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Signal du lysozyme (solvant D 2 O)

5.2 Analyse des spectres DNPA

5.2.1 Signal du lysozyme (solvant D 2 O)

5.2.1.1 Soustraction du signal de lysozyme libre

Pour am´eliorer l’analyse des signaux de diffusion des complexes, il est possible de sous- traire le signal dˆu `a la pr´esence de lysozyme libre du signal total. Le signal `a soustraire sera approxim´e `a celui d’une solution dilu´ee de lysozyme renormalis´e `a la concentration en prot´eine libre d´etermin´ee par dosage UV (voir tableau 5.2). Le facteur de forme du lyso-

q = 0.2 ˚A . Ce pic ´etait partiellement masqu´e par le signal du lysozyme libre qui m`ene `a un ´

epaulement `a q = 0.1 ˚A−1. Il est `a noter que pour des valeurs de vecteur d’onde inf´erieures `a 0.05 ˚A−1, le signal du complexe est tr`es largement sup´erieur `a celui des prot´eines libres (de 10 `a 1000 fois) et n’est donc absolument pas affect´e par leur pr´esence.

Fig. 5.5 – Signal de lysozyme dans le complexe avec et sans soustraction du signal de lysozyme libre pour l’´echantillon [−]/[+] = 0.65

5.2.1.2 Taille des complexes et fraction volumique interne en prot´eine

Expression de la diffusion `a petits vecteurs d’onde : contraste effectif du com- plexe primaire. Comme vu pr´ec´edemment et confirm´e apr`es soustraction du signal de lysozyme libre, il existe deux r´egimes o`u le signal de la prot´eine d´ecroit en q−4. Cela r´ev`ele la pr´esence de deux objets avec une interface bien d´efinie `a deux ´echelles : la prot´eine en tant qu’objet individuel `a grands vecteurs de diffusion et les complexes primaires `a petits

vecteurs d’onde. Ces complexes primaires sont un amas dense de prot´eines et de chaˆınes de poly´electrolyte. La fronti`ere entre ces deux r´egimes se situe aux alentours de q = 0.05 ˚A−1 et nous consid´erons qu’en dessous de q = 0.03 ˚A−1, le signal de diffusion n’est dˆu qu’aux complexes. Nous pouvons donc ´ecrire pour q < 0.03 ˚A−1 :

Ilyso(q) = Φcomp∆ρ2compVcompPcomp(q)Scomp(q) (5.2)

o`u Φcomp est la fraction volumique de complexes, Vcomp leur volume, ∆ρ2comp le contraste

effectif entre les complexes et le solvant, Pcomp leur facteur de forme et Scomp leur facteur de

structure.

Focalisons nous sur le terme ∆ρ2

compqui est la base de cette analyse. Il s’agit d’un contraste

neutronique effectif c’est `a dire la diff´erence entre la densit´e de longueur de diffusion du sol- vant ρsolvant et une densit´e de longueur de diffusion moyenne du complexe ρcomp qui peut

ˆetre consid´er´e comme homog`ene `a l’´echelle d’observation. Le complexe est form´e de lysozyme de fraction volumique interne au complexe Φlyso interne ainsi que de solvant et de poly´elec-

trolyte de mˆeme densit´e de longueur de diffusion ρsolvant et de fraction volumique interne

(1 − Φlyso interne). Nous pouvons donc ´ecrire :

ρcomp = Φlyso interneρlyso+ (1 − Φlyso interne)ρsolvant (5.3)

et donc le contraste du complexe par rapport au solvant se r´eduit `a l’expression suivante :

∆ρ2comp = (ρcomp− ρsolvant)2 = Φlyso interne2 (ρlyso− ρsolvant)2 = Φ2lyso interne∆ρ

2 (5.4)

A partir du titrage UV, nous connaissons la fraction volumique de lysozyme qui est inclue dans les complexes Φlyso comp. La fraction volumique de complexe Φcomp peut s’´ecrire :

Φcomp = Φlyso comp/Φlyso interne (5.5)

L’´equation 5.2 peut donc ˆetre r´ecrite telle que :

Ilyso(q) = Φlyso compΦlyso interne∆ρ2VcompPcomp(q)Scomp(q) (5.6)

Dans cette gamme de q, la repr´esentation en I(q)q4 = f (q) de la figure 5.7 fait apparaˆıtre un

maximum caract´eristique du facteur de forme d’objets sph´eriques. Sa position est reli´ee au rayon moyen des sph`eres. Comme aucune oscillation n’apparaˆıt dans le facteur de forme, la distribution des tailles est polydisperse et nous assumons qu’elle suit une loi de distribution lognormale : P (R) = √ 1 2πσRexp  − 1 2σ2 ln R Rcomp !2  (5.8)

avec Rcomp le rayon le plus probable et σ la d´eviation standard. Le volume moyen des com-

plexes primaires Vcomp moyen en tenant compte de la polydispersit´e est :

Vcomp moyen= 4π 3 R 3 compexp  −9 2σ 2 (5.9)

Le signal exp´erimental correspondant `a l’´equation 5.6 avec Scomp(q) = 1 peut ainsi parfai-

tement ˆetre ajust´e dans le domaine de q compris entre 0.01 ˚A−1 et 0.03 ˚A−1 en utilisant le facteur de forme moyen d’une sph`ere :

VcompPcomp(q) = R∞ 0 4π 3 R 33sin(qR)−qR cos(qR) (qR)3 2 R3P (R)dR R∞ 0 R3P (R)dR (5.10)

L’ajustement permet d’obtenir `a la fois la fraction interne de lysozyme Φlyso interne ainsi

que la distribution de taille du complexe, soit son rayon le plus probable Rcomp ainsi que la

d´eviation σ. Les r´esultats sont list´es dans le tableau 5.3.

Φlyso intra, Rcomp et σ peuvent ˆetre d´etermin´es sans ambiguit´e car ils sont d´ecorr´el´es

dans l’expression de l’intensit´e : Rcomp est reli´e `a la position en vecteur d’onde du pic, σ `a

Fig. 5.6 – Ajustement du facteur de forme des complexes primaires en log-log

Fig. 5.7 – Ajustement du facteur de forme des complexes primaires en Iq4

dans la repr´esentation en I(q)q4 = f (q).

Il est tr`es int´eressant de noter que les tailles sont les mˆemes pour [−]/[+]intro = 0.65 et

[−]/[+]intro= 1.

Φlyso intra Rcomp σ

[−]/[+]intro= 0.65 0.24 73 0.45

[−]/[+]intro= 1 0.19 73 0.45

[−]/[+]intro= 1.66 0.27 114 0.37

[−]/[+]intro= 3.33 0.3 154 0.31

Tab. 5.3 – Taille et teneur en prot´eine des complexes primaires pour les quatre rapports de charge

5.2.1.3 Facteur de structure entre les complexes primaires

Le facteur de structure entre les complexes primaires Scomp(q) est diff´erent de 1 `a petits q.

Dans ce domaine de vecteur d’onde il peut ˆetre calcul´e `a partir de l’´equation 5.6 en divisant le signal par le facteur de forme Pcomp(q) d´etermin´e pr´ec´edemment. Scomp(q) est repr´esent´e dans

la figure 5.8 pour [−]/[+]intro= 1.6. Par principe il vaut 1 pour 0.01 ˚A −1

< q < 0.03 ˚A−1; `a petits q il d´ecroˆıt en q−2.1. Cette valeur d’exposant nous donne la dimension fractale Df des

agr´egats de complexes primaires car il est connu que I(q) diffuse en q−Df pour une structure

fractale de dimension Df82. Nous avons donc choisi de mod´eliser le facteur de structure de

la fa¸con suivante :

S(q) = (qDf

c )q

−Df pour q < q

c; S(q) = 1 pour q > qc (5.11) [82] Cabane, B. Neutron, X-Ray and Light Scattering, North-Holland, Delta Series, Elsevier Science Publisher 1991, 247.

Fig. 5.8 – Facteur de structure des complexes primaires

o`u qc est le vecteur d’onde de coupure `a partir duquel la structure peut ˆetre consid´er´ee

comme fractale.

Cette valeur de qc correspond, `a un rayon donn´e, `a deux fois le diam`etre des complexes

(qc = 2π/4Rcomp), puisqu’une structure fractale ne peut ˆetre d´efinie sur de plus petites

tailles. La figure 5.8 pr´esente le facteur de structure calcul´e avec Df = 2.1. La polydispersit´e

des rayons des complexes donn´ee dans la partie 5.2.1.2 a ´et´e prise en compte.

Finalement `a partir du P (q) pr´ec´edemment ajust´e et du S(q) calcul´e le signal total de diffusion I(q) peut ˆetre ajust´e pour q < 0.03 ˚A−1. La repr´esentation de l’ajustement est donn´ee dans la figure 5.1 pour les diff´erents rapports de charge.

A partir de cette mesure il serait ´egalement possible d’estimer le nombre d’agr´egation Nagg de complexes primaires impliqu´es dans les structures form´ees `a plus grande ´echelle,

si les distances sond´ees `a petits q ´etaient plus grandes que la taille de l’agr´egat. Dans ce cas, la diffusion ne serait alors plus d´ependante de la dimension fractale et tendrait vers un r´egime de Guinier. L’intensit´e I(q = 0) est proportionnelle au volume de l’agr´egat NaggVcomp.

Puisque la taille caract´eristique de l’agr´egat est RcompNagg1/Df, le vecteur d’onde de coupure

qc2 entre ce r´egime de Guinier et le r´egime o`u I(q) diffuse en q−Df est 1 RcompNagg1/Df

et l’on obtient :

I(q) = Naggφlysoφlyso−comp∆ρ2VcompPcomp(q) 1 −

q2Rgagg2 3 ! (5.12) pour q < qc2 avec qc2 = 1 RcompNagg1/Df

ou Rgagg est le rayon de giration de l’agr´egat.

Pour q > qc2, l’intensit´e est redonn´ee par les ´equations 5.6 et 5.11.

Sur les spectres de la figure 5.1, nous n’observons jamais de plateau dans le r´egime des tr`es petits q, mˆeme pour les spectres de [−]/[+]intro = 1.66 et [−]/[+]intro = 3.33 (r´ealis´es `a

l’ILL sur D22) pour lesquels le plus petit q sond´e qmin est 0.0011 ˚A−1. La fenˆetre de mesure ne

nous permet donc pas de mesurer le nombre d’agr´egation Nagg. Elle nous permet n´eanmoins

de donner une valeur minimale de ce nombre. En effet, `a partir des ´equations, il vient :

Nagg > S(qmin) (5.13)

Nous obtenons Nagg > 40 pour [−]/[+]intro = 1.66 et Nagg > 42 pour [−]/[+]intro = 3.33.

Les structures form´ees sont donc des agr´egats impliquant au moins quelques dizaines de complexes primaires. Les tailles de ces structures ´etant trop grandes pour ˆetre mesur´ees grˆace `a la diffusion de neutrons, nous avons cherch´e et r´eussi `a les obtenir par microscopie ´electronique comme expliqu´e dans ce chapitre en 5.5. Il sera notamment montr´e que le nombre d’agr´egation est sup´erieur `a la dizaine de complexes pour les deux rapports de charge introduits les plus faibles, ce que les mesures de DNPA, effectu´ees sur des gammes de q plus restreintes, ne permettent pas de montrer.