantes, ras-sembleuses et festives nécessaires au maintien des dignités de chacun, hommes et femmes.

Kaboul, autrefois capitale ouverte et dynamique au cœur de l’Asie centrale, est aujourd’hui marquée des stigmates de la guerre et d’une gestion municipale et urbaine hasardeuse du fait des changements de régime réguliers. Les équipements sociaux et culturels qui constituent le poumon nécessaire d’une ville commencent à peine à se reconstituer. L’enseignement public peut encore être qualifié d’archaïque, et l’administration éducative manque de moyens pour le rénover. Les médias ne peuvent pas encore être considérés comme un vecteur culturel efficient.

Doc. 2. Naissance de la troupe à Kaboul 2005, Kaboul

Stage dirigé par Ariane Mnouchkine.

Invités en Afghanistan par la Fondation pour la culture et la société civile à Kaboul et son directeur Robert Kluyver, Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil s’embarquent pour y donner un stage – session de travail pour comédiens et ateliers d’apprentissage pour techniciens – qui donnera naissance, au milieu des ruines et des roses d’un jardin, à une toute jeune troupe de théâtre afghane, mixte et courageuse : le théâtre Aftaab.

Aftaab, mot dari qui signifie « soleil », un petit Théâtre du Soleil d’Asie centrale.

Parallèlement à ce stage réalisé avec l’aide de Cultures France, de l’ambassade de France à Kaboul et de la Fondation pour la culture et la société civile, Duccio Bellugi Vannuccini, Sergio Canto et Philippe Chevallier réalisent un film documentaire retraçant la genèse de cette aventure : Un Soleil à Kaboul… ou plutôt deux ! (Bel Air Classiques, 2007)

2005 (août), Kaboul

Première création : Roméo et Juliette de William Shakespeare.

Lors d’une mission financée par l’ambassade de France à Kaboul et la Fondation pour la culture et la société civile, Maurice Durozier et Shaghayegh Beheshti, comédiens au Théâtre du Soleil, retournent à Kaboul pour diriger un atelier autour de Roméo et Juliette de Shakespeare. Le spectacle est joué à Kaboul, au Centre culturel français (CCF), puis à Duchambé, au Tadjikistan.

2006 (février-mars), Paris Ateliers de formation.

À l’invitation du Théâtre du Soleil, le théâtre Aftaab vient parfaire sa formation théâtrale auprès de grands maîtres de danse et de musique d’Asie et commencer un travail sur Le Tartuffe de Molière. Ils restent deux mois au Théâtre du Soleil et partagent le quotidien de la troupe.

2006 (juin)-2007 (décembre), Kaboul

Hélène Cinque se rend à Kaboul pendant l’été 2006 pour achever le travail sur Le Tartuffe d’après la mise en scène originale d’Ariane Mnouchkine. Le Tartuffe est joué au Centre culturel français, qui, depuis, héberge la troupe en répétitions. Grâce à ce soutien, le théâtre Aftaab peut monter son troisième spectacle, Le Cercle de craie caucasien, de Brecht, mis en scène par Arash Absalan et créé à Kaboul en 2007. La troupe joue en Inde (New Delhi, Mumbaï) en janvier 2008.

2008 (avril-mai), Paris

Premières rencontres avec le public français : Le Tartuffe et Le Cercle de craie caucasien sont joués en alternance à Paris, invités par le Théâtre du Soleil.

2009 (mars-octobre), Paris, Lyon Première création collective : Ce jour-là

Le Théâtre du Soleil invite la troupe pour une résidence de sept mois pour monter leur première création collective, construite par les acteurs afghans à partir de leur propre expérience de l’histoire récente de l’Afghanistan, et mise en scène par Hélène Cinque. Ils joueront Ce jour-là en alternance avec Le Tartuffe repris pour l’occasion.

2010 (mai-septembre), Kaboul

Deux metteurs en scène, deux nouvelles créations…

De mai à juin, la troupe termine le travail qu’elle a mené avec la chorégraphe Laurence Levasseur. La créa-tion Les Chiens – Sag hâ sera jouée en septembre, à l’occasion de l’inauguracréa-tion du Centre culturel français de Kaboul rénové.

En juillet, le théâtre Aftaab continue ses répétitions de L’Avare de Molière. Hélène Cinque se rend à Kaboul pour accompagner une première répétition publique.

2010, Lyon, Ensatt

ANNEXES

2011 (juin), Lyon

Rencontre avec Matthias Langhoff.

À l’issue de leur formation à l’Ensatt, les membres de la troupe rencontrent le metteur en scène Matthias Langhoff avec lequel ils montent Sophocle/Œdipe, Tyran, d’après Hölderlin, de Heiner Müller, à Lyon en juin 2011.

Le spectacle est ensuite joué au Festival d’Avignon et accueilli par le Théâtre du Soleil.

2012 (juillet), Paris

Reprise de Ce jour-là et de L’Avare au Théâtre 13-Seine dans le cadre du Festival Paris quartier d’été.

La troupe entre en création en septembre 2012, La Ronde de nuit verra le jour le 27 mars de l’année suivante.

Doc 3. Le théâtre Aftaab L’avenir du théâtre Aftaab

Grâce au soutien de la région Rhône-Alpes, les artistes d’Aftaab bénéficient de cartes de séjour « compé-tences et talents », qui rendent possible leur libre circulation entre l’Europe et l’Afghanistan pour les trois prochaines années et les accompagnent dans leur projet à long terme de retour en Afghanistan.

En lien avec l’Institut français d’Afghanistan et l’ambassade de France à Kaboul, le théâtre Aftaab a le projet d’organiser des ateliers de pratique théâtrale en Afghanistan et de donner des représentations publiques de ses créations collectives et de son répertoire classique.

« Le théâtre Aftaab veut être la voix d’un peuple qui doit chercher de quoi se nourrir au bord de la route, mais qui n’y trouve rien car tout est recouvert par la poussière des voitures blindées des dirigeants de notre pays, dirigeants qui eux n’iront jamais dormir avant d’être repus. Nous voulons être le cri des êtres humains qui sont condamnés à être lapidés ou pendus pour avoir aimé. Nous ne voulons pas d’un pays aveugle, d’un peuple qui céderait à l’enfer des orientations fanatiques liées à l’ethnie, à la langue, à la race et à la religion.

Nous ne voulons pas que l’histoire noire de notre pays se répète. » Le théâtre Aftaab, 2009

Pourquoi le théâtre Aftaab est-il aujourd’hui en voyage ? (cf. affiche du spectacle)

Le théâtre Aftaab est en voyage et non pas en exil parce qu’il a pour projet de retourner en Afghanistan pour y pratiquer et transmettre son art théâtral.

La troupe est venue en France parfaire son apprentissage artistique dans l’intention, d’un jour prochain, enseigner à son tour et faire du théâtre une activité culturelle forte à travers son pays d’origine. Un peu à l’image des théâtres itinérants qui existent déjà en Afghanistan et qui ont parfois une portée d’information politique, au moment des élections notamment.

La troupe a choisi de placer l’espoir de jours meilleurs au cœur de son aventure, et pour cela s’est constituée en association loi 1901 afin de structurer son travail de production et de diffusion des spectacles dans le but de vivre de son seul travail artistique.

Doc. 4. Un rapport à l’art et à la culture

La vie culturelle kabouli a, bien entendu, terriblement souffert des années de régime taliban et de guerre.

La situation sociale et sécuritaire continue de handicaper la création et l’expression artistiques. La plupart des artistes de renom se sont exilés, malgré quelques retours remarqués.

Si le théâtre fut un mode d’expression muselé pendant plusieurs années, il n’est pas absent des traditions artistiques. Les racines du théâtre afghan remontent à des rituels religieux et ethniques pré-islamiques. La

tradition s’est ensuite perpétrée à travers la pratique du conte oral d’inspiration musulmane, dans les bazars et les lieux publics, mêlé à des influences indiennes de théâtre masqué et mimé, dans les mariages et les fêtes familiales. La première salle de théâtre créée à Kaboul, à la fin du XIXe siècle, nommée « Lahore Gate », était au carrefour des arts du masque et de la pantomime et d’un théâtre littéraire, d’inspiration religieuse.

Dans les années 1940 à 1960, la culture théâtrale était très répandue en Afghanistan, et mêlait contes et épopées à des pièces classiques et modernes internationales. Les femmes occupaient une place dans ce paysage artistique, au travers d’un théâtre, le « Women Theatre » exclusivement féminin, fondé en 1958. À partir de l’invasion soviétique, cette expression artistique commença à lentement décliner jusqu’à sa quasi-disparition sous le régime taliban.

Depuis 2002, des pays occidentaux comme la France participent aux actions de reconstruction de l’Afghanis-tan, au travers de programmes de coopération dans les domaines agricoles, éducatifs, sanitaires ou encore culturels. L’aventure du théâtre Aftaab, initiée par le Théâtre du Soleil, est sans doute une des réponses au souhait du développement culturel en Afghanistan.

Extraits d’articles de presse

« Soleil sur Kaboul »

« Le théâtre est très populaire dans le pays, et il n’est pas rare de croiser des troupes itinérantes qui jouent dans les coins les plus reculés. “Elles apportent une vraie distraction, mais aussi des nouvelles à des gens qui n’ont rien, ni radio ni journaux. Juste avant l’élection présidentielle, par exemple, des troupes de théâtre itinérant ont sillonné le pays pour expliquer l’utilité du vote. Ça s’est fait à travers des saynètes qui ont eu beaucoup de succès. C’était l’unique moyen de toucher des gens dans des vallées isolées, qui n’ont aucun moyen d’information. Chez nous, le théâtre a aussi une fonction d’engagement, une fonction qui s’était un peu perdue avec la guerre”, explique Abdul Haq Adji, en deuxième année à la fac des beaux-arts. »

Éric de Lavarene, Libération, 9 août 2005

« Création collective »

« À Kaboul, ou dans les campagnes alentour, livrés à la guerre civile, à la dictature des talibans, aux réper-cussions internationales des attentats du 11 septembre sur l’image de leur pays[…], des femmes et des hommes, vivent ou survivent. Ils essaient de préserver “l’humain” face à l’absurde et à la violence arbitraire.

En mêlant faits réels et fiction, poésie et réalisme, présent et passé, le théâtre Aftaab et Hélène Cinque ont écrit une tragédie contemporaine.

“Beau geste : quatre ans de travail, quatre ans d’allers-retours. Aujourd’hui, le résultat est là ! Une troupe est née, construite patiemment. C’est toute leur vie pendant et après le pouvoir taliban qu’ils racontent, dont deux filles encore plus courageuses d’avoir lutté elles aussi contre pression sociale et religieuse.” »

Emmanuelle Bouchez, Télérama, 2009

Dans le document la ronde de nuit bouc de là! (Page 22-26)

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