• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4 La chaîne MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE

5.8 Écriture des autres chansons

5.8.6 Un Seul Monde, Mille Devenirs – texte en introduction du chapitre 7

La réunification des mondes se fait dans la dernière scène et est concrétisée lors de la dernière chanson Un Seul Monde, Mille Devenirs.

Après que Théothropos a invité dieux et humains à se rejoindre dans un seul monde dans le premier couplet, Morphée et Zeus lèvent le voile et les humains passent le seuil de l’Olympe l’un après l’autre en chantant.

Les paragraphes des couplets sont alors partagés entre un dieu et un humain qui se complètent. Par exemple :

Artémis :

Il faut que les pieds touchent terre Pour pouvoir courir, jouer, danser.

Efthyni :

L’aigle doit relâcher ses serres S’il veut, dans les nuages, s’envoler.

Protypo :

Je peux rester intense et sincère Sans avoir peur d’être rejetée

Zeus :

Malgré le tonnerre et les éclairs Le ciel sait garder toute sa beauté

Artémis, l’insouciante, admet qu’elle devrait être un peu plus ancrée dans le réel alors qu’Efthyni avoue qu’elle devrait lâcher prise. Protypo ne voit plus la nécessité de se perdre dans l’autre pour s’intégrer; Zeus comprend que se noyer dans l’émerveillement permanent et nier les choses qui vont mal l’éloigne des autres.

C’est donc encore la complémentarité des personnages qui vient les lier et les unir dans un nouveau monde, un nouveau paradigme.

Même Cronos est invité dans ce monde. Dans la dernière scène, il refait surface et menace à nouveau les dieux. Mais Théothropos, grâce à Sophos, réussit à comprendre le dieu du Temps et à lui faire abaisser ses barrières. Tout ce que veut Cronos, c’est ne plus être seul et être accepté. Mais pour cela, il doit lui-même accepter les autres tels qu’ils sont, dans leur puissance de dieu ou leur imperfection d’humain, dans leur force et leur faiblesse. Ainsi, chacun peut faire du temps un allié.

Mais Cronos n’a pas toujours fait partie du plan. Malgré les notes affichées sur mon tableau réunissant toutes mes idées pour l’histoire, notes affirmant « le temps ne doit pas être tué, mais accepté, voire épousé », je refusais toujours à Cronos de faire partie de mon nouveau monde.

8 janvier 2016 : l’union avant tout

Mon histoire a pour but l’union du réel et de l’imaginaire, de la Terre et de l’Olympe. Et cependant, même après 4 mois à réfléchir à cette histoire, je continue d’exclure Cronos de la vision finale. Eh bien aujourd’hui j’ai réalisé que non, il devait être

inclus! C’est parti d’une idée toute bête : je trouvais qu’on ne le voyait pas assez (le temps d’une scène et voilà). J’ai donc décidé de le faire sortir de sa grotte pour nous poursuivre. Puis je me suis dit qu’il nous suivrait jusqu’à l’Olympe et alors que se passerait-il? Une nouvelle guerre? Non. Après tout, que reproche Cronos aux dieux de l’Olympe : de l’avoir laissé seul. C’est pour ne plus être seul qu’il a fait pression sur les humains pour qu’ils deviennent, eux aussi, des dieux et restent avec lui, c’est aussi pour ça qu’il a voulu garder Théothropos vivant, auprès de lui. Alors je ne peux pas lui refuser ça une nouvelle fois. Je ne peux pas lui claquer la porte au nez. Je dois l’accepter et le laisser faire partie du nouveau monde uni que les humains et les dieux créent ensemble.

Depuis le début, je dis qu’on ne peut tuer le temps, on ne peut que l’accepter, ou l’embrasser et pourtant je le laissais encore à l’écart.

C’est en relisant ce que j’ai écrit sur Cronos après avoir vu D. présenter sa recherche que j’ai compris. J’avais noté : « Cronos est le tyran du changement. Le changement peut avoir du bon. Nous avons besoin de Cronos pour changer, car changer prend du temps et nous voulons changer pour passer de la séparation à l’union. » Effectivement, le temps est capital, donc Cronos aussi. Je ne peux que l’accepter sinon je reste figé dans le temps comme les dieux sur l’Olympe, certes je ne vieillis pas, mais je n’évolue plus non plus.

« Alors bienvenue à toi, Cronos, bienvenue, temps qui passe! » (Extrait de journal de Geoffrey Molle, 2016)

C’est seulement à ce moment que j’ai compris à quel point Cronos était l’opposé complémentaire de Théothropos et une terrible part de moi refoulée. Cronos se sent seul et incompris. Dans son désir de ne plus être seul, il juge les autres indignes de lui (les humains n’ont aucune magie et les dieux sont des irresponsables qui ont abandonné les humains). C’est son jugement qui le maintient dans la solitude, qui le garde à la fois hors de l’Olympe et de la Terre, coincée au fond de sa sombre grotte.

Théothropos, de son côté, juge également les autres indignes de lui pour les mêmes raisons. Et se sent seul et incompris pour les mêmes raisons également. Autant Cronos que Théothropos doivent apprendre à cesser de juger et de se tenir à l’écart du monde. Dans la chanson finale, ils empruntent alors chacun une voie de guérison : Cronos en acceptant les autres tels qu’ils sont et Théothropos en s’acceptant tel qu’il est, c’est-à-dire comme les autres, un peu dieu, un peu humain.

J’écris cela comme si je l’avais compris en écrivant les dernières scènes. La vérité est que je viens de le comprendre en écrivant ces quelques lignes.

Lorsque j’ai écrit le scénario, je comprenais, pressentais qu’ils étaient complémentaires et qu’ils devaient tous deux apprendre à accepter l’autre et soi-même, mais j’étais complètement passé à côté de leurs ressemblances (est seul, car juge les autres indignes) et surtout, je viens de vivre une révélation en écrivant « Théothropos en s’acceptant tel qu’il est, c’est-à-dire comme les autres ». J’ai hésité un moment d’ailleurs avant d’écrire cette phrase qui me dérange et qui, pourtant, est vraie.

Voici encore un exemple de ce qui peut être induit à travers un personnage, une histoire, sans s’en rendre compte. C’est pourquoi le principe de ma méthode est de placer des éléments de l’histoire consciemment puis de devenir conscient de ce qui a été placé inconsciemment. C’est là l’intérêt de travailler en groupe, car les autres membres du groupe réussissent toujours, parfois sans s’en rendre compte, à nous refléter ce qu’on ne voyait pas par nous- mêmes.

Documents relatifs