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diurne, l’instrument MISOLFA

4.5 Simulations numériques

L’objectif de cette section est de montrer la validité de la méthode d’extraction des paramètres de la turbulence en utilisant l’outil de la simulation numérique. La simulation de l’observation des fluctuations des angles d’arrviée en utilisant la voie pupille a été traitée par Berdja et al. (2004) et la faisabilité d’un profileur (étude théorique) utilisant les observations voie pupille avec deux fentes a fait l’objet d’un papier de Borgnino et al. (2007). On s’intéresse ici à valider la méthode d’extraction des paramètres spatiaux de la voie image. Pour cela il nous faut simuler l’imagerie à travers la turbulence atmosphérique d’images de synthèse similaires à celles de MISOLFA. En premier lieu il est nécessaire de simuler un écran de phase turbulent.

Les variations de l’indice de réfraction de l’atmosphère est un processus aléatoire. Par consé-quent, les modèles de turbulence utilisent des outils statistiques, comme la fonction de structure pour décrire les variations de l’indice de réfraction. La création d’écrans de phase turbulents consiste en des réalisations individuelles d’un processus aléatoire. Autrement dit, les écrans de phase sont créés en transformant les nombres aléatoires générés par ordinateur en grilles de points bidimensionnelles ayant la même statistique que les variations de phase induites par la turbulence. Historiquement, plusieurs méthodes ont été développées pour générer des écrans de phase atmo-sphériques avec une bonne efficacité de calcul, haute précision et flexibilité (Burckel and Gray 2013;Frehlich 2000;Lane et al. 1992;Roggemann et al. 1995;Roggemann et al. 1996;Schmidt 2010;Srinath et al. 2015;Welsh 1997).

Habituellement, la phase est écrite comme une somme pondérée de fonctions de base. Les outils de base souvent utilisés à cette fin sont les polynômes de Zernike et les séries de Fourier qui présentent chacun des avantages et des inconvénients. La méthode la plus courante pour la génération d’écran de phase est basée sur la transformée de Fourier, introduite pour la première fois dans ce domaine par McGlamery (1967).

La phase turbulente est obtenue en générant une fonction qui a une densité spectrale qui obéit à la statistique voulue de la turbulence (Kolmogorov, Von Kàrmàn ...). Une des propriété bien connue des processus aléatoires est que les réalisations aléatoires d’une fonction qui a un spectre de puissance bien définie peuvent facilement être générés par la transformée de Fourier inverse du produit de la racine carrée du spectre et d’une distribution de nombre aléatoires complexes de moyenne nulle et de variance égale à 1 (parties réelle et imaginaire). Dans le cas discret, la phase générée s’écrit sous la forme (Frehlich 2000) :

ϕp j∆x, l∆yq “ Nx ÿ n“0 Ny ÿ m“0

rapn, mq ` ibpn, mqs ¨ expr2πip jn Nx

`lm Ny

qs (4.53)

où ∆x et ∆y sont les pas d’échantillonnage spatial de l’écran de phase dans les direction x et y Nx et ny sont les nombres de points respectifs, apn, mq et bpn, mq sont nombres aléatoires suivant des statistiques de bruit blanc Gaussien avec :

xa2pn, mqy “ xb2pn, mqy “ 4π2

Nx∆xNy∆y Wϕpn

Nx∆x, m

Ny∆yq (4.54)

Séparation [m]

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1

Fonction de structure D(r) [rad

2] 0 20 40 60 80 100

Figure 4.18 – Comparaison entre la fonction de structure théorique selon le modèle de Von Kàrmàn modifié (trait continu) et celles obtenue par simulation numérique par la méthode spec-trale. Les courbes de simulation de bas en haut représentent les fonctions de structure obtenu par la méthode spectrale sans introduction des harmoniques(- -), avec trois niveaux de sous-harmoniques (-.) et 5 niveaux de sous-sous-harmoniques(..).

Cette méthode souffre d’une limitation relative aux basses fréquences du spectre des fluc-tuations de phase générée. Si on choisi la direction x, la fréquence minimale ( fmin) est donnée par ∆ fx “ 1{Lx et la fréquence maximale ( fmax) vaut Nx∆ fx{2 (pour respecter le théorème de Nyquist-Shannon), où Lxest la taille de l’écran de phase dans la direction x.

La validité et la précision de la méthode de génération d’écrans de phase est généralement vérifiée par le calcul de la fonction de structure des fluctuations de la phase générée et sa com-paraison à la fonction de structure théorique. La figure 4.18 montre la courbe théorique de la fonction de structure et celle que j’ai obtenu par simulation utilisant la méthode spectrale (trans-formée de Fourier). On remarque que la fonction de structure s’éloigne de la courbe théorique à mesure que la séparation spatiale augmente. Ce problème est lié à la taille de l’écran de phase qui fait que l’échantillonnage dans le domaine fréquentiel ne peut être indéfiniment petit. Il en ré-sulte que la densité spectrale accuse une perte d’information pour les basses fréquences spatiales. Or la partie basses fréquences du spectre des fluctuations de phase contient la majeure partie de l’énergie du signal, il est donc nécessaire de bien échantillonner cette partie. L’augmentation du pas d’échantillonnage ne résoud pas totalement le problème. La méthode adoptée pour remédier à ce problème est l’introduction de sous-harmoniques dans le calcul de la phase, celles-ci cor-respondent aux basses fréquences spatiales. Une sous-harmonique est une sinusoïde qui a une période plus grande que la taille de l’écran de phase et donc une fréquence spatiale en dessous de la plus petite fréquence spatiale de l’écran de phase. La méthode des sous-harmoniques consiste à sous-échantillonner la partie basse fréquence du spectre et introduire la phase qui en résulte dans l’écran de phase global généré par la méthode spectrale. Plusieurs méthodes ont été

pro-x[m] 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 y [m] 2 1.8 1.6 1.4 1.2 1 0.8 0.6 0.4 0.2 0

Figure 4.19 – Exemple d’écran de phase obtenu par simulation en utilisant la méthode spectrale avec introduction des sous-harmoniques. La densité spectrale des fluctuations de la phase cor-respond au modèle de Von Kàrmàn modifié en prenant un r0 = 10 cm,L0 = 10 m et l0 = 1 cm. L’écran obtenu est de 1024x1024 points avec une largeur de 2 m.

posées pour l’introduction des sous-harmoniques (Nakajima 1988; Herman and Strugala 1990;

Lane et al. 1992;Johansson and Gavel 1994). Nous avons choisi la méthode de Lane et al. pour laquelle la partie basse fréquence de la phase s’écrit sous la forme :

ϕS Hp j∆x, l∆yq “ Np ÿ p“1 1 ÿ n“´1 1 ÿ m“´1

rapn, m, pq ` ibpn, m, pqs ¨ expr2πip jn 3pNx ` lm 3pNy qs (4.55) avec : xa2pn, m, pqy “ xb2pn, m, pqy “ 4π2 32pNx∆xNy∆y Wϕpn 2π 3pNx∆x, m 3pNy∆yq (4.56)

Pour n “ 0 et m “ 0, les deux composantes a et b sont prises égales à zéro.

La figure4.19montre un écran de phase géneré avec la méthode spectrale en introduisant les sous-harmoniques suivant la méthode de Lane et al. Sur la figure4.18je montre l’effet de l’intro-duction des sous harmoniques sur la fonction de structure de phase. Cette figure montre l’intérêt d’introduire les sous-harmoniques pour que la phase générée approche au mieux la théorie. Cela est plus important pour les grandes séparations spatiales.

4.5.1 Simulations d’imagerie à travers la turbulence, cas isoplanétique et

anisoplanétique

On cherche ici à simuler des images similaires à celles produites par MISOLFA avec la même résolution spatiale. D’autre part le temps de pose choisi est de 1 ms ce qui veut dire que les images

centre-bord (Hestroffer and Magnan 1998). L’obtention d’images à travers la turbulence se fait à priori en faisant un produit de convolution entre l’image du limbe en absence de turbulence avec la réponse impultionnelle de l’ensemble télescope + atmosphère à condition que cette dernière soit la même pour l’ensemble du champ de l’image. C’est un cas particulier appelé cas isopla-nétique pour lequel le champ de l’image est inférieur à l’angle d’isoplanétisme θ0. Pour simuler un cas pareil, il suffit de faire un produit de convolution de l’image non perturbée par l’unique PSF obtenue par le carré du module de la transformée de Fourier inverse du produit du champ complexe Ψ ( = expp´iϕq) et de la fonction pupille du télescope P.

PS F “ |T F´1pΨ ¨ Pq|2 (4.57)

Le cas isoplanétisme est équivalent à une turbulence au voisinage du télescope. Dans le cas réel, le domaine d’isoplanétisme est restreint, le champ au foyer de MISOLFA (128x96 arcsec) est beaucoup plus grand que θ0. Pour avoir un ordre de grandeur du domaine d’isoplanétisme, prenons le cas du profil de turbulence du modèle d’Hufnagel-Valley (equation4.5), θ0est obtenu en appliquant l’équation4.43, r0est obtenu par l’intégration du C2

nphq (équation2.31), on trouve r0=5 cm à 500 nm et H=2260 m, la valeur de θ0correspondante est de 1.4 secondes d’arc.

Pour simuler l’imagerie dans le cas anisoplanétique, je génère un écran de phase d’une taille suffisante de façon à couvrir le champ d’observation. Chaque point de l’image produit un point de l’image et sera affecté par la PSF produite par une portion de l’écran de phase. Deux points distincts de l’objet ne sont pas affectés forcément par la même turbulence. Du point de vue de la simulation cela revient à projeter la pupille du télescope sur l’écran de phase et de la décaler d’un pas (de pixels entiers) correspondant à l’angle d’isoplanétisme pour pouvoir calculer l’image du ou des points adjacents. La figure4.20schématise le procédé de l’imagerie et montre le décalage de la pupille projetée pour calculer les PSFs correspondantes.

La figure4.21montre le résultat que j’ai obtenu de la simulation d’une image ayant la même résolution spatiale que celles de MISOLFA (0.2 secondes d’arc / pixel) et obtenue dans le cas anisoplanétique avec une couche turbulente caractérisée par r0=6.5 cm etL0=3 m et localisée à une altitude h=3500 m. L’effet de bord visible sur l’image de droite est dû à la FFT inverse, les images sont tronquée avant le traitement. Une série de 1000 images est générée avec cette pro-cédure. Ensuite les étapes de traitement décrites dans la section4.4.3, les deux premières étapes (estimation du bruit et nettoyage par ondelettes) ne sont pas appliquées. Les images du bord so-laire vu à travers la turbulence que j’ai ainsi obtenues m’ont permis par la suite de vérifier la faisabilité de la méthode d’extraction des paramètres de la turbulence par l’analyse de la fonction de structure des fluctuations des angles d’arrivées observées sur le bord solaire. J’ai également utilisé ces séries d’images pour voir l’effet de l’échelle externe sur l’estimation du r0 en utilisant la variance des fluctuations des angles d’arrivée.

Figure 4.20 – Schéma explicatif de la simulation des images dans le cas où la taille angulaire de l’objet est supérieure à θ0. Le pas de déplacement dr en m correspond à un nombre entier de pixels sur la pupille projectée sur l’écran de phase

Arc−seconds Arc−seconds 2 4 6 8 10 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Arc−seconds Arc−seconds 2 4 6 8 10 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Figure 4.21 – Images produites par simulation numérique. L’image de gauche est une image hors atmosphère ayant la même résolution que les images MISOLFA obtenue selon le modèle d’Hestroffer-Magnan 1998, celle de droite est obtenue par imagerie anisoplanétique dans le cas d’une seule couche turbulence pour laquelle r0=6.5 cm et L0=3 m et localisée à une altitude h=3500 m.

Nous avons décris dans ce chapitre le principe du moniteur de turbulence MISOLFA permet-tant la mesure des paramètres spatiaux et temporels de la turbulence de jour. En observant le limbe du Soleil à haute résolution (0.2"/pixel), l’instrument que nous avons vu possède quelques particularité que j’ai décrit dans ce chapitre. Le principe de la mesure des paramètres spatiaux à partir des images est le même que celui de l’instrument MOSP. Elle est basée sur l’ajustement non linéaire de la fonction de structure des fluctuations des angles d’arrivées observées sur le limbe solaire. Nous avons analysé le comportement de la fonction de structure en fonction des différents paramètres. Néanmoins il y a un certain nombres d’étapes des traitements des images MISOLFA à suivre pour construire la fonction de structure notamment l’estimation du bruit et le filtrage des images par ondelettes. J’ai montré une comparaison entre les fonctions de structure théoriques calculée en adoptant le modèle multi-couches et un modèle utilisant une couche équi-valente, et ainsi montré la nécessité d’utiliser le modèle multi-couches pour extraire les profils de C2nphq et de L0phq.

Pour la mesure du temps caractéristique, la méthode est basée sur l’utilisation de la fonction de structure temporelle des fluctuations d’intensité des sous-pupilles, une normalisation par la voie globale est nécessaire pour l’élimination des fluctuations dues aux vibrations entre autres. J’ai égalemnt décris les étapes de la mesure des paramètres spatiaux à partir des signaux de la voie pupille en exploitant les différentes sous-pupilles. Cette mesure est possible du moment que les fluctuations d’intensité observées dans la voie pupille sont proportionnelles aux fluctuations des angles d’arrivée observées sur la voie images. J’ai repris la démonstration théorique de cette relation linéaire dans le cas de modèles linéaire et quadratique de l’intensité du limbe. Puis j’ai montré pour la première fois que cette relation est vérifiée sur les données MISOLFA, ce qui a permis l’inter-calibration des voies image et pupille. L’effet de la largeur de la fente est aussi donné. Nous avons aussi décrit des simulations numériques effectuées pour montrer la faisabilité de la méthode d’extraction des paramètres à partir de la voie image.

4.7 Article paru dans Monthly Notices of the Royal

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