Les satellites GPS émettent des ondes radio modulées de façon complexe qui se propagent
à travers l’espace et l’atmosphère terrestre. Le signal source, émis par chaque satellite, est
une onde électromagnétique qui auto-propage un champ électrique et un champ
magné-tique générés par d’oscillations rapides de particules chargées. La compréhension exacte
de ce phénomène n’est assurément pas simple, mais du point de vue de notre réalité les
équations de Maxwell satisfont l’interprétation de cette propagation [Feynman, 1964].
L’ap-proximation d’une onde GPS qui peut être considérée sphérique, par une onde plane, est
acceptable du fait de la grande distance entre satellites et récepteurs. Le signal GPS peut
être visualisé, en première approche, comme une sinusoïde pure ou une “porteuse” dont le
champs électrique est caractérisé par quatre paramètres (son amplitude, sa fréquence, sa
phase et sa polarisation). La spécificité de cette onde plane est d’être circulaire droite. Une
description précise de la structure du signal GPS est fournie par Spilker [1978] etLangley
[1990], sa description officielle étant contenue dans ARINC [1991]. La compréhension du
système GPS est par ailleurs présentée par deux ouvrages [Leick, 1989] et [Teunissen, 1998].
Par la suite une synthèse de leurs exposés est présentée.
Chaque satellite GPS est équipé d’un oscillateur d’atomes de Rubidium ou de Césium qui
sont utilisés pour générer une fréquence f
0=10.23 MHz, dite “fondamentale”. Les signaux
émis par les satellites sont de fréquences multiples de cette fondamentale. Il en existe au
moins quatre. Ce sont les fréquences nommées “Link” 1, 2, 3 et 5 (L
1=1575.42 MHz,
L
2=1227.60 MHz,L
3=1381.05 MHz etL
5=1176.45 MHz). Elles sont multiples de f
0, par
les facteurs respectifs suivant : 154, 120 , 135 et 115 [Langley, 1998 ; Schupler, 2001]. Ces
fréquences appartiennent à la bande L (entre 1000 et 2000 MHz). Les fréquences L
3et L
5ne sont pas utilisées dans le positionnement civil et scientifique.
Aux fréquences L
1et L
2, les longueurs d’onde suivantes peuvent être respectivement
asso-ciées : λ
L1= 0.190294m et λ
L2= 0.244210m, avec c= 299792458 ms
−1et λ=c/f, oùf
est la fréquence du signal etcla célérité. Les signaux GPS appartiennent donc au domaine
des micro-ondes.
Fig.A.1 – Spectre en fréquence du signal GPS transmis.
Le signal GPS n’est pas qu’une simple sinusoïde, comme montré par son spectre en
fré-quence de la Figure (A.1). En plus de la phase, les signaux GPS sont modulés par deux
codes principaux : le code P (“Precision Code”) et le code C/A (“Clear/Acquisition Code”).
III.A. Principe de la mesure GPS
Ces codes, d’allure aléatoire, sont qualifiés de “Pseudo Random Noise” (PRN). Les PRN
Fig. A.2 – Représentation schématique des codes et porteuses GPS.
consistent en la prise successive des valeurs 0, 1 et -1. Ils peuvent être schématisés (figure
A.2) par une série de 0 et de±1 (codages binaires ou “bits”). Une série est générée par un
al-gorithme mathématique (appelé “tapped feedback registers”) qui permet la personnalisation
des PRN.
La fréquence L
1du signal GPS :
Sur la fréquence L
1, qui est 154 fois la fondamentale f
0=10.23 MHz, la modulation est
doublement orchestrée par le code P et le code C/A [Spilker, 1978] :
S
L1 i= A
PXP
i(t) D
i(t) cos(ω1t)
| {z } code P+ A
C/AXG
i(t) D
i(t) sin(ω1t)
| {z } codeC/A(A.1)
oùω
1= 2πL
1est la pulsation propre à la fréquenceL
1. La phase est en réalité(ω
1t+ξ), où
ξ≈0représente un faible bruit de phase (dérive propre de l’oscillateur atomique, source du
signal). Les amplitudesA
Pet A
C/Asont des constantes qui sont associées respectivement
avec les codes P et C/A.XP
ietXG
isont les séquences respectives des codes P et C/A, qui
varient au cours du temps différemment selon chaque satellite i. De plus, D
isert à coder
des informations nécessaires à la navigation en temps réel. Son taux de transfert est de 50
bps (bits par seconde).
La fréquence L
2du signal GPS :
Sur la fréquence L
2, qui est 120 fois la fondamentale f
0=10.23 MHz, l’activation de la
modulation peut être faite soit par le code P, soit par le code C/A [Spilker, 1978] :
S
L2i
= B
P−C/AXQ
i(t) D
i(t) cos(ω
2t+ 4)
| {z }
codePou code C/A
(A.2)
où ω
2= 2πL
2est la pulsation propre à la fréquence L
2. L’amplitude B
P−C/Aest une
constante qui est associée soit au code P, soit au code C/A, selon l’activation par l’Armée
III.A.1 Présentation du système GPS
US.XQ
iest la séquence propre au code P ou au code C/A, qui varie au cours du temps
différemment selon chaque satellite i. De plus, D
isert à coder des données variables au
cours du temps (comme les informations de navigation en temps réel). Le transfert des
données de navigation est aujourd’hui réservé à la fréquence L
1[Spilker, 1978].
Code P :
Le code P a un taux de transfert de l’information de 10.23 Mbps (10
6bits par seconde).
Sa période, qui est exactement d’une semaine, est réinitialisée tous les samedis à minuit.
Ce code est pour chaque satellite ile produit de deux PRN-codes,X
1et X
2:
XP
i(t) = X
1(t) X
2(t+n
it), avec 0≤n
i≤36 (A.3)
Le nombre entier n
iporte donc à 37 le nombre de différents codes P, pour une même
réinitialisation des codesX
1etX
2. La période deX
1etX
2est de 1.5 s, soit respectivement
des taux de transferts de 15.345 Mbps et 15.345037 Mbps. La dégradation du signal,
dont se réserve le droit l’Armée US, peut directement être appliquée sur le code P par le
brouillage des codes X. La fréquence du code P est f
0(longueur d’onde de 29.3 m). Ce
code est plus précis que le code C/A. Une précision de quelques mètres est obtenue pour
un positionnement en temps réel si les signaux ne sont pas volontairement dégradés par
l’Armée US. Le signal dégradé permet encore des mesures avec une précision d’une centaine
de mètres. L’anti-leurrage (“anti-spoofing”) brouille le code P, qui devient alors inaccessible
à l’utilisateur civil en temps réel. Seule une alternative en temps différé peut permettre la
reconstruction du code P.
Code C/A :
Le code C/A a un taux de transfert de l’information de 1.023 Mbps (1023 bits sur une
durée de 1 milliseconde). Ce code a été élaboré pour permettre dans de bonnes conditions
l’accès multiple à l’information. Pour les différents satellites, ce code est comme un “code
d’Or” formé par le produit de deux PRN-codes,G
1et G
2:
XG
i(t) = G
1(t) G
2(t+Ni(10T)), avec 1
T = 10.23 MHz (A.4)
N
idéfinit le nombre de décalage de phase entreG
1etG
2. Il existe 1023 décalagesN
ipos-sible et ainsi 1023 codes C/A de cette forme (le code C/A a une durée de10T secondes). Le
fait que ce code soit répété toutes les millisecondes permet très rapidement à un récepteur
de l’analyser. L’autre intérêt de ce code est qu’il est synchronisé avec le codeX
1du code P.
Une simple courte acquisition du code C/A permet alors une orientation quasi-immédiate
dans le code P (repères identifiés par les “Hand-Over-Words” ou HOW). Une durée de 30
secondes de données peut ainsi permettre une acquisition suffisante des informations sur la
correction d’horloge et sur les données de l’éphéméride, afin de permettre le positionnement
en temps réel. La fréquence du code C/A est
f010
(longueur d’onde de 293 m). Le code C/A
se répète toutes les millisecondes, ce qui crée une ambiguïté sur la mesure de la distance
entre le satellite et la station d’une valeur multiple de 293 km. L’ambiguïté peut donc être
facilement levée. Le positionnement en temps réel basé sur le code C/A est aujourd’hui
précis à une dizaine de mètres.
III.A. Principe de la mesure GPS
Message de navigation :
Le message de navigation (ou code D) est émis par chaque satellite à 50 Hz de fréquence.
Il contient les corrections d’horloges et les éphémérides du satellite. L’accès sélectif (SA)
dégradait volontairement ce code. Une description détaillée des erreurs de mesures GPS
causées par le SA et une possibilité de les réduire se trouve dans [Feigl et al., 1991].
Aujourd’hui l’accès sélectif a été stoppé.
Signaux dans la bande L :
Le choix des fréquences dans la bande L n’est bien évidemment pas anodin. En effet, il
a fallu trouver un domaine en fréquence qui permette une situation intermédiaire à deux
types d’effets sur les signaux électromagnétiques GPS lors de leur propagation
atmosphé-rique entre satellite et récepteur au sol : l’atténuation et la dispersion.
Une première nécessité, due au phénomène de dispersion, était d’avoir un signal
suffisam-ment haute fréquence pour permettre en plus de la détermination des positions, l’estimation
des vitesses de déplacement des satellites par effet Doppler.
La deuxième nécessité est que le signal ne soit pas trop atténué lors de sa propagation à
travers l’atmosphère. Or, la puissance de signal transmis devient d’autant plus faible que
la fréquence est grande. La fréquence du signal ne doit donc pas être trop élevée.
La bande L est ainsi un bon compromis entre cet effet d’atténuation, appelé “space loss”,
et les effets de dispersion souhaités.
Le choix de la bande L présente un deuxième atout essentiel pour l’analyse GPS de la
propagation des signaux à travers l’ensemble de la zone neutre de l’atmosphère et la
for-mulation de la correction atmosphérique associée (le délai troposphérique). En effet, ce
choix satisfait l’hypothèse d’une propagation non-dispersive (propagation indépendante de
L
1et L
2) et d’obtenir ainsi des coefficients de réfractivité atmosphérique constants,
indé-pendant des fréquences dans cette bande L (coefficients qui permettent de modéliser le
délai troposphérique).
Dans le document
Potentiel de la mesure GPS sol pour l'étude des pluies intenses méditerranéennes.
(Page 196-199)